#317 Comment ne pas devenir une fille à chat – Nadia Daam

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Le résumé… 

Célibataire exigeante et fière de l’être, Nadia Daam, 39 ans, ambitionne de révolutionner le célibat et d’envoyer valser les kilos de stéréotypes systématiquement accolés aux célib’. Surtout quand ce sont des femmes comme elle qui vivent en colocation avec leur chat Pompom et leur fille Zoé – à moins que ce soit l’inverse. (Les gens appellent leurs gosses n’importe comment aujourd’hui. Mais ça, c’est un autre débat.)
Nadia Daam est convaincue qu’on peut être mère célibataire, tutoyer la quarantaine, avoir son enfant une semaine sur deux et le vivre pas trop mal. On peut aussi être capable de préparer un bol de Miel Pops à 7 heures du matin une semaine et de porter sa culotte sur la tête à la même heure celle d’après…
Grâce à ce véritable guide de survie, vous saurez comment dire du mal de vos ex sans passer pour une désespérée et pourquoi il vaut parfois mieux avoir une jambe de bois qu’un utérus. Vous apprendrez qu’une ride du lion et un enfant à demeure sont très utiles pour faire du shopping. Et qu’il n’y a pas de honte à préférer une assiette de spaghettis sauce Bolo Balls dévorée devant Netflix à un date via Tinder.
Tant que vous faites ça avec panache et sans sentir la croquette !

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Illustration de Leslie Plée

Mon avis… 

J’ai découvert ce livre dans l’émission Quotidien de Yann Barthès et j’ai tout de suite accroché à la personnalité de l’autrice, Nadia Daam. J’avais donc très envie de lire Comment ne pas devenir une fille à chat. Soyez prévenus, il ne s’agit pas d’un roman. C’est plutôt un livre humoristique, comme un one woman show mais en version papier ! Ils sont plutôt rares, les livres qui font vraiment rire. Celui-ci fait partie de l’infime quantité qui peut nous décrocher des sourires et bien plus ! Grâce à ce livre, nous plongeons dans « l’intimité » de Nadia Daam, ou du personnage qu’elle s’est créé, et nous faisons ainsi connaissance de son chat – et de ceux qui l’ont précédé – ou encore de son « Enfant personnel ». Elle nous raconte avec tendresse et parfois une touche de cynisme le quotidien d’une mère célibataire. Ce que j’ai apprécié dans ce texte, c’est le caractère multiple : on y trouve tout ce qui fait passer un bon moment de lecture. En effet, il est à la fois touchant, drôle, critique et léger. Le découpage par petits chapitres, comme des saynètes ou des sketchs, permet de lire selon nos envies, par moments, entre deux courses, deux dossiers à rédiger, deux enfants à mettre au lit… Ce livre est bien écrit, tout est très efficace. C’est à la fois à acheter pour soi et à lire pour se faire plaisir, mais aussi à acheter pour la copine célibataire qui a au moins trente ans et un chat ! On en connait tous une, allez ! Et bien, ce bouquin va la déculpabiliser, lui faire du bien, la faire sourire, comme le suggère le sous-titre : « L’art d’être célibataire sans sentir la croquette ». En quelques mots : vive l’autodérision, sans aucune prise de tête !

En quelques mots…

de l’humour à profusion
one woman show sur papier
lecture légère
à (s’)offrir

Carte d’identité du livre

Titre : Comment ne pas devenir une fille à chat
Autrice : Nadia Daam
Illustratrice : Leslie Plée
Éditeur : Mazarine
Date de parution : 09 mai 2018

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Merci aux éditions Mazarine et à NetGalley France pour cette lecture.

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#307 Comment maigrir sans rien manger ? – Coco et Bénédicte Voile

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Le résumé…

Les silhouettes plus que parfaites des top models vous laissent perplexe ? Vous sentez bien qu’on vous cache quelque chose… Les stars ne se nourrissent-elles que de graines comme les hamsters ? Possèdent-elles une machine à faire fondre la cellulite ? Ont-elles une peau transgénique qui se régénère la nuit ? Non, ce sont des femmes comme vous et moi. Une heure de maquillage minimum, un excellent photographe, une touche de Photoshop et vous pourriez vous aussi faire la couverture de Vogue ! Vous êtes donc normale. En lisant ce (faux) guide, vous allez rire, déculpabiliser et surtout… vous aimer !

