#400 L’Armée des ombres – Joseph Kessel

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Waouh, voici la 400ème chronique ! Ce chiffre rond m’a mis la pression ! De quel livre allais-je vous parler à cette occasion ? L’hésitation a été longue. J’ai finalement opté pour un classique, que j’ai redécouvert très récemment : L’Armée des ombres de Joseph Kessel. J’avais déjà vu le film avec Lino Ventura il y a de longues années, et il ne m’avait pas laissé une très bonne impression… À mon avis, j’étais trop jeune pour le comprendre. Alors, prochaine étape : le regarder de nouveau. En attendant, je vous parle donc du plus grand roman français sur la Résistance.

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La 4e de couverture…

Londres, 1943, Joseph Kessel écrit L’Armée des ombres, le roman-symbole de la Résistance que l’auteur présente ainsi :  » La France n’a plus de pain, de vin, de feu. Mais surtout elle n’a plus de lois. La désobéissance civique, la rébellion individuelle ou organisée sont devenues devoirs envers la patrie. (…) Jamais la France n’a fait guerre plus haute et plus belle que celle des caves où s’impriment ses journaux libres, des terrains nocturnes et des criques secrètes où elle reçoit ses amis libres et d’où partent ses enfants libres, des cellules de torture où malgré les tenailles, les épingles rougies au feu et les os broyés, des Français meurent en hommes libres. Tout ce qu’on va lire ici a été vécu par des gens de France. « 

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L’Armée des ombres, Jean-Pierre Melville, 1969

Mon avis…

Pour celles et ceux (surtout celles) qui suivent le blog régulièrement, vous avez noté que je suis en pleine préparation de cours pour des étudiants de licence… et je leur parle littérature de guerre. Et donc, dans le programme, j’ai casé quelques extraits de cet excellent roman qui se déroule pendant la Seconde Guerre mondiale et qui nous raconte la Résistance de l’intérieur. Joseph Kessel, dans sa préface, revendique un récit sans « propagande » et sans « fiction », fidèle à la réalité, avec « des faits authentiques, éprouvés ». Pour Kessel, donc, la fiction équivaut à de la propagande et il la rejette explicitement, tout en l’utilisant pourtant tout aussi explicitement dans son œuvre. Officiellement, c’est pour éviter de dévoiler l’identité réelle des protagonistes, et ça se tient. Mais clairement, Kessel est un romancier, qu’il le veuille ou non. L’Armée des ombres apparaît tout de même, malgré sa nature romanesque, comme un condensé d’expériences de résistants et nous fait bel et bien pénétrer, nous lecteurs, au coeur de ce milieu si difficile à appréhender. Il y aurait tellement à dire sur ce roman, mais je ne suis pas là pour vous faire un cours, alors je vais juste vous dire ce que j’ai le plus aimé dans cette lecture.

« Je voulais tant dire et j’ai dit si peu. » (Joseph Kessel)

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Joseph Kessel

Nous croyons tous savoir ce qu’a été la Résistance. Nous l’avons souvent idéalisée, aussi. Qui ne connaît pas le mythe de la France résistante, ce que l’historien français Henri Rousso a appelé le « résistancialisme » ? C’est-à-dire cette idée selon laquelle tous les Français auraient résisté, volontairement ou non, activement ou non, à l’Occupant. Ce résistancialisme, on ne le retrouve pas chez Kessel, qui est aussi l’auteur des paroles françaises du Chant des partisans. Il ne cherche pas à nous montrer une résistance purement idéalisée et mythifiée, même s’il met en scène ce type de discours. Il nous en montre au contraire la complexité, la versatilité aussi. Plus que le résistant, c’est l’humain qui est au coeur de ce roman. Il décrit une résistance qui imprègne absolument tous les milieux, qui n’est pas le seul fait de héros, mais il montre aussi les trahisons volontaires ou involontaires. Sous l’effet de la torture, aurions-nous protégé coûte que coûte nos camarades ? Nous serions tous et toutes tentés de dire « oui », n’est-ce pas ? Nous aimerions que ce soit le cas. Mais ce que nous apprend Kessel, c’est qu’on ne peut jamais savoir, tant que l’on n’est pas arrivé à cette extrémité.

