#285 Les Monologues du Vagin – Eve Ensler

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Le résumé…

Mon avis…

Les Monologues du Vagin, une oeuvre dont tout le monde a entendu parler. Mais beaucoup n’ont pas eu la chance de la voir représentée au théâtre. Alors, il reste le livre : à découvrir ou redécouvrir. C’est un texte à la fois drôle, touchant, bouleversant, engagé… Mais surtout, c’est un texte essentiel ! Il donne la parole à des personnages féminins multiples, tous différents et singuliers, mais ayant une chose en commun : un vagin. Et c’est ce vagin qu’elles se réapproprient. C’est une oeuvre polyphonique, qui laisse entrevoir toutes les facettes de cette partie du corps féminin longtemps restée ignorée alors qu’elle est pourtant au cœur de tout. Les Monologues du vagin, résolument féministes. Dire le mot « vagin », « vagin », « vagin », et encore « vagin », c’est le démythifier, se le réapproprier, apprendre à le connaître, à le posséder. Redevenir soi-même, enfin. Ce livre souligne la nécessité absolue pour les femmes d’entrer en possession de leur corps, d’en reprendre les clés aux hommes. Le vagin, c’est à la fois un « lieu » de douceur et de violence, de tendresse et de brutalité. Les Monologues donnent une voix à celles qui souffrent, comme à celles qui aiment. Eve Ensler voulait faire des « interviews de vagins« , et cela a donné ce livre incontournable. Que d’émotions à sa lecture, et des émotions multiples s’il en est. A lire absolument, que l’on ait un vagin ou non, que l’on soit féministe ou non. Un texte fondateur.

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#225 Beaucoup de bruit pour rien – William Shakespeare

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Le résumé…

Entre une cérémonie de noces brutalement interrompue et un mariage unissant deux êtres connus pour se haïr, Beaucoup de bruit pour rien nous rappelle que l’amour ne suit jamais un cours régulier. Étincelante et jubilatoire, cette comédie romantique n’en repose pas moins sur un constat amer : tout n’est que vanité et aimer, c’est d’abord s’éprendre de soi-même, pour le meilleur et pour le pire.

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Mon avis…

J’ai totalement découvert cette pièce de Shakespeare cet été, je ne la connaissais pas et, à la lecture de la préface, j’ai vite compris qu’elle était considérée par beaucoup de critiques comme une sorte de désastre… le raté de Shakespeare dirons-nous, et tous les grands auteurs en ont un… A priori, donc, je partais dans ma lecture avec quelques doutes, mais je me suis très vite sentie happée par l’histoire, bien qu’elle soit peu réaliste, il est vrai… Dans l’ensemble, j’ai aimé les touches d’humour disséminées par l’auteur, et j’ai beaucoup aimé la mise en abyme théâtrale. En effet, les personnages eux-mêmes jouent des rôles, mettent en scène des situations pour piéger les autres, etc. Et même si cela est assez répétitif, l’effet escompté est concluant et j’ai beaucoup souri. Je pense que cette pièce a l’avantage d’être assez proche des sentiments communs, ce qui pouvait semblait un peu trivial pour les critiques, mais qui me semble plutôt séduisant. Les différentes morales qu’on peut tirer de l’histoire sont d’ailleurs plutôt remarquables et très sensées.

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Il est vrai que l’on ne se trouve pas face à un chef-d’œuvre, mais il faut aussi relativiser et se dire que, parfois, une lecture agréable est déjà une très bonne chose ! Et c’est ce que j’ai trouvé dans Beaucoup de bruit pour rien. Si certains personnages sont plus attachants que d’autres, j’ai cependant remarqué que certains étaient assez schématiques, ce qui est dommage mais qui est en même temps compréhensible à la vue de la forme du texte. Au théâtre, on a peu de temps pour explorer l’intériorité des personnages, d’autant que nous n’avons que leurs paroles et non leurs pensées, ce qui peut expliquer ce choix. Je n’ai pas toujours retrouvé la virtuosité de Shakespeare, comme dans Hamlet ou Macbeth, mais j’ai passé un bon moment, et cela m’a changé des tragédies. Pour une fois, j’ai pu lire une comédie romantique du grand dramaturge anglais, et je ne le regrette pas car j’ai désormais l’impression d’avoir une vue plus panoramique de son œuvre. Je vous conseille donc Beaucoup de bruit pour rien si vous voulez voir l’autre côté de l’œuvre shakespearienne, le côté un peu oublié, mis de côté…

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Ma note…

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#210 Harry Potter et l’Enfant Maudit (Harry Potter and the Cursed Child) – JK Rowling, Jack Thorne et John Tiffany

Cette chronique s’efforce de ne contenir aucun élément d’intrigue susceptible de gâcher votre découverte et votre lecture. En revanche, elle a pour but de décrire honnêtement une expérience personnelle (et donc subjective) de lecture, tout en vous donnant des informations fiables et d’importance. Un nouveau Harry Potter ne sort pas tous les jours, alors à événement exceptionnel, chronique exceptionnelle.

