#416 Un samedi soir entre amis – Anthony Bussonnais

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Le résumé…

Claire, inquiète, consulte à nouveau son portable. Il est vingt heures passées et son petit-ami, qui était censé venir la chercher, est introuvable. Cela fait bientôt six mois qu’ils sont ensemble, Claire le connaît bien. Medhi est toujours à l’heure. François est extrêmement organisé. Grâce à lui, la soirée du samedi est devenue un évènement incontournable que ses voisins, choisis avec le plus grand soin, ne rateraient pour rien au monde. C’est le moment idéal pour décompresser et se relâcher. En plein cœur de la forêt, Medhi est nu. Il tremble. Malgré l’obscurité, il parvient à repérer plusieurs personnes autour de lui, les rires vont bon train, tout le monde semble à la fête… Mais qu’attend-on vraiment de lui ?

Mon avis…

Le résumé de ce livre ne pouvait que m’intriguer… Pour une simple raison d’abord, il me rappelait énormément un texte que j’avais déjà lu, et que j’avais surtout adoré : Chiens de sang de Karine Giebel… Je voulais donc voir ce que ça allait donner… Autant vous dire que, nécessairement, je partais avec une bonne dose d’exigence. Karine Giebel avait réussi l’exploit de nous livrer un récit très très intense en peu de pages, et c’était un sans faute ! Ici, Anthony Bussonnais nous propose un roman d’une longueur beaucoup plus standard, et a donc plus de place pour développer l’intrigue et la psychologie des personnages… Vous l’avez deviné, c’est encore une véritable chasse à l’homme qui nous attend… L’intrigue, en elle-même, ne pose donc aucun problème : on s’attend à du suspense haletant, à de la violence, à de la haine inexpliquée ou inexplicable, à de nombreux rebondissements… Bref, le fond est prometteur.

Sur la forme néanmoins, plus de bémols. Un samedi soir entre amis est un bon roman divertissant, mais il est clair que quelques incohérences apparaissent très vite… Ne serait-ce qu’entre le résumé et le contenu du livre lui-même : les « invités » de François seraient triés sur le volet, ce qui n’est en réalité pas véritablement le cas, comme le révèle la fin du roman (que je ne vous révèlerai pas, cela va de soi). Il y a également quelques maladresses sur le plan sémantique. On se perd aussi parfois en raison de la construction même du roman, qui fonctionne sur un système de prolepses et d’analepses, avec des allers et retours dans le temps entre la préparation de ce fameux samedi soir, son déroulement sur place, et le vécu de Claire et des proches de Medhi qui mènent leurs recherches… Pour ce qui est de la psychologie des personnages, là encore, elle manque parfois de subtilité, ce qui peut être contrariant… L’auteur se rattrape néanmoins en abordant le sujet du racisme, ce qui apporte un intérêt supplémentaire à un récit qui a très clairement un rythme haletant !

Un ensemble un peu maladroit et inégal, donc. Mais pourtant, le roman fonctionne, et l’effet page-turner est au rendez-vous. Alors, certes, ce n’est pas le livre de l’année, mais je trouve que cela reste un bon roman pour les lecteurs peu tatillons qui cherchent une lecture violemment divertissante ! Vous l’avez compris, je suis mitigée. Je n’ai pas pu m’empêcher, tout au long de ma lecture, de penser à Chiens de sang (que je ne peux que recommander). Et Un samedi soir entre amis n’a pas réussi à s’imposer dans mon esprit, car il n’a pas su faire la différence par son originalité, ce qui est dommage. Je pense qu’Anthony Bussonnais peut se faire sa place dans le milieu du roman noir et du thriller s’il parvient à se démarquer un peu plus, avec un style plus fort, avec plus de recherches et de justesse. Il y a encore des choses à améliorer. Un petit ajout par rapport au reste de ma chronique : vous l’avez compris, Chiens de sang est une forte référence dans mon esprit et il est clair que quelqu’un qui ne connaît pas cet autre texte serait plus susceptible d’aimer Un samedi soir entre amis !