« La résistance, elle est tous les hommes français qui ne veulent pas qu’on fasse à la France des yeux morts, des yeux vides. »

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L’Armée des ombres, Jean-Pierre Melville, 1969

L’Armée des ombres est un roman absolument fascinant, qui suit des personnages à la fois attachants et antipathiques, en particulier Gerbier, le résistant « par excellence » qui fait passer son devoir avant tout autre sentiment. Mais il y a aussi les résistants qui ont la volonté de bien faire et non la force, ou encore ceux qui se découvrent une force insoupçonnée, mais aussi ceux que l’on ne s’attendrait jamais à voir résister… La richesse de tous ces personnages, dans un livre pourtant si court, est ce qui m’a le plus étonnée. Pour être très honnête, j’ai commencé cette lecture en me disant que je cherchais simplement des extraits intéressants à proposer à mes étudiants (et j’en ai trouvé), mais finalement je me suis totalement laissée entrainer, et je ne l’ai plus lâchée. C’est un livre à l’écriture simple, très accessible, mais qui est en même temps d’une profondeur psychologique impressionnante. J’avais peur de lire un simple hymne à la Résistance et, s’il est vrai que c’en est un, c’est aussi très lucide et clairvoyant. Kessel a un regard juste sur la situation, et s’il se laisse parfois entraîner par ses sentiments envers ces Résistants qu’il aime sincèrement, il n’en propose pas moins un récit documenté, précis et réaliste.

Carte d’identité du livre

Titre : L’Armée des ombres
Auteur : Joseph Kessel
Éditeur : Pocket
Date de parution : 11 mai 2001 [1943]

5 étoiles

#375 La femme sans ombre – Christine Féret-Fleury

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Le résumé…

Sa passion? L’opéra. Son métier? Tueuse à gages. Elle n’a pas de nom. Se tient à distance, de tout et d’abord d’elle-même. Restauratrice le jour, elle se transforme, la nuit, en machine à tuer. Quand elle n’obéit pas aux ordres de ses commanditaires, elle court le monde, d’opéra en salle de concerts, pour écouter les œuvres de son compositeur fétiche, Richard Strauss. Son prochain contrat? Une cheffe d’orchestre à la célébrité naissante…

Elle s’appelle Hope Andriessen. D’origine rwandaise, elle a assisté au massacre d’une grande partie de sa famille. Depuis, la musique est son foyer et sa seule raison de vivre. Après des années d’efforts acharnés, elle vient enfin d’être nommée à la tête d’un grand orchestre ; juste avant Noël, elle dirigera un opéra de Strauss, La Femme sans ombre.

Deux femmes que tout sépare, sauf leur passion pour la musique.
Et le fait que la première va devoir tuer la seconde…

Mon avis…

Aujourd’hui, je vous parle d’un thriller original, dont l’intrigue se passe dans le milieu de l’opéra. La victime, c’est Hope Andriessen, cheffe d’orchestre. La meurtrière, c’est une femme sans nom, une tueuse professionnelle et méthodique, et accessoirement propriétaire d’un restaurant à succès. Petit problème : cette dernière va devoir assassiner une femme qu’elle admire… Vous l’aurez compris, mais je pense qu’il faut le souligner : nous avons affaire ici à un thriller 100% féminin. Et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai adoré ce livre. Pourtant, j’avais quelques craintes. En effet, je n’y connais personnellement rien en musique classique. Mon domaine, c’est le rock, le métal, éventuellement le rap, un peu de musiques du monde, mais certainement pas Strauss ! Et pourtant, cela ne m’a pas empêchée d’être captivée par ce roman. Bien au contraire. L’autrice sait rendre ce milieu accessible à ses lecteurs et lectrices. Donc, aucune inquiétude à avoir sur ce point. Autre petite crainte : le style d’écriture, étonnant, puisqu’une grande partie du livre est écrit à la deuxième personne du singulier ! Un personnage, ou le narrateur, s’adresse à la tueuse, en lui disant « tu ». C’est déstabilisant dans les premières pages, puis c’est séduisant, car maîtrisé à la perfection.

