#383 Les Confessions de Frannie Langton – Sara Collins

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Le résumé…

Esclave. Frannie Langton grandit à Paradise, dans une plantation de canne à sucre, où elle est le jouet de chacun : de sa maîtresse, qui se pique de lui apprendre à lire tout en la martyrisant, puis de son maître, qui la contraint à prendre part aux plus atroces expériences scientifiques…
Domestique. À son arrivée à Londres, la jeune femme est offerte comme un vulgaire accessoire à George et Marguerite Benham, l’un des couples les plus raffinés d’Angleterre.
Séductrice. Seule contre tous, Frannie trouve une alliée en Marguerite. Entre ces deux lectrices invétérées se noue un lien indéfectible. Une foudroyante passion. Une sulfureuse liaison.
Meurtrière. Aujourd’hui, Frannie est accusée du double-meurtre des Benham. La foule se presse aux portes de la cour d’assises pour assister à son procès. Pourtant, de cette nuit tragique, elle ne garde aucun souvenir. Pour tenter de recouvrer la mémoire, Frannie prend la plume…
Victime ? Qui est vraiment Frannie Langton ?

Mon avis…

Ce livre, malgré sa couverture colorée, renferme un roman noir dont l’atmosphère gothique marque l’influence sur Sara Collins d’autrices telles que les sœurs Brontë, Mary Shelley, Jean Rhys ou encore Sarah Waters, une autrice contemporaine que j’apprécie énormément et dont je vous parlerais un jour. À l’instar des romans de cette dernière, on retrouve dans Les Confessions de Frannie Langton une histoire d’amour lesbienne en plein Londres du XIXe s. Mais, évidemment, l’intrigue ne se limite pas à cette romance qui, par ailleurs, est tout aussi dure et cruelle que le reste. En effet, nous découvrons Frannie Langton dans une situation plus que compliquée : durant son procès, puisqu’elle est accusée du meurtre de ses deux maîtres, M. et Mrs. Benham. C’est Frannie qui, à la première personne, nous raconte son histoire. Elle revient sur son enfance en Jamaïque, dans la plantation de cannes à sucre où elle est née, sur les horreurs qu’elle a été contrainte de commettre, mais aussi sur l’éducation qu’elle a reçue. Car Frannie est une métisse à qui l’on a appris à lire et à écrire. Mais, au XIXe siècle, dans une société oppressive et esclavagiste, toute connaissance a son revers.

Elle nous raconte son parcours, de sa Jamaïque natale au Londres du XIXe s., au service de M. et Mrs. Benham. C’est avec cette dernière qu’elle nouera une relation aussi passionnée que toxique. Là, elle trouvera une forme de liberté, quittant l’esclavage pour la domesticité, mais elle découvrira les origines de ses souffrances passées, et elle traversera encore des épreuves bouleversantes et perturbantes. Frannie Langton, au fil de ses confessions, apparaît comme un personnage extrêmement complexe, qui semble se déshumaniser au fil du récit, à mesure que les horreurs vécues modifient son être. Est-elle véritablement coupable du meurtre de ses maîtres ? Surtout, a-t-elle tué la femme qu’elle aimait ? Ou n’est-elle la principale suspecte qu’en raison de sa couleur de peau ? Quel est le rôle de cette société coloniale, esclavagiste, raciste et misogyne, dans le meurtre qui a été commis ? Ce livre soulève de nombreuses questions, tant concernant le personnage que l’époque dans laquelle elle évoluait. Il s’agit d’un premier roman intéressant qui, malgré quelques longueurs et une intrigue parfois très foisonnante, parvient à nous captiver.

Carte d’identité du livre

Titre : Les Confessions de Frannie Langton
Autrice : Sara Collins
Traducteur : Charles Recoursé
Éditeur : Belfond
Date de parution : 18 avril 2019

4 étoiles

Merci aux éditions Belfond et à NetGalley pour cette lecture.

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#360 Le paradoxe du bonheur – Aminatta Forna

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Le résumé…

Un soir de février, à Londres, un renard traverse un pont, une femme percute un passant. Elle est américaine, il est ghanéen. A partir de cet événement presque banal, Aminatta Forna tisse le long de la Tamise, à deux pas des monuments et des beaux quartiers, une succession de rencontres improbables entre ces deux personnages et des étrangers de l’ombre qui travaillent dans les arrière-cours des théâtres, les parkings ou les cuisines des palaces. Une communauté disparate d’exilés qui, sans se connaître, se mobilisent pour rechercher un petit garçon dont on a perdu la trace. Un roman sur la vie souterraine des grandes métropoles, sur la cohabitation entre les humains réunis par le hasard ou les guerres du monde, entre les hommes et les animaux sauvages. Un récit entrecroisé sur le bonheur qui, et c’est le moindre des paradoxes, est là où on ne l’attend pas et qui tient parfois à la présence d’un renard sur un pont, à Londres, un soir de février.

