#414 Dans les yeux de Lya, t.1 et t.2 – Carbone et Cunha

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Le résumé…

À la veille de ses 17 ans, Lya se fait renverser par un chauffard qui prend la fuite, la laissant pour morte. Elle survivra mais devra rester en fauteuil roulant toute sa vie.
Quatre années plus tard, elle termine son DUT Carrières juridiques et décroche un stage dans le cabinet d’avocats le plus prestigieux de la ville, celui du célèbre et médiatique maître Martin de Villegan. Son stage n’a pas été choisi par hasard, bien au contraire. C’est ce même cabinet qui a réglé son cas des années auparavant. Ses parents ne lui en ont rien dit mais elle a découvert qu’ils avaient été achetés pour éviter des poursuites juridiques. Bien décidée à retrouver celui qui l’a renversée et à lui faire payer, elle va se mettre en quête du dossier. Un jeu dangereux commence alors et sa soif de vengeance ne sera pas sans conséquences…

Mon avis…

Les bandes-dessinées ne sont pas ma spécialité mais j’ai été très séduite par le résumé de celle-ci. Dans les yeux de Lya, c’est une enquête, menée par Lya elle-même, une jeune fille qui a subi un énorme bouleversement dans sa vie, puisqu’elle a été victime d’un accident de voiture. Le chauffard s’est rendu coupable de délit de fuite, la laissant pour morte, ce qui a retardé sa prise en charge hospitalière et a entraîné son handicap… Lya est donc bien déterminée à mettre la main sur le responsable. Elle suit la piste d’un cabinet d’avocats, et espère trouver dans leurs dossiers la trace de l’accord passé entre le chauffard et ses parents. Avec le soutien de son meilleur ami et d’une nouvelle collègue, elle va prendre tous les risques pour comprendre cet évènement de son passé. J’ai pu lire les deux premiers tomes de cette bande dessinée passionnante. J’ai vraiment beaucoup aimé, et j’avoue avoir été frustrée de ne pas avoir le fin mot de l’histoire pour l’instant. Le déroulement de l’investigation est en tout cas très intéressant. Les illustrations sont vraiment belles, à la fois sombres et lumineuses, pleines de contraste, montrant avec brio cette jeune fille hantée par le passé mais qui se découvre de nouvelles ressources au fil de son aventure.

Carte d’identité du livre

Titre : Dans les yeux de Lya, tomes 1 et 2
Autrice : Carbone
Illustratrice : Cunha
Éditeur : Dupuis
Date de parution : 01 mars 2020

5 étoiles

Le podcast « Oli » par France Inter

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En cette période de confinement à cause du Covid-19, je voudrais vous publier ce petit article que (honte à moi) je gardais sous le coude depuis… 2018 ! Mais, finalement, il n’aurait jamais été aussi utile que maintenant.

Je n’ai pas d’enfants moi-même, mais je sais que de nombreuses personnes, de nombreux parents, se retrouvent désormais confinés avec leurs enfants qui, sans école, doivent bien s’occuper autrement… Alors, comment divertir les petits quand les devoirs et les révisions sont finis ? Je vous présente « Une histoire et… Oli », un super podcast de France Inter qui devrait satisfaire nombre de parents désespérés (ou non).

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Donner le goût de la lecture, divertir, lutter contre l’ennui, développer le sens de l’écoute, rendre l’apprentissage plus ludique

Le tout avec des auteurs et des autrices reconnu.e.s et qui mettent tout leur talent au service des plus petits !

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« Une histoire et… Oli », qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un podcast, qui vous permettra de découvrir des contes inédits, créés tout spécialement pour France Inter par des écrivain.e.s tels que Chloé Delaume, Séverine Vidal, Karine Tuil, Eric-Emmanuel Schmitt, Véronique Ovaldé, etc.

Les genres sont très variés ! Il y a des petites histoires policières, des récits d’aventure, des contes de fée, des fables… Il y en a pour absolument tous les goûts. Et en plus, ces histoires sont lues par ceux et celles qui les ont écrites, donc vous pourrez découvrir les voix de vos écrivain.e.s préféré.e.s !