« Ist dies etwa der Tod ? Serait-ce déjà la mort… ou quelque chose qui y ressemble ? »

Concernant l’intrigue, comme pour tout bon thriller qui se respecte, difficile de la résumer sans risquer de gâcher le plaisir. Je peux juste vous dire qu’elle est tout à fait surprenante et suffisamment complexe pour faire de ce livre un roman vraiment subtil. L’autrice joue sur les détails, si bien que le dénouement est inattendu tout en étant dans le prolongement de tout le récit, et donc satisfaisant. Même si j’ai mis un peu de temps à accrocher au début, l’écriture et l’action se bonifient au fil des pages, et j’ai pris de plus en plus de plaisir. J’aurais quand même aimé en savoir un peu plus sur le personnage principal, la tueuse, sur ce qui l’a menée où elle en est aujourd’hui, car certains détails restent flous. Je vois néanmoins dans La femme sans ombre un thriller très moderne et actuel, qui mérite vraiment de ne pas passer inaperçu sur les étals des libraires ! Je vous encourage à le découvrir, que vous aimiez ou non la musique, si vous êtes sensible à la place des femmes en littérature et dans les milieux artistiques, si vous voulez simplement lire un bon thriller efficace et maîtrisé, et si vous avez envie d’être surpris.e ! Christine Féret-Fleury, que je découvre avec ce titre, est une autrice que je vais continuer à suivre avec attention, car elle a tout à fait sa place dans le beau monde des polars et thrillers français, qui n’a jamais été aussi bien représenté que ces dernières années.

Carte d’identité du livre

Titre : La femme sans ombre
Autrice : Christine Féret-Fleury
Éditeur : Denoël
Date de parution : 16 mai 2019

5 étoiles

Merci aux éditions Denoël pour cette lecture.

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#356 Ça raconte Sarah – Pauline Delabroy-Allard

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Le résumé…

Ça raconte Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d’une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l’allumette craque, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l’étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure. Ce moment précis et minuscule, un basculement d’une seconde à peine.

Prix du roman des étudiants 2018.

Mon avis…

Cette année, j’ai eu le bonheur d’être jurée du prix du Roman des Étudiants France Culture / Télérama 2018. A cette occasion, j’ai pu lire Arcadie d’Emmanuelle Bayamack-Tam, Trois enfants du tumulte d’Yves Bichet, Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard, La robe blanche de Nathalie Léger et Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu.

« Ça raconte le printemps où elle est entrée dans ma vie comme on entre en scène, pleine d’allant, conquérante. Victorieuse. »

Ce roman, c’est l’histoire d’une femme, Sarah, ou plutôt de deux femmes, Sarah et la narratrice. Deux femmes qui, a priori, n’ont pas grand chose en commun… Une mère célibataire d’un côté, calme et tranquille, la narratrice, et de l’autre côté la fougueuse Sarah, la vibrante Sarah, fugace et frivole. C’est l’histoire de leur rencontre, de leur amour, mais c’est surtout l’histoire d’une découverte. La narratrice découvre la sexualité, son corps, se découvre elle-même. Finalement, est-ce que ça raconte vraiment Sarah ? Je ne suis pas sûre qu’elle soit le personnage principal de ce roman… Si elle est au cœur de l’initiation de la narratrice, d’abord la fin en soi, puis le germe d’autre chose, c’est en fait cette femme, ce « je », qui se révèle petit à petit… En deux parties, ce roman nous montre d’abord un amour fulgurant, bouleversant, déstabilisant, passionné. Puis la rupture, le choc, la fin. Et une renaissance, une redécouverte, rien n’est fini.

J’ai beaucoup aimé le style de l’autrice, particulièrement élaboré même s’il s’agit d’un premier roman. Chaque phrase épouse à la perfection l’émotion qu’elle est supposée retranscrire. C’est émouvant, c’est pertinent. La plume est à la fois douce et acérée, comme les battements d’un cœur qui s’emballe. C’est un livre original, surprenant, très touchant et exceptionnellement bien écrit, à découvrir. Un éveil des sens, tout en délicatesse et en subtilité.

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Carte d’identité du livre

Titre : Ça raconte Sarah
Autrice : Pauline Delabroy-Allard
Éditeur : Éditions de Minuit
Date de parution : 06 septembre 2018

Voilà le livre qui a eu mon vote et qui a, cette année, remporté le prix du Roman des Étudiants France Culture / Télérama 2018. Félicitations, Pauline Delabroy-Allard !

5 étoiles

 

 

Halloween en livres

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Voilà, Halloween est arrivée, et avec elle l’envie de se faire peur… Voici donc quelques conseils de livres qui vous donneront la chair de poule en toutes circonstances !

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Un livre qui réunit tous les ingrédients d’un bon roman d’horreur ?