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Instagram @juliette.sa

Mon avis…

Ce petit bouquin est un livre humoristique qui se moque avec délicatesse et beaucoup de pertinence des milliers de guides de régime qui fleurissent chaque année chez les libraires ou dans les magazines féminins ! L’autrice, Coco, distille des conseils parfois farfelus et pourtant, quand on y regarde bien, plein de bon sens. Car son but est bien de nous déculpabiliser, enfin. De nous dire que, non, il n’est pas nécessaire d’être mince et parfaite, voire refaite, pour avoir le droit d’aller à la plage en été. Et que, non, manger une raclette ne devrait pas être un crime ! C’est un livre frais, plein de dérision, avec de très jolies illustrations de Bénédicte Voile. Ce duo féminin fonctionne à la perfection. Les deux femmes nous parlent comme à des copines, l’une avec ses mots, l’autre avec son crayon, et nous font passer un excellent moment. Sourire à chaque page, ça fait du bien, et comme elles le disent si bien en prélude à cette lecture légère : « Vous salivez ? Alors croquez ce livre. Chaque sourire vous fera dépenser 10 calories. Faites le compte : il y a 160 pages… »

Avec ce livre, on ne prend pas un gramme et pourtant qu’est-ce qu’on se régale ! C’est un bouquin 100% body positive, écrit par des femmes qui connaissent leurs lectrices et veulent leur faire du bien. C’est du feel-good, du zéro prise de tête. De quoi (presque) se réconcilier avec sa balance ! Un petit livre à acheter si vous vous sentez un peu complexée, à offrir à celles qui veulent justement rire de leurs complexes, à lire seule ou entre copines, ou avec son mec, ou même avec sa mère, avec une salade, un mojito, ou une assiette de cookies, bref, en toutes circonstances. Vous ne vous sentirez peut-être pas concernée par toutes les pages de ce livre, mais vous y reconnaîtrez les femmes de votre vie ! Ce livre, qui ne cherche pas à en faire trois tonnes, porte tout de même un regard sur notre monde, sur la société, sur ses diktats… Il nous offre la possibilité d’en rire et de s’en moquer quelques instants, voire de s’en libérer définitivement ! Et c’est tant mieux. En reprenant un à un tous les clichés qu’on nous balance chaque jour, les autrices jouent avec et les retravaillent, en font quelque chose de moins pesant. Merci d’avoir un peu allégé mon quotidien, Coco et Bénédicte !

Cliquez sur l’image pour plus d’illustrations de Bénédicte Voile !

En quelques mots…

humour et dérision
0% prise de tête
à lire et à offrir
joliment illustré
frais et léger

Carte d’identité du livre

Titre : Comment maigrir sans rien manger ?
Autrice : Coco
Illustratrice: Bénédicte Voile
Éditeur : l’Archipel (Archipoche)
Date de parution : 02 mai 2018

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Merci aux éditions de l’Archipel pour cette lecture.

#280 L’ours est un écrivain comme les autres – William Kotzwinkle

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Le résumé…

Il était une fois un ours qui voulait devenir un homme… et qui devint écrivain. Ayant découvert un manuscrit caché sous un arbre au fin fond de la forêt du Maine, un plantigrade comprend qu’il a sous la patte le sésame susceptible de lui ouvrir les portes du monde humain – et de ses supermarchés aux linéaires débordants de sucreries… Le livre sous le bras, il s’en va à New York, où les éditeurs vont se battre pour publier l’œuvre de cet écrivain si singulier – certes bourru et imprévisible, mais tellement charismatique ! Devenu la coqueluche du monde des lettres sous le nom de Dan Flakes, l’ours caracole bientôt en tête de liste des meilleures ventes…