Carte d’identité du livre

Titre : Un samedi soir entre amis
Auteur : Anthony Bussonnais
Éditeur : Préludes
Date de parution : 05 février 2020

4 étoiles

Merci aux éditions Préludes et à NetGalley pour cette lecture.

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#412 Le journal de Claire Cassidy – Elly Griffiths

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Le résumé…

Dans le collège anglais où elle enseigne, Claire Cassidy donne chaque année un cours sur un classique de la littérature gothique, « L’Inconnu », de R.M. Holland. Cet écrivain a vécu et enseigné dans le même collège que Claire, qui, fascinée par ce personnage qui hante encore les murs de l’établissement, travaille à l’écriture de sa biographie. Mais un jour, Ella, sa collègue et amie est retrouvée morte. À côté de son corps, une citation de « L’Inconnu » …

La littérature et la vraie vie entrent alors en collision, et Claire devient suspecte aux yeux de la police. Et le mystère s’épaissit lorsqu’elle ouvre son journal intime, ce journal dans lequel elle écrit chaque jour, et découvre une écriture qui n’est pas la sienne : « Bonjour, Claire. Tu ne me connais pas. » L’Inconnu, lui, connaît Claire, jusqu’à ses moindres secrets, et il n’est visiblement pas étranger aux meurtres qui vont se succéder au sein même du collège, toujours inspirés du livre de R.M. Holland. Claire arrivera-t-elle à changer la fin de l’histoire ?

Mon avis…

Je vous reparle aujourd’hui d’Elly Griffiths, une autrice dont j’avais déjà chroniqué quelques livres, et en particulier l’excellent Les disparues du marais, que j’avais vraiment beaucoup adoré. Ce roman, je l’ai recommandé à de multiples reprises à l’époque où je travaillais en librairie, et j’ai toujours eu énormément de bons retours. Autant dire que j’ai sauté sur l’occasion de lire son nouveau roman paru en France, Le journal de Claire Cassidy. Ce roman est un one shot, dans le genre policier. Nous découvrons l’intrigue à travers les confidences de Claire à son journal intime, mais nous avons également le point de vue d’autres personnages féminins : Harbinder, l’enquêtrice, et Georgie, la fille de Claire. Elles se livrent sur la mort d’Ella, professeure d’anglais, collègue de Claire à Talgarth, une école dont le bâtiment a aussi été la demeure de l’auteur R.M. Holland, sur lequel travaille le personnage principal. Claire écrit un livre sur cet auteur gothique mystérieux, et tout le roman est rythmé par les références à son univers, en particulier par le biais des citations que sème le tueur…

« Rien dans ce monde n’est caché pour toujours. » (Wilkie Collins)

Le journal de Claire Cassidy, c’est donc un roman policier qui tourne autour de la littérature, et en particulier de la littérature victorienne. J’ai aimé plonger dans l’ambiance anglaise que décrit si bien Elly Griffiths, dans une enquête un peu vintage, qui rend si bien hommage aux romans gothiques que j’ai moi-même pris tant de plaisir à lire. Wilkie Collins, notamment, est mis à l’honneur. La Dame en blanc, l’un de mes romans préférés, est aussi l’un des livres de chevet de Claire Cassidy. L’enquête est absolument prenante, et sollicite donc un univers déjà habité par le suspense et la dissimulation… Évidemment, je ne peux pas vous révéler beaucoup de détails sur l’intrigue, sous peine de gâcher la lecture, mais je peux vous dire que c’est un vrai page-turner ! Idéal en ces temps où l’ennui peut vite s’inviter chez nous !

« L’Enfer est vide, tous les démons sont ici. » (William Shakespeare)

Paradoxalement, j’avais un petit blocage de lecture à cause de ce confinement – que je voyais pourtant comme une bonne occasion de m’y remettre sérieusement. Et bien, ce roman a tout débloqué. J’ai adoré découvrir l’univers de cet auteur fictif qu’est R.M. Holland, et replonger dans celui d’Elly Griffiths, que je connais maintenant depuis de nombreuses années et que j’ai appris à adorer ! Son écriture est vraiment très fluide, elle a le don pour construire une intrigue prenante, passionnante et cohérente, sans moments de flottements. Bref, un plaisir ! Je vous recommande vivement ce thriller très qualitatif, qui change des livres que l’on trouve trop souvent aujourd’hui en librairie depuis le succès de La Fille du train : des « thrillers » qui se ressemblent tous, qui veulent surfer sur la vague et qui n’ont plus la moindre originalité. Si vous ne connaissez pas la plume d’Elly Griffiths, c’est l’occasion de découvrir et d’apprécier son talent !

