#421 Les sorcières de Pendle – Stacey Halls

Le résumé…

Lancashire, Pendle, 1612.

À 17 ans, Fleetwood Shuttleworth est enceinte pour la quatrième fois. Mais après trois fausses couches, la maîtresse du domaine de Gawthorpe Hall n’a toujours pas donné d’héritier à son mari. Lorsqu’elle croise le chemin d’Alice Gray, une jeune sage-femme qui connaît parfaitement les plantes médicinales, Fleetwood voit en elle son dernier espoir.

Mais quand s’ouvre un immense procès pour sorcellerie à Pendle, tous les regards se tournent vers Alice, accusée comme tant d’autres femmes érudites, solitaires ou gênantes.

Alors que le ventre de Fleetwood continue de s’arrondir, la jeune fille n’a plus qu’une obsession pour sauver sa vie et celle de son bébé : innocenter Alice. Le temps presse et trois vies sont en jeu.

Être une femme est le plus grand risque qui soit.

Mon avis…

Je poursuis dans la thématique « sorcières » avec un roman de la rentrée littéraire de septembre 2020, Les Sorcières de Pendle de Stacey Halls. Je l’avais vite repéré, et j’attendais encore pour l’acheter, quand j’ai vu la chronique de Sorbet-Kiwi qui m’a confortée dans l’idée que, oui, je devais vite lire ce roman. Donc je me suis lancée. J’ai tout de suite accroché à l’intrigue. Fleetwood est une jeune fille qui, à seulement 17 ans, est enceinte pour la quatrième fois. Elle a survécu à trois fausses couches, et elle craint cette fois de perdre la vie, ainsi que celle de son enfant. Elle rencontre par hasard Alice Gray, qui se présente comme une sage-femme et, intuitivement, elle lui fait confiance et se repose entièrement sur elle. Jusqu’à ce qu’une liste de noms vienne tout perturber. Alice est en danger alors que le grand procès en sorcellerie de Pendle commence.

Nous connaissons tou.te.s les procès de Salem. Et bien, Pendle est la version britannique de Salem. Il s’agit donc d’un roman qui prend un cadre historique bien réel. Les personnages eux-mêmes ont existé, l’autrice reprend simplement leurs noms et leur destin respectif, et imagine simplement leur parcours à l’aune de sa propre sensibilité. J’ai trouvé le récit plutôt bien rythmé, et j’ai beaucoup apprécié les instants totalement féminins, qui m’évoquaient parfois l’excellent film Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. L’autrice nous montre la difficulté d’être une femme à cette terrible époque des chasses aux sorcières, où rien n’était pardonné, et surtout pas la liberté, l’indépendance et l’intelligence.

— Combien d’enfants aimeriez-vous avoir ?
J’ai serré les bras autour de ma poitrine.
— Deux. Pour qu’ils ne soient jamais seuls comme je l’ai été.
— Un garçon et une fille ?
— Deux garçons. Je ne souhaite la vie de fille à personne.

C’est un roman sensible, qui se lit très bien, en particulier la seconde moitié, lorsque l’intrigue s’accélère un peu et que les enjeux se multiplient. J’ai beaucoup apprécié cette lecture. Pourtant, j’aurais quand même quelques petits bémols à émettre. Je crois que le principal repose vraiment dans l’aspect psychologique du livre. J’aurais beaucoup aimé que les personnalités de ces femmes soient plus approfondies et développées. J’avais envie d’en savoir plus sur elles, et je ne les ai pas trouvé assez complexes. Je trouve aussi que la violence de la chasse aux sorcières est finalement assez peu dépeinte et que Fleetwood, qui prend tout de même certains risques pour aider Alice, n’est finalement que peu inquiétée, ce qui me paraissait parfois un brin irréaliste. Mais j’ai bien compris que ce roman se veut aussi en quelque sorte optimiste, en mettant en avant l’idée de sororité, vraiment centrale. Les quelques bémols que je soulève peuvent finalement se résumer en un seul : j’aurais bien aimé en lire plus ! Donc est-ce vraiment un reproche ? Cette lecture a au moins l’avantage d’avoir laissé de la place à l’imagination, qui continue à fonctionner même lorsque la dernière page est tournée.

Carte d’identité du livre

Titre : Les Sorcières de Pendle
Autrice : Stacey Halls
Traductrice : Fabienne Gondrand
Éditeur : Michel Lafon
Date de parution : 24 septembre 2020

#420 Les sorcières de la littérature – Taisia Kitaiskaia et Katy Horan

Le résumé…

Le livre pour célébrer les magiciennes de la littérature !

30 ensorcelantes écrivaines qui ont marqué leur époque, reconnues ou injustement oubliées, illustrées et racontées dans toute leur puissance.