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Aujourd’hui, je vous parle d’un livre qui a toute sa place à côté de votre citrouille sculptée et de vos toiles d’araignées factices… Halloween oblige, on a envie de se faire peur ! Et il n’est pas si facile de trouver LE livre qui nous fera frissonner… Et quand je dis « frissonner », je veux même dire plus : le roman qui nous fait avoir peur du noir, qui nous fait regarder tout autour de nous, vérifier que les portes sont bien fermées… rien que ça… Bref, de l’horreur ! Malgré mon exigence, j’ai trouvé mon compte avec Le Signal, qui distille l’angoisse avec beaucoup de subtilité… [lire la chronique complète]

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Un livre plein de monstres… mais drôle ?

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Aujourd’hui, je vous parle d’un livre original, il s’agit de Chers monstres de Stefano Benni. C’est un recueil de nouvelles complètement déjanté, dans lequel on rencontre aussi bien des vampires, des sorcières, des momies, qu’Hänsel et Gretel, Michael Jackson, un groupe de K-Pop et un arbre tueur ! Bref, un drôle de melting-pot dans ce bouquin ! Chaque nouvelle a son charme propre, son atmosphère bien à elle. [lire la chronique complète]

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Un classique de la littérature, un incontournable du genre ?

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Évidemment, il ne faut pas avoir une tonne de lectures en cours pour se lancer dans La dame en blanc. En effet, le nombre de pages peut effrayer. J’ai donc profité d’un moment de tranquillité, après mes partiels, pour me lancer dans ce roman. A vrai dire, je n’ai pas du tout senti ces 850 pages passer… Elles ont été avalées en douceur, car Wilkie Collins a sûrement écrit un des plus efficaces page-turner de l’époque ! C’est réellement un roman à suspense tout simplement excellent car ce suspense ne s’apaise jamais. La tension est omniprésente, le roman est imprégné de fantômes, d’indices, de suggestions, de complots, de rebondissements… [lire la chronique complète]

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Une histoire de fantômes pour enfants ?

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J’ai lu ce conte comme on découvre un trésor ou comme on déguste avec gourmandise une sucrerie colorée et pétillante. Je suis retombée en enfance, à l’origine de tout mon amour pour la littérature et pour Oscar Wilde. Je me suis rappelée avec émotions tout le plaisir que j’ai pris, étant petite, à lire ce joli livre. Avant d’être l’auteur du Portrait de Dorian Gray et le prisonnier de la geôle de Reading, Oscar Wilde est aussi un père qui a souhaité écrire des contes pour ses enfants. « Le fantôme de Canterville » en fait partie. [lire la chronique complète]

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Un roman d’horreur pour parfaire mon anglais ?

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Comme toujours avec les histoires de fantômes, on craint les clichés… Je ne vous cacherais pas qu’on en trouve quelques-uns : des bruits étranges et inexpliqués, des apparitions… En même temps, je ne vois pas trop comment la présence d’un fantôme se manifesterait autrement ? Ce que j’ai apprécié, c’est que ces clichés n’étaient pas trop nombreux, distillés de façon raisonnable et maîtrisée, juste ce qu’il fallait pour donner quelques frissons et nous faire regarder autour de nous avec un regard inquiet. J’ai littéralement avalé ce livre car je voulais savoir comment la famille Harcourt allait s’en sortir, en particulier Ollie, auquel on s’attache beaucoup. [lire la chronique complète]

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Un livre où l’horreur est distillée par petites touches ?

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Je suis une grande lectrice de Carlos Ruiz Zafón, et une admiratrice de son travail exceptionnel. Rentrer dans chacun de ses romans est un plaisir immense. Ses œuvres mélangent habilement fantastique, mystère et poésie, et Marina ne fait pas exception à cette règle. Il s’agit d’un classique parmi les nombreux romans de cet auteur. L’atmosphère sombre et enivrante de la Barcelone des années 70 est terriblement prenante. Comment vous expliquer ? Marina est typiquement le roman que l’on ne peut pas lâcher après l’avoir commencé. Tout y est possible, comme dans beaucoup de livres de Carlos Ruiz Zafón. L’angoisse est toujours présente en arrière-plan, les frissons sont constants [lire la chronique complète]

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Un roman quelque peu malsain et empli de satanisme ?

