Le résumé…
Adar Cardoso et Faustino da Silva, deux petits garnements de Lisbonne, rois de la bêtise, spécialistes ès rapines de pâtés, tripailles et saucisses, sont attrapés par un curé qui les enferme dans la crypte de son église et se promet de les éduquer à coups de claques. Nous sommes en 1488, juste avant la diffusion de l’imprimerie dans la péninsule Ibérique. Adar trouve un vieux codex écrit sur le plus fin vélin et, se voyant mourir de faim, le mange en entier. Le livre était empoisonné : voilà l’enfant condamné à hanter les bibliothèques de la ville à la recherche d’autres précieux codex. Il n’aura de cesse de les mettre en charpie et de les dévorer, devenant ainsi le Mangeur de livres, celui dont tout le monde veut la mort.
Mon avis…
Aujourd’hui, direction le Portugal, et plus précisément la ville de Lisbonne, au XVe siècle, peu après la naissance de l’imprimerie. Lecteur, lectrice, sois en ce jour guidé.e par l’auteur français Stéphane Malandrin, dont c’est le premier roman. Bien que novice en écriture, il se lance un défi colossal : celui d’écrire un conte à la façon de Rabelais. Et c’est bien un récit pantagruélique dans lequel il t’entraine ! Laisse-toi porter par une étrange folie philosophique, mais néanmoins bien ancrée dans le bas-corporel si souvent associé à notre auteur du XVIe s. Le langage est fleuri, faisant ainsi de Stéphane Malandrin un digne représentant de la langue verte ! L’amour de la littérature dégouline de ce roman particulièrement original. Il est gigantesque, à l’image de ce mangeur de livres qui grossit sans fin, à mesure qu’il assouvit sa faim en dévorant les plus précieux codex du monde.
« je suis mangeur de livres ; je les consomme comme du bon pain, j’en fais des tartines et des mouillettes, j’en fais des rondelles de saucisse, des tripailles, des pâtés, je suis passé maître dans l’art d’accommoder les livres, je suis le ventre couronné, le ventre fait roi, le digestif sacré, j’en ai des recettes à gogo, dans mes poches, dans mes valises, dans mes tiroirs, je les mets dans ma bouche, je les mastique, je les avale, je les digère, je les déguste, je les rote, je les défèque, j’en fais des phrases et d’autres livres qui sortent de moi comme des geysers, je suis un mangeur de livres et même « le » mangeur de livres, puisqu’à cette date, je suis le seul vrai Mangeur de livres par vice et réputation – et voici mon histoire. »
Si tu décides de t’emparer de ce livre, tu seras emporté.e dans un récit au rythme haletant, qui ne te laissera aucun repos. Si tu es accro aux livres, tu reconnaîtras sûrement une part de toi dans ce personnage, Adar, qui se laisse aller à la dévoration de tous les ouvrages qui croisent son chemin. N’as-tu jamais, toi-même, dévoré un livre ? Certainement pas comme lui, bien sûr, mais je suis certaine que cela t’es déjà arrivé ! Stéphane Malandrin a pris l’expression au pied de la lettre et s’en amuse. Cette fable rocambolesque est plaisante, bien que parfois un peu confuse, peut-être un peu trop rapide aussi, et saturée de bons mots. Nulle légèreté ici, mais une orgie littéraire. Si tu aimes les récits farfelus et rabelaisiens, tu ne pourras néanmoins qu’apprécier ce roman.
« Est-ce ma faute si le livre était empoisonné ? Est-ce ma faute s’il était livre-ver-solitaire, livre-bactérie qui se développe comme la levure dans son pain, livre-lombric qui contamine et qui croît comme le virus dans sa narine, livre-crabe qui se déverse dans le sang comme un cancer ? »

Gargantua
Le style de Stéphane Malandrin n’est pas sans rappeler, outre celui de Rabelais, le style de Jean Teulé. Sans filtre aucun, marqué par l’excès et la gouaille, Le Mangeur de livres est un livre très certainement atypique. Rares sont les auteurs qui se permettent une telle verve et, après tout, cela est bien rafraîchissant ! Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, ce roman ne peut pas laisser indifférent. Stéphane Malandrin fait son entrée avec brio et fracas sur les tables des librairies, et je lui souhaite la bienvenue ! Dédié par ailleurs aux professionnels du livre, ce récit est une véritable déclaration d’amour (truculente) à la lecture et à la littérature. Bref, tu l’auras compris, c’est un petit phénomène que ce Mangeur de livres, qui entend parler de notre passion d’une façon bien joyeuse et non-conformiste. Et si tu le dévorais, toi aussi ?
Carte d’identité du livre
Titre : Le Mangeur de livres
Auteur : Stéphane Malandrin
Éditeur : Seuil
Date de parution : 03 janvier 2019
Je t’avoue que c’est peut-être un peu trop philosophique pour moi, pour le coup, je ne suis pas sûre d’être le bon public…
Oh pourtant je pense que tu pourrais aimer ce livre ! Si tout se passe bien, une interview de l’auteur devrait paraître d’ici quelques temps sur le blog, peut-être que cela attisera ta curiosité 😀
Ah, tu as raison, j’attends ton interview avec impatience alors 😃
L’idée est originale, ça c’est sûre, malgré ça je ne pense pas apprécié ce livre à sa juste valeur.
Merci pour ton retour sur ce titre, malheureusement, je ne pense pas être le public visé
Voici une très bonne critique : elle me donne envie de courir acheter ce livre 📚 qui est en tout cas sur ma liste et ne tardera pas à être lu!
Tous les éléments attirent en effet ma curiosité, notamment l’intertexte Rabelaisien..!
Merci beaucoup pour ton commentaire Sylvie, je suis ravie de t’avoir donné envie de tenter l’expérience 😀 Ce livre ne peut que séduire une amoureuse de la littérature, surtout si tu apprécies Rabelais !
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