D’autres personnalités se prêtent aussi au jeu, telles qu’Omar Sy, Antoine de Caunes ou encore Nicole Ferroni ! Pas mal, non ?

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Chaque histoire dure entre 8 et 15 minutes. Vous avez de quoi faire rêver les petits le soir dans leur lit, ou leur offrir une petite pause agréable pendant la journée…

A l’origine, les contes sont destinés aux enfants de 5 à 7 ans, mais même les plus âgés peuvent y prendre plaisir… J’ai envie de dire : de 5 à 100 ans ! Et j’avoue que j’ai moi-même pris beaucoup de plaisir à découvrir « Oli » !

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Si vous ne savez pas par où commencer, voici une petite sélection de mes contes préférés, parmi ceux que j’ai pu écouter pour l’instant :

« Le coq solitaire » – Alain Mabanckou

« Le marchand d’amis » – Eric-Emmanuel Schmitt

« Le Lapin Shérif » – Olivier Norek

« La petite patate qui voulait être un chien féroce » – Nicole Ferroni

« Nadine et Robert les poissons rouges » – Delphine de Vigan

« Le renard et le poulailler » – Guillaume Meurice

« Zelda et les abeilles » – Tatiana de Rosnay

« La petite souris de nuit » – Susie Morgenstern

« Le poisson d’argent » – Nina Bouraoui

Vous pouvez aussi retrouver ce podcast sur YouTube !

#411 Simon apprend à être à l’heure – Lisa Lucas et Laurie Stein

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Le résumé…

Simon adore les horloges mais il ne sait pas lire l’heure. Il est donc toujours en retard, tout le temps, pour tout. Mais quand maman lui annonce que toute la famille partira dans lui a sa fête foraine s’il est encore en retard, Simon décide de tout faire pour être à l’heure.

Simon est un adorable ours blanc. Entouré de ses parents, de sa grande sœur Ruth et de sa grand-mère, il vit de nombreuses aventures cocasses et touchantes.

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Mon avis…

Dans ce petit album, nous suivons un ours nommé Simon. Sa particularité, c’est d’être toujours en retard ! Alors, un jour, sa famille lui lance le défi d’être à l’heure le lendemain matin pour aller à la fête foraine… Pour être sûr d’être au rendez-vous, il s’empare de toutes les horloges, tous les réveils et toutes les montres de la maison… Avec ça, il ne pourra rien rater ! Alors, autant vous dire que l’histoire est simple, mais j’ai beaucoup apprécié les très jolies illustrations. Attention néanmoins à ne pas vous méprendre à cause du titre : malgré son côté pédagogique, cet album n’a pas vocation à apprendre à vos enfants à lire l’heure ! Néanmoins, il leur fera comprendre la nécessité de, parfois, savoir prendre son temps.

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Carte d’identité du livre

Titre : Simon apprend à être à l’heure
Autrice : Lisa Lucas
Illustratrice : Laurie Stein
Éditeur : CrackBoom! Livres
Date de parution : 16 janvier 2020

4 étoiles

#410 Alya et les trois chats – Amina Hachimi Alaoui et Maya Fidawi

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Le résumé…

Maryam et Sami ont trois chats : Pacha le chat angora noir – fier comme un pacha vraiment ! —, Minouche le tigré gris trouvé dans la rue et Amir le siamois déluré. Mais voilà qu’un jour le ventre de Maryam se met à grossir, et quelque chose commence à remuer dedans. Maryam disparaît quelques jours et revient avec quelque chose qui hurle et demande beaucoup d’attention. Nos trois minous sont bien désemparés. Que se passe-t-il ?

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Mon avis…

Aujourd’hui, je vous parle d’un petit album intitulé Alya et les trois chats. Ce livre raconte tout simplement l’arrivée d’un bébé dans une maison déjà bien remplie par trois chats coquins et inséparables. Ils ne comprennent pas ce qu’il se passe et découvrent avec stupeur cet être étrange qui fait bien plus de bruit qu’eux… J’ai trouvé que les illustrations avaient beaucoup de charme. L’histoire, vraiment très simple, voire simpliste, est plaisante, mais n’apporte finalement pas grand chose. C’est un joli album pour qui aime les chats, mais malheureusement rien d’exceptionnel… Peut-être qu’il s’agirait d’un bon choix de livre à offrir à des jeunes enfants qui voient un petit frère ou une petite sœur arriver, et pourront ainsi se retrouver dans la curiosité de ces petits chats.