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Version française disponible le 14 octobre 2016 dans vos librairies. 

Le résumé…

Etre Harry Potter n’a jamais été facile et ne l’est pas davantage depuis qu’il est un employé surmené du Ministère de la Magie, marié et père de trois enfants. Tandis que Harry se débat avec un passé qui refuse de le laisser en paix, son plus jeune fils, Albus Severus, doit lutter avec le poids d’un héritage familial dont il n’a jamais voulu. Le destin vient fusionner passé et présent. Père et fils se retrouvent face à une dure vérité : parfois, les ténèbres surviennent des endroits les plus inattendus.

Mon avis…

Par où commencer pour aborder un des livres événements de cette année ? Il est difficile de savoir comment parler d’un livre, déjà best-seller des mois avant sa commercialisation, grâce aux précommandes, et qui a, depuis sa sortie il y a moins d’une semaine, déjà fait beaucoup parler de lui… en bien et en mal ! Pour un nouveau Harry Potter, le bien et le mal sont déjà deux thèmes qu’on est sûrs d’y retrouver… Je dirais donc qu’il s’agit d’une première non-surprise. Au niveau de l’intrigue, en effet, rien de nouveau sous le soleil, vous vous en rendrez vite compte à la lecture ! Les puristes diront qu’il faut rester fidèle à l’âme de la saga, d’autres regretteront peut-être un manque d’originalité, certains y verront même un livre-tirelire ! JK Rowling profite-t-elle de ce nouveau livre pour vider les poches de ses fans ? Avant de tenter de répondre à cette question éminemment intéressante, avec les moyens que j’ai à ma disposition, je vous propose de revenir en quelques lignes sur mon histoire personnelle avec Harry Potter.

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Comme beaucoup d’entre nous/vous, j’ai grandi avec ce petit héros à lunettes, je l’ai vu grandir en même temps que moi… J’étais du genre à me batailler avec mes sœurs pour être la première à lire le nouveau tome à sa sortie (que nous avions toujours le jour même), et à relire la saga chaque année (2016 comprise, bien sûr). Je suis aussi une de ces fans inconditionnels qui ont été un peu déçus par les films, toujours moins bons que les livres, mais je ne peux pas m’empêcher de les revoir quand même chaque année, là aussi. Petite, j’avais un parfum Harry Potter, des pochettes à élastiques Harry Potter, j’avais un chapeau de sorcière, des carnets de notes Harry Potter, des crayons Harry Potter, un cartable Harry Potter, et j’en passe. Encore aujourd’hui, certaines de mes citations préférées sortent tout droit d’Harry Potter. Encore aujourd’hui, alors que j’ai depuis longtemps passé mes onze ans, je rêve de recevoir la lettre d’admission de Poudlard… Bref, vous aurez compris, je fais partie de ces millions de fans qui ont été et sont accros à Harry Potter depuis toujours.

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Alors, quand j’ai appris qu’il allait y avoir une pièce de théâtre, j’avoue avoir été divisée… D’abord, je me suis dit que c’était une super idée. Après tout, on attendait le retour de JK Rowling depuis un moment, et le théâtre est un genre assez peu exploré par les auteurs contemporains connus, donc pourquoi pas ? Ensuite, je me suis demandée si cela n’allait pas faire trop… on sait que les sagas qui ne s’arrêtent jamais ne sont pas toujours les meilleures, et finissent parfois par perdre de leur « magie », ce qui serait bien dommage pour notre cher Harry. Donc je me suis retrouvée dans un mélange d’impatience et de crainte. Etant en vacances en Ecosse, non loin du fameux viaduc sur lequel nous pouvons voir passer le Poudlard Express dans les films, j’ai précommandé le script de la pièce et je l’ai donc reçu le jour même de sa sortie. Le gentil facteur écossais n’imaginait pas qu’il amenait un objet aussi important, je suppose… Il s’agissait de l’objet qui allait me faire réfléchir, cogiter, penser, marmonner, pendant des jours. Bref, ce livre promettait beaucoup d’émotions, et à ce niveau-là, je n’ai pas été déçue.