Mon avis…

Deux personnages se croisent, ou plutôt se bousculent. Ils ne se connaissent pas mais, à ce moment-là, leurs destins se lient. Attila et Jean (prononcez à l’anglaise) sont deux êtres qui n’étaient pas vraiment faits pour se rencontrer, et pourtant… Tandis que Jean suit un renard, elle percute cet homme, ce géant ghanéen. Le roman dessine avec douceur et tendresse l’évolution de leurs sentiments, leur rapprochement. Mais toute cette histoire ne tourne pas autour des seuls Attila et Jean, loin de là. Nous croisons de nombreux personnages, tous aussi étonnants, colorés et touchants les uns que les autres. Ce livre est aussi frais et éblouissant que sa couverture.

« Il arrive un moment où l’on voit un nouvel amour, la personne qui pourrait devenir un nouvel amour ; l’éventualité du sentiment a été prononcée mais il est encore possible de faire marche arrière, l’un ou l’autre peut encore s’écarter du précipice. »

Jean et Attila, malgré leurs différences apparentes, ont des points communs. Tous deux veulent sauver ce qui peut encore l’être. D’un côté les animaux – renard, coyotes, oiseaux… – et de l’autre les esprits. L’une est scientifique, l’autre est psychiatre. Cela donne lieux à de très beaux moments dans le récit. Les descriptions d’animaux sont magnifiques, leur présence est à la fois constante et fragmentée. La psychologie des personnages, quant à elle, est particulièrement bien travaillée. Ils prennent vie dans les pages et paraissent étrangement réels.

Ce livre, malgré quelques petites longueurs parfois, est vraiment une très belle découverte. J’ai beaucoup apprécié cette plongée dans Londres, une ville que l’on croit connaitre et qui pourtant nous réserve de nombreuses surprises. Adorant les livres où il est question d’animaux, je n’ai pu qu’apprécier les réflexions soulevées par ce roman, en particulier concernant le lien qui unissent animaux et humains. C’est un texte qui fait réfléchir sur le monde, le tout avec une belle écriture qui est parfaitement retranscrite grâce à la traduction de Claire Desserrey. P.S. : Si vous aimez les renards, lancez-vous sans hésiter.

Carte d’identité du livre

Titre : Le paradoxe du bonheur
Autrice : Aminatta Forna
Traductrice : Claire Desserrey
Éditeur : Delcourt
Date de parution : 9 janvier 2019

4 étoiles

Merci aux éditions Delcourt pour cette lecture.

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#329 Brexit Romance – Clémentine Beauvais

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Le résumé…

Juillet 2017 : un an que « Brexit means Brexit » ! Ce qui n’empêche pas la rêveuse Marguerite Fiorel, 17 ans, jeune soprano française, de venir à Londres par l’Eurostar, pour chanter dans Les Noces de Figaro ! À ses côtés, son cher professeur, Pierre Kamenev. Leur chemin croise celui d’un flamboyant lord anglais, Cosmo Carraway, et de l’électrique Justine Dodgson, créatrice d’une start-up secrète, BREXIT ROMANCE. Son but ? Organiser des mariages blancs entre Français et Anglais… pour leur faire obtenir le passeport européen. Mais pas facile d’arranger ce genre d’alliances sans se faire des noeuds au cerveau et au coeur !

Clémentine Beauvais

Clémentine Beauvais

Mon avis…

C’est le retour de Clémentine Beauvais ! Je vous avais déjà parlé de deux romans de cette autrice, à savoir Comme des images et Songe à la douceur. Je les avais d’ailleurs tous les deux appréciés. C’est pourquoi je suis bien contente d’avoir eu l’occasion de lire Brexit Romance. Comme le titre l’indique, ce roman se déroule en Angleterre et prend pour point de départ le référendum qui a dit « oui » à la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. C’est sur un ton très léger et souvent humoristique que Clémentine Beauvais aborde ce thème sérieux. C’est une histoire très atypique que l’autrice nous propose, celle d’une start-up qui a pour rôle d’organiser des mariages blancs entre britanniques et français, afin que ceux-ci obtiennent un passeport et soient en mesure de continuer à circuler d’un pays à l’autre. Cela donne lieu à de drôles de rencontres et de mises en scène, dans lesquelles Justine Dodgson joue un rôle central. Ces mariages sont supposés n’impliquer aucun sentiment, mais dans la réalité, Justine va vite se rendre compte que les choses sont bien différentes !