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William Kotzwinkle

Mon avis…

Dans la lignée de John Fante et Paul Auster, William Kotzwinkle nous offre une aventure farfelue et palpitante, celle d’un ours qui décide, du jour au lendemain, de devenir écrivain à succès. Grâce à la maladresse et au manque de chance du véritable auteur, il met en effet la patte sur un manuscrit qui s’avère ne pas être mauvais du tout. Très vite, il trouve sa place dans la société humaine, tout le monde n’y voit que du feu ! C’est un écrivain taciturne que cet ours. Pourtant, personne ne semble s’interroger sur sa drôle d’allure et sa peu de maîtrise des normes sociales. On se dit que c’est un original, cet écrivain, et ça plait ! Tandis que l’ours prend la place de l’humain, l’auteur du roman à succès reste, lui, dans le Maine. Progressivement, à son tour, il imite l’ursidé. William Kotzwinkle écrit un livre plein d’humour, très riche et foisonnant, à l’intrigue amusante et fouillée, dans lequel il se moque avec singularité et malice du monde littéraire, de sa folie conventionnelle et de ses folles conventions ! Au programme, de l’ironie, un récit complètement décalé et divertissant, un bon roman à l’américaine, portrait d’une société qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez et réflexion sur l’humanité, sur l’animalité. C’est fou, frais, perché et c’est aussi moqueur, et parfois, il faut le reconnaître, ça fait du bien de se laisser porter par les mots et les pages !

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#279 Entrez dans la danse – Jean Teulé

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Le résumé…

Une étrange épidémie a eu lieu dernièrement
Et s’est répandue dans Strasbourg
De telle sorte que, dans leur folie,
Beaucoup se mirent à danser
Et ne cessèrent jour et nuit, pendant deux mois
Sans interruption,
Jusqu’à tomber inconscients.
Beaucoup sont morts.
Chronique alsacienne, 1519

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Mon avis…

C’est un avis mitigé que je vais vous exposer au sujet de ce dernier roman de Jean Teulé. J’aime pourtant la subversion, les styles incisifs et décalés, mais l’écriture de l’auteur ne m’a pas particulièrement plu… Pourquoi ? Si certains diront que l’effet de décalage est recherché – et je n’en doute pas, mais cela n’excuse pas tout – j’ai plutôt l’impression d’avoir lu un livre à l’intrigue plate et au style incohérent avec le fond (mais là encore, c’est un signe d’originalité, apparemment). D’un côté, l’argument de base est attrayant : un mystérieux évènement historique, c’est-à-dire une danse folle des Strasbourgeois médiévaux, mystère jamais résolu et donc passionnant ! Mais d’un autre côté, ces gens dansent dès le début… et dansent jusqu’à la fin. Si bien qu’au milieu, il ne se passe rien de bien fou. Le roman permet surtout à l’auteur de zoomer sur les vices de l’institution catholique de l’époque, avec le commerce des indulgences en particulier. Il nous montre en effet comment les habitants de Strasbourg ont pu en arriver à une telle folie, à un tel déchainement de folie violente. Ainsi, ce roman nous transporte dans une époque et un lieu comme que nous méconnaissons souvent, nous fait découvrir un curieux évènement très intrigant… J’ai d’ailleurs aimé l’absurdité de certaines scènes, qui sont le relief de cet inexplicable moment de l’Histoire. Mais, pourtant, le côté « pageturner » n’est pas au rendez-vous. Pas de suspense, des personnages à la psychologie sans relief, malgré l’intérêt historique du sujet abordé. C’est bien dommage, car j’aurais voulu aimer ce livre, vraiment. L’auteur le vendait bien, sur le plateau de La Grande Librairie, et le début était plutôt prometteur… Mais voilà, ça n’a pas pris. Si vous l’avez lu, n’hésitez pas à partager votre avis !

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#249 Les Mémoires d’un chat – Hiro Arikawa

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Coup de coeur

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Le résumé…

Un chat de gouttière au franc-parler et rompu au langage des humains a pris ses quartiers dans le parking d’un immeuble de Tokyo. Pour rien au monde il ne troquerait sa liberté contre le confort d’un foyer. Mais le jour où une voiture le percute, il est contraint d’accepter l’aide de Satoru, un locataire de l’immeuble, qui le soigne, lui attribue un nom – Nana – et lui offre la perspective d’une cohabitation durable. Cinq ans plus tard, des circonstances imprévues obligent Satoru à se séparer de Nana. Anxieux de lui trouver un bon maître, il se tourne vers d’anciens camarades d’études, disséminés aux quatre coins du Japon. Commence alors pour les deux compères une série de voyages et de retrouvailles qui sont pour Nana autant d’occasions de découvrir le passé de Satoru et de nous révéler – à sa manière féline – maints aspects de la société japonaise. Prenant et surprenant, profond et plein d’humour, Les Mémoires d’un chat est un beau roman sur l’adoption, l’amitié, et la force des liens qui unissent l’homme et l’animal.