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Je me suis donc vite lancée dans l’aventure du huitième Harry Potter… Ron, Hermione et Harry sont désormais parents, et ils sont même devenus des parents chiants ! Donc, à priori, on perd tout de suite l’image attendrissante des jeunes sorciers qui ont bercé notre enfance et notre adolescence. Question nostalgie, on repassera. C’est sans compter qu’un des fils d’Harry, le prénommé Albus Severus (il n’a pas eu de chance, le pauvre), n’aime pas Poudlard. J’ai d’abord supposé que ce petit bonhomme était peut-être l’enfant maudit. Après tout, être le fils d’Harry Potter, de l’élu, celui qui a sauvé le monde des sorciers, celui auquel tous doivent la vie, etc., ça ne doit pas être facile tous les jours (et ça ne l’est pas, ce livre le confirme). Donc, nous avons déjà un enfant maudit. Mais Albus, vous le découvrirez vite, a pour ami un personnage étonnant, Scorpius Malfoy. Evidemment, celui-ci aussi peut être considéré comme l’enfant maudit car il est le fils de Drago (pas de bol) et tout le monde pense qu’il est même le fils de Voldemort (encore moins de bol)… Voilà, pour l’instant, vous avez le schéma qui nous est déroulé dans les premières pages. Je ne vous en dirais pas plus sur l’intrigue pour ne pas vous spoiler, ce qui est loin d’être mon but.

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Pour être rapide, j’ai particulièrement été déçue par la quasi absence de ce cher Ronald Weasley, à l’humour si pétillant dans la saga originelle. Hermione est restée fidèle à elle-même, on peut d’ailleurs dire qu’elle est la plus grande intellectuelle du pays (suspense, vous comprendrez…). Harry, par contre, est devenu drôlement agaçant… J’avoue que je ne me souvenais pas de ce côté de sa personnalité. N’aimant pas trop Daniel Radcliffe, il pouvait m’énerver un peu dans les films, mais rarement dans les livres… Ici, il joue vraiment le père pas doué, qu’on a tous envie d’abandonner à la station-service du coin (oups)… Heureusement, pour contrebalancer ce mauvais papa qu’est Harry Potter, il y a Ginny Weasley. Cette dernière, à mon grand bonheur, a enfin une vraie place dans l’histoire. Elle est là, son personnage est assez important, central, elle permet vraiment de faire oublier le côté désagréable d’Harry. Le caractère de ce papa à lunettes est très  important dans l’histoire qui en fait n’est rien d’autre qu’une histoire d’enfants et de pères. Comment rendre fier papa ? Comment prouver à papa que j’ai autant de valeur que lui ? Comment montrer à papa que je veux être moi-même, bien que cela veuille dire ne pas être comme lui ? etc. L’auteure nous emporte donc dans les tréfonds des relations pères-fil(le)s, ce qui, pour le coup, n’est pas très original et manque un peu de piment ! Rien ne s’arrange au fil du livre.

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Le genre théâtral me laisse sceptique. Vu sur scène, c’est sûrement génial, à n’en pas douter. Probablement révolutionnaire même, avec des changements de lieux à toutes les scènes, un très grand nombre de personnages, des décors sûrement immenses, des effets spéciaux impressionnants pour rendre visuels tous les effets suggérés par les didascalies, etc. Mais sur le papier… comment dire ? C’est assez décevant. Les didascalies sont courtes, peu explicites, elles ne permettent pas au lecteur d’imaginer vraiment les scènes. Les dialogues sont souvent assez plats, n’ont pas l’originalité de l’oral que devait conférer le texte théâtral, et n’ont pas la qualité à laquelle nous étions habitués en tant que lecteurs des romans. En fait, j’ai trouvé l’intrigue assez plate, manquant fortement d’originalité, car reprenant encore et encore les mêmes ressorts que dans la saga (mais en moins bien), sans compter qu’elle tourne un peu en rond. Les personnages n’étaient pas très surprenants, sauf Scorpius que j’ai personnellement beaucoup aimé, et qui avait vraiment le bénéfice de l’originalité, pour le coup !