Carte d’identité du livre

Titre : Le journal de Claire Cassidy
Autrice : Elly Griffiths
Traducteur : Elie Robert-Nicoud
Éditeur : Hugo Thriller
Date de parution : 02 janvier 2020

5 étoiles

Merci à NetGalley et à Hugo Thriller pour cette lecture.

#406 Pucelle – Florence Dupré La Tour

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Le résumé…

Depuis sa plus tendre enfance, Florence ignore tout ce qui se passe… en-dessous de la ceinture. Elle imagine que le papa met la petite graine dans le nombril de la maman, et puis de toute façon, il est tacitement interdit, dans la famille, de parler de « la chose qui ne doit pas être dite ». Alors… Florence imagine des scénarii terribles, parfois idiots ; Florence s’angoisse devant le poids de la tradition qui place inéluctablement la femme dans une position inférieure ; Florence, à sa façon, résiste pour ne pas sombrer.

Mon avis…

Aujourd’hui, je vous parle d’une bande dessinée qui n’est pas encore sortie, mais encore un peu de patience : c’est pour bientôt ! Le 20 mars, donc, vous pourrez découvrir Pucelle de Florence Dupré La Tour, qui s’attaque à la sacro-sainte virginité. Florence, le personnage, vit dans un monde que nous connaissons tous : héritage judéo-chrétien, société patriarcale… Mais sa famille est un peu plus « radicale » que les autres, car profondément conservatrice et rétrograde. Florence reste longtemps une enfant, ignorant tout de ce qui l’attendra quand viendra le moment fatidique du premier rapport charnel. En partant de sa petite enfance, elle raconte sa « non-éducation » sexuelle, et l’impact qu’elle a eu sur sa construction, en tant que femme.

Cette bande dessinée, au style que j’ai trouvé assez enfantin, montre les clichés dans lesquels grandit cette petite fille, et les conséquences catastrophiques qu’ils ont sur sa perception du monde. Sujet passionnant s’il en est. Et, même si j’avoue m’être personnellement très peu reconnue dans ce personnage, j’ai apprécié découvrir cette vision singulière. Sans avoir été très sensible au style de l’autrice et aux illustrations, je dois néanmoins avouer que cette lecture m’a un peu déstabilisée, dans le bon sens du terme. Je ne saurais que trop la conseiller aux personnes que ces problématiques intéressent ! C’est un point de vue original, assez drôle et décalé, tout en étant profondément proche de la réalité.

Carte d’identité du livre

Titre : Pucelle
Autrice : Florence Dupré La Tour
Éditeur : Dargaud
Date de parution : 20  mars 2020

3 étoiles

Merci à NetGalley et à Dargaud pour cette lecture.

#405 T’as pensé à… ? – Coline Charpentier

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Le résumé…

« J’ai lancé le compte “T’as pensé à… ?” sur Instagram un mardi matin de novembre, entre le biberon de mon fils et mon café. Après la participation de copines épuisées, des milliers de femmes sont venues témoigner. Avec une seule et même question : pourquoi, alors que nous avions fait un enfant à deux, nous nous retrouvions à gérer seules la suite ? Et que faire une fois que nous avions dénoncé ? Ce livre apporte un début de réponse pour aller vers l’action. »

Coline Charpentier propose une ouverture au dialogue sur la charge mentale. Comment en mesurer l’importance dans son propre couple ? Comment répondre aux sceptiques qui pensent que les femmes « n’ont qu’à mieux s’organiser » ? Comment s’en sortir et retrouver un équilibre, dans son couple et dans la société ?

