#217 Trois jours et une vie – Pierre Lemaitre

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Le résumé…

À la fin de décembre 1999, une surprenante série d’événements tragiques s’abattit sur Beauval, au premier rang desquels, bien sûr, la disparition du petit Rémi Desmedt. Dans cette région couverte de forêts, soumise à des rythmes lents, la disparition soudaine de cet enfant provoqua la stupeur et fut même considérée, par bien des habitants, comme le signe annonciateur des catastrophes à venir. Pour Antoine, qui fut au centre de ce drame, tout commença par la mort du chien…

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Mon avis…

Oh, Pierre Lemaitre, un de mes auteurs français préférés… Je l’admire, je l’adore, je le vénère… Alors, quand je l’ai vu passer à La Grande Librairie sur France 5, vous imaginez bien que j’étais au rendez-vous. J’étais là aussi lorsqu’il est allé sur le plateau de Laurent Ruquier dans On n’est pas couché (passage que j’ai d’ailleurs adoré et qui a achevé de me séduire !). Je suis donc, vous l’aurez compris, une grande fan. Alors je ne pouvais pas rater son nouveau roman. En même temps, qu’est-ce qui est pire que l’angoisse d’être déçue par un de ses auteurs favoris ? Alex avait été une découverte plus que surprenante et satisfaisante, et j’ai été très heureuse de remarquer lors de mon séjour en Ecosse que ce roman avait été traduit en anglais (je l’ai même offert à plusieurs proches anglophones qui étaient très contents de découvrir un auteur français). Au revoir là-haut est une des lectures qui m’ont le plus marqué dans ma vie, et dont je me souviendrais jusqu’à la fin de mes jours, j’en suis certaine. C’est un coup de cœur comme on en fait peu. Bref, Pierre Lemaitre avait mis la barre très haute dans mon esprit. Alors, Trois jours et une vie était à la fois l’objet d’une attente inconditionnelle et excitante, mais aussi celle d’une inquiétude croissante, la peur d’être déçue.

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 Je peux d’ores et déjà vous rassurer, le mot « déception » n’est pas approprié pour qualifier ce roman, loin de là. Je tiens cependant à souligner que Trois jours et une vie est vraiment très différent des précédents livres de Pierre Lemaitre. Ce n’est pas un thriller comme il en a fait avec le commissaire Verhoeven, ni un excellent roman historique (un chef d’œuvre, plutôt) comme Au revoir là-haut. C’est un peu un inclassable. Thriller ? Pas tout à fait. Roman policier ? Non plus, ce n’est pas totalement ça… Roman « social » ? Non plus… Alors quoi ? Je ne sais pas, c’est une sorte d’inclassable, de la littérature tout simplement ! Et, en littérature, Pierre Lemaitre est très bon. Tous ses romans ont en eux une touche de génie littéraire, ce qui est très agréable. Celui-ci ne fait pas exception à la règle. Nous suivons l’histoire d’un enfant qui, accidentellement, en tue un autre, cache son crime par peur de ce qui pourrait advenir… Un enfant à qui l’on pardonne car, justement, c’est un enfant… Mais un enfant qui va grandir, devenir adulte, en contemplant les conséquences de son acte, en comprenant tout ce que les autres ne comprennent pas, en étant parfaitement conscient que cet accident va être l’accident de sa vie.

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Le point de vue est extrêmement original. Il est rare de suivre les pensées d’un meurtrier, plus particulièrement lorsqu’il s’agit d’un enfant, et c’est encore plus rare quand c’est fait avec autant de virtuosité qu’en déploie Pierre Lemaitre. Il est vrai que le coup de cœur n’a pas été au rendez-vous sur ce roman, puisque je ne lui mets « que » 18 pour conclure mon expérience de lecture… Mais cela reste une expérience personnelle. Je pense que j’ai été assez perturbée par le rythme du roman, très lent, et la narration à la troisième personne n’était pas forcément ce que j’aurais choisi. Or, je ne suis pas l’auteur, donc je dois respecter son choix. Ecrire en « je » aurait probablement tout changé à la perception de la situation, et nous restons comme un témoin privilégié mais gênant de l’acte terrible commis par ce gamin. Je vous ai dit que le rythme du roman était lent, mais, pour autant, je l’ai trouvé trop court. C’est assez paradoxal… Je ne saurais pas expliquer ce sentiment. Je pense que cela est dû à l’absence de morale de cette histoire, à son terrible réalisme. Pour le coup, Trois jours et une vie se rapproche beaucoup de Au revoir là-haut, dans le sens où l’auteur nous fait toucher du doigt une réalité terrible, qu’on peine à imaginer alors qu’elle se joue sous nos yeux.

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Point de féérie comme chez Gilles Paris et son Autobiographie d’une courgette, dont l’histoire est assez proche mais le traitement radicalement différent. Pierre Lemaitre met ici en scène la cruauté de la vie, sa cruauté la plus banale. Le roman est magnifique en ce sens. Il place le lecteur dans une position désagréable, bancale, déconcertante… Il laisse un goût amer, un malaise… Il est difficile de mettre des mots sur ces sensations, et c’est pour cela que je voudrais vous pousser, vraiment, à lire ce roman. Trois jours et une vie est un de ces livres qu’on ne peut comprendre qu’en les lisant. Et je pense que cette expérience ne devrait pas être vécue seulement par quelques lecteurs. J’aimerais que vous y preniez part, vous aussi… et peut-être que vous mettiez des mots sur ce que j’ai ressenti, ou qu’au contraire vous soyez, comme moi, perdue, privée de vocabulaire face à ces pages.

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Ma note…

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3 réflexions sur “#217 Trois jours et une vie – Pierre Lemaitre

  1. Sympathique chronique qui me rappelle que je dois absolument lire « Au revoir là-haut ». Livre que j’avais commencė, qui m’avait tout de suite plongė dans cet univers poignant mais que je n’ai pas continuė pour je ne sais plus quelle raison ! Conclusion : lecture à reprendre pour le lecteur du dimanche des annėes bissextiles que je suis x)

    Voilà c’ėtait il me semble mon premier commentaire sur ton blog :0

    Excuses mes accents mon tėlėphone n’accepte plus que les points sur les « e » !

  2. Pingback: #404 Miroir de nos peines – Pierre Lemaitre | Je lis et je raconte...

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