J’ai apprécié, dans Brexit Romance, les jeux sur le langage auxquels se prêtait déjà Clémentine Beauvais dans Songe à la douceur. Ici, un peu de franglais, beaucoup de malentendus, de quoi faire rire les anglophones mais aussi ceux qui ne maîtrisent pas encore la langue à la perfection. Cet aspect est vraiment appréciable. J’ai aussi trouvé sympathique de mêler les discours, avec un roman très frais dans lequel se glissent des propos politiques et un engagement très prononcé. Sans être moralisateur, le récit nous guide vers une réflexion passionnante. A noter également la dérision qui donne un peu de piment à certaines scènes. Au milieu de tous ces points positifs, on relève tout de même quelques nuances : parfois une ou deux longueurs, des personnages au comportement un poil caricatural, mais rien qui puisse bouleverser l’impression finale. En effet, même si je n’ai pas été sensible à tous les charmes de Brexit Romance, probablement car il est plutôt destiné à un public adolescent, j’ai malgré tout passé un excellent moment. C’est une lecture que je conseille vivement à ceux et celles qui ont envie de se détendre avant tout, de passer à l’heure anglaise le temps d’un roman, et de plonger dans un univers drôle, coloré et pétillant.

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Carte d’identité du livre

Titre : Brexit Romance
Autrice : Clémentine Beauvais
Éditeur : Sarbacane (Exprim’)
Date de parution : 22 août 2018

5 étoiles

Merci aux éditions Sarbacane pour cette lecture.

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#289 Ragdoll – Daniel Cole

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Le résumé…

Votre nom figure sur la liste du tueur. La date de votre mort aussi…
Un « cadavre » recomposé à partir de six victimes démembrées et assemblées par des points de suture a été découvert par la police. La presse l’a aussitôt baptisé Ragdoll, la poupée de chiffon.
Tout juste réintégré à la Metropolitan Police de Londres, l’inspecteur « Wolf » Fawkes dirige l’enquête sur cette effroyable affaire, assisté par son ancienne coéquipière, l’inspecteur Baxter.
Chaque minute compte, d’autant que le tueur s’amuse à narguer les forces de l’ordre : il a diffusé une liste de six personnes, assortie des dates auxquelles il a prévu de les assassiner.
Le dernier nom est celui de Wolf.

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Mon avis…

Un bon roman policier qu’on commence et qu’on ne peut alors plus lâcher ? Oui, Ragdoll en est un ! Le titre, intrigant s’il en est, laisse avant tout présager du mystère. Une « poupée de chiffon », drôle de façon de nommer l’horreur à laquelle sont confrontés les enquêteurs dans ce roman. Une mise en scène à la Hannibal – je pense surtout à l’esthétique très poussée de la série TV – et le malaise qui va avec ! En même temps, une atmosphère proche des romans de Sire Cédric, en particulier son dernier (Du feu de l’enfer). Et des enquêteurs à forte personnalité comme savent le faire les britanniques (pour n’en citer que quelques-uns : Elly Griffiths et Tania Carver). Ce que j’ai aimé en particulier dans ce livre, c’est la psychologie complexe des personnages, qu’ils soient les policiers, les enquêteurs, les potentielles victimes, les journalistes… Daniel Cole rend compte de tout un monde, de toute la progression de l’enquête, de ses aléas. Il montre avec beaucoup de précision les obstacles auxquels font face les enquêteurs, en particulier l’acharnement des médias à divulguer des informations même sensibles… Le tout avec l’ombre d’un tueur omniscient et on ne peut plus mystérieux, dont l’identité ne sera jamais soupçonnée. Daniel Cole sait maintenir le suspense tout en offrant une histoire riche en détails. Tous les personnages ont leur part d’obscurité et de mystère. En particulier Wolf, bien sûr, à la fois enquêteur et victime, avec un passé sombre et pesant (en même temps, on n’attendrait pas mieux d’un personnage qui s’appelle Fawkes… comme Guy Fawkes). Mais j’avoue avoir beaucoup aimé Baxter, pour son caractère. Elle mène la barque du début à la fin, représente une forme de stabilité dans la tempête, tout en semblant capable de tout. A noter également, la grande subtilité dont fait preuve Daniel Cole : pas de massacres gratuits, de scènes qui donnent la nausée, de voyeurisme malsain… Tout est précis, calculé, mesuré, un travail de maître. En bref, Ragdoll, c’est un roman complètement addictif, qui empêche de dormir tant qu’on ne l’a pas fini. Il nous plonge dans un univers à la fois réaliste et fantasmatique, particulièrement sombre et angoissant, tout en étant ancré dans un contexte connu. Un excellentissime roman policier à lire tranquille, entre deux cours, à la pause repas, le soir dans son lit, dans le train ou dans l’avion, sur la plage, en terrasse, partout !