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Du feu de l’enfer est un thriller palpitant et cruel, rempli de désirs refoulés – ou non – et d’horreur. Il explore les tréfonds de l’âme humaine, les bas-fonds de la société et ses sphères les plus hautes, il tisse une toile aux ramifications complexes et surprenantes. Les victimes deviennent les bourreaux, et les bourreaux se mêlent à la foule. Et, jusqu’à la dernière page, rien n’est fini. Même la fin n’en est pas vraiment une… Que dire de plus ? Lire ce livre a été un des meilleurs moments que j’ai passé depuis des mois, une émouvante retrouvaille avec un de mes auteurs préférés, qui a compris que le côté sadique de ses lecteurs leur donne envie de sensations très, très, très fortes. [lire la chronique complète]

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Un livre post-apocalyptique bien stressant ?

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C’est exactement le genre de livres que j’aime : du post-apocalyptique un peu flippant. Je crois que ce qui fait le charme du livre, c’est le scénario lui-même. On ne sait absolument pas à quoi ressemblent les créatures que les Hommes (qui sont très peu nombreux désormais) doivent éviter, car ils doivent constamment garder les yeux fermés ou bandés lorsqu’ils sortent. Un simple regard, même d’un dixième de seconde, les rend fous, les poussent à tuer puis à se suicider. Ils perdent toute humanité, se transforment en animaux. La seule solution est de ne jamais ouvrir les yeux. Cela implique donc une tension intense, basée sur le fait que le lecteur se sent lui aussi comme étant dans le noir, il est aussi aveugle que les personnages. [lire la chronique complète]

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Voilà une sélection, quelques livres parmi d’autres pour vous faire profiter d’Halloween cette année : des romans qui se dévorent, mais surtout qui vous dévorent !  Vous avez de quoi faire pour quelques années d’horreur…

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#351 Le Signal – Maxime Chattam

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Le résumé…

La famille Spencer vient de s’installer à Mahingan Falls.
Un havre de paix.
Du moins c’est ce qu’ils pensaient….
Meurtres sordides, conversations téléphoniques brouillées par des hurlements inhumains et puis ces vieilles rumeurs de sorcellerie et ce quelque chose d’effrayant dans la forêt qui pourchasse leurs adolescents…
Comment le shérif dépassé va-t-il gérer cette situation inédite?
Ils ne le savent pas encore mais ça n’est que le début…

Avez-vous déjà eu vraiment peur en lisant un livre ?

 

Mon avis…

Aujourd’hui, je vous parle d’un livre qui a toute sa place à côté de votre citrouille sculptée et de vos toiles d’araignées factices… Halloween oblige, on a envie de se faire peur ! Et il n’est pas si facile de trouver LE livre qui nous fera frissonner… Et quand je dis « frissonner », je veux même dire plus : le roman qui nous fait avoir peur du noir, qui nous fait regarder tout autour de nous, vérifier que les portes sont bien fermées… rien que ça… Bref, de l’horreur ! Malgré mon exigence, j’ai trouvé mon compte avec Le Signal, qui distille l’angoisse avec beaucoup de subtilité, toujours au bon moment. Si l’on ne relève pas beaucoup d’originalité dans les éléments constitutifs du roman d’horreur, on est face à une valeur sûre. Maxime Chattam reprend clairement les incontournables du genre, et les maîtrise parfaitement. Même si l’on croit connaître les ressorts de ce genre de récits, on se fait quand même avoir, car l’auteur sait nous surprendre avec ces ingrédients pourtant simples.

Des apparitions de ce qui semble être des fantômes, des histoires de sorcières, des épouvantails qui prennent vie et veulent tuer les enfants, des créatures qui se dissimulent dans l’ombre, des êtres désarticulés… Tout y est, et pourtant ça ne fait pas trop ! C’était un pari risqué, et Chattam l’a fait. Cette histoire m’a personnellement fait penser à l’excellent roman de Peter James, The House on Cold Hill, que les lecteurs de VO devraient s’empresser de dévorer. Les amateurs de Stephen King apprécieront aussi ce roman qui rend hommage au maître du suspense… Quelques scènes, en effet, ne sont pas sans évoquer les livres du romancier américain. Méfiez-vous des voix qui sortent des canalisations… Bref, Maxime Chattam nous propose un texte foisonnant, qu’on pourrait lire d’une traite si la tentation de faire quelques pauses pour calmer l’imagination qui s’emballe n’était pas plus forte ! Donc, si vous voulez vous faire peur, plongez dans ce roman habile et bluffant, car Chattam ne nous épargne pas. Notre cœur n’est jamais à l’abri, voilà ce qui rend ce livre délicieux…