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Hiro Arikawa

Mon avis…

Les Mémoires d’un chat est un livre sorti au mois de juin 2017. Très vite, une de mes professeurs m’a envoyé un mail en me le conseillant. Sans trop d’hésitation, je me suis donc lancée bien que les chats ne soient pas du tout mon animal préféré. Mais j’y ai pourtant retrouvé exactement ce qui m’a toujours amusée chez les chats : leur côté hautain… Souvenez-vous, un chat n’a pas de maitre… on habite chez son chat ! J’ai donc beaucoup ri avec la façon de parler très ironique de ce chat, qui est plein de distance et de malice. En elle-même, l’histoire se dévoile progressivement et est de plus en plus touchante. Plus on avance dans le livre, plus on apprécie. Au début, j’avais un peu de mal à entrer dans le récit mais, très vite, après deux ou trois chapitres, je ne pouvais plus le lâcher. J’ai vraiment été émue par cette histoire très riche en émotions sans être pour autant trop pleine de bons sentiments. Le chat, avec son regard critique et tendre à la fois, donne de l’originalité au récit en assurant une bonne partie de la narration.

C’est un très beau récit, qui dit beaucoup sur le lien étroit et particulier qui unit l’homme et l’animal. Il ne s’agit pas d’un rapport de possession, de propriété. L’un n’est pas au dessus de l’autre. Hiro Arikawa raconte une véritable amitié, presque une histoire d’amour, entre deux êtres que tout oppose mais que, finalement, tout rapproche. Les amoureux des chats comme ceux qui ne le sont pas spécialement trouveront dans ce livre de quoi se divertir tout en se procurant une bonne dose de saines émotions. C’est une histoire émouvante et drôle, passionnante et passionnée, qui ne devrait surtout pas passer inaperçu dans les rayonnages de nos librairies !

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Photo par Juliette S. Ne pas utiliser sans autorisation.

#239 Coco givrée – Nadine Monfils

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Le résumé…

Un chapeau melon, un nez en carotte, une hache à la main… Voilà le drôle de bonhomme de neige qui enlève les petites filles de Pandore, à la tombée de la nuit. Mais est-ce le même cinglé qui, ces derniers temps, abandonne cadavre après cadavre, dans des mises en scène inspirées des toiles de Magritte ? Et pourquoi la chienne Tequila se met-elle à pisser des hiéroglyphes ? Est-ce vraiment une bonne idée d’héberger une pute chez soi ? Autant de questions glaçantes que les enquêteurs Lynch et Barn vont devoir s’atteler à dégivrer…

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La boîte de Pandore – Magritte

Mon avis…

Une petite balade dans ma librairie préférée, et ce livre m’a tout de suite attirée. La couverture, sans doute, assez intrigante. Puis le résumé, qui m’a fait sourire. Du policier un peu absurde ? C’est pour moi ! Et je dois dire que je n’ai pas été déçue, j’ai commencé ce roman le soir même et l’ai fini… le soir-même, enfin la nuit plutôt… J’avais un peu peur tout de même, car l’absurdité que l’on devine dans  le résumé aurait vite pu tourner au ridicule, au gros navet même ! Mais loin de là. L’intrigue policière est belle et bien présente, elle est complexe à souhait, tout à fait sérieuse et digne d’un bon thriller. Et, au milieu de tout ça, Nadine Monfils diffuse quelques notes d’humour, de trash parfois, de ce qu’on croit être de l’absurde mais qui en fait trouve toujours son sens… Rien n’est laissé au hasard pour faire passer un bon moment au lecteur.

Coco givrée est un excellent roman de vacances, pour changer un peu, ne pas se prendre la tête tout en lisant une histoire passionnante. Les personnages, à la fois déjantés et complexes, sont tant de silhouettes qui se croisent dans un récit prenant et frôlant le fantastique. L’imaginaire n’est jamais bien loin, on peut s’attendre à tout : des bonhommes de neige tueurs, des chiens médiums… Et c’est sans compter les personnages riches en couleur qui traversent le roman, comme la mémé de Coco, vraie fan de Johnny… mais pas Johnny Hallyday, non, son sosie : Johnny Cadillac. C’est un roman efficace, pour amateurs de romans policiers qui ont soif de changement, et pour ceux qui n’ont pas envie de se plonger dans une histoire trop trop flippante, même si Nadine Monfils nous offre quand même une bonne dose d’émotions. Le problème (ou l’avantage) de tout oser, c’est que c’est dans tous les sens du terme ! Du plus trash au plus gore, du plus farfelu au plus comique… Allez, laissez-vous tenter par ce roman complètement givré, c’est les vacances, le moment de faire des folies et des découvertes !

