#361 Nos vies d’après – Thomas Pierce

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Le résumé…

Jim Byrd a une vie normale, jusqu’au jour où il fait un arrêt cardiaque. Revenu à lui, il apprend qu’il est resté mort cinq minutes entières. Pourtant, il n’a vu ni lumière blanche accueillante ni chœur de séraphins, juste le vide, l’absence. Grâce à un réseau électrique installé autour de son cœur, il ne risque plus rien et peut même suivre les battements et les crises de son cœur sur une appli smartphone. Cette impression de tenir son propre cœur dans sa main le fait réfléchir, d’autant plus que, alors qu’il se trouve dans un restaurant, il découvre les preuves d’une existence surnaturelle, une voix qui appelle dans un escalier et plonge les vivants dans une tristesse profonde. Jim décide alors d’enquêter sur l’origine de cette voix : peut-être existe-t-il d’autres formes de vie après la mort que la lumière blanche au bout du tunnel ? Peut-être sa propre expérience lui donne-t-elle accès à quelque chose au-delà du monde des vivants ?

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Mon avis…

Aujourd’hui, j’aimerais vous parler d’un roman coup de cœur. C’est un livre très riche, foisonnant, qui évoque des thématiques inépuisables avec justesse et délicatesse : la mort, l’amour, l’après, la peur, l’avenir, le passé… Quelles traces laissons-nous de notre passage sur terre ? En laissons-nous seulement ? Y a-t-il quelque chose après la mort, ou plutôt après la vie ? Ces questions angoissantes, nous nous les sommes tous et toutes posées un jour… Et personne n’aura probablement jamais les réponses. Thomas Pierce ne se propose pas d’en donner, mais il nous plonge dans l’histoire de personnages qui partent en quête de ces réponses.

Jim Byrd, le personnage principal, est presque mort, un jour. Ou plutôt, il est mort quelques minutes, puis il est revenu. Mais ce qu’évoquent certaines personnes – la lumière blanche, le tunnel, les êtres aimés qui nous attendent -, il ne l’a pas vu. Rien. Il doit continuer sa vie avec l’idée qu’après, c’est peut-être le vide. Il tombe amoureux, il construit son existence malgré le doute. Et pourtant, un jour, avec sa nouvelle compagne Annie, il entend une voix dans un escalier. Une voix qui vient d’ailleurs, et d’ici en même temps. La voix d’une personne qui est là sans être là… Tous deux décident d’enquêter pour comprendre d’où vient ce phénomène. En partant à la recherche d’un fantôme, ils se lancent à la poursuite de leur passé et de leur avenir.

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J’ai trouvé ce roman passionnant. L’intrigue est absolument prenante, le mystère est entier et maintenu jusqu’à la fin.  Les personnages sont attachants, en raison de leurs faiblesses mais aussi de leurs forces respectives. L’ensemble se déroule dans un monde en plein progrès, un peu futuriste, à la fois distant et très proche de celui que nous connaissons aujourd’hui : des hologrammes marchent dans les rues, aux côtés des vivants, rien ne permet de les différencier des êtres humains ; une scientifique travaille à une machine permettant de réunir vivants et morts ; des hackers essaient de prendre le contrôle des cœurs artificiels de malheureux patients… Le monde semble un peu déconner, et c’est dans une quête de stabilité et de certitude que se lancent les personnages. En trouveront-ils ? Rien n’est moins sûr.

Suspense, héros et héroïne attachant.e.s, philosophie, action, questions existentielles… Tout y est pour passer un bon moment de lecture. Je n’ai pas déploré une seule longueur, un seul moment de flottement. Chaque instant m’a semblé utile à l’intrigue et au déroulement du roman. Je n’ai pas pu le lâcher jusqu’à la fin, que j’avais envie de connaître tout en regrettant qu’elle arrive… Un peu comme la mort, peut-être : on ne voudrait pour rien au monde qu’elle vienne nous trouver, et pourtant on se demande tous et toutes à quoi elle peut bien ressembler… Mais ne vous inquiétez pas, rien de déprimant dans ce roman, au contraire ! Comme la couverture le laisse deviner, c’est un livre qui parle plus des couleurs de la vie que de l’obscurité de la mort. Vivant, voilà ce qu’est ce roman. Laissez-vous porter.

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Carte d’identité du livre

Titre : Nos vies d’après
Auteur : Thomas Pierce
Traductrice : Héloïse Esquié
Éditeur : Denoël
Date de parution : 14 février 2019

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Coup de cœur

5 étoiles

Merci aux éditions Denoël pour cette lecture.