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Mais s’il y a quelque chose qui m’a plus choquée encore que cette intrigue tristounette et cette lecture presque ennuyeuse (tant on se sent exclus de l’action par le format théâtral), c’est la qualité de l’écriture. Cela m’a poussé à faire de petites recherches, et notamment à prêter attention aux écrits en petits caractères sur le livre, etc. Il se trouve, mes chers lecteurs (ne pleurez surtout pas !), que JK Rowling n’est pas vraiment l’auteure de ce livre… Ne soyez pas choqué, il y a une explication logique. L’histoire en elle-même, le déroulé, le synopsis, si vous voulez, est bien de JK Rowling. Mais le texte que vous pouvez lire n’est pas d’elle mais de Jack Thorne, dramaturge britannique. Si bien qu’il ne faut pas s’étonner de ne rien retrouver des qualités littéraires de JK Rowling puisqu’elle est seulement l’auteure d’une dédicace de quelques lignes adressées à… Jack Thorne. Je suis extrêmement désolée de vous décevoir, mais je pense qu’une clarification s’imposait. Si vous êtes, comme moi, un(e) fan inconditionnel(le) d’Harry Potter, vous saurez reconnaître qu’il ne s’agit pas de son style, de son écriture, etc. Et, on a beau dire, quand un autre auteur reprend les rênes (sans que ce soit dit clairement, et même quand c’est totalement assumé), c’est tout de suite moins enthousiasmant !

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Ainsi, vous comprendrez que cette pièce de théâtre m’a laissée tout à fait pantoise. Après l’avoir fini, je ne savais pas quoi en penser. Déjà, je n’étais pas particulièrement enthousiaste, donc on ne peut pas dire que j’ai adoré. Mais je n’étais pas non plus complètement déprimée, en train de me dire que j’avais perdu plusieurs heures de ma vie à lire une horreur. Donc je n’ai pas détesté non plus. J’étais en fait très partagée entre une grande part de déception et une grande part d’attentes non satisfaites. Finalement, le livre en lui-même n’est pas mauvais, ça se lit, c’est même divertissant, agréable, mais ce n’est pas un « vrai » Harry Potter. Si la couverture porte le nom de JK Rowling, c’est pour sa collaboration plus ou moins limitée à l’œuvre (allez savoir), mais le contenu littéraire s’apparente plus à une fan-fiction qu’à un vrai tome de la saga. Pour moi, malgré cette huitième partie de l’histoire d’Harry Potter, la saga s’arrête belle et bien au septième livre, et ne pourra pas continuer après un tel livre. Harry Potter et l’enfant maudit semble plutôt être une tentative de coup publicitaire, qui meurtrit profondément mon cœur de fan, la marque d’une volonté de revenir sur le devant de la scène, de recycler la bonne vieille histoire qui marche depuis tant de temps, profiter encore un peu pour sucer la moelle de ce bon gros os qu’est Harry Potter. Oui, la comparaison n’a rien d’original, mais le livre non plus, rassurez-vous…

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 Pour finir ma chronique, je vous dirais donc qu’Harry Potter et l’Enfant Maudit est un livre qui se lit, mais qui ne se savoure pas. Il peut raviver chez vous une nostalgie, mais ce ne sera sûrement pas dans le sens que vous espérez. Vous ressortirez de cette lecture avec le goût de trop peu, et pourquoi pas l’envie d’aller puiser du vrai JK Rowling dans un ancien tome de la saga, voire dans toute la saga. Mais, malheureusement, cette huitième histoire, sur le papier, ne vaut pas un huitième tome, et ne porte de JK Rowling que le nom (si vous ne me croyez pas, même Wikipédia le dit ahah ! ou d’autres sources plus fiables !)… En revanche, si vous avez l’occasion de voir la pièce (je suis prête à parier qu’une version DVD sortira un jour ou que la pièce se jouera dans d’autres langues), n’hésitez pas. Je serais moi-même curieuse de voir le résultat. Mais ne vous attendez pas à une exceptionnelle expérience Harry Potter, il semble que ce temps soit révolu…

Ma note…

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Niveau de lecture : Facile

#199 Les combustibles – Amélie Nothomb

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Le résumé…

C’est la guerre et c’est l’hiver. Deux hommes et une femme sont terrés dans un appartement. Combien de jours leur reste-t-il à vivre ? En attendant, il n’est plus interdit de révéler ses vraies passions. L’amour, le désir, l’intelligence résistent-ils au froid ? A-t-on le droit de consumer ses dernières forces à lire de la mauvaise littérature ? Enfin, à l’heure du choix ultime, quel livre est assez important pour ne pas être mis à l’épreuve du feu ?

