
Le résumé…
Au début de l’année 1929, un jeune couple rachète un magasin de jouets en faillite dans le quartier de Pigalle. Gustave et Valentine pensent qu’à vendre le bonheur, on ne peut que le trouver soi-même. Ils repeignent la boutique couleur mimosa : le magasin jaune naît. C’est un soleil. Les parents et les enfants tournent autour ; les jouets s’animent ; la vitrine s’illumine. Les odeurs et les bruits de la rue meurent à sa porte.
Mais au-dehors, le monde change. La crise financière puis politique obscurcit tout. Arrivent la guerre, l’Occupation allemande.
Le Magasin jaune sera-t-il préservé de la violence et de l’horreur ? Ou n’est-il qu’une prison d’illusions et de mensonges ? Gustave s’y enferme et y garde ses secrets. Valentine veut s’en échapper. Les enfants, seuls, continuent de jouer le jeu, avec à leur tête la princesse du Magasin jaune. Ils recréent le monde, l’imitent parfois, mais toujours préfèrent l’innocence du rêve à la violence du cauchemar.
De 1929 à 1942, de l’Art déco aux chars d’assaut, de Cole Porter à la musique militaire, Le Magasin jaune retrace l’histoire d’un lieu où joies et désespoirs se succèdent, où la résignation fait place à la résistance, tandis que le regard énigmatique et froid d’Arlequin nous met en garde : le bonheur est fragile comme une poupée de porcelaine.

Marc Trévidic
Mon avis…
Le Magasin jaune est un roman dont l’intrigue s’étend essentiellement de l’entre-deux guerre à la période de la Seconde Guerre mondiale. On retrouve cependant des échos de la Grande Guerre, à travers la figure du père de Gustave notamment, et Marc Trévidic suggère avec subtilité les liens qui unissent les deux conflits. Il nous montre ainsi que l’Histoire est en quelque sorte un cycle, un éternel recommencement. Il situe son intrigue dans un cadre original : celui d’un charmant magasin de jouet, symbolisant l’enfance et sa persistance dans l’âme de chacun. Ainsi, il nous fait le portrait d’une époque violente, en la mettant en regard avec un univers tout à la fois féérique et attendrissant. Marc Trévidic joue sur les contrastes. Certains personnages, adultes, restent jeunes au fond d’eux, gardent l’espoir. D’autres, parfois des enfants, incarnent la cruauté du XXe siècle. L’auteur n’hésite pas à concevoir des êtres de papier complexes sur le plan psychologique. Leurs actes sont parfois inattendus, imprévisibles, à la manière de vraies personnes. Cela les rend d’autant plus attachants qu’ils sont imparfaits, comme nous tous. C’est pourquoi le récit familial prend toute son ampleur ici, on a envie de suivre les aventures de ces personnages, de la famille Pilon et de tous ceux qui l’entourent, du début à la fin.
Dans ce livre, j’ai beaucoup apprécié le regard tendre que pose l’auteur sur le monde qu’il nous décrit. Il est animé par l’espoir, l’optimisme, malgré les horreurs décrites ou suggérées. On a en effet un portrait fidèle de l’atmosphère parisienne sous l’Occupation, avec des scènes parfois brutales et toujours réalistes. Mais il y a surtout, dans ce roman, de véritables incarnations de la résistance, ou plutôt des résistances sous toutes leurs formes ! J’ai aimé que l’auteur sache rendre compte de la complexité et de la variété des réactions dans une telle situation. Tous les personnages agissent différemment, et chacun a ses propres motivations, ses raisons, ses buts. L’amour est au coeur de tout, bien sûr. Vous allez me dire que ça peut avoir l’air idéaliste tout ça, et je vous dirais oui, peut-être un peu. Et alors ? Après tout, la littérature est aussi là pour nous montrer que la lumière est toujours là, quelque part, même dans l’obscurité la plus profonde. En parlant de la Seconde Guerre mondiale, Marc Trévidic nous parle aussi d’aujourd’hui, de notre propre époque, de nous-mêmes. En bref, c’est un récit simple, fluide, tout à fait prenant, aux significations belles et profondes.

En quelques mots…
parcours d’une famille
quand l’enfance rencontre l’horreur
résistance(s)
une très belle écriture
la petite histoire dans l’Histoire
Carte d’identité du livre
Titre : Le magasin jaune
Autrice : Marc Trévidic
Éditeur : JC Lattès
Date de parution : 07 mars 2018