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#347 Cœur battant – Axl Cendres

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Le résumé…

Alex, 17 ans, est un « hors-la vie ». Après avoir essayé d’éteindre son cœur, il se retrouve dans une clinique pour y être « réhabilité à la vie ». Il y rencontre Alice, aussi belle que cynique ; Victor, aussi obèse que candide ; la vieille Colette, aussi espiègle qu’élégante ; et Jacopo, aussi riche que grincheux. À eux cinq, ils décident de s’évader de la clinique, direction le manoir de Jacopo. Le but du voyage ? Se jeter d’une falaise, tous ensemble – ça leur fera un projet commun ! Mais la route va leur réserver plusieurs surprises. Assez pour qu’Alex se demande si, finalement, la vie n’en vaut pas la douleur…

Mon avis…

Voici un roman très original : Cœur battant d’Axl Cendres. J’avais découvert cette autrice avec Dysfonctionnelle, également aux éditions Sarbacane… C’était donc avec beaucoup de plaisir que je me suis lancée dans cette lecture ! C’est avec un style assez léger qu’Axl Cendres nous embarque dans l’histoire de ces personnages. Pourtant, le sujet, à la base, ne prête pas forcément à sourire, puisqu’il est question de suicide… Or, nous rencontrons dans ce roman des « suicidants », donc des gens qui ont raté leurs suicides… La vie, ils ne l’aiment pas. Et leur seul objectif, c’est de mourir, une bonne fois pour toutes ! Alex, Alice, Victor, Colette et Jacopo sont cinq personnages attachants. A la fois décalés et familiers, ils nous emportent dans leur délire, sans jamais nous faire sombrer dans la peine. Ici, la mort est loin d’être déprimante. Elle est un idéal. A la clinique de la Citadelle, ces êtres si différents se rencontrent, et un jour vont décider de partir… pour se suicider, tous ensemble ! Sauf que l’amour et l’amitié rôdent dans les environs, menaçant leur projet ! Ce récit, complètement perché, est en fait d’une poésie folle. J’ai vraiment apprécié ce roman qui, malgré son humour très marqué, est particulièrement touchant. Nous jetons un regard nouveau sur le monde, la vie, les relations qui nous unissent tous. En bref : une histoire inspirante habillée de fraîcheur et de rires ! Un hymne à la mort ? Non, un hymne à la vie. A découvrir !

Carte d’identité du livre

Titre : Cœur battant
Autrice : Axl Cendres
Éditeur : Sarbacane
Date de parution : 05 septembre 2018

5 étoiles

Merci aux éditions Sarbacane pour cette lecture.

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Umberto Eco est mort…

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Le grand écrivain et homme de lettres Umberto Eco est mort aujourd’hui, le 20 février 2016. Cela a été un très grand choc pour moi car, depuis plus de deux ans, cet auteur m’accompagne dans mes études littéraires. Il a en effet écrit des ouvrages devenus des références pour les lettrés, et sa réflexion est d’une grande importance pour ceux qui veulent étudier le roman. Je suis actuellement en pleine lecture du Cimetière de Prague, en parallèle de L’oeuvre ouverte, l’un pour mon plaisir, l’autre pour ma culture, les deux allant de pair avec Umberto Eco. Pour lui rendre hommage, j’ai choisi un certain nombre de ses phrases qui, pour moi, ont le plus de résonance.

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« Si Dieu existait, il serait une bibliothèque. »

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« L’importance, ce n’est pas tellement d’avoir des souvenirs, c’est toujours de régler ses comptes avec eux. »

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« Tous les grands écrivains sont des grands lecteurs de dictionnaires : ils nagent à travers les mots. »

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« Tu n’élimines pas le rire en éliminant le livre. »

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« Du livre pourrait naître l’aspiration à détruire la mort à travers l’affranchissement de la peur. »

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« Il y a deux sortes de livres, celui que l’auteur écrit et celui dont le lecteur prend possession. »

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« Le bien, pour un livre, c’est d’être lu. Un livre est fait de signes qui parlent d’autres signes, lesquels à leur tour parlent des choses. Sans un œil qui le lit, le livre est porteur de signes qui ne produisent pas de concepts, et donc il est muet. »

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« Une collection de livres est un phénomène masturbatoire, solitaire, et vous trouvez rarement des gens qui peuvent partager votre passion. »