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Mon avis…

Et si nous parlions « charge mentale » ? Cette notion est souvent considérée comme complexe, et elle en devient malheureusement incomprise. De plus en plus d’ouvrages s’emparent de cette expression et tentent de l’expliquer, avec plus ou moins de succès. T’as pensé à… ? est né d’un compte Instagram, sur lequel sa créatrice partage des anecdotes que lui communiquent des dizaines de femmes. Elles y parlent de leur vécu, au quotidien, et de leur ressenti. Elles montrent, dans le concret, ce qu’est pour elles la charge mentale. Le livre reprend certains de ces témoignages, et c’est sur cette base que Coline Charpentier élabore ses conseils, ses réflexions. Grâce à T’as pensé à… ?, vous comprendrez enfin ce qu’est la charge mentale, mais surtout vous trouverez des solutions pour y remédier, en la partageant avec l’élu de votre coeur.

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Cet ouvrage, très simple et court, invite à la réflexion. Vous ne vous perdrez pas dans les méandres de longs développements théoriques. Non, vous reconnaîtrez probablement votre propre situation, si vous avez des enfants, ou si vous êtes simplement en couple. Et vous vous sentirez moins seule, très certainement. Le titre, T’as pensé à… ?, évoque toutes ces petites phrases que l’on a toutes entendues : « T’as pensé à repasser ma chemise ? », « T’as pensé à préparer le sac des enfants ? », « T’as pensé à acheter du pain ? », « T’as pensé à faire le ménage ? », etc. Toutes ces choses à penser qui surchargent l’esprit de la plupart des femmes, et entraînent une fatigue harassante… Allez, la charge mentale : c’est fini ! Il faut changer les choses maintenant, et ce petit livre, en bon petit guide, vous donne quelques pistes.

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Certes, T’as pensé à… ? ne va pas révolutionner votre vie quotidienne, c’est à vous de la transformer, et à votre conjoint(e). Mais le livre invite à la prise de conscience, à prendre du recul sur notre propre situation, et à identifier dans tout ce fouillis routinier ce qui, concrètement, pose problème. Ce que j’ai apprécié dans cet ouvrage, c’est sa simplicité, son accessibilité, et je trouve qu’il peut être une bonne porte d’entrée sur le sujet, une bonne approche de cette problématique de la charge mentale. Sans tout dire, il constitue un bon début. En plus, Coline Charpentier introduit beaucoup d’humour dans ce livre, ce qui rend l’exploration de cette sérieuse thématique un peu plus légère ! Et ça, clairement, c’est assez plaisant. T’as pensé à… ? est à mettre entre les mains des curieux, des sceptiques, des craintifs du féminisme, ou des personnes qui ne savent pas par où commencer et veulent simplement comprendre ce qui se cache derrière la « charge mentale ».

Carte d’identité du livre

Titre : T’as pensé à… ?
Autrice : Coline Charpentier
Éditeur : Livre de Poche
Date de parution : 08 janvier 2020

4 étoiles

Merci à NetGalley et au Livre de Poche pour cette lecture.

#377 Écouter le noir – Collectif

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Le résumé…

Les grands noms du thriller français mettent nos sens en éveil.

Treize auteurs prestigieux de noir sont ici réunis et, si chacun a son mode opératoire, le mot d’ordre est le même pour tous : nous faire tendre l’oreille en nous proposant des récits qui jouent avec les différentes définitions de l’audition.

Dans ces nouvelles, ils ont donné libre cours à leur noire imagination pour créer une atmosphère, des personnages inoubliables et une tension qui vous happeront dès les premiers mots… et jusqu’à la chute. Éclectique et surprenant, ce recueil renferme onze expériences exceptionnelles de lecture.

Laissez-vous chuchoter à l’oreille, venez Écouter le noir.