Carte d’identité du livre

Titre : Le Signal
Auteur : Maxime Chattam
Éditeur : Albin Michel
Date de parution : 24 octobre 2018

5 étoiles

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#350 Le malheur du bas – Inès Bayard

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Le résumé…

« Au cœur de la nuit, face au mur qu’elle regardait autrefois, bousculée par le plaisir, le malheur du bas lui apparaît telle la revanche du destin sur les vies jugées trop simples. »

Dans ce premier roman suffoquant, Inès Bayard dissèque la vie conjugale d’une jeune femme à travers le prisme du viol. Un récit remarquablement dérangeant.

Mon avis…

Voici un autre roman de la rentrée littéraire 2018, encore un, et pas des moindres. Le malheur du bas, on en a tous et toutes entendu parler… Et, parfois, ce n’est pas forcément une bonne chose. A en entendre trop, on en attend beaucoup… Mais, heureusement, j’ai vite oublié tous ces échos car le roman m’a absorbée. Oubliée la comparaison purement structurelle avec Chanson douce de Leïla Slimani (que j’avais par ailleurs apprécié). Oubliée l’idée que « ça parle d’un viol ». Car c’est bien plus que ça. C’est un texte profond, bouleversant, qui raconte la vie d’une femme qu’une agression sexuelle égare. Elle n’est pas seulement perdue dans cette société qui ne l’empêche pas de se détruire, elle est perdue en elle-même. On n’est pas forcément dans un texte qui a pour vocation de nous montrer la réaction habituelle d’une femme victime de viol, on est ici face à un destin exceptionnel, car il sort du commun, un destin fait de violence et de destruction. Inès Bayard nous propose un récit dont on connaît déjà la fin, il n’y a aucune surprise sur ce plan. Tout l’intérêt est dans le processus : comment Marie va-t-elle en arriver à de tels extrêmes ? L’écriture, incisive et directe, ne permet au lecteur aucun détour ou recours. Emporté dans un tourbillon torturé, il n’a plus d’échappatoires. Et, pour être honnête, je crois que l’on n’a jamais envie de refermer ce livre. Malgré son intensité, sa brutalité, il nous accroche complètement. Je ne peux pas en dire beaucoup plus, il faut lire ce livre pour comprendre. Sans être un coup de cœur comme Règles douloureuses, il s’agit d’un texte fort, à la fois exceptionnel et utile, qui nous révèle un talent très prometteur, celui d’Inès Bayard. Sujet d’actualité s’il en est, sujet millénaire même, les violences faites aux femmes – qui dépassent le viol, y compris dans ce roman – sont enfin abordées, et c’est une très bonne chose. C’est justement ce que j’ai particulièrement apprécié dans Le malheur du bas : la représentation du caractère divers de ces violences, qui peuvent aussi bien être sexuelles que morales, sociales, professionnelles ou gynécologiques… Vous l’aurez compris, c’est un roman éprouvant mais incontournable en cette rentrée littéraire !

Carte d’identité du livre

Titre : Le malheur du bas
Autrice : Inès Bayard
Éditeur : Albin Michel
Date de parution : 22 août 2018

5 étoiles

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#346 Gwendy et la boîte à boutons – Stephen King et Richard Chizmar

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Le résumé…

Trois chemins permettent de gagner Castle View depuis la ville de Castle Rock : la Route 117, Pleasant Road et les Marches des suicidés. Comme tous les jours de cet été 1974, la jeune Gwendy Peterson a choisi les marches maintenues par des barres de fer solides qui font en zigzag l’ascension du flanc de la falaise. Lorsqu’elle arrive au sommet, un inconnu affublé d’un petit chapeau noir l’interpelle puis lui offre un drôle de cadeau : une boîte munie de deux manettes et sur laquelle sont disposés huit boutons de différentes couleurs. La vie de Gwendy va changer. Mais le veut-elle vraiment ? Et, surtout, sera-t-elle prête, le moment venu, à en payer le prix ? Tout cadeau n’a-t-il pas sa contrepartie ?