Toni Morrison, Virginia Woolf, Emily Dickinson, mais aussi María Sabina, Audre Lorde, Yumiko Kurahashi, Octavia E. Butler… Alchimistes du verbe, elles nous emportent dans un envoûtant tour du monde et révèlent le pouvoir des femmes de lettres.

Toni Morrison, représentée par Katy Horan.

Mon avis…

Aujourd’hui, je vous parle d’un livre absolument magnifique : Les sorcières de la littérature : 30 écrivaines aux pouvoirs extraordinaires. C’est un très joli ouvrage qui regroupent les portraits de 30 femmes d’exception, toutes autrices et parfois militantes féministes. Sur la page de gauche, une superbe illustration signée Katy Horan, et sur la page de droite, un texte poétique de Taisia Kitaiskaia, les deux permettant de mieux comprendre et percevoir l’essence et le style de chacune de ces autrices. En dessous du texte, vous trouverez également une courte biographie, avec quelques conseils de lecture pour vous orienter dans votre découverte.

Le vague à l’âme, Anaïs rédige son journal sur les flots. Les pages s’écrasent sur les rochers, éclaboussent la lune, giclent sur les chaussures des voyageurs.euses qui se promènent sur la grève. Sa conscience lacrymale vient noyer les joues iodées des sirènes.

Extrait du portrait poétique d’Anaïs Nin, par Taisia Kitaiskaia

J’ai été très surprise par ce livre. Au début, j’étais un peu dubitative, car une double page me semblait assez peu pour parler de ces écrivaines. Mais en fait, j’ai vite compris en parcourant ce livre que le but n’était pas de tout nous dire de ces écrivaines. Ce n’est pas un ouvrage encyclopédique du tout. L’objectif, c’est tout simplement, pour Katy Horan et Taisia Kitaiskaia, de rendre hommage à ces femmes à travers leurs propres œuvres (leurs portraits et leurs poèmes ici), et de nous donner, à nous lecteurs et lectrices, un aperçu de ce qui nous attend si nous décidons d’aller plus loin. Elles nous proposent un échantillon du ressenti à la lecture de ces autrices. Chacun de ces portraits a pour but d’intriguer, de susciter la curiosité. Et, honnêtement, ça marche !

Forugh Farrokhzad, représentée par Katy Horan.

J’ai découvert avec ce livre quelques autrices que je connaissais pas du tout. Chacune possède même un surnom poétique, qui nous en révèle beaucoup sur son pouvoir de sorcière de la littérature. Shirley Jackson est la « Sorcière des villages, des horreurs domestiques et des mauvais présages », Flannery O’Connor la « Prophétesse des paons, des gens bizarres et des yeux de verre », Forugh Farrokhzad la « Rebelle de l’amour sensuel, des jardins verdoyants et des parfums envoutants ». Et, lorsque je les connaissais, j’ai trouvé les illustrations et les textes très justes, et très proches de ce que j’ai pu ressentir à la lecture de leurs écrits. Je pense en particulier à Emily Brontë (ici la « Gardienne des landes, du fantastique et des romances douloureuses ») ou encore Virginia Woolf (« Sentinelle des eaux, des bibelots de porcelaine et de la grammaire »). Vous retrouverez aussi, notamment, et en vrac : Emily Dickinson, Charlotte Perkins Gilman, Sylvia Plath, Janet Frame, Joy Harjo, Jamaica Kincaid, Audre Lorde, etc. En bref, quelques noms connus, certes, mais surtout énormément de belles découvertes.

Eileen Chang, représentée par Katy Horan.

Ce livre, préfacé par Chloé Delaume, a vraiment l’avantage de donner un tas d’idées de lectures pour les amateur.rice.s d’autrices et de féminisme. Tous ces portraits ensorcelants nous font rêver, et nous plongent dans une littérature envoutante et magique. Je pense vraiment que Les Sorcières de la littérature pourrait bien être une excellente idée de cadeau de Noël pour tou.te.s les curieux.ses, et en particulier les féministes ! Un beau livre, qui en appelle d’autres, portant les valeurs de la sororité, de l’indépendance et de la liberté créatrice. Découvrez-le vite !

Carte d’identité du livre

Titre : Les Sorcières de la littérature
Autrices : Taisia Kitaiskaia et Katy Horan
Traductrice : Cécile Roche
Éditeur : Autrement
Date de parution : 06 novembre 2019

#418 Mordre au travers – Virginie Despentes

Le résumé…

Des femmes qui vendent leur corps, qui le punissent de ne pas être comme celui des autres ou de porter le fruit d’un désamour, qui le fantasment dans des ébats sulfureux… Évocations tranchantes d’un quotidien noir, de drames intimes ou de rêves inquiétants, ces nouvelles disent violemment le désir et le refus du désir, la colère, la honte inavouée, les excès d’amour, ou encore la folie meurtrière…

Mon avis…

J’ai récemment eu l’occasion de lire ce petit recueil de nouvelles de Virginie Despentes, paru chez Librio. J’avoue que c’est surtout la quatrième de couverture qui m’a attirée. En ce moment, j’ai envie de lire sur les femmes, et je cherche des textes forts. Ayant déjà été séduite par King Kong Théorie, référence en terme de féminisme, je connaissais le style incisif et parfois brut de décoffrage de Despentes. Elle n’a pas froid aux yeux, elle n’a peur de rien, et certainement pas de choquer. Autre argument : ce recueil coûte seulement 3 euros, et ce n’est pas un élément négligeable quand on a un budget un peu serré. Alors, était-ce un bon choix ?