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Mon avis…

J’ai été très surprise en recevant ce livre en cadeau d’anniversaire de me rendre compte qu’il s’agissait d’une pièce de théâtre. Je ne connaissais pas du tout Amélie Nothomb dans ce registre. J’accrochais plus ou moins avec cette auteure, tout dépendait de ses œuvres, finalement. Je n’avais pas aimé Barbe Bleue, mais je compte bien me rattraper avec les quelques livres que m’a envoyé ma sœur, qui l’a rencontrée aux Quais du polar à Lyon. J’avais donc intérêt à aimer, comme elle me l’a dit, mais puisque je suis honnête sur mon blog, je ne dis que la vérité ! Et, ma chère sœur va être très contente, je n’ai absolument pas… détesté ! Pour être plus claire, j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Il se parcourt très vite, comme la plupart des pièces de théâtre en général, mais il est très efficace. En effet, la question centrale de cette pièce m’a beaucoup plu : quel livre brûlerait-on si notre survie en dépendait ? Honnêtement, je ne pense pas que je saurais y répondre… Tout dépend ce qu’il y a dans la bibliothèque. Je garderais quelques Musso de côté au cas où, au lieu de m’en débarrasser, désormais.  En tout cas, cette question, c’est celle que ce se posent les protagonistes des Combustibles. Alors que le monde est en guerre, ils n’ont plus de quoi se chauffer, ils risquent de mourir de froid. Autour d’eux, des livres. Et l’on sait tous que le papier est un excellent combustible. Le problème, c’est que dès que l’on en brûle un, il faut en brûler d’autres, tant la chaleur dure peu de temps… Avouons que c’est une terrible torture pour des lecteurs comme nous, n’est-ce pas ?

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Comme toujours, il y a des petits bémols. Le premier, c’est que les livres évoqués sont malheureusement assez méconnus, si bien qu’on perd une certaine dimension d’investissement que l’on pouvait pourtant attendre pour le lecteur. Le second, évidemment, c’est le manque de profondeur des personnages. Je dis « évidemment » car c’est un peu consubstantiel du genre théâtral. En effet, Amélie Nothomb n’utilise que peu les didascalies si bien qu’on apprend peu de choses sur les personnages. J’aurais bien aimé voir l’adaptation théâtrale pour étudier ce que cela donne sur scène. Mais ce ne sont que de petits bémols, sûrement dus à ma situation d’étudiante en Lettres. J’ai en effet tendance à un peu trop « étudier », justement, ce que je lis. Donc, revenons au pur plaisir de la lecture. Sincèrement, c’est probablement un des textes les plus agréables que j’ai lu d’Amélie Nothomb. C’est court, certes, mais passionnant, et la fin est excellemment nothombienne. Pour ceux qui ne connaissent pas, elle a une écriture fantaisistes, c’est vrai, mais parfois aussi très tranchante. La fin de la pièce symbolise parfaitement ces deux aspects. Je pense que c’est un très bon livre pour approcher l’oeuvre d’Amélie Nothomb si on la connait peu, et une lecture à faire à tout prix si on l’a connait, que l’on ait été déçu ou non. En tout cas, je reprends personnellement confiance en son écriture, et j’ai désormais envie de lire d’autres de ses livres. Cela tombe bien puisque ma sœur n’a pas lésiné sur les titres.

les Combustibles © D.R.

Ma note…

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Ma dédicace…

Merci à ma soeur Caroline pour cette lecture, cette dédicace et la patience dont elle a fait preuve pour rencontrer Amélie Nothomb.

#195 Ubu roi – Alfred Jarry

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Le résumé…

Dans une Pologne imaginaire, aux confins de « nulle part » et « nul ne sait » où le Père Ubu a, dit-on, tué le roi et usurpé le pouvoir. Il inflige à ses ennemis toutes sortes de tortures à l’aide de ses armes fétiches, comme sa redoutable machine à décerveler ! Effrayante et ridicule à la fois, cette créature étrange, jamais avare de grossièretés, nous entraîne dans une rocambolesque farce où l’on rit mais où l’on frémit aussi quand sont dénoncés les vices de notre humanité.

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Mon avis…

Pour commencer, un mot : « Merdre » ! Ceux qui ont lu ou liront Ubu Roi pourront vite comprendre cette référence… C’est après tout une des raisons pour lesquelles Alfred Jarry est connu : son théâtre déborde d’injures, de mots inventés, parfois des deux en même temps… Tout cela crée un humour bas, dans le sens de scatologique parfois, un humour du bas-corporel rabelaisien… Il ne faut pas vraiment chercher de subtilité dans Ubu Roi, l’auteur arrive plutôt avec ses grands cheveux, avec un style parfois lourd mais qui finalement ne peut que faire rire ! Pourtant, les vices de l’humanité sont on ne peut mieux démontré. Non, la comédie « de mœurs » ne se limite pas à Molière… Alfred Jarry, c’est une comédie moderne, caricaturale, grotesque… Il suffit de regarder les deux illustrations de la pièce que je vous ai mis… Imaginez que, sur scène, Ubu (censé chevaucher son cheval de guerre) chevauche un balai avec une tête de cheval dessinée collée au bout. Alors, le grotesque, on est en plein dedans. Vous allez me dire : pourquoi irais-je lire quelque chose d’aussi ridicule ? Je vais vous répondre…