Mon avis…

C’est avec bonheur que je retrouve Stephen King, dont je n’ai pas lu de textes depuis un petit moment. Au départ, je m’attendais à ce qu’il soit question d’une boîte à boutons type boîte à couture, mais pas du tout ! Gwendy se voit offrir, par un homme très étrange, une boîte dans laquelle se trouvent des boutons sur lesquels elle peut appuyer… mais les conséquences de cet acte seront lourdes, très lourdes… Grâce à cette boîte, elle mène une vie a priori parfaite, tout lui réussit, mais très vite elle devinera le revers de la médaille… En apparence, il s’agit d’une nouvelle fantastique. Mais, très vite, on voit la dimension métaphorique du texte. Oui, cette drôle de boite à boutons, effectivement, existe. Pas sous cette forme, peut-être, mais presque. Stephen King et Richard Chizmar nous propose de porter un regard original sur notre monde. A travers leur imagination, nous devinons la silhouette de nos propres vies. J’ai beaucoup aimé cette lecture, ponctuée de belles illustrations de Keith Minnion. Simplement, il faut accepter une certaine frustration car le format de la nouvelle nous prive de nombreux éclaircissements. La fin est en quelque sorte ouverte, on ne comprend pas le fin mot de toute l’histoire, mais on peut se laisser aller aux suppositions. C’est un récit qui, en tout cas, nous trotte dans l’esprit un petit moment. A lire quand on aime Stephen King, mais aussi un bon moyen de le découvrir !

Carte d’identité du livre

Titre : Gwendy et la boîte à boutons
Auteurs : Stephen King et Richard Chizmar
Illustrateur : Keith Minnion
Traducteur : Michel Pagel
Éditeur : Le Livre de Poche
Date de parution : 05 septembre 2018

4 étoiles

Merci aux éditions Le Livre de Poche et à NetGalley pour cette lecture.

#343 Règles douloureuses – Kopano Matlwa

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Le résumé…

Nous sommes en 2015, en Afrique du Sud. Des années durant, Masechaba a souffert de douleurs chroniques liées à une endométriose. Le sang a forgé son caractère, non seulement il a fait d’elle une personne solitaire, presque craintive, mais il l’a aussi poussé à devenir médecin. Quand débute le roman, elle est interne dans un hôpital. Dans le flux ininterrompu des patients, elle s’interroge sur sa capacité à les aimer tous, à leur donner toutes ses forces, tout son dévouement. Elle doute souvent, à l’opposé de sa meilleure amie, son modèle qui bien souvent pourtant l’ignore, voire la rudoie, Nyasha. Nyasha est zimbabwéenne, or l’Afrique du Sud vit alors une époque de racisme brutal.
Un jour, après avoir été accusée par son amie de ne pas avoir pris assez soin d’un patient étranger blessé lors d’émeutes xénophobes, elle décide de publier une pétition demandant le retour à la tolérance et à des valeurs humanistes.
En retour, elle sera violée par trois hommes, pour lui apprendre à rester à sa place.

Mon avis…

Dans une rentrée littéraire, il y a toujours un trésor, caché au milieu de la masse… Je sentais avant même de lire ce roman qu’il pouvait être cette petite perle. Et je ne m’y suis pas trompée, je crois. Il est de ces lectures qui laissent un goût à la fois doux et amer… Après avoir refermé ce livre, comme il est difficile de passer à un autre… Afrique du Sud, 2015, Masechaba souffre d’endométriose. Sa vie est une constante course d’obstacles. Malgré toutes les difficultés, les épreuves, elle a réussi à devenir médecin. Loin de laisser ses propres douleurs masquer celles du monde qui l’entoure, elle constate la prégnance du racisme, la persistance d’une forme d’apartheid qui se manifeste par une méfiance envers les étrangers… puis des violences qui vont profondément la choquer… Elle décide alors de mener un combat qui va la briser.

Règles douloureuses de Kopano Matlwa est un roman fort, puissant, révoltant, qui nous retourne l’âme aussi sûrement qu’une tempête. Endométriose, racisme, xénophobie, viol, mort, survie… Les sujets les plus durs sont présents. Tout cela amené avec la tendresse mêlée d’espoir d’une autrice talentueuse. Un choc, une véritable et belle révélation, un roman à la profondeur et à la perfection insondable ! C’est un livre actuel, moderne, dans lequel fleurit une douce révolte là où plus rien de bon ne semblait pouvoir éclore… Exceptionnel.

Carte d’identité du livre

Titre : Règles douloureuses
Autrice : Kopano Matlwa
Traductrice : Camille Paul
Éditeur : Le Serpent à Plumes
Date de parution : 30 août 2018

5 étoiles

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Coup de cœur

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