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Carte d’identité du livre

Titre : Alya et les trois chats
Autrice : Amina Hachimi Alaoui
Illustratrice : Maya Fidawi
Éditeur : CrackBoom! Livres
Date de parution : 27 mars 2019

3 étoiles

A la mémoire d’Axl Cendres

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Chères lectrices, chers lecteurs,
Je me suis réveillée ce matin avec une triste nouvelle. C’est par le biais des éditions Sarbacane que j’ai appris le décès d’Axl Cendres.
Cette autrice, je la connaissais à travers certains de ses romans. Je la connaissais bien peu, en réalité, mais pourtant je me sentais proche d’elle, car elle m’avait fait vivre des émotions fortes. Elle a été l’une de mes plus belles découvertes, depuis que j’ai eu l’idée de créer ce blog.
Elle nous manquera.
Toutes mes pensées vont à sa famille, et à tous les êtres qui l’ont chérie et qu’elle a chéris. Et bien entendu à tous les lecteurs et à toutes les lectrices qui ont, comme moi, vécu certaines de leurs plus belles sensations avec elle.
Repose en paix, Axl.

#398 Ciao et la mer – Sarah Khoury

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Le résumé…

Ciao est un doudou voyageur. À la plage, il plonge dans l’eau salée et découvre le monde fascinant de la mer. Sous l’eau, il rencontre des amis aux grandes dents, des géants, des minus et même des lumières bien étranges.

Mon avis…

Il n’y a pas que les romans dans la vie, et parfois je tombe aussi sur de petits albums trop mignons. Donc je voulais vous parler de ce très beau livre : Ciao et la mer, de Sarah Khoury. C’est pour les enfants de 0 à 3 ans, pour les tout minis bouts d’chou donc ! Ciao, c’est le nom d’un doudou qui, comme Némo le poisson-clown, embarque pour un drôle de voyage dans l’océan. Autant vous dire que les illustrations sont adorables et vraiment très très joliment réalisées. J’ai eu un véritable coup de coeur pour ces belles images, qui sont présentées sur un papier très qualitatif qui donne l’impression de tenir la peinture originale entre les mains ! Les enfants et les parents vont adorer !

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Carte d’identité du livre

Titre : Ciao et la mer
Autrice et illustratrice : Sarah Khoury
Éditeur : Éditions Père Fouettard
Date de parution : 6 juin 2019

5 étoiles

#390 Une île, rue des oiseaux – Uri Orlev

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Le résumé…

Alex, onze ans, petit garçon juif de Pologne, voit le monde s’écrouler autour de lui : sa mère arrêtée, ses amis disparus. Et voilà que les Allemands emmènent son père avec tous les habitants de la rue. Alex se retrouve seul dans le ghetto vide. Il s’aménage une cachette où il tente d’organiser son attente. Les mois passent, les espoirs s’amenuisent. Soudain, une voix, venue d’un monde oublié.

Mon avis…

Une île, rue des oiseaux est un joli petit livre jeunesse qui parle d’un sujet particulièrement difficile : la Seconde Guerre mondiale et l’Holocauste. Tout est raconté à travers l’expérience d’un jeune garçon de 11 ans, Alex, qui se retrouve seul du jour au lendemain dans le ghetto de Varsovie. Sans jamais être confronté à l’horreur des camps et de la guerre, le lecteur n’en ressent pas moins l’atmosphère particulièrement lourde et étouffante de l’époque. Le danger est partout, la menace plane sur Alex. Ce roman se déroule entièrement comme un « huis-clos » dans le ghetto. Le garçon ignore tout de ce qui se passe au-dehors, son monde s’arrête à la rue voisine. Il attend, inlassablement, le retour de son père, mais les mois passent… Il doit survivre. Une île, rue des oiseaux est un livre touchant, poétique, et qui se lit très facilement. Sans être la meilleure porte d’entrée sur la Seconde Guerre mondiale pour les enfants, il en est tout de même une intéressante, car il permet d’en percevoir les tensions et d’en deviner certains enjeux. Un peu trop éloigné de la réalité de tout un chacun à l’époque, il est néanmoins le récit d’une destinée individuelle passionnante. C’est aussi un roman qui ravira les adultes !