Mon avis…

C’est sur l’initiative d’Yvan Fauth, du blog EmOtionS, qu’est né le recueil de nouvelles Écouter le noir. Il a proposé à quelques auteurs et autrices de thrillers, romans policiers et romans noirs, d’écrire autour du mot « audition ». Cela donne des récits très différents les uns des autres, dans lesquels nous pouvons retrouver la patte de chacun.e, tout en laissant une grande place à la surprise ! Vous trouverez dans ce livre treize écrivain.e.s et onze histoires écrites par :

Barbara Abel et Karine Giebel ♦ Jérôme Camut et Nathalie Hug ♦ Sonja Delzongle ♦ François-Xavier Dillard ♦ R.J. Ellory ♦ Nicolas Lebel ♦ Sophie Loubière ♦ Maud Mayeras ♦ Romain Puértolas ♦ Laurent Scalese ♦ Cédric Sire

Un casting 5 étoiles donc. Vous vous en doutez, il est difficile de donner un avis très détaillé sans gâcher le plaisir de la lecture et sans en révéler trop. Je me contenterais donc de vous dire que ce livre est un recueil de textes éclectiques, qu’il y en a pour tous les goûts et que vous ferez, je le pense, de très belles (re)découvertes.

J’ai trouvé qu’ouvrir l’ouvrage sur la nouvelle de Barbara Abel et Karine Giebel était vraiment une idée formidable car ce texte, « Deaf », met tout de suite dans l’ambiance. On part pour une escapade mortelle, ça secoue, c’est sec, net, précis : en un mot, efficace.

J’ai personnellement beaucoup aimé la deuxième nouvelle, celle de Sonja Delzongle, « Tous les chemins mènent au hum », qui fait expérimenter au personnage le bruit, le silence… Lequel est l’enfer ?

J’ai aussi particulièrement apprécié la nouvelle de Nicolas Lebel, « Sacré chantier », qui s’attaque à sujet profondément d’actualité, et de façon très originale et moderne, avec son humour et son côté décalé caractéristique.

Celle de François-Xavier Dillard, « Ils écouteront jusqu’à la fin », m’a aussi beaucoup marquée, avec une plongée dans les méandres les plus obscurs de la musique classique

La nouvelle de Romain Puértolas, « Fête foraine », m’a bien fait rire. C’est peut-être la moins « noire » de toutes, mais elle est vraiment dans le thème et très originale.

Celle de Cédric Sire, sans surprise, était tout aussi waouh, parfaite. « Le diable m’a dit » était vraiment la nouvelle idéale pour clore le recueil.

Bon, je ne vous ai pas parlé de tous les récits, je vous laisse le soin de les découvrir par vous-même. Une chose est sûre, vous allez passer un bon moment. Je recommande vraiment ce livre pour les fans de thrillers et romans noirs, pour ceux qui veulent découvrir également, et pourquoi pas pour faire un beau cadeau ? Après tout, ce bouquin a été conçu par un amoureux des livres, avec des amoureux des livres, pour des amoureux des livres ! À découvrir.

Carte d’identité du livre

Titre : Écouter le noir
Auteurs et autrices : Collectif
Dirigé par : Yvan Fauth
Éditeur : Belfond
Date de parution : 16 mai 2019

5 étoiles

Merci aux éditions Belfond et à NetGalley pour cette lecture.

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#376 Bleue – Maja Lunde

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Le résumé…

Norvège, 2017. Depuis son plus jeune âge, Signe a fait passer l’écologie avant tout. Ainsi a-t-elle préféré renoncer à Magnus, dont elle ne partageait pas les idées. Aujourd’hui, elle vit sur un bateau amarré dans un fjord, au plus près de l’eau.  Et c’est pour sauver l’eau qu’elle décide à soixante-sept ans d’entreprendre un dernier périple en mer, lorsqu’elle apprend qu’une opération commerciale, autorisée jadis par Magnus, menace son glacier natal. L’heure est venue pour Signe d’affronter son grand amour perdu. Pour cela, elle doit prendre la direction du sud de la France…

France, 2041. La guerre de l’eau bat son plein. Avec Lou, sa fille aînée, David a fui les Pyrénées ravagées par la sécheresse pour retrouver sa femme et leur bébé, dont il a été séparé. Mais les réfugiés climatiques sont bloqués à la frontière, et les ressources commencent à manquer. Un jour, à des kilomètres de la côte, David et Lou trouvent un voilier au beau milieu d’un champ desséché : le bateau de Signe…