« Si vous avez aimé SEVEN , vous adorerez Ragdoll » (MJ Arlidge, auteur d’Am Stram Gram) et j’approuve !

#201 La dame en blanc – Wilkie Collins

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Le résumé…

Dans la fournaise de l’été, en ce milieu du XIXe siècle, William Hartright, jeune professeur de dessin émérite, s’apprête à quitter Londres pour enseigner l’aquarelle à deux jeunes filles de l’aristocratie, dans le Cumberland. Il laisse derrière lui la vie trépidante de la ville et ses étranges incidents, comme cette rencontre en pleine nuit avec une jeune femme terrorisée, toute de blanc vêtue, semblant fuir un invisible danger… Mais la campagne anglaise, malgré ses charmes bucoliques, n’apaise pas le jeune William autant qu’il le souhaiterait. La demeure de Limmeridge recèle en effet de bien lourds secrets, et lorsque resurgit la mystérieuse dame en blanc, il est bien difficile d’affirmer qu il ne s’agit pas d’un présage funeste…

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Mon avis…

Ce roman, je vous préviens, est ce qu’on peut appeler un pavé, à raison d’environ 850 pages dans l’édition Archipoche qui conserve malgré tout un excellent confort de lecture. Il était depuis un petit moment dans ma bibliothèque. Je l’avais acheté car, comme vous le savez sans doute, j’aime particulièrement la littérature victorienne dont Wilkie Collins est un des représentants les moins connus. On a souvent préféré retenir Dickens, alors que Collins est l’inventeur du roman à suspense, mais également l’ami et rival de l’auteur d’Oliver Twist. Evidemment, il ne faut pas avoir une tonne de lectures en cours pour se lancer dans La dame en blanc. En effet, le nombre de pages peut effrayer. J’ai donc profité d’un moment de tranquillité, après mes partiels, pour me lancer dans ce roman. A vrai dire, je n’ai pas du tout senti ces 850 pages passer… Elles ont été avalées en douceur, car Wilkie Collins a sûrement écrit un des plus efficaces page-turner de l’époque ! C’est réellement un roman à suspense tout simplement excellent car ce suspense ne s’apaise jamais. La tension est omniprésente, le roman est imprégné de fantômes, d’indices, de suggestions, de complots, de rebondissements… Certaines personnes pourraient y trouver quelques longueurs, mais c’est extrêmement relatif. En effet, « longueurs » n’est pas vraiment le terme pour désigner des moments d’écriture particulièrement délicats, ces lignes préparant les chocs émotionnels à venir… pour le lecteur comme pour les personnages !

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J’avoue être vraiment étonnée aujourd’hui du fait que Wilkie Collins reste un inconnu pour beaucoup de personnes. J’ai découvert un auteur extrêmement talentueux, qui a su passionner ses lecteurs du XIXe au XXIe comme d’autres auteurs le font aujourd’hui pour leurs contemporains. Collins est l’inventeur du genre et n’a rien à envier à ses successeurs. Ce roman est un véritable chef d’oeuvre car il accroche le lecteur pendant 850 pages, à partir d’un simple élément : l’apparition mystérieuse d’une dame vêtue de blanc… L’ensemble se construit sous la forme de témoignages des divers personnages apparaissant dans l’oeuvre, bien que la grande majorité du texte soit mené par Walter Hartright, professeur de dessin. Evidemment, les personnages principaux sont très attachants, Collins a un talent certain (et le temps) pour développer leur psychologie. J’ai beaucoup apprécié la personnalité de Marian Halcombe, femme moderne et déterminée, ainsi que celle de Walter. Les « méchants » de l’histoire sont parfaitement présentés, tout en subtilité, en profondeur… Les personnages sont charismatiques, ils prennent vie sous nos yeux et entre nos mains tout au long de la lecture. Après tout, c’est bien cela l’avantage d’un livre aussi long. Et pourtant, je n’ai pas remarqué de descriptions lassantes et ennuyantes, de moments inutiles et barbants, etc. Tout, dans ce roman, a un intérêt, rien n’est laissé au hasard. En fait, presque tout peut constituer un indice pour dévoiler, enfin, le mystère qui entoure la dame en blanc et les autres personnages. Je recommande vraiment ce roman pour ceux qui aiment l’ambiance victorienne, les livres à suspense, parfois inquiétants ou effrayants, avec des personnages à la psychologie très riche… Wilkie Collins et sa Dame en blanc valent amplement le détour.