Autant vous dire que oui, vraiment, ce recueil un peu méconnu vaut clairement le détour. Chaque nouvelle est d’une force telle qu’elle nous coupe le souffle, nous empoigne, nous secoue, nous balance sous le poids lourd de la vie qui nous écrase… J’admets que cette métaphore n’est peut-être pas des plus enthousiasmantes, mais je la trouve adaptée à l’effet que peut faire ce recueil : il est brutal, il remue profondément – viscéralement – et il heurte. Mais il touche juste, il éveille en nous le sentiment de révolte, il montre la force des femmes, une force bien trop souvent balayée par les privilèges des hommes. Oui, Mordre au travers s’inscrit bien dans la lignée de King Kong Théorie. Il évoque les thèmes chers à Despentes, et tant d’autres : violences conjugales, viols, drogue, prostitution, mais aussi amour, poésie, recherche de tendresse…

Virginie Despentes maîtrise à la perfection l’art de la nouvelle, avec sa chute vertigineuse, son choc final, qui nous laisse bouche bée, sans voix, aspiré par la noirceur du monde. Le tout porté par son style incomparable, ses longues phrases qui suivent le fil des pensées, des pensées torturées… Peut-être trop violent pour certain.e.s lecteur.rice.s, ce recueil ne laissera pas indifférent.e.s les révolté.e.s, les déconstruit.e.s, celleux qui entendent observer et comprendre le monde qui les entourent, dans toute sa violence et dans toute sa splendeur. C’est une lecture difficile, mais salutaire. Une lecture amère, mais mordante.

« Quand tu le fais avec moi, comment ils font tes reins ça me fait du bien de haut en bas, avec le bassin tu me casses quelque chose, résistance qui pète en plein milieu, il y a du ciel par là, je suis ouverte en plein milieu, il me sort des lambeaux de nuages, sans interruption, et il y a de la mer qui se déploie dans ma gorge, pourquoi ce plaisir-là vient de toi et c’est toi seulement qui le donnes, soleil roulant sur des arcs tendus, trempée, tu me vas tellement loin, à ce moment-là mon ventre est sûr et c’est pour toi qu’il est bâti, creusé en pente douce pour que tu glisses à l’intérieur et tu n’as jamais de fin, ouvrir les yeux c’est dans les tiens que je tombe et toujours j’ai attendu ça, c’est le centre du monde, j’étais bâtie pour ça, j’étais bâtie pour toi, me renfermer sur toi, m’ouvrir en plein pour toi. »

Carte d’identité du livre

Titre : Mordre au travers
Autrice : Virginie Despentes
Éditeur : Librio
Date de parution : 4 mars 2020 (1999)

Avertissement : Certains passages peuvent heurter la sensibilité des lecteur.rice.s.

#413 V comme Virago – Aude Gogny-Goubert et Adrien Rebaudo

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Le résumé…

« Virago : Femme guerrière, forte et courageuse. Héroïne. »
Ovide (Ier siècle av. J. -C.)
« Virago : n. f. Péjoratif. Femme d’allure masculine, autoritaire et criarde. »
Le Larousse (XIXe siècle)

Vous en conviendrez, la définition du terme « virago » a légèrement glissé en quelques siècles… Bon, ok, soyons francs : elle n’a plus rien à voir avec sa signification originelle. Il est désormais temps de redorer le blason de ce mot et, surtout, de celui de toutes les viragos de l’Histoire !
Dans cet ouvrage inspiré de la série vidéo à succès « Virago », Aude Gogny-Goubert et Adrien Rebaudo dressent le portrait de plus de 70 femmes qui ont fait des choses extraordinaires, et dont on a peu – voire jamais – entendu parler.
Qu’elles soient politiciennes, astronautes, peintres, scientifiques, danseuses… toutes ont transcendé leur condition, leur religion, leur époque ou leur milieu social pour faire bouger les lignes et changer le cours de l’Histoire.