Mon avis…

Après l’excellent Une histoire des abeilles, Maja Lunde revient avec une nouvelle fable dystopique : Bleue. Cette fois, ce ne sont pas trois mais deux trames narratives que nous suivons, l’une en 2017, l’autre en 2041. J’apprécie beaucoup cette construction, qui permet d’avoir plusieurs regards sur l’événement, ici la sécheresse. Si ce roman, comme le précédent, a clairement pour but de nous faire réfléchir aux enjeux écologiques et climatiques de notre époque, c’est aussi un livre passionnant, avec des personnages attachants et une intrigue prenante.

Bleue est un texte magnifique, qui nous montre des temps futurs, où de nombreux européens, français compris, seront obligés de fuir les villes dévastées par des incendies que l’on ne peut plus éteindre par manque d’eau, devenant ainsi des réfugiés climatiques dont, malheureusement, les autres pays ne veulent pas… Triste ironie du sort, me direz-vous… Mais c’est aussi et surtout profondément réaliste. L’eau a disparu, les fleuves se sont taris, l’eau courante est rationnée dans les camps où se réunissent les survivants… Quant à l’histoire qui se déroule vingt-quatre ans plus tôt, elle nous montre un échantillon de la destruction de la planète, de son exploitation à l’excès, tout en proposant un récit individuel, montrant le destin de personnages et leur lien avec ce processus. Ici, ni grand méchant ni grand gentil, juste des êtres humains parfois inconscients, toujours fragiles…

Malgré le caractère dystopique, Maja Lunde injecte de l’espoir tout au long de son roman, au travers de ses êtres de papier, et en particulier de la petite Lou. Comme dans Une histoire des abeilles, le salut du monde se trouve entre les mains des enfants… Loin d’être simpliste et moralisatrice, cette histoire est bien au contraire d’une richesse folle, et remplie de tendresse. Ce roman est encore une fois un véritable coup de cœur, car il mêle avec subtilité réflexions actuelles sur l’avenir du monde et divertissement. Oui, c’est à la fois une lecture plaisir et réflexive, et c’est pour cette raison que je vous conseille vivement ce livre. Il est scientifiquement documenté, certes, mais il amène une touche d’humanité et d’individualité dans ce récit parfois catastrophique de l’avenir qui nous attend si le monde continue à tourner ainsi.

Carte d’identité du livre

Titre : Bleue
Autrice : Maja Lunde
Traductrice : Marina Heide
Éditeur : Presses de la Cité
Date de parution : 09 mai 2019

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Coup de coeur

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Merci aux éditions Presses de la Cité et à NetGalley pour cette lecture.

#344 La Femme qui ressuscite : Vies d’Anastasia Romanov – Nadia Oswald

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Le résumé…

Février 1919. Une jeune fille se réveille dans le lit d’une clinique de Berlin, amnésique, après s’être jetée dans le fleuve. Le mystère autour de son identité commence, en même temps qu’une des plus grandes énigmes du XXe siècle. Est-ce Anastasia Romanov, la dernière survivante du clan Romanov épargnée par les bolcheviks… ou l’ambitieuse petite paysanne schwab de Pologne qui réussira toute sa vie à donner le change auprès des familles impériales de la planète en se faisant passer pour la défunte princesse ? L’héroïne reconstruit sa mémoire et son identité… mais sont-ce bien les siennes ?

Mon avis…

Basé sur des faits historiques, ce roman nous raconte la longue descente d’Anna Anderson dans les profondeurs du mensonge. Amnésique, elle s’identifie au personnage d’Anastasia Romanov, la Grande Duchesse russe… Nadia Oswald nous fait ce récit de façon assez neutre et objective. Les phrases sont parfois assez longues, le rythme de la narration est lent. Cela donne un aspect presque « documentaire » au roman. J’étais très intriguée par « les vies d’Anastasia Romanov », car mon imaginaire est, je l’avoue, habité par le dessin animé qui a bercé mon enfance… Bon, