#417 Les Sauroctones, tome 1 – Erwann Surcouf

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Le résumé…

Bienvenue dans un monde post-apo ultra-violent, où les mutations physiques vont bon train et où la nature sauvage est peuplée de créatures démesurées. Des mercenaires sillonnent le territoire pour les tuer : ce sont les Sauroctones. Quand Zone, Jan et Ursti, trois adolescents vagabonds en pleine loose, apprennent l’existence d’une énigmatique fusée qui pourraient leur faire fuir définitivement ce monde hostile, ils se trouvent un but commun : la chercher ! Mais comme souvent, le voyage est semé d’embûches, et les trois héros vont cahin-caha s’improviser « Sauroctones »…

Mon avis…

Ces derniers temps, je me mets activement à la BD et j’en lis de plus en plus. Jusqu’ici, cela avait plus souvent été une réussite qu’une déception… Les Sauroctones est une bande dessinée qui, malheureusement, vient casser cette dynamique. Je préfère prévenir : cette chronique sera relativement courte, pour la simple et bonne raison que je n’ai même pas réussi à finir… Je n’ai pas pu aller jusqu’au bout. Pourtant, j’ai tenté, mais c’était impossible pour moi. Le dessin ne m’a pas du tout plu, je n’arrivais pas à avoir de visibilité sur l’univers dans lequel l’auteur souhaitait m’entraîner. C’est une BD que j’ai trouvée difficilement lisible sur le plan visuel, mais aussi au niveau scénaristique, malgré le résumé très intrigant et prometteur. Dès les premières pages, je ne savais ni où ni quand j’étais, je ne comprenais déjà rien… Je me suis dit que j’avais peut-être loupé quelque chose, donc j’ai recommencé la lecture… La deuxième tentative a été légèrement plus fructueuse, puis je me suis de nouveau égarée, embrouillée… Que dire ? Les Sauroctones n’est clairement pas une BD faite pour moi, et je ne peux pas vous dire quel public serait susceptible de l’aimer… Je crois que tout se fera au feeling, à l’appréciation personnelle de chacun.e, comme c’est finalement souvent le cas… En tout cas, de mon côté, le plaisir n’a pas été au rendez-vous !

Carte d’identité du livre

Titre : Les Sauroctones, tome 1
Auteur : Erwann Surcouf
Éditeur : Dargaud
Date de parution : 31 janvier 2020
Âge : à partir de 12 ans

1 étoile

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#414 Dans les yeux de Lya, t.1 et t.2 – Carbone et Cunha

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Le résumé…

À la veille de ses 17 ans, Lya se fait renverser par un chauffard qui prend la fuite, la laissant pour morte. Elle survivra mais devra rester en fauteuil roulant toute sa vie.
Quatre années plus tard, elle termine son DUT Carrières juridiques et décroche un stage dans le cabinet d’avocats le plus prestigieux de la ville, celui du célèbre et médiatique maître Martin de Villegan. Son stage n’a pas été choisi par hasard, bien au contraire. C’est ce même cabinet qui a réglé son cas des années auparavant. Ses parents ne lui en ont rien dit mais elle a découvert qu’ils avaient été achetés pour éviter des poursuites juridiques. Bien décidée à retrouver celui qui l’a renversée et à lui faire payer, elle va se mettre en quête du dossier. Un jeu dangereux commence alors et sa soif de vengeance ne sera pas sans conséquences…

Mon avis…

Les bandes-dessinées ne sont pas ma spécialité mais j’ai été très séduite par le résumé de celle-ci. Dans les yeux de Lya, c’est une enquête, menée par Lya elle-même, une jeune fille qui a subi un énorme bouleversement dans sa vie, puisqu’elle a été victime d’un accident de voiture. Le chauffard s’est rendu coupable de délit de fuite, la laissant pour morte, ce qui a retardé sa prise en charge hospitalière et a entraîné son handicap… Lya est donc bien déterminée à mettre la main sur le responsable. Elle suit la piste d’un cabinet d’avocats, et espère trouver dans leurs dossiers la trace de l’accord passé entre le chauffard et ses parents. Avec le soutien de son meilleur ami et d’une nouvelle collègue, elle va prendre tous les risques pour comprendre cet évènement de son passé. J’ai pu lire les deux premiers tomes de cette bande dessinée passionnante. J’ai vraiment beaucoup aimé, et j’avoue avoir été frustrée de ne pas avoir le fin mot de l’histoire pour l’instant. Le déroulement de l’investigation est en tout cas très intéressant. Les illustrations sont vraiment belles, à la fois sombres et lumineuses, pleines de contraste, montrant avec brio cette jeune fille hantée par le passé mais qui se découvre de nouvelles ressources au fil de son aventure.

Carte d’identité du livre

Titre : Dans les yeux de Lya, tomes 1 et 2
Autrice : Carbone
Illustratrice : Cunha
Éditeur : Dupuis
Date de parution : 01 mars 2020

5 étoiles

#408 Putain de chat, tome 1 – Lapuss

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Le résumé…

La vérité sur les chats enfin révélée! Vous aimez les chats? Ils sont mignons, joueurs et espiègles, et leurs yeux sont remplis de malice quand ils vous réclament une caresse ou des croquettes. En apparence seulement, car un funeste dessein les ronge au plus profond de leur âme et seul votre malheur les intéresse. Au péril de sa vie, Lapuss’ vous dévoile enfin ce qu’il se passe dans la tête de l’animal le plus maléfique de la création : Le chat. Faite attention à vous!

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Mon avis…

Je n’ai pas de chat, mais les chats me font beaucoup rire… Alors quand je suis tombée sur cette excellente bande dessinée, autant dire que j’ai fait travailler mes zygomatiques ! Putain de chat, comme son nom l’indique, est le portrait sans filtre d’un chat sacrément malin et surtout très machiavélique ! Un vrai petit tyran poilu… Cette BD, très marquée par l’humour noir, est vraiment hilarante, et on ne peut que reconnaître les chats que l’on connaît et qui font partie de notre entourage… même s’ils sont des anges à nos yeux ! Ce chat, c’est un petit assassin en puissance qui, alors que son maître le prend pour un adorable petit matou, fait en réalité tout son possible pour attenter à la vie de son maître… Écrit par un amoureux des félins domestiques, ce petit livre fera nécessairement rire les propriétaires (ou plutôt les esclaves) des chats !

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Carte d’identité du livre

Titre : Putain de chat, tome 1
Auteur / Illustrateur : Lapuss
Éditeur : Kennes
Date de parution : 25 août 2016

5 étoiles

Merci aux éditions Kennes et à NetGalley pour cette lecture.

#406 Pucelle – Florence Dupré La Tour

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Le résumé…

Depuis sa plus tendre enfance, Florence ignore tout ce qui se passe… en-dessous de la ceinture. Elle imagine que le papa met la petite graine dans le nombril de la maman, et puis de toute façon, il est tacitement interdit, dans la famille, de parler de « la chose qui ne doit pas être dite ». Alors… Florence imagine des scénarii terribles, parfois idiots ; Florence s’angoisse devant le poids de la tradition qui place inéluctablement la femme dans une position inférieure ; Florence, à sa façon, résiste pour ne pas sombrer.

Mon avis…

Aujourd’hui, je vous parle d’une bande dessinée qui n’est pas encore sortie, mais encore un peu de patience : c’est pour bientôt ! Le 20 mars, donc, vous pourrez découvrir Pucelle de Florence Dupré La Tour, qui s’attaque à la sacro-sainte virginité. Florence, le personnage, vit dans un monde que nous connaissons tous : héritage judéo-chrétien, société patriarcale… Mais sa famille est un peu plus « radicale » que les autres, car profondément conservatrice et rétrograde. Florence reste longtemps une enfant, ignorant tout de ce qui l’attendra quand viendra le moment fatidique du premier rapport charnel. En partant de sa petite enfance, elle raconte sa « non-éducation » sexuelle, et l’impact qu’elle a eu sur sa construction, en tant que femme.

Cette bande dessinée, au style que j’ai trouvé assez enfantin, montre les clichés dans lesquels grandit cette petite fille, et les conséquences catastrophiques qu’ils ont sur sa perception du monde. Sujet passionnant s’il en est. Et, même si j’avoue m’être personnellement très peu reconnue dans ce personnage, j’ai apprécié découvrir cette vision singulière. Sans avoir été très sensible au style de l’autrice et aux illustrations, je dois néanmoins avouer que cette lecture m’a un peu déstabilisée, dans le bon sens du terme. Je ne saurais que trop la conseiller aux personnes que ces problématiques intéressent ! C’est un point de vue original, assez drôle et décalé, tout en étant profondément proche de la réalité.