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Johnny Cadillac et Nadine Monfils

#235 Truismes – Marie Darrieussecq

Le résumé…

Difficile d’écrire son histoire lorsqu’on habite dans une porcherie et, qui plus est, lorsqu’on est devenue une truie. Car telle est l’extraordinaire aventure de la narratrice de cette fable terriblement sensuelle, qui se métamorphose sous les yeux stupides de son ami Honoré, prend du poids, se découvre une soudaine aversion pour la charcuterie, se voit pousser des seins surnuméraires, et finit, bien obligée, par quitter la parfumerie dont elle était l’hôtesse très spéciale… Tantôt humaine, tantôt animale, elle erre dans les égouts et dans les jardins publics où elle se nourrit de débris végétaux, elle met bas ses porcelets, devient l’égérie du futur président de la République avant d’être la maîtresse d’un très séduisant loup qui se nourrit de livreurs de pizzas et manquer finir sa vie dans l’assiette de sa propre mère. Derrière ces aventures porcines se profile une société aux prises avec un extrémisme obsessionnel de la vie saine mais de fait corrompue, une vaste ferme des animaux où les achats se règlent en Euro ou en Internet Card, où charlatans et fous mystiques se disputent le pouvoir. Le récit de cette modification se double donc d’un conte moral où l’œuvre d’imagination affiche ses intentions de satire sociale. Se plaçant d’emblée sous l’égide de Knut Hamsun, de la glèbe et de la sauvagerie attenante à l’humain, la narratrice, truie endiablée, permet au lecteur de renouer avec des plaisirs de lecture qui viennent de très loin.

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Mon avis…

Comment aborder ce roman atypique ? Vous l’avez probablement compris, à la lecture du résumé, Truismes est un livre original. Il s’agit du premier roman de Marie Darrieussecq, et il faut dire qu’elle n’y est pas allée de main morte. Le motif de la métamorphose, on le connaît, on l’a vu et revu, en passant par Ovide, Apulée ou Kafka, mais l’auteure relève le défini de le renouveler. Le personnage principal, une femme, remarque de drôles de transformations sur son corps, jusqu’à devenir, au fil du roman, une véritable truie. Elle est crue, ose dire – et faire – les pires insanités. Marie Darrieussecq n’hésite pas à plonger tête baissée dans les clichés misogynes, racistes, sexistes, et l’effet est surprenant. N’attendez pas de délicatesse ou de légèreté dans le style, l’ensemble est lourd et « gras », mais c’est justement ce qui fait le charme du livre !

En effet, Truismes, c’est surtout l’histoire d’une femme qui ne pense pas vraiment par elle-même, qui n’est pas très cultivée ni spirituelle… Puis, en se métamorphosant, son esprit change et, loin de s’animaliser dans le sens que l’on imagine, elle gagne petit à petit en distance sur le monde dans lequel elle évolue. Et ce monde, dystopique à souhait, est étouffant, écrasant, tant pour la femme qu’elle était que pour l’animal qu’elle devient. Marie Darrieussecq mélange ainsi réflexion philosophique et humour décadent, parfois trash. Elle ose tout, et c’est en vérité assez jouissif. Truismes est un drôle de roman, que l’on dévore et qui nous grignote un peu l’esprit aussi : à la fin, on ne sait plus trop où l’on en est… C’est un livre qui laisse un sentiment particulier, parfois positif, parfois négatif. Dans tous les cas, il ne laisse pas indifférent.

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Truismes, adaptation théâtrale d’Alfredo Arias au Rond-Point.

#225 Beaucoup de bruit pour rien – William Shakespeare

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Le résumé…

Entre une cérémonie de noces brutalement interrompue et un mariage unissant deux êtres connus pour se haïr, Beaucoup de bruit pour rien nous rappelle que l’amour ne suit jamais un cours régulier. Étincelante et jubilatoire, cette comédie romantique n’en repose pas moins sur un constat amer : tout n’est que vanité et aimer, c’est d’abord s’éprendre de soi-même, pour le meilleur et pour le pire.