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Ubu Roi est tout sauf ridicule… C’est drôle. En même temps, il y a une certaine profondeur (si, si, je vous assure) quand on cherche bien. Après tout, ne pourrait-on pas voir dans cette conception grotesque du théâtre toute une critique de la société ? C’est un tournant tellement révolutionnaire dans l’Histoire littéraire qu’on ne peut pas passer à côté. Le personnage d’Ubu, s’il est drôle, est aussi extrêmement cruel. Il représente à lui seule une terrible satire que nous livre Jarry. Que dire d’un roi si infâme, qui tue la moindre personne qui le dérange, le contrarie, ou simplement qui ne lui revient pas ? Et que dire de Mère Ubu, encore plus diabolique que son mari, qui cherche à tout prix le gain, quitte à tuer, corrompre, trahir… ? Bref, c’est un concentré de cruauté dont on ne peut que rire. Le traitement visuel et sémantique de la pièce désamorce toutes les interprétations du spectateur (qui, s’il devient attentif, peut tout de même les déceler). Ubu Roi est une pièce qui apparaît finalement comme un jeu littéraire. Les séries d’Ubu ont eu un succès très important, ce qui prouve que, finalement, les spectateurs de l’époque ont adoré le comique communicatif de Jarry. Ubu Roi se lit très facilement, en une heure à peine, et on s’amuse à tous les jeux de mots, les expressions, les images inventées par l’auteur. C’est excellemment drôle.

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Ma note…

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#188 L’intruse – Maeterlinck

Le résumé…

L’Intruse et Intérieur ne sont pas, en France, les pièces les plus connues de Maeterlinck; elles appartiennent à ce qu’on appelle le premier théâtre. Si les deux pièces n’ont pas été rassemblées à l’origine par l’auteur, elles présentent bien des analogies qui justifient leur rapprochement, s’inscrivant dans la même période qui voit l’avènement du théâtre symboliste et de ses metteurs en scène. Dans leur dépouillement, L’Intruse et Intérieur illustrent remarquablement le tragique quotidien et révèlent en leur auteur un précurseur du Nouveau Théâtre : la dramaturgie minimaliste dont elles témoignent annonce, avec, plus d’un demi-siècle d’avance, le théâtre de Beckett. Salué par Meyerhold et par Artaud, le renouvellement des formes qui fonde le théâtre de Maeterlinck a prouvé son efficacité sur une scène dégagée de la perspective illusionniste par les recherches d’Appia puis de Craig.

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Mon avis…

L’intruse est une pièce très courte, qui se lit donc très vite, mais qui saisit son lecteur d’émotions fortes… J’ai beaucoup aimé cette lecture, car elle a été intense. En effet, c’est une pièce en un seul acte, très mystérieuse, où tout progresse vers son apogée, la résolution de l’intrigue : qui est l’intruse ? Et vous verrez que vous subirez vous aussi cette tension, cette envie de percer le mystère… Maeterlinck a écrit des pièces bien plus connues, c’est vrai, mais L’intruse reste une lecture très agréable et un texte idéal pour approcher l’écriture du dramaturge. Je conseille vivement à tous les curieux qui voudraient voir à quoi ressemble le théâtre du XXe. Lancez-vous 😉 Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus sans tout révéler, et ce serait bien dommage, n’est-ce pas ?

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Paul Sérusier, dans Théâtre d’Art

Ma note…

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#176 L’importance d’être constant – Oscar Wilde

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Le résumé…

A Londres, sous l’identité de son «frère» (imaginaire) Ernest, Jack demande la main de la belle Gwendolen. Elle l’aime à la folie, ou plutôt elle aime son prénom. Doit-il lui dire la vérité? Etre «earnest» (sérieux, consciencieux, sincère, «constant») ou rester Ernest (dans la version française : Constant), et donc mentir? Son ami Algernon subit le même dilemme lorsque lui vient l’idée farfelue de se faire passer pour le frère imaginaire de Jack, Ernest, auprès de la pupille de ce dernier… Son but ? Epouser une jeune fille telle que Cecily. Le but de Cecily ? Epouser un homme qui s’appelle Ernest… Jack à la campagne et Ernest en ville, Algernon en ville et Ernest à la campagne : de quoi créer un excellent quiproquo.