Carte d’identité du livre

Titre : Pucelle
Autrice : Florence Dupré La Tour
Éditeur : Dargaud
Date de parution : 20  mars 2020

3 étoiles

Merci à NetGalley et à Dargaud pour cette lecture.

#387 Maus : un survivant raconte, l’intégrale – Art Spiegelman

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Le résumé…

Récompensé par le prix Pulitzer, Maus nous conte l’histoire de Vladek Spiegelman, rescapé de l’Europe d’Hitler, et de son fils, un dessinateur de bandes dessinées confronté au récit de son père. Au témoignage bouleversant de Vladek se mêle un portrait de la relation tendue que l’auteur entretient avec son père vieillissant.

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Mon avis…

Aujourd’hui, j’ai eu envie de vous parler d’un livre que vous connaissez peut-être déjà. Mais, après tout, il y a probablement aussi une multitude de lecteurs et lectrices qui ne l’ont pas encore découvert… Maus, c’est une bande dessinée, ou plus précisément un roman graphique. C’est donc une œuvre longue, qui s’adresse plutôt aux adultes et à un public averti, habitué à la lecture de BD ou non. Art Spiegelman y raconte l’histoire de son père, Vladek, juif déporté à Auschwitz. Il raconte sa vie, depuis la montée du nazisme jusqu’à la Libération, en passant par la traque des juifs, les rafles, le travail forcé, la vie dans les camps… Pour faire ce récit, Art Spiegelman choisit de représenter les personnages comme des animaux. Les juifs, ici, sont des souris (maus en allemand), et les Allemands des chats. C’est un récit absolument passionnant et complet, réalisé avec beaucoup d’amour et de curiosité de la part d’un fils qui veut mieux comprendre son père.

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J’ai particulièrement aimé ce roman graphique. Tout, absolument tout est merveilleusement bien dessiné et écrit. C’est un chef d’œuvre. Rien n’est inutile. Même les moments où l’on voit le père et le fils échanger ensemble, mettant en scène l’écriture du roman graphique, sont indispensables à la compréhension. Ces moments permettent de mettre en évidence à la fois les séquelles laissées par l’expérience concentrationnaire et l’individualité de Vladek, dont on découvre aussi la personnalité avec plus de relief, à travers le regard de son fils, à la fois tendre et sans indulgence.

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Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce roman graphique, mais aucune ne saurait dire à quel point cette œuvre est fantastique. Lire Maus est une véritable expérience. Et celle-ci est tout bonnement inoubliable. Il s’agit, et ce n’est pas que mon humble avis, mais bien celui de millions de personnes, d‘une des œuvres qu’il faut à tout prix avoir lues au moins une fois dans sa vie. C’est une œuvre terriblement émouvante, qui interroge sur de nombreux sujets, et en particulier sur le travail de mémoire et l’héritage à conserver de ce terrible épisode de l’Histoire. Maus est un roman graphique chargé en émotions, de la joie à la tristesse, en passant par l’angoisse. Art Spiegelman nous montre l’humanité, dans tout ce qu’elle a de plus horrible et de plus beau, dans un simple livre. Chapeau bas, et merci.

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Carte d’identité du livre

Titre : Maus : un survivant raconte, l’intégrale
Auteur et illustrateur : Art Spiegelman
Traductrice : Judith Ertel
Éditeur : Flammarion
Date de parution : 14 janvier 2012 [1992]

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Coup de coeur

#381 Moderne Olympia – Catherine Meurisse

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Le résumé…

Olympia s’ennuie au musée d’Orsay. Bien sûr, elle n’est pas une parfaite inconnue, elle a déjà posé pour Manet, connaît Toulouse Lautrec, et a de nombreux amis sortis de tableaux impressionnistes. Elle a même fait cascadeur pour un tableau de Courbet, L’Origine du monde. Mais ce qui l’intéresse par dessus tout, c’est la comédie, le cinéma. Elle rêve d’un grand rôle, mais on ne lui propose que des rôles de figurantes. Il faut dire que pour réussir au cinéma, il faut coucher. Et Olympia n’est pas prête à cela. C’est une fille romantique, qui rêve du grand amour.