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« La bibliothèque se défend toute seule, insondable comme la vérité qu’elle héberge, trompeuse comme le mensonge qu’elle enserre. Labyrinthe spirituel, c’est aussi un labyrinthe terrestre. Vous pourriez entrer et vous pourriez ne plus sortir. »

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« C’est votre père qui est votre obligé, et non point le contraire : vous payez de bien des années de larmes un sien moment de plaisant chatouillement. »

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« Mon père en rentrant fit remarquer à ma mère que je lisais trop et que je devrais sortir davantage. Et moi, au contraire, je me désintoxiquais de trop d’espace. »

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« Le diable est l’arrogance de l’esprit, la foi sans sourire, la vérité qui n’est jamais effleurée par le doute. »

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« Le prix à payer pour avoir Einstein d’un côté, c’est d’avoir un imbécile de l’autre côté ! »

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« L’humanité ne supporte pas la pensée que l’homme est né par hasard, par erreur, seulement parce que quatre atomes insensés se sont tamponnés sur l’autoroute mouillée. Et alors, il faut trouver un complot cosmique, Dieu, les anges ou les diables. »

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« Celui qui ne lit pas aura vécu une seule vie. Celui qui lit, aura vécu 5000 ans. La lecture est une immortalité en sens inverse. »

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Après ces fabuleux mots d’esprit, que pouvons-nous dire de plus ? Si humble, si pauvre de mots, alors que je suis passionnée, je ne peux que souhaiter qu’Umberto Eco est quelque part avec Dieu, et donc avec une bibliothèque !

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#124 Nora – Léa Mazé

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Le résumé…

Les parents de Nora déménagent. Pour ne pas leur mener la vie dure pendant cette période, la petite fille est confiée à son oncle Lucien, agriculteur. Nora n’est pas contente, elle boude. Mais finalement, la vie à la ferme commence à lui plaire. Elle crée son univers à l’intérieur d’un grand chêne qu’elle partage avec une chatte enceinte et observe une petite mamie assise seule, sur un banc. De là, Nora se pose des tas de questions. Qu’attend la vieille dame ? Pourquoi est-elle seule ? À travers ces interrogations, on assiste à l’évolution d’une enfant qui avance dans l’apprentissage de la vie.

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Mon avis…

Voici une BD dans la lignée de Passe-passe, que j’avais énormément apprécié, également chez les Editions de la Gouttière. Là aussi, la bande dessinée traite tout en douceur de sujets difficiles, qu’il s’agisse de la guerre, de la solitude, de l’amour ou de la mort… On suit une enfant au départ capricieuse, qui va petit à petit se retrouver confrontée à des aspects de la vie dont elle n’avait jamais vraiment eu confiance. Elle observe la vieille dame seule sur le banc dans son jardin, cela commence comme un jeu, et sans jamais lui parler elle finit par s’attacher à elle. La petite se demande pourquoi la vieille dame n’a pas trouvé l’amour, elle veut l’aider et lui offrir cette possibilité malgré son âge. On voyage à la fois dans une réalité très dure et dans un imaginaire riche en douceur. La petite fille a la chance de réussir à s’échapper grâce à son esprit fertile, à changer ces aspects tristes de la vie en quelque chose de beau. Cette capacité semble propre aux enfants et permet de redonner de la tendresse malgré les épreuves qui nous attendent finalement tous plus ou moins.

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Evidemment, ce livre s’adresse aux enfants. Certes, les sujets abordés sont parfois délicats mais la manière de les traiter est très enrichissante et permet d’aborder avec délicatesse certains sujets. Il peut être largement contestable de laisser l’enfant enfermé dans un univers aseptisé pour ensuite un jour le confronter aux épreuves de la vie, sans la moindre préparation. Il ne faut pas non plus lui enlever toute possibilité de rêver, loin de là. C’est là que les livres comme Nora ont un intérêt, car ils permettent à l’enfant d’approcher en douceur ces éléments indissociables de la vie, tout en gardant un imaginaire très présent. Et même après le choc de la mort, la petite Nora garde sa créativité et ses idées farfelues, échappatoire à l’horreur de la vie. On se rend compte finalement du réalisme de la bande dessinée, et on se rend compte que l’enfant arrive peut-être mieux à supporter le deuil et la tristesse que, nous, adultes. Nora serait peut-être alors une œuvre destinée aux plus grands, nous encourageant à retrouver notre innocence et cherchant à nous convaincre de rouvrir cette porte sur l’imaginaire que nous avons un jour fermé sans nous en rendre compte ?

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Ma note…

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Merci aux Editions de la Gouttière pour cette lecture.

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