Carte d’identité du livre

Titre : Une île, rue des Oiseaux
Auteur : Uri Orlev
Éditeur : Le Livre de Poche Jeunesse
Date de parution : 23 septembre 2009

4 étoiles

#379 Violette Hurlevent et le Jardin Sauvage – Paul Martin et J.-B. Bourgois

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Le résumé…

Nul ne sait quand le Jardin Sauvage est né. Violette Hurlevent y pénètre le jour où elle doit fuir de la maison de sa mère. Loin des soucis de son existence, elle découvre alors un univers immense, caché aux autres humains et peuplé d’êtres aux coutumes étranges. Ici, les loups parlent, les pierres s’animent ; même le temps s’écoule selon de nouvelles lois. Mais la beauté du Jardin Sauvage cache de nombreux périls. Avec son chien Pavel, aussi courageux que gourmand, Violette va affronter une menace encore plus terrible que les problèmes qu’elle voulait fuir. Pour faire face à ce défi, elle devra choisir ses alliés et retrouver les reliques, des objets aux pouvoirs mystérieux qui détiennent la clé de son destin.

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Mon avis…

Violette Hurlevent et le Jardin Sauvage, c’est un livre que j’aurais beaucoup aimé avoir entre les mains plus tôt, lorsque j’étais plus petite. Il s’agit d’un roman qui, à mon sens, pourrait représenter autant pour des jeunes lecteurs que ce qu’a été pour moi La Quête d’Ewilan de Pierre Bottero. Inutile de préciser que c’est un sacré compliment ! J’avais lu, bien entendu, que Violette Hurlevent n’était pas un livre comme les autres, qu’il avait quelque chose de nouveau, d’inédit, et j’ai vu l’enthousiasme de l’équipe des éditions Sarbacane, puis des lecteurs et des lectrices… Et, en effet, ce roman est d’une intelligence rare. Il fourmille de références littéraires et artistiques (Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, Pierre Soulages, Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, et j’en passe : une véritable chasse aux trésors) qui sauront séduire aussi bien les adultes que les enfants car elles n’altèreront aucunement la compréhension de l’intrigue pour ces derniers. Oui, ce livre est un peu comme un jardin dans lequel se côtoieraient mille espèces de fleurs et de plantes, dans lequel germeraient de nouvelles graines, dans lequel chaque petit bourgeon est précieux. Dans ce roman, il y a toute une culture de l’enfance, de la vie, celle de l’auteur, et toute une culture à venir : celle du jeune lecteur ou de la jeune lectrice.

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J’aime beaucoup les livres jeunesse qui, malgré leur classification, sont adressés à tous les publics, et savent plaire à des lecteurs et lectrices de tous âge et de tous horizons. Il s’agit d’un roman initiatique qui saura créer des échos dans tous les esprits. J’ai beaucoup aimé le postulat de départ : un monde imaginaire qui vient sauver une jeune fille aux prises avec une réalité dure et violente. Je me suis beaucoup retrouvée dans ce personnage, pour avoir vécu une situation très similaire, et je me suis échappée, pour ma part, à travers la littérature. Je pense par ailleurs que ce vécu de Violette, très proche du mien, et bien que profondément singulier, a tout de même une valeur universalisante. Le roman fait passer beaucoup de très beaux messages, mais en sachant éviter toute naïveté et tout abus de bon sens ou de morale. Ce livre est aussi un très bel objet, puisque c’est un roman illustré avec beaucoup de talent par Jean-Baptiste Bourgois. Et quand je dis « illustré », je n’entends pas deux trois images par-ci par-là. Non, les illustrations sont vraiment indissociables du roman, elles en font complètement partie intégrante. Vous l’aurez compris, c’est avec énormément d’enthousiasme moi aussi que je vous conseille ce roman, que vous soyez jeune ou moins jeune. Cette héroïne saura vous emporter dans des aventures exceptionnelles remplies de rebondissements inattendus.