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Louise Michel, militante révolutionnaire et libertaire

 

Mon avis…

Je connaissais déjà la chaîne YouTube d’Aude GG, Virago, sur laquelle la comédienne nous faisait des portraits drôles et audacieux de femmes, le tout en quelques minutes top chrono. J’étais donc ravie de découvrir l’existence d’un livre, V comme Virago, qui marche sur le même principe : des femmes, des biographies, et un petit côté décalé. Cela n’est pas sans évoquer Culottées de Pénélope Bagieu, et certaines figures présentées sont évidemment communes. Ce projet part d’un constat, celui de l’existence de « l’effet Matilda ». Il y a 40 ans environ, Margaret Rossiter, historienne des sciences, remarque que les femmes sont moins reconnues que les hommes quant il s’agit de leurs découvertes et de leurs inventions. Et, en général, cela se fait largement au profit des hommes… Désormais, un mouvement important dans le féminisme actuel contribue à rétablir la notoriété de ces femmes oubliées voire effacées des livres et des manuels d’histoire, de science ou encore de philosophie ou de littérature !

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Jane Goodall, primatologue, éthologue et anthropologiste

Aucun domaine de la vie culturelle et scientifique n’est épargné : les femmes sont promptes à être reléguées aux oubliettes, quelles que soient leurs actions, leurs inventions, leurs innovations, leurs découvertes… V comme Virago est une porte d’entrée vers la vie de ces femmes exceptionnelles : une biographie, une citation, le tout joliment illustré par Léna Bousquet. J’ai personnellement découvert de nombreuses personnalités que je ne connaissais pas, et pourtant je pense être assez renseignée sur le sujet ! La sélection des femmes présentées ici n’est évidemment pas exhaustive, mais elle est représentative, puisqu’elles viennent de tous les horizons. Pas d’européanisme ici, ou d’occidentalisme en général. J’ai pris un plaisir fou à parcourir ces pages, et à (re)découvrir Jane Goodall, Vandana Shiva, Erin Brokovich, Valentina Terechkova, Junko Tabei, ou encore Frida Kahlo. Des noms plus ou moins connus, donc, vous l’aurez compris, mais surtout une lecture extrêmement enrichissante, parsemée des splendides illustrations de Léna Bousquet !

Carte d’identité du livre

Titre : V comme Virago
Auteur.rice.s : Aude Gogny-Goubert et Adrien Rebaudo
Illustratrice : Léna Bousquet
Éditeur : First Éditions
Date de parution : 23 janvier 2020

5 étoiles

Je remercie First Éditions et NetGalley pour cette lecture.

#407 Le réveil des sorcières – Stéphanie Janicot

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Le résumé…

Et si en commençant son nouveau roman sur la magie noire par un accident de voiture fatal, la narratrice avait provoqué la mort de son amie Diane, guérisseuse et médium ?
Dans la forêt de Brocéliande, où elles se retrouvaient l’été, les légendes celtes, la pratique de la sorcellerie sont toujours prégnantes. Le mystère grandit autour de Diane, sa tragique disparition et ses pouvoirs exceptionnels dont semble avoir hérité sa fille cadette, Soann, une adolescente sombre et troublante, hantée par le deuil et la certitude que sa mère a été assassinée.

Mon avis…

Nous sommes le 8 mars, et en cette journée internationale des droits des femmes, quoi de mieux qu’un roman féministe ? Je vous présente ce livre, sorti pendant la rentrée littéraire de janvier qui, loin de surfer sur la vague du retour en force des sorcières, renouvelle la vision que l’on porte sur ces femmes mystérieuses. Stéphanie Janicot nous propose un roman absolument passionnant, qui se passe dans un cadre à la fois enchanteur et désenchanté : la forêt de Brocéliande, en Bretagne. Personnellement, j’adore cet endroit, et j’avoue avoir retrouvé son charme, tout en découvrant une autre facette, plus sombre et désabusée. Dans ces pages marquées par le réalisme, l’autrice nous entraîne dans une Bretagne profonde qui vit grâce aux touristes attirés par les secrets des sorcières et les légendes nombreuses qui habitent ces lieux. Cette plongée dans la culture bretonne, dont Stéphanie Janicot nous narre quelques récits plus ou moins connus, et bien souvent transmis de façon erronée et ici rétablis, est des plus plaisantes.

Dans ce roman, les personnages féminins sont mis en avant et occupent une place absolument centrale. Ici, l’amour d’un ou plusieurs hommes ne viendra pas sauver les héroïnes, car elles vont tenter de se sauver elles-mêmes. La narratrice arrive dans la région à la suite de la mort de Diane. Cette dernière, une guérisseuse, autrement dit une sorcière, laisse derrière elle deux filles : Soann et Viviane. La narratrice, elle, ne sait pas trop si elle croit en la sorcellerie. Elle vit à Paris, elle est journaliste et, même si elle a grandi en Bretagne, elle a fini par oublier l’atmosphère qui y règne et les mystères qui s’y déroulent. Elle est désormais plus terre-à-terre, plus réaliste. Mais la mort de Diane la fait douter, et tout ce qu’elle pensait savoir est remis en question. Très vite, elle est confrontée à une évidence : la mort de Diane n’est pas accidentelle. Avec Soann, elle enquête et découvre que son amie la sorcière dérangeait visiblement quelqu’un, mais qui ? Entre peinture sociale et roman noir, ce livre féministe nous fait découvrir le destin de quatre femmes uniques, étroitement lié à Brocéliande, lieu de tous les mystères…