Mon avis…

Aujourd’hui, je ne vous parle pas d’un roman, et non : je vous parle d’une bande dessinée ! Comme quoi, tout est possible… Bon, n’exagérons pas, je l’avais déjà fait, heureusement, mais cela remonte à un certain temps. J’ai déniché cette BD à la bibliothèque, elle s’appelle Moderne Olympia et j’ai été séduite par l’idée originale de donner vie aux œuvres du musée d’Orsay. Le postulat de départ, donc, était plutôt bon, vous le reconnaitrez… Je me suis même tout de suite dit que ce serait vraiment sympa de lire cette BD avant ou après une visite au musée, histoire de prolonger l’expérience ! Cela s’est confirmé à la lecture. Néanmoins, j’avoue que j’ai été un peu déçue par l’intrigue de la bande dessinée qui, en fait, n’est pas très bien menée. On s’y perd un peu… Je pensais que les œuvres seraient plus facilement reconnaissables, ce qui n’est pas le cas. Pourtant, il y en a une cinquantaine. Je suis un peu mitigée, vous l’aurez compris.

L’histoire, en gros, c’est celle d’une guerre des clans entre les officiels et les refusés, qui permet de se plonger dans l’un des grands moments de l’histoire de l’art au XIXe siècle, avec d’un côté la peinture académique et de l’autre des peintres qui ne respectent pas les codes établis… Ce contexte n’est pas forcément très bien amené dans la BD, mais on peut le comprendre s’il nous évoque déjà quelque chose ! Ici, Olympia est un personnage qui renvoie au célèbre tableau d’Édouard Manet qui faisait partie des peintres exposés au Salon des refusés. Comme sur la peinture, elle se balade donc toute nue avec son petit ruban autour de cou, et recherche désespérément des rôles dans d’autres toiles. Un jour, elle tombe amoureuse d’un officiel, et là, plus rien ne va… C’est un long combat que doit mener Olympia pour faire triompher son amour…

Moderne Olympia est donc une bande dessinée un brin déjantée, qui nous emmène dans un musée d’Orsay métamorphosé pour l’occasion en grand studio de cinéma où chaque personnage de toiles célèbres devient figurant des autres œuvres. C’est un joyeux bazar, parfois beaucoup trop confus à mon goût. Au niveau du public, je dirais que cette bande dessinée s’adresse plutôt à des adolescents, jeunes adultes ou adultes. J’ai apprécié le côté non-conventionnel de cette BD, car Catherine Meurisse bouscule les codes comme l’ont fait les refusés avant elle. Cette BD désacralise l’art, ce qui n’est pas plus mal, car cela permet au lecteur et spectateur des œuvres de se les réapproprier avec plus de légèreté. Je conseille donc cette BD aux personnes qui ont envie de découvrir le Musée d’Orsay et ses plus célèbres peintures autrement.

Carte d’identité du livre

Titre : Moderne Olympia
Autrice : Catherine Meurisse
Éditeur : Futuropolis et Musée d’Orsay
Date de parution : 6 février 2014

3 étoiles

#7 300 – Frank Miller et Lynn Varley

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Aujourd’hui, je m’attaque à un autre genre d’oeuvres : les romans graphiques ! J’ai décidé de passer à la loupe 300 de Frank Miller, mis en couleur par Lynn Varley. Cette oeuvre sur fond historique a tout pour faire l’objet d’une critique, objective bien sûr ! Pour cela, j’ai comparé plusieurs points à l’Histoire telle qu’elle s’est réellement passé, mais j’ai aussi analysé les qualités graphiques ainsi que scénaristiques… Bonne lecture, et que la curiosité soit avec vous !

Qu’est-ce que 300 ?

300 est une bande dessinée écrite et illustrée par Frank Miller et mise en couleur par Lynn Varley, publiée pour la première fois en 1998. Miller est également l’auteur de la série Sin City. La bande dessinée 300 a inspiré un film, réalisé par Zack Snyder et sorti en 2006, qui a connu un grand succès et dont la suite sortira courant 2014.
300 raconte la bataille des Thermopyles (The Hot Gates) menée par Léonidas, roi de Sparte. Il est accompagné de 300 spartiates constituant sa garde personnelle et combat l’armée perse qui envahit la Grèce sous les ordres du dieu-roi Xerxès. Sa tactique est de canaliser l’armée perse dans les Thermopyles, passage étroit qui permettra de réduire l’impact du nombre et de donner une chance à Sparte.

…Et à propos des sources utilisées par l’auteur ?

