#290 Toutes blessent, la dernière tue – Karine Giébel

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Le résumé…

Maman disait de moi que j’étais un ange.
Un ange tombé du ciel.
Mais les anges qui tombent ne se relèvent jamais…
Je connais l’enfer dans ses moindres recoins.
Je pourrais le dessiner les yeux fermés.
Je pourrais en parler pendant des heures.
Si seulement j’avais quelqu’un à qui parler…

Tama est une esclave. Elle n’a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin…
Frapper, toujours plus fort.
Les détruire, les uns après les autres.
Les tuer tous, jusqu’au dernier.

Gabriel est un homme qui vit à l’écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures.
Un homme dangereux.
Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique.
Qui est-elle ? D’où vient-elle ?
Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite !
Parce que bientôt, tu seras morte.
*
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*

Mon avis…

Je disais il y a peu que le talent de Karine Giébel reposait essentiellement dans son efficacité, dont elle fait la démonstration dans ses histoires courtes, telles que Chiens de sang et D’ombre et de silence. Mais ici, l’autrice nous propose un véritable pavé. Un bon gros livre ! Et je finis par me dire que le talent de Karine Giébel n’a en fait besoin d’aucune condition particulière pour exister. Toutes blessent, la dernière tue est un livre choc qui ne laissera très certainement aucun lecteur indemne.

C’est un thriller psychologique qui s’inscrit dans une réalité souvent ignorée et méconnue, dont on parle très peu : l’esclavage domestique. Aujourd’hui, en France comme dans d’autres pays, des personnes sont exploitées, réduites en servitude. Ce livre, c’est leur histoire. Le récit des longues années de séquestration et de sévices de l’héroïne est si violent que l’on aimerait n’y voir que de la fiction. Pourtant, c’est l’innommable du réel qu’exploite Karine Giébel, comme l’a fait Olivier Norek, dans un autre registre, avec son excellentissime Entre deux mondes.

Grâce à des personnages très forts, elle construit un roman tout à fait passionnant, étoffé, impossible à lâcher jusqu’à la dernière page. On n’a certainement pas l’impression de lire un livre de plus de 700 pages ! Totalement saisissante, étonnante et bouleversante, cette plongée dans les méandres et les vicissitudes de l’esprit humain est diaboliquement orchestrée par la maîtresse du machiavélisme réaliste. En bref, un roman à ne pas mettre dans toutes les mains mais qui, pourtant, devrait être lu de tous ! Paradoxe ? Oui et non.

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#267 Underground Railroad – Colson Whitehead

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Le résumé…

Cora, seize ans, est esclave sur une plantation de coton dans la Géorgie d’avant la guerre de Sécession. Abandonnée par sa mère lorsqu’elle était enfant, elle survit tant bien que mal à la violence de sa condition. Lorsque Caesar, un esclave récemment arrivé de Virginie, lui propose de s’enfuir, elle accepte et tente, au péril de sa vie, de gagner avec lui les États libres du Nord.
De la Caroline du Sud à l’Indiana en passant par le Tennessee, Cora va vivre une incroyable odyssée. Traquée comme une bête par un impitoyable chasseur d’esclaves qui l’oblige à fuir, sans cesse, le « misérable cœur palpitant » des villes, elle fera tout pour conquérir sa liberté.
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Mon avis…

La rentrée littéraire, ses centaines de livres, un véritable labyrinthe culturel… et dans ce dédale de pages, un livre a su se détacher : Underground Railroad. L’auteur explore les dessous méconnus de l’histoire de l’esclavagisme en Amérique, fondus dans un récit marqué par son imagination d’enfant… Le réseau souterrain acheminant les esclaves en fuite d’un état à l’autre, vers le nord, prend la forme d’un véritable chemin de fer majestueux, de grandes gares se dissimulant sous les maisons des résistants… Une aventure fantastique attend Cora, mais une aventure dangereuse. Ce livre est l’occasion de découvertes bouleversantes et étonnantes. Les personnages, attachants, en quête de leur liberté, permettent à l’auteur de dresser le portrait sans concession d’une Amérique que l’on ne regrette pas.

Underground Railroad fait partie des livres qui prennent une dimension particulière dans le contexte actuel. Alors que l’élection de Trump remet en question tout ce que l’on croyait acquis, la fiction donne l’occasion à l’auteur de poser un regard critique sur la société aux fondements de ce qu’est aujourd’hui son pays. Absurdité, violence, horreur. L’esclavage prend de nouveaux visages. Ce roman, en plus d’être instructif et de nous secouer un bon coup, est doté d’une excellente intrigue. Du début à la fin, le suspense est total. Colson Whitehead nous entraîne dans un voyage éprouvant, intense… Un des incontournables de la rentrée littéraire 2017, de toute évidence.

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