Carte d’identité du livre

Titre : Le Réveil des sorcières
Autrice : Stéphanie Janicot
Éditeur : Albin Michel
Date de parution : 02 janvier 2020

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Coup de coeur

#406 Pucelle – Florence Dupré La Tour

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Le résumé…

Depuis sa plus tendre enfance, Florence ignore tout ce qui se passe… en-dessous de la ceinture. Elle imagine que le papa met la petite graine dans le nombril de la maman, et puis de toute façon, il est tacitement interdit, dans la famille, de parler de « la chose qui ne doit pas être dite ». Alors… Florence imagine des scénarii terribles, parfois idiots ; Florence s’angoisse devant le poids de la tradition qui place inéluctablement la femme dans une position inférieure ; Florence, à sa façon, résiste pour ne pas sombrer.

Mon avis…

Aujourd’hui, je vous parle d’une bande dessinée qui n’est pas encore sortie, mais encore un peu de patience : c’est pour bientôt ! Le 20 mars, donc, vous pourrez découvrir Pucelle de Florence Dupré La Tour, qui s’attaque à la sacro-sainte virginité. Florence, le personnage, vit dans un monde que nous connaissons tous : héritage judéo-chrétien, société patriarcale… Mais sa famille est un peu plus « radicale » que les autres, car profondément conservatrice et rétrograde. Florence reste longtemps une enfant, ignorant tout de ce qui l’attendra quand viendra le moment fatidique du premier rapport charnel. En partant de sa petite enfance, elle raconte sa « non-éducation » sexuelle, et l’impact qu’elle a eu sur sa construction, en tant que femme.

Cette bande dessinée, au style que j’ai trouvé assez enfantin, montre les clichés dans lesquels grandit cette petite fille, et les conséquences catastrophiques qu’ils ont sur sa perception du monde. Sujet passionnant s’il en est. Et, même si j’avoue m’être personnellement très peu reconnue dans ce personnage, j’ai apprécié découvrir cette vision singulière. Sans avoir été très sensible au style de l’autrice et aux illustrations, je dois néanmoins avouer que cette lecture m’a un peu déstabilisée, dans le bon sens du terme. Je ne saurais que trop la conseiller aux personnes que ces problématiques intéressent ! C’est un point de vue original, assez drôle et décalé, tout en étant profondément proche de la réalité.

Carte d’identité du livre

Titre : Pucelle
Autrice : Florence Dupré La Tour
Éditeur : Dargaud
Date de parution : 20  mars 2020

3 étoiles

Merci à NetGalley et à Dargaud pour cette lecture.

#405 T’as pensé à… ? – Coline Charpentier

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Le résumé…

« J’ai lancé le compte “T’as pensé à… ?” sur Instagram un mardi matin de novembre, entre le biberon de mon fils et mon café. Après la participation de copines épuisées, des milliers de femmes sont venues témoigner. Avec une seule et même question : pourquoi, alors que nous avions fait un enfant à deux, nous nous retrouvions à gérer seules la suite ? Et que faire une fois que nous avions dénoncé ? Ce livre apporte un début de réponse pour aller vers l’action. »

Coline Charpentier propose une ouverture au dialogue sur la charge mentale. Comment en mesurer l’importance dans son propre couple ? Comment répondre aux sceptiques qui pensent que les femmes « n’ont qu’à mieux s’organiser » ? Comment s’en sortir et retrouver un équilibre, dans son couple et dans la société ?

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Mon avis…

Et si nous parlions « charge mentale » ? Cette notion est souvent considérée comme complexe, et elle en devient malheureusement incomprise. De plus en plus d’ouvrages s’emparent de cette expression et tentent de l’expliquer, avec plus ou moins de succès. T’as pensé à… ? est né d’un compte Instagram, sur lequel sa créatrice partage des anecdotes que lui communiquent des dizaines de femmes. Elles y parlent de leur vécu, au quotidien, et de leur ressenti. Elles montrent, dans le concret, ce qu’est pour elles la charge mentale. Le livre reprend certains de ces témoignages, et c’est sur cette base que Coline Charpentier élabore ses conseils, ses réflexions. Grâce à T’as pensé à… ?, vous comprendrez enfin ce qu’est la charge mentale, mais surtout vous trouverez des solutions pour y remédier, en la partageant avec l’élu de votre coeur.