A la fin de la bande dessinée nous est proposée une liste de quatre ouvrages conseillés par les auteurs. Ils constituent leur inspiration bibliographique et leurs sources. Ces oeuvres sont les suivantes :
 William Golding, The Hot Gates
 Hérodote, Histoires
 Ernle Bradford, Thermopylae : The Battle for the West
 Victor Davis Hanson, The Western Way of War
Il s’agit d’essais et d’oeuvres d’historiens de différentes époques. Deux de ces oeuvres sont ciblées sur la bataille des Thermopyles : celle de William Golding et celle d’Ernle Bradford (qui sont respectivement anglais et américain). Une troisième est ciblée sur l’art de la guerre occidental (celle de Victor Davis Hanson, américain) et une quatrième est une source antique et particulièrement reconnue : Hérodote.
L’utilisation de sources historiques permet bien évidemment de rassurer le lecteur et le critique sur le récit qui est fait de l’évènement. Pourtant, nous pourrons voir un peu plus loin dans notre analyse de cette oeuvre que 300 n’est en rien une oeuvre historique fiable.

     Quelle est la forme de l’oeuvre ?

À l’origine, 300 a été publié sous la forme d’une mini-série par les éditions Dark Horse Comics. La première partie a paru en mai 1998. L’oeuvre est divisée en 5 parties intitulées :
 Honneur – Devoir – Gloire – Combat – Victoire

Pour l’honneur, ils refusent de se soumettre. Il est de leur devoir de partir au combat. Pour la gloire de Sparte, ils vont montrer leurs valeurs de spartiates. Leur rôle est de combattre, ils ont été formés pour cela depuis leur enfance. Leur seul but est la victoire : celle de Sparte, même si elle doit leur coûter la vie.
En 1999, la bande dessinée sera assemblée et publiée en une seule et même édition. Grâce à un format « à l’italienne », l’auteur illustre les batailles sur toute la largeur des pages et peut ainsi montrer la progression des 300 spartiates vers le combat qui les attend et vers la victoire.

[ Le jeune Léonidas, seul dans la nature pendant des mois, combat un loup avec pour seul arme un morceau de bois taillé… A son retour, il sera officiellement spartiate et roi… Cette anecdote est utilisée pour illustrer son absence de peur… ]

Quelle image ce roman graphique montre-t-il de Sparte et des Perses ?

300 montre les valeurs de Sparte et permet de découvrir une société basée sur une idéologie que l’on oppose très souvent à celle d’Athènes. Sparte est décrite comme totalitaire et intolérante. Ephialtès, que l’on découvre dans la troisième partie (Gloire) illustre cela. Il s’agit d’un être difforme, né à Sparte, qui a été chassé et mis à l’écart. Ses parents ont préféré fuir la ville plutôt que de l’éliminer. Cependant, malgré cette exclusion, il souhaite prouver sa valeur en rejoignant les spartiates et propose donc son aide à Léonidas. Celui-ci refuse qu’il rejoigne les 300, expliquant que la force des spartiates est leur unité, qu’ils forment un seul être et que chaque spartiate protège son voisin. Selon lui, Ephialtès ne peut pas assurer ce rôle et risquerait d’être le point faible qui provoquerait la défaite des spartiates.
Bien que l’esclavage soit couramment pratiqué à Sparte, le roi Léonidas et ses soldats refusent de se voir soumis à un envahisseur étranger et c’est leur principale motivation pour combattre Xerxès. Les Athéniens eux-mêmes ont réussi de se soumettre. Sparte se jugeant plus courageuse et plus digne qu’Athènes, Léonidas ne peut pas envisager de se soumettre tandis que les Athéniens combattent.
L’empire perse est vu comme un peuple fanatique, dévoué à un roi qui se considère comme un dieu. Xerxès est décrit comme un homme cruel, ayant à ses pieds une armée d’esclave. Il n’a aucune considération pour les hommes qui le servent tant son armée est importante. Cette oeuvre peut être vue comme une analyse des valeurs occidentales actuelles : on peut interpréter 300 comme la justification de moyens militaires radicaux pour préserver l’idéal spartiate (ou selon notre analyse : occidental) de liberté et de justice.

