
Vous connaissez tous et toutes mon amour pour Oscar Wilde. J’aime cet auteur comme n’importe quel autre, je l’admire. Il se trouve que, du coup, je suis très critique envers les adaptations ou interprétations qui sont faites de ses œuvres et de sa vie en général. Je vais vous parler ici, dans le cadre de ma rubrique P-to-P : des pages aux pixels, du film « Dorian Gray » que vous avez peut-être déjà vu.

Oscar Wilde
L’acteur qui interprète le personnage principal, le beau Dorian, est Ben Barnes. Honnêtement, ce n’est pas exactement comme cela que je l’imaginais en lisant le livre mais disons que je trouve malgré tout le choix de l’acteur plutôt convenable. En effet, il a un visage d’ange, des traits fins et une peau parfaite, il est beau, on ne peut pas en douter, et c’est finalement l’essentiel, non ?

Dorian Gray (Ben Barnes) et son portrait
On trouve aussi dans ce film Colin Firth, qui interprète Lord Henry Wotton. Pour le coup, je n’aurais pas pu espérer mieux. Cet acteur, que ce soit par son physique ou par sa prestance, colle tout à fait au personnage.
Ce que j’ai aimé dans ce film, c’est que l’esprit du livre était assez bien respecté et les grandes lignes étaient suivies. Le choix des acteurs, bien que parfois surprenant, colle quand même à ce qu’on peut imaginer en lisant le roman. Ils ont un bon jeu, rendent assez bien compte des âmes torturées que Wilde a pris un malin plaisir à représenter. Chacun a deux facettes, voire plus, et on se rend bien compte de ces combats intérieurs dans le film.

Lord Henry Wotton (Colin Firth) et Dorian (Ben Barnes)
Sybil Vane, dont Dorian tombe amoureux, est parfaitement bien campée par Rachel Hurd-Wood, actrice méconnue mais tout à fait ressemblante à l’image que l’on se fait de cette jeune fille fragile et sensible. On ne peut donc pas reprocher au casting d’être mauvais, c’est déjà ça.
Mais ce qu’il faut souligner surtout, c’est que ce film est une ADAPTATION et non une retranscription de l’œuvre d’Oscar Wilde. Par conséquent, elle en diffère sur de nombreux points. Cela peut s’expliquer facilement lorsque l’on considère la longueur de l’unique roman de l’auteur victorien. Il est impossible de rendre la totalité des évènements, des personnages, etc. dans un film de moins de deux heures.

Sybil Vane (Rachel Hurd-Wood)
Certains passages sont négligés dans le film, au profit de l’aspect fantastique et sulfureux de l’œuvre, mais au détriment de la profondeur de la réflexion de Wilde. Même si l’on comprend que chaque personnage (que ce soit Dorian, Lord Henry ou Basil Hallward le peintre) a ses secrets, ses défauts cachés ou non, que chacun est torturé par un aspect de lui-même, on ne va pas vraiment plus loin. Rien n’est approfondi, ou en tout cas pas avec la même délicatesse et la même patience que Wilde.

Dorian Gray (Ben Barnes)
Oliver Parker, le réalisateur, se contente d’accentuer des éléments de certaines scènes afin de mettre en valeur ce point. Mais du coup, on perd la sensibilité exacerbée de la plume de Wilde. Cet auteur admirait le Beau. Pour lui, c’était la seule chose qui comptait. Les sentiments avaient une place infime dans l’histoire, mais cette place restait suffisante pour faire vaciller la puissance de ce qui était Beau et agréable.
J’ai regretté le côté débauche sexuelle très soulignée dans le film. En effet, il y a ce genre de scènes dans le livre bien sûr, mais pas de manière aussi intense. Le réalisateur a extrapolé ces passages afin de leur donner un aspect central dans son film, pour caractériser la perdition de Dorian. Mais en réalité, ce jeune homme se perd aussi au fond de lui-même, sous des aspects des plus variés, pas uniquement sur le plan sexuel, et c’est dommage de le réduire à cela.

Dorian Gray (Ben Barnes)
En fait, j’aurais aimé retrouver la morale et le portrait de la société victorienne d’Oscar Wilde, j’aurais aimé comprendre le dessous de la chose. Comment en est-il arrivé là ? Pourquoi ? Quel est le message derrière ça ?
Pour ma part, j’avais déjà lu le livre depuis bien longtemps avant de regarder le film, mais je l’ai montré à plusieurs personnes qui en fait n’ont retenu que les aspects fantastiques et sulfureux, mais ne sont pas sortis changés de cette expérience comme j’ai pu l’être après avoir lu le roman.

Dorian Gray (Ben Barnes)
J’ai apprécié le film que j’ai trouvé plutôt divertissant, plaisant, et pas totalement éloigné non plus de l’histoire originelle. Mais je pense qu’il aurait pu être meilleur, qu’il y a d’ailleurs un potentiel énorme et j’attends qu’un réalisateur se montre enfin à la hauteur de la tâche. Ce roman est difficile à retranscrire de par sa complexité et ses sens cachés, ses sous-entendus, de par l’interprétation que chacun peut en faire.
Bref, je conseille ce film à ceux qui ont déjà lu le livre et sauront faire la part des choses de cette adaptation, ils sauront apprécier la qualité du film tout en connaissant l’œuvre, la vraie. Et pour ceux qui ont vu le film et qui l’ont aimé : le livre est des milliers de fois mieux, alors n’hésitez pas à sauter dessus à la première occasion. Pour ceux qui n’ont vu ni l’un ni l’autre : commencez par le livre dans l’idéal, mais si vous souhaitez faire l’inverse, allez-y, tant que vous finissez par le lire (car c’est une des meilleures œuvres jamais écrites, tout simplement).

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