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Cet ouvrage, très simple et court, invite à la réflexion. Vous ne vous perdrez pas dans les méandres de longs développements théoriques. Non, vous reconnaîtrez probablement votre propre situation, si vous avez des enfants, ou si vous êtes simplement en couple. Et vous vous sentirez moins seule, très certainement. Le titre, T’as pensé à… ?, évoque toutes ces petites phrases que l’on a toutes entendues : « T’as pensé à repasser ma chemise ? », « T’as pensé à préparer le sac des enfants ? », « T’as pensé à acheter du pain ? », « T’as pensé à faire le ménage ? », etc. Toutes ces choses à penser qui surchargent l’esprit de la plupart des femmes, et entraînent une fatigue harassante… Allez, la charge mentale : c’est fini ! Il faut changer les choses maintenant, et ce petit livre, en bon petit guide, vous donne quelques pistes.

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Certes, T’as pensé à… ? ne va pas révolutionner votre vie quotidienne, c’est à vous de la transformer, et à votre conjoint(e). Mais le livre invite à la prise de conscience, à prendre du recul sur notre propre situation, et à identifier dans tout ce fouillis routinier ce qui, concrètement, pose problème. Ce que j’ai apprécié dans cet ouvrage, c’est sa simplicité, son accessibilité, et je trouve qu’il peut être une bonne porte d’entrée sur le sujet, une bonne approche de cette problématique de la charge mentale. Sans tout dire, il constitue un bon début. En plus, Coline Charpentier introduit beaucoup d’humour dans ce livre, ce qui rend l’exploration de cette sérieuse thématique un peu plus légère ! Et ça, clairement, c’est assez plaisant. T’as pensé à… ? est à mettre entre les mains des curieux, des sceptiques, des craintifs du féminisme, ou des personnes qui ne savent pas par où commencer et veulent simplement comprendre ce qui se cache derrière la « charge mentale ».

Carte d’identité du livre

Titre : T’as pensé à… ?
Autrice : Coline Charpentier
Éditeur : Livre de Poche
Date de parution : 08 janvier 2020

4 étoiles

Merci à NetGalley et au Livre de Poche pour cette lecture.

#383 Les Confessions de Frannie Langton – Sara Collins

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Le résumé…

Esclave. Frannie Langton grandit à Paradise, dans une plantation de canne à sucre, où elle est le jouet de chacun : de sa maîtresse, qui se pique de lui apprendre à lire tout en la martyrisant, puis de son maître, qui la contraint à prendre part aux plus atroces expériences scientifiques…
Domestique. À son arrivée à Londres, la jeune femme est offerte comme un vulgaire accessoire à George et Marguerite Benham, l’un des couples les plus raffinés d’Angleterre.
Séductrice. Seule contre tous, Frannie trouve une alliée en Marguerite. Entre ces deux lectrices invétérées se noue un lien indéfectible. Une foudroyante passion. Une sulfureuse liaison.
Meurtrière. Aujourd’hui, Frannie est accusée du double-meurtre des Benham. La foule se presse aux portes de la cour d’assises pour assister à son procès. Pourtant, de cette nuit tragique, elle ne garde aucun souvenir. Pour tenter de recouvrer la mémoire, Frannie prend la plume…
Victime ? Qui est vraiment Frannie Langton ?

Mon avis…

Ce livre, malgré sa couverture colorée, renferme un roman noir dont l’atmosphère gothique marque l’influence sur Sara Collins d’autrices telles que les sœurs Brontë, Mary Shelley, Jean Rhys ou encore Sarah Waters, une autrice contemporaine que j’apprécie énormément et dont je vous parlerais un jour. À l’instar des romans de cette dernière, on retrouve dans Les Confessions de Frannie Langton une histoire d’amour lesbienne en plein Londres du XIXe s. Mais, évidemment, l’intrigue ne se limite pas à cette romance qui, par ailleurs, est tout aussi dure et cruelle que le reste. En effet, nous découvrons Frannie Langton dans une situation plus que compliquée : durant son procès, puisqu’elle est accusée du meurtre de ses deux maîtres, M. et Mrs. Benham. C’est Frannie qui, à la première personne, nous raconte son histoire. Elle revient sur son enfance en Jamaïque, dans la plantation de cannes à sucre où elle est née, sur les horreurs qu’elle a été contrainte de commettre, mais aussi sur l’éducation qu’elle a reçue. Car Frannie est une métisse à qui l’on a appris à lire et à écrire. Mais, au XIXe siècle, dans une société oppressive et esclavagiste, toute connaissance a son revers.