Cette oeuvre a pour principal intérêt de distraire et d’intéresser le lecteur à cette période de l’Histoire. Cependant, elle ne constitue pas une source historique utilisable pour un travail de recherche. En effet, le roman graphique 300 est inexact sur certains faits historiques actuellement admis concernant la société spartiate ou la bataille des Thermopyles.
L’auteur interprète librement les faits. En effet, il est peu probable historiquement que Léonidas ai combattu au côté des hoplites spartiates comme cela est décrit dans la bande dessinée. De plus, Frank
Miller ne met en valeur dans cette oeuvre que les spartiates, et on a tendance à oublier la présence d’autres soldats. Certes, il admet la présence des Arcadiens mais il ne fait pas état de la flotte grecque, ni millier de soldats de Phocide et des 700 soldats de Thespies. En effet, ces derniers ont combattu presque jusqu’au bout au côté des spartiates avant de se rendre à Xerxès.
Il y aussi des exagérations et des modifications apportés à certains éléments. Par exemple, Léonidas va consulter des éphores, que Frank Miller décrit comme des êtres cupides, consanguins et facilement corrompus. Dans la bande-dessinée, ce sont des devins siégeant en hauteur au-dessus de Sparte. Ils ont été payé par un envoyé perse afin d’offrir à Léonidas un oracle lui affirmant qu’il devait rester à Sparte et ne pas combattre l’armée de Xerxès. Cependant, dans la réalité, les éphores sont des magistrats grecs.

Frank Miller revendique cependant ce parti-pris. Il affirme ne jamais avoir voulu jouer un rôle d’historien mais plutôt celui du conteur d’une épopée fantastique. La bataille des Thermopyles est ici surtout le postulat de base d’un récit qu’on pourrait qualifier de « fantasy ». L’auteur avait déjà montré son goût pour la sauvagerie, la noirceur et les images clinquantes et sanglantes dans ses autres oeuvres phares : Sin City, Batman : The Dark Knight ou bien Ronin.
Cette oeuvre permet de mettre en avant des valeurs : le courage et l’honneur. Ainsi, Léonidas devient un héros qui a tiré des leçons de sa vie, qui n’a peur de rien car il est dans la force de l’âge. Les spartiates sont dessinés comme des colosses, nus ou vêtus de très minces morceaux de cuir, possédant des muscles saillants… Xerxès est couvert de piercings et d’or (regardez les images qui suivent et jugez par vous-même !)… Les spartiates sont peu nombreux mais si forts que les perses sont obligés de faire venir des éléphants pour espérer les faire plier… Miller mise tout sur une exagération qui devient caractéristique de son oeuvre.

    Dans 300, on peut remarquer que Lynn Varley, qui est à la colorisation de la bande-dessinée, utilise un rouge très puissant qui représente la seule « vraie » couleur des planches. En effet, les titres des chapitres sont du même rouge que le sang (qui, lorsqu’il est présent, est représenté comme un véritable raz-de-marée) mais aussi du même rouge que les habits des spartiates. Cela confirme donc encore le parti-pris de l’auteur. Il n’y a pas de détails dans la bande-dessinée, que ce soit du point de vue des dessins ou de l’histoire. Le graphisme est parfois très sommaire, si bien que l’on arrive parfois à peine à lire les images et à comprendre ce qu’elles représentent. L’oeuvre se lit très rapidement puisqu’elle fait moins d’une centaine de pages.
Tous les portraits sont dressés rapidement (celui de Léonidas ou celui de Xerxès par exemple sont très sommaires et tiennent en quelques images et quelques paroles) et les actions sont assez caricaturales et concises : la vitesse de l’entrée en guerre de Sparte, etc. Malgré tout, Miller met en valeur les bons aspects des personnages et des évènements et donne un bon premier aperçu de l’histoire. Cette bande-dessinée peut donc être considérée comme une bonne introduction à l’histoire de la Grèce, de la guerre contre les perses, de Sparte et de la bataille des Thermopyles en particulier. Cependant, elle ne peut en aucun cas constituer un objet d’étude d’un grand intérêt pour la recherche historique.
La fin de l’oeuvre sonne comme une morale : l’action d’un petit nombre (à peine 300 spartiates) prêts à tout pour leur peuple et leur honneur, peut permettre à un territoire entier de prendre les armes et de remporter une victoire. Cette oeuvre est clairement épique. Léonidas est devenu grâce à Miller un leader charismatique dans un état de Sparte d’une brutalité parfois choquante.

« De la terre et de l’eau, tu en trouveras autant que tu le souhaites en bas. – Fou, tu es fou. Aucun homme — perse ou grec — aucun homme ne menace un messager. » – Léonidas déclenche la guerre entre Sparte et les perses en tuant le messager de Xerxès.

Ma note…

10