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Mon avis…

Oscar Wilde n’a écrit qu’un roman, Le Portrait de Dorian Gray, quelques contes comme Le Prince Heureux ou Le fantôme de Canterville, des poésies, mais aussi des pièces de théâtre. Une de ses plus importantes est L’importance d’être constant, que j’ai récemment lu en anglais, ce qui donne donc : The Importance Of Being Earnest. On retrouve dans cette oeuvre tout ce qui fait le talent, et bien sûr le charme, d’Oscar Wilde : l’humour, le cynisme, la critique subtile, une écriture des plus intéressantes… En effet, l’auteur est connu pour ses aphorismes, c’est-à-dire ses maximes, de petites phrases aux allures de vérité générale, qui vont vous faire réfléchir (ou juste vous faire rire), par exemple : « La vérité est rarement pure et jamais simple ». A méditer. Oscar Wilde avait de l’esprit, ça le définit, et quand on le lit, on se donne la possibilité d’en avoir nous aussi.

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L’importance d’être constant, c’est une pièce sur un prénom : Constant, sur la qualité éponyme, mais aussi sur une époque : l’ère victorienne. Wilde faisait partie des quelques auteurs qui osaient aller à l’encontre de toutes les règles strictes de bienséance pour montrer l’absurde de la société, tout en cherchant avant tout à divertir. Car c’est ça aussi Oscar Wilde, un auteur qui voulait faire de sa vie une oeuvre d’art – et qui y est parvenu. Ses personnages sont des petits morceaux de lui, on retrouve sa patte dans leurs personnalités, dans ce qu’ils montrent, ce qu’ils démontrent aussi. Ils sont à son image, ou tout le contraire, mais rien n’est gratuit. Son but ? Pousser ses contemporains à rire de leurs propres travers, mais avec subtilité et délicatesse. Oscar Wilde, c’est l’art d’amener dans la douceur les gens à se moquer d’eux-mêmes. Avec en bonus dans cette pièce un excellent dénouement en coup de théâtre (c’est bien le mot), et beaucoup de rire au programme ! Ça se lit vite, ça se lit bien (y compris en anglais, c’est très accessible), et c’est tout simplement jouissif.

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Ma note…

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#162 Cyrano de Bergerac – Edmond Rostand

Le résumé…

Provoqué par un fâcheux, Cyrano se moque audacieusement de lui-même et de son nez, objet de sa disgrâce. Séduire Roxane ? Il n’ose y songer. Mais puisqu’elle aime Christian, un cadet de Gascogne qui brille plus par son apparence que par ses reparties, pourquoi ne pas tenter une expérience ? « Je serai ton esprit, tu seras ma beauté », dit Cyrano à son rival. « Tu marcheras, j’irai dans l’ombre à ton côté. » Jeu étrange et dangereux. Christian ne s’y trompe pas ; à travers lui, la belle Roxane en aime un autre. Mais Cyrano, s’il entrevoit le bonheur un instant, ne peut oublier son physique ingrat.

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Mon avis…

Vous allez me dire « Quelle honte ! »… Non, je n’avais pas encore lu Cyrano de Bergerac, je l’avoue… Comme tout le monde, je connaissais le film avec Gérard Depardieu et la célèbre tirade du nez ! Quel plaisir d’ailleurs de retrouver cette dernière au cours de ma lecture… J’ai pris beaucoup de plaisir à lire cette pièce qui est à la fois d’une complexité et d’une simplicité surprenantes… J’ai toujours pensé qu’il s’agissait d’une histoire assez drôle, alors qu’en fait pas du tout, c’est au contraire particulièrement tragique. Il s’agit d’une œuvre qui traite de l’amour, de ce qu’on est prêt à sacrifier pour l’être aimé, des apparences et des sentiments profonds…

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Edmond Rostand

Bien entendu, il y a des traits d’humour dans cette œuvre, mais ils ne font que renforcer la dureté de la situation à laquelle fait face Cyrano, celle de l’amour non-partagé… Edmond Rostand a un talent indéniable, ce n’est certainement pas moi qui viendrait y redire quoi que ce soit ! Si vous n’avez pas encore lu ce livre, il n’est jamais trop tard… Après tout, il s’agit d’un monument de la littérature, absolument exceptionnel. J’aimerais beaucoup la voir jouée sur scène, bien que la complexité de la mise en scène apparaît très clairement à la lecture. C’est donc un classique que je conseille vivement de découvrir, qui se lit plutôt bien et qui est très riche stylistiquement parlant !