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Carte d’identité du livre

Titre : Violette Hurlevent et le Jardin Sauvage
Auteur : Paul Martin
Illustrateur : Jean-Baptiste Bourgois
Éditeur : Sarbacane
Date de parution : 15 mai 2019

5 étoiles

Merci aux éditions Sarbacane pour cette lecture.

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#378 L’aimée – Renée Vivien

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Le résumé…

Lorély, intellectuelle et salonnière réputée, inspire à la narratrice un amour passionnel et destructeur. Celle-ci en oublie sa tendre amie, Ione, qui en meurt de chagrin. Lorély l’infidèle devient alors celle par qui le drame est arrivé. Viennent d’autres amantes, figures salvatrices ou démons séducteurs, brouillant les pistes dans le jeu amer de tromperie et de pardon qui oppose et réunit tour à tour la narratrice et Lorély.

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Mon avis…

Aujourd’hui, je vous parle non seulement d’un livre, mais aussi d’une maison d’éditions : Talents hauts. Vous en avez peut-être déjà entendu parler. Il s’agit d’une ME jeunesse, créée en 2005, qui choisit de publier des livres qui vont à l’encontre des clichés, des discriminations, des distinctions de genres, etc. L’un de leurs projets est ainsi de proposer la réédition de textes oubliés, car ils sont l’œuvre d’autrices qui, principalement en raison du fait qu’elles étaient des femmes, ont été condamnées à être effacées des histoires littéraires et des rayonnages des librairies. Cette collection très récente s’appelle « Les plumées », pour les raisons que l’on imagine. Vous pouvez y découvrir Isoline, un texte de Judith Gautier (je vous avais déjà parlé de cette autrice en proposant une brève chronique des Mémoires d’un éléphant blanc), ou encore Marie-Claire de Marguerite Audoux, ou bien Trois soeurs rivales de Marie-Louise Gagneur et, un peu plus connu, La Belle et la Bête de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve. Aujourd’hui, c’est d’un autre livre que je vous parle : L’aimée de Renée Vivien. C’est un texte qui avait déjà paru sous le titre Une femme m’apparut, mais qui était depuis tombé dans l’oubli…

« Dans une demi-clarté à la magie singulière, une Femme m’apparut… […] Instinctivement, je redoutai le commandement de son regard, la courbe impérieuse de ses lèvres. Ses cheveux la nimbaient d’un perpétuel clair de lune. »

Alors, avant de rentrer dans le détail de ce magnifique texte, j’aimerais vraiment remercier les éditions Talents hauts pour ce superbe projet, qui est d’une importance capitale dans la vie littéraire actuelle. Mettre en lumière les autrices est tout simplement une nécessité aujourd’hui, et cette maison d’éditions le fait avec beaucoup de goût, de subtilité, de fraîcheur. Merci.

« J’attendais Lorély dans un boudoir glauque où les bibelots semblaient jetés çà et là au gré d’une main impatiente. On y sentait le caprice et le désordre d’un esprit fantasque. Des fleurs éclataient partout en gerbes, en fusées, en masses touffues… C’étaient des lys tigrés ouvrant leurs vastes corolles d’où s’exhalait la violence du parfum, des grappes d’orchidées bleues retombant avec une grâce triste, des gardénias, si fragiles que le frôlement le plus doux les eût flétris, blêmissant à côté de roses blanches. »

Si Talents hauts est une maison d’édition jeunesse, il s’avère que les livres de la collection « Les plumées » sont, dans toutes les librairies dans lesquelles j’ai cherché, rangés dans les rayons de littérature générale. Cela peut s’expliquer par le fait qu’il s’agit de textes littéraires assez anciens, peut-être, mais aussi par le vocabulaire, parfois compliqué. Or, je tiens à souligner que l’ensemble est compréhensible y compris d’un lectorat jeune. Tout dépend, je pense, de la maturité des lecteurs et lectrices. Le mieux étant de mettre le livre entre leurs mains et de les laisser décider si cela les intéresse ou non. Ce sont donc aussi des textes qui sont accessibles aux adultes. Bref, il est possible de les lire presque à tout âge. Et je n’ai donc pas boudé mon plaisir.

« Aucune parole de sagesse ne vaut le rire de la folie »

Il n’y a pas vraiment d’intrigue dans ce « roman », que j’hésite même à appeler ainsi pour cette raison. Il s’agit d’un texte qui aborde les questions de l’amour, de la passion, de la peine qui peut en découler. Renée Vivien traite ici de la relation entre deux femmes, et ce n’est pas pour rien que cette autrice est surnommée Sapho 1900, d’après le nom de la célèbre poétesse de l’Antiquité, qu’elle a traduite et adaptée, contribuant ainsi à en faire le symbole des amours lesbiens. L’aimée, dans lequel on retrouve cette influence, est vraiment un livre absolument splendide, très poétique. L’écriture et le style de l’autrice sont exceptionnels. Il s’agit d’un texte en grande partie autobiographique, car il est inspiré de sa relation avec Nathalie Barney, une femme qu’elle a tendrement aimée et qui l’a beaucoup fait souffrir. Tout cela est fort bien expliqué dans la petite préface de Nicole G. Albert, docteure et spécialiste de la littérature décadente. L’ensemble du livre est assez métaphorique parfois, nimbé de mystère, auréolé de douceur également, comme s’il incarnait le sentiment même de l’amour. J’ai vraiment été séduite par cette lecture, qui mérite en effet d’être redécouverte pour sa grande qualité stylistique et sa profondeur qui n’ont rien à envier aux plus grands chefs d’œuvre reconnus de la littérature.

Carte d’identité du livre

Titre : L’aimée
Autrice : Renée Vivien
Éditeur : Talents Hauts
Date de parution : 21 février 2019

5 étoiles

#371 Otto, autobiographie d’un ours en peluche – Tomi Ungerer

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Le résumé…

« J’ai compris que j’étais vieux le jour où je me suis retrouvé dans la vitrine d’un antiquaire. J’ai été fabriqué en Allemagne. Mes tout premiers souvenirs sont assez douloureux. J’étais dans un atelier et l’on me cousait les bras et les jambes pour m’assembler… »

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Mon avis…

Après vous avoir parlé de l’excellent Crictor, qui racontait l’histoire tendre et drôle d’un boa constrictor domestique, voici Otto, autobiographie d’un ours en peluche. Comme le titre l’indique, le narrateur est un nounours, qui retrace avec nous son parcours tumultueux. Otto est né en Allemagne. Sa première famille d’adoption est celle de David, un gentil garçon. Lorsque David, qui doit porter une étoile jaune, est un jour emmené avec sa famille par des hommes inquiétants, Otto est donné par le petit à son meilleur ami, Oskar. Mais la guerre le séparera encore de son nouveau propriétaire… À partir de l’histoire d’un objet attendrissant et attachant, pour lequel tout enfant a de l’affection, Tomi Ungerer nous raconte l’Histoire avec un grand H. Il parle aux enfants de l’horreur et de la cruauté de la guerre, mais avec beaucoup de douceur. C’est un livre absolument magnifique et touchant, plein de justesse et de pertinence. J’avoue avoir été étonnée de parcourir un album aussi délicat, qui permet de parler de sujets aussi durs avec autant de tact et de simplicité. Un seul mot : c’est beau. J’aurais aimé le découvrir lorsque j’étais enfant, je dois l’avouer. C’est aussi un très beau livre sur l’amitié, sur la fidélité, l’affection et la tolérance. Comme toujours, les livres de Tomi Ungerer sont d’une richesse folle ! C’est un auteur qui prend en considération l’intelligence des enfants, et les croit capable de comprendre l’essence des choses. Et ça, j’adore.

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Carte d’identité du livre

Titre : Otto, autobiographie d’un ours en peluche
Auteur : Tomi Ungerer
Traductrice : Florence Seyvos
Éditeur : L’École des Loisirs
Date de parution : 24 mai 2001 [1999]

5 étoiles

Tomi Ungerer

1931-2019