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Mon avis…

J’ai totalement découvert cette pièce de Shakespeare cet été, je ne la connaissais pas et, à la lecture de la préface, j’ai vite compris qu’elle était considérée par beaucoup de critiques comme une sorte de désastre… le raté de Shakespeare dirons-nous, et tous les grands auteurs en ont un… A priori, donc, je partais dans ma lecture avec quelques doutes, mais je me suis très vite sentie happée par l’histoire, bien qu’elle soit peu réaliste, il est vrai… Dans l’ensemble, j’ai aimé les touches d’humour disséminées par l’auteur, et j’ai beaucoup aimé la mise en abyme théâtrale. En effet, les personnages eux-mêmes jouent des rôles, mettent en scène des situations pour piéger les autres, etc. Et même si cela est assez répétitif, l’effet escompté est concluant et j’ai beaucoup souri. Je pense que cette pièce a l’avantage d’être assez proche des sentiments communs, ce qui pouvait semblait un peu trivial pour les critiques, mais qui me semble plutôt séduisant. Les différentes morales qu’on peut tirer de l’histoire sont d’ailleurs plutôt remarquables et très sensées.

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Il est vrai que l’on ne se trouve pas face à un chef-d’œuvre, mais il faut aussi relativiser et se dire que, parfois, une lecture agréable est déjà une très bonne chose ! Et c’est ce que j’ai trouvé dans Beaucoup de bruit pour rien. Si certains personnages sont plus attachants que d’autres, j’ai cependant remarqué que certains étaient assez schématiques, ce qui est dommage mais qui est en même temps compréhensible à la vue de la forme du texte. Au théâtre, on a peu de temps pour explorer l’intériorité des personnages, d’autant que nous n’avons que leurs paroles et non leurs pensées, ce qui peut expliquer ce choix. Je n’ai pas toujours retrouvé la virtuosité de Shakespeare, comme dans Hamlet ou Macbeth, mais j’ai passé un bon moment, et cela m’a changé des tragédies. Pour une fois, j’ai pu lire une comédie romantique du grand dramaturge anglais, et je ne le regrette pas car j’ai désormais l’impression d’avoir une vue plus panoramique de son œuvre. Je vous conseille donc Beaucoup de bruit pour rien si vous voulez voir l’autre côté de l’œuvre shakespearienne, le côté un peu oublié, mis de côté…

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Ma note…

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#195 Ubu roi – Alfred Jarry

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Le résumé…

Dans une Pologne imaginaire, aux confins de « nulle part » et « nul ne sait » où le Père Ubu a, dit-on, tué le roi et usurpé le pouvoir. Il inflige à ses ennemis toutes sortes de tortures à l’aide de ses armes fétiches, comme sa redoutable machine à décerveler ! Effrayante et ridicule à la fois, cette créature étrange, jamais avare de grossièretés, nous entraîne dans une rocambolesque farce où l’on rit mais où l’on frémit aussi quand sont dénoncés les vices de notre humanité.

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Mon avis…

Pour commencer, un mot : « Merdre » ! Ceux qui ont lu ou liront Ubu Roi pourront vite comprendre cette référence… C’est après tout une des raisons pour lesquelles Alfred Jarry est connu : son théâtre déborde d’injures, de mots inventés, parfois des deux en même temps… Tout cela crée un humour bas, dans le sens de scatologique parfois, un humour du bas-corporel rabelaisien… Il ne faut pas vraiment chercher de subtilité dans Ubu Roi, l’auteur arrive plutôt avec ses grands cheveux, avec un style parfois lourd mais qui finalement ne peut que faire rire ! Pourtant, les vices de l’humanité sont on ne peut mieux démontré. Non, la comédie « de mœurs » ne se limite pas à Molière… Alfred Jarry, c’est une comédie moderne, caricaturale, grotesque… Il suffit de regarder les deux illustrations de la pièce que je vous ai mis… Imaginez que, sur scène, Ubu (censé chevaucher son cheval de guerre) chevauche un balai avec une tête de cheval dessinée collée au bout. Alors, le grotesque, on est en plein dedans. Vous allez me dire : pourquoi irais-je lire quelque chose d’aussi ridicule ? Je vais vous répondre…