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Ma note…

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Ma note…

#147 Œdipe roi – Sophocle

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Le résumé…

Un mal mystérieux s’est abattu sur la ville de Thèbes. Ses terres et ses troupeaux sont frappés de stérilité. La population est décimée. Les femmes ne portent plus d’enfants. Le roi Œdipe, qui jadis, par sa clairvoyance, a sauvé la Cité et l’a rendue prospère, saura-t-il encore la tirer de l’abîme où les dieux l’ont aujourd’hui plongée ? Lui, qui parvint à déchiffrer l’énigme du Sphinx, pourra-t-il élucider l’oracle qui désigne l’auteur de tous ces maux et promet la voie du salut ? Nul autre moyen que de s’engager dans une véritable enquête policière. Mais, à mesure que le passé se dévoile, la Fatalité divine se met en marche comme une machine infernale. Œdipe Roi, représenté pour la première fois vers 430 avant J.-C., est, avec Antigone, laplus célèbre et la plus admirée des tragédies antiques. Par la perfection de sa construction dramatique, par ses qualités sculpturales d’équilibre et d’harmonie, cette méditation pathétique sur la vaine grandeur de l’héroïsme et sur la fragilité du bonheur humain est l’un des témoignages les plus accomplis de la poésie hellénique à son apogée.

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Mon avis…

Comment écrire une chronique sur Sophocle ? Bien entendu, je ne vais pas vous dire qu’Œdipe roi ne voit pas le détour, qui suis-je pour en juger ? Non, par contre je peux vous dire certaines choses… Cette œuvre se lit, à ma grande surprise, très facilement ! Aucun obstacle de langue, le niveau n’est pas spécialement très soutenu et se lit même plus aisément parfois que certains livres d’auteurs contemporains français ! L’intrigue en elle-même, connue globalement de tous et de toutes, est assez marquée par la violence qui caractérise depuis l’Antiquité le cycle mythologique de Thèbes. Mais malgré tout, on ne s’ennuie pas.

Il est intéressant aussi de lire cette œuvre à la lumière de notre société contemporaine, d’autant qu’on a désormais assez de recul sur les théories freudiennes, reprises notamment par Cocteau dans La machine infernale par exemple. En effet, Œdipe roi est une œuvre fondatrice, souvent étudiée, mais qui reste pourtant méconnue de certains lecteurs accablés par les préjugés qui touchent les classiques. N’ayez pas peur, Sophocle n’a pas pensé à nous en écrivant sa tragédie, et pourtant elle reste très accessible. En une ou deux heures, cette pièce de théâtre peut être dévorée avec beaucoup de plaisir, alors pourquoi hésiter ?

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Ma note…

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#138 Knock – Jules Romains

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Le résumé…

«Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous grattouille ?». Avec les nouvelles méthodes de cet étrange médecin, en trois mois, rares sont les habitants du village de Saint-Maurice qui ne sont pas tombés malades ! Entre farce bouffonne et comédie grinçante, Jules Romains nous livre une implacable satire des médecins et d’une société terrorisée par la maladie…

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Mon avis…

Qui ne connaît pas ce drôle de personnage qui se fait passer pour un docteur dans une petite ville de campagne pour finir par devenir l’homme le plus influent des environs ? J’avais déjà savouré il y a quelques années le très bon film de Guy Lefranc, et j’ai donc sauté sur l’occasion de lire la pièce de théâtre dont est tirée cette fameuse comédie. L’histoire se parcourt très vite car l’écriture est assez fluide. Jules Romains m’a fait penser à un Molière moderne, avec moins de vers et de tournures particulièrement esthétiques, mais dans la même veine humoristique et parfois sarcastique. Le lecteur visualise parfaitement chaque scène, c’est bien le charme du théâtre, et le rire vient très vite lorsque l’on se rend compte des bêtises qu’est capable de faire gober Knock à chacun de ses « patients ».

C’est le moins que l’on puisse dire, Knock est malin, vraiment très malin. Et adroit pour manipuler les gens. Si bien que très vite, même le médecin dont il a récupéré le poste finit par être diagnostiqué par lui. Ma seule petite déception concernant cette pièce est que je l’ai trouvé relativement courte. J’aurais bien aimé pouvoir en savourer encore plus, car je m’amusais réellement ! J’ai pris beaucoup de plaisir à redécouvrir cette œuvre qui vaut vraiment le détour par sa simplicité et son efficacité pour ce qui est de nous faire rire ou sourire. Je conseille évidemment le film également, qui est très sympathique à regarder bien qu’il soit un peu ancien désormais ! Knock est un classique de la comédie moderne, riant l’espèce humaine, qu’elle soit manipulatrice ou naïve, et cela avec beaucoup de talent !

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Ma note…

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