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Ma note…

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#198 Le diable de la Tamise – Annelie Wendeberg

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Le résumé…

CHOLÉRA [latin cholera ; grec kholera] n. m. – Très grave maladie épidémique, produite par une bactérie, le vibrion cholérique, caractérisée par des selles fréquentes, des vomissements, des crampes, un grand abattement, et pouvant se terminer par la mort.
Londres, 1889. Quand une victime du choléra est retrouvée dans la Tamise, le Dr Anton Kronberg, bactériologiste de son état, est appelé pour confirmer les causes du décès. Toutes les précautions sont prises pour éviter une épidémie. Les choses auraient pu en rester là si les résultats intrigants de l’autopsie n’avaient poussé Kronberg à s’intéresser de plus près à cette affaire. Alors que Scotland Yard souhaite classer ce cas, Kronberg se rapproche de Sherlock Holmes. Et il ne faut que peu de temps au célèbre détective pour percer le secret du médecin qui, en réalité, est… une femme. Un secret qui pourrait la mener droit en prison s’il venait à être révélé. Mais tous deux vont unir leurs forces pour débusquer un criminel aussi redoutable que Jack l’Éventreur…
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Mon avis…

Les éditions Presses de la Cité m’ont envoyé Le diable de la Tamise comme service presse, et je n’ai pas hésité un instant avant de me lancer dans cette lecture dès que j’ai vu le nom « Sherlock Holmes ». C’était pour moi ! Cependant, ce nom amène aussi une pointe de scepticisme : est-ce que l’ensemble sera réussi ? En effet, récupérer Holmes n’a jamais été une affaire aisée… Conan Doyle a laissé derrière lui un personnage si développé et profond qu’il n’est pas toujours évident de l’intégrer dans une fiction sans « trahir » l’âme de cette légende. Je ne pouvais donc pas décemment attendre plus longtemps avant de savoir si le pari était réussi. Déjà, j’ai beaucoup aimé le principe d’avoir pour héroïne une femme se faisant passer pour un homme afin de pouvoir pratiquer la médecine. Au XIXe, en effet, les femmes n’avaient pas accès à ce type de professions, donc cela change d’avoir, pour une fois, un personnage féminin dans une enquête. J’ai beaucoup apprécié l’intrigue de base qui s’avère tout de même assez complexe, ce qui est très bien puisque cela justifie l’intervention de Sherlock Holmes. Ce que j’ai trouvé le plus brillant dans Le diable de la Tamise, c’est de mettre face au célèbre détective une femme aussi intelligente que lui, avec le même instinct, la même finesse d’observation, sans oublier Watson, l’acolyte de Sherlock qui a déménagé pour vivre avec sa femme. Sherlock Holmes était donc seul, le docteur Kronberg ne connait même pas son existence car elle ne lit pas le Strand, journal dans lequel sont publiées les aventures du détective écrites par Watson. C’est donc un nouveau duo que l’on découvre dans ce roman, et j’avoue que j’aimerais bien le voir se reformer.

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J’ai beaucoup apprécié ce roman car le personnage principal garde toujours une place plus importante que Sherlock Holmes, elle reste au centre du livre. Le détective est un personnage secondaire, ce qui permet aussi à l’auteure d’éviter les possibles écueils d’une telle reprise. L’enquête est passionnante, on se trouve dans un bon roman policier, avec ou sans Sherlock, d’ailleurs. Sa présence apporte un plus, et un plus qui n’est pas négligeable car Annelie Wendeberg le présente vraiment au summum de son charme. Je le trouve beaucoup plus proche du détective présenté dans la série Sherlock que dans les livres de Conan Doyle. Certes, la série était fidèle aux romans et aux nouvelles, mais Sherlock a beaucoup de charme quand il est incarné par Benedict Cumberbatch. Qui me contredira ? Et, dans ce roman, c’est lui que l’on retrouve. On se promène dans les tréfonds de Londres, le lecteur est emporté dans une véritable aventure au cœur de l’époque victorienne. Sans le ridiculiser, Annelie Wendeberg parvient à descendre Sherlock de son piédestal, à mettre en valeur ses petites faiblesses, elle le confronte à un personnage aussi fort que lui, et même plus courageux car le docteur cache un grand secret : son sexe. C’est ainsi à la fois un duo et une confrontation qui nous est proposé dans Le diable de la Tamise, une aventure jubilatoire que je recommande vivement.

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Ma note…

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Merci aux Presses de la Cité pour cette lecture.

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