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Ubu Roi est tout sauf ridicule… C’est drôle. En même temps, il y a une certaine profondeur (si, si, je vous assure) quand on cherche bien. Après tout, ne pourrait-on pas voir dans cette conception grotesque du théâtre toute une critique de la société ? C’est un tournant tellement révolutionnaire dans l’Histoire littéraire qu’on ne peut pas passer à côté. Le personnage d’Ubu, s’il est drôle, est aussi extrêmement cruel. Il représente à lui seule une terrible satire que nous livre Jarry. Que dire d’un roi si infâme, qui tue la moindre personne qui le dérange, le contrarie, ou simplement qui ne lui revient pas ? Et que dire de Mère Ubu, encore plus diabolique que son mari, qui cherche à tout prix le gain, quitte à tuer, corrompre, trahir… ? Bref, c’est un concentré de cruauté dont on ne peut que rire. Le traitement visuel et sémantique de la pièce désamorce toutes les interprétations du spectateur (qui, s’il devient attentif, peut tout de même les déceler). Ubu Roi est une pièce qui apparaît finalement comme un jeu littéraire. Les séries d’Ubu ont eu un succès très important, ce qui prouve que, finalement, les spectateurs de l’époque ont adoré le comique communicatif de Jarry. Ubu Roi se lit très facilement, en une heure à peine, et on s’amuse à tous les jeux de mots, les expressions, les images inventées par l’auteur. C’est excellemment drôle.

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Ma note…

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#185 London Panic – Marie Vermande-Lherm

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Le résumé…

Lucie n’aurait jamais dû entrer en guerre ouverte contre sa prof d’anglais : la voilà privée du voyage scolaire à Londres dont elle rêvait.
Tant pis : ce voyage, elle le fera, coûte que coûte ! Quitte à vendre son âme (ou presque !) à un mystérieux camarade de classe – l’étrange et peu loquace Abu –, quitte à s’improviser baby-sitter dans la famille farfelue d’un authentique lord anglais, quitte à courir aux quatre coins de Londres sur la piste d’un petit prophète de 1m20, disparu en plein shopping !

Faudra-t-il que Lucie aille chercher jusqu’en Inde le secret pour faire enfin régner l’harmonie dans sa vie et dans celle des gens qu’elle aime ? Ou est-ce aux côtés du dingue et pourtant délicieux Lawrence Painswick, l’aîné de sa famille d’accueil, qu’elle trouvera finalement « the right place to be » ?

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Mon avis…

J’ai reçu ce livre de mon partenaire Sarbacane, à l’occasion notamment de l’anniversaire de leur collection Exprim’ qui fête ses 10 ans ! Comme vous le savez sans doute si vous me lisez régulièrement, j’adore cette collection et j’ai aimé toutes les lectures qui m’ont été proposées, et j’ai même eu quelques coups de cœur ! London Panic reste dans la même fibre que les autres romans, s’intègre parfaitement dans cette lignée d’excellence littéraire… Cependant, il se distingue par sa couverture flamboyante, qui illumine la table de chevet à tout moment et attire l’œil… Alors évidemment, je n’ai pas résisté longtemps et à peine je l’ai reçu qu’il était commencé ! Je l’ai fini le soir-même car l’histoire est totalement prenante, c’est une aventure extrêmement fraîche et joyeuse, qui communique beaucoup de plaisir à chaque ligne !

Pour la plupart, on a tous fait un voyage scolaire d’au minimum une journée en Angleterre… Lucie, elle, n’a pas cette chance car sa prof d’anglais ne peut pas la voir !  Mais elle n’abandonne pas ainsi, non, jamais ! Lucie va donc chercher par tous les moyens, même les plus farfelus (et un peu dangereux, soyons honnête), à rejoindre l’Angleterre pour prouver à sa prof qu’elle a eu tort de la juger. Et je confirme, elle a eu tort ! Lucie va aller de rebondissements en rebondissements pour enfin atterrir chez les rosbifs et elle va se retrouver plongée dans une famille d’anglais complètement perchés, avec un gamin qui se prend pour un prophète et son grand frère un peu exhibitionniste sur les bords (mais exhibitionniste engagé)… La recette est farfelue mais, au final, le cocktail est pétillant et rafraîchissant ! Mon seul regret, malheureusement il y en a un, c’est la longueur ! J’aurais beaucoup aimé que l’histoire prenne plus son temps, que l’intrigue se développe encore un peu, car j’avais l’eau à la bouche et je suis restée (un peu) sur ma faim…

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Ma note…

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Merci aux éditions Sarbacane pour cette lecture.

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