Elle nous raconte son parcours, de sa Jamaïque natale au Londres du XIXe s., au service de M. et Mrs. Benham. C’est avec cette dernière qu’elle nouera une relation aussi passionnée que toxique. Là, elle trouvera une forme de liberté, quittant l’esclavage pour la domesticité, mais elle découvrira les origines de ses souffrances passées, et elle traversera encore des épreuves bouleversantes et perturbantes. Frannie Langton, au fil de ses confessions, apparaît comme un personnage extrêmement complexe, qui semble se déshumaniser au fil du récit, à mesure que les horreurs vécues modifient son être. Est-elle véritablement coupable du meurtre de ses maîtres ? Surtout, a-t-elle tué la femme qu’elle aimait ? Ou n’est-elle la principale suspecte qu’en raison de sa couleur de peau ? Quel est le rôle de cette société coloniale, esclavagiste, raciste et misogyne, dans le meurtre qui a été commis ? Ce livre soulève de nombreuses questions, tant concernant le personnage que l’époque dans laquelle elle évoluait. Il s’agit d’un premier roman intéressant qui, malgré quelques longueurs et une intrigue parfois très foisonnante, parvient à nous captiver.

Carte d’identité du livre

Titre : Les Confessions de Frannie Langton
Autrice : Sara Collins
Traducteur : Charles Recoursé
Éditeur : Belfond
Date de parution : 18 avril 2019

4 étoiles

Merci aux éditions Belfond et à NetGalley pour cette lecture.

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#378 L’aimée – Renée Vivien

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Le résumé…

Lorély, intellectuelle et salonnière réputée, inspire à la narratrice un amour passionnel et destructeur. Celle-ci en oublie sa tendre amie, Ione, qui en meurt de chagrin. Lorély l’infidèle devient alors celle par qui le drame est arrivé. Viennent d’autres amantes, figures salvatrices ou démons séducteurs, brouillant les pistes dans le jeu amer de tromperie et de pardon qui oppose et réunit tour à tour la narratrice et Lorély.

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Mon avis…

Aujourd’hui, je vous parle non seulement d’un livre, mais aussi d’une maison d’éditions : Talents hauts. Vous en avez peut-être déjà entendu parler. Il s’agit d’une ME jeunesse, créée en 2005, qui choisit de publier des livres qui vont à l’encontre des clichés, des discriminations, des distinctions de genres, etc. L’un de leurs projets est ainsi de proposer la réédition de textes oubliés, car ils sont l’œuvre d’autrices qui, principalement en raison du fait qu’elles étaient des femmes, ont été condamnées à être effacées des histoires littéraires et des rayonnages des librairies. Cette collection très récente s’appelle « Les plumées », pour les raisons que l’on imagine. Vous pouvez y découvrir Isoline, un texte de Judith Gautier (je vous avais déjà parlé de cette autrice en proposant une brève chronique des Mémoires d’un éléphant blanc), ou encore Marie-Claire de Marguerite Audoux, ou bien Trois soeurs rivales de Marie-Louise Gagneur et, un peu plus connu, La Belle et la Bête de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve. Aujourd’hui, c’est d’un autre livre que je vous parle : L’aimée de Renée Vivien. C’est un texte qui avait déjà paru sous le titre Une femme m’apparut, mais qui était depuis tombé dans l’oubli…

« Dans une demi-clarté à la magie singulière, une Femme m’apparut… […] Instinctivement, je redoutai le commandement de son regard, la courbe impérieuse de ses lèvres. Ses cheveux la nimbaient d’un perpétuel clair de lune. »

Alors, avant de rentrer dans le détail de ce magnifique texte, j’aimerais vraiment remercier les éditions Talents hauts pour ce superbe projet, qui est d’une importance capitale dans la vie littéraire actuelle. Mettre en lumière les autrices est tout simplement une nécessité aujourd’hui, et cette maison d’éditions le fait avec beaucoup de goût, de subtilité, de fraîcheur. Merci.

« J’attendais Lorély dans un boudoir glauque où les bibelots semblaient jetés çà et là au gré d’une main impatiente. On y sentait le caprice et le désordre d’un esprit fantasque. Des fleurs éclataient partout en gerbes, en fusées, en masses touffues… C’étaient des lys tigrés ouvrant leurs vastes corolles d’où s’exhalait la violence du parfum, des grappes d’orchidées bleues retombant avec une grâce triste, des gardénias, si fragiles que le frôlement le plus doux les eût flétris, blêmissant à côté de roses blanches. »

Si Talents hauts est une maison d’édition jeunesse, il s’avère que les livres de la collection « Les plumées » sont, dans toutes les librairies dans lesquelles j’ai cherché, rangés dans les rayons de littérature générale. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il s’agit de textes littéraires assez anciens, peut-être, mais aussi par le vocabulaire, parfois compliqué. Or, je tiens à souligner que l’ensemble est compréhensible y compris d’un lectorat jeune. Tout dépend, je pense, de la maturité des lecteurs et lectrices. Le mieux étant de mettre le livre entre leurs mains et de les laisser décider si cela les intéresse ou non. Ce sont donc aussi des textes qui sont accessibles aux adultes. Bref, il est possible de les lire presque à tout âge. Et je n’ai donc pas boudé mon plaisir.

« Aucune parole de sagesse ne vaut le rire de la folie »

Il n’y a pas vraiment d’intrigue dans ce « roman », que j’hésite même à appeler ainsi pour cette raison. Il s’agit d’un texte qui aborde les questions de l’amour, de la passion, de la peine qui peut en découler. Renée Vivien traite ici de la relation entre deux femmes, et ce n’est pas pour rien que cette autrice est surnommée Sapho 1900, d’après le nom de la célèbre poétesse de l’Antiquité, qu’elle a traduite et adaptée, contribuant ainsi à en faire le symbole des amours lesbiens. L’aimée, dans lequel on retrouve cette influence, est vraiment un livre absolument splendide, très poétique. L’écriture et le style de l’autrice sont exceptionnels. Il s’agit d’un texte en grande partie autobiographique, car il est inspiré de sa relation avec Nathalie Barney, une femme qu’elle a tendrement aimée et qui l’a beaucoup fait souffrir. Tout cela est fort bien expliqué dans la petite préface de Nicole G. Albert, docteure et spécialiste de la littérature décadente. L’ensemble du livre est assez métaphorique parfois, nimbé de mystère, auréolé de douceur également, comme s’il incarnait le sentiment même de l’amour. J’ai vraiment été séduite par cette lecture, qui mérite en effet d’être redécouverte pour sa grande qualité stylistique et sa profondeur qui n’ont rien à envier aux plus grands chefs d’œuvre reconnus de la littérature.

Carte d’identité du livre

Titre : L’aimée
Autrice : Renée Vivien
Éditeur : Talents Hauts
Date de parution : 21 février 2019

5 étoiles

Alerte parution : « Treize jours » de Roxane Gay

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Parfois, il me semble indispensable de vous signaler la sortie en poche de livres absolument exceptionnels.

Alors j’aimerais attirer votre attention sur Treize jours de Roxane Gay. Je vous l’avais chroniqué à sa sortie en 2017. Et c’était un véritable coup de cœur ! Retour sur la chronique :

Le résumé…

Fille de l’un des hommes les plus riches d’Haïti, Mireille Duval Jameson mène une vie confortable aux États-Unis. Mais alors qu’elle est en vacances à Port-au-Prince avec son mari Michael et leur bébé Christophe, Mireille est kidnappée. Ses ravisseurs réclament un million de dollars à son père. Pourtant, ce dernier refuse de payer la rançon, convaincu que toutes les femmes de sa famille seraient alors enlevées les unes après les autres. Pendant treize jours, Mireille vit un cauchemar. Son ravisseur, dit le commandant, est d’une cruauté sans nom. Comment survivre dans de telles conditions et, une fois libérée, comment surmonter le traumatisme, pardonner à son père et recréer une intimité avec son mari ?

Mon avis…

Préparez-vous à découvrir un livre choquant, violent et bouleversant… pour la bonne cause ! L’histoire de Mireille ne peut laisser personne indemne. Ce roman est un véritable chef d’œuvre d’émotions. Roxane Gay dépeint parfaitement la détresse humaine, l’égarement et la colère qu’une femme peut ressentir après avoir vécu les pires épreuves. Et, surtout, ce qui m’a le plus touchée, le vide qui habite un être brisé. C’est une sensation des plus difficiles à rendre, des plus complexes à décrire, et l’autrice a réussi cet exploit… Ce roman, bien qu’il s’agisse d’une fiction, est profondément réaliste dans la souffrance qu’il décrit, comme dans la richesse – et la bassesse – de l’être humain qu’il explore.

C’est un texte passionnant, que l’on dévore, que l’on ne lâche pas. Il prend aux tripes et absorbe totalement l’esprit jusqu’à l’ultime page. Chaque mot est un pas en avant dans la compréhension d’une violence sans nom. Clairement, ce livre secoue, ébranle, perturbe. Il laisse une profonde trace, peut réveiller quelques troubles – selon le vécu de chacun. Mais c’est un roman qui dit des choses essentielles, des choses brutales mais dont chacun devrait prendre conscience un jour. Malgré ce qu’il a bousculé en moi, ce livre m’a plu, pour la force qu’il dégage, l’émotion qu’il communique, l’espoir qu’il redonne, parfois. Roxane Gay donne une voix à des victimes, tout en explorant un territoire, Haïti, en mettant en évidence les problèmes qui secouent le monde, chaque jour. Elle montre jusqu’où la sensation d’être né au mauvais endroit, du mauvais côté de la route, peut mener. Jusqu’à quelles extrémités, quelle violence. En bref, Treize jours est un beau roman, dans tous les sens du terme, et une expérience vibrante, qui laisse une sensation étrange…

Découvrez aussi Hunger, le dernier livre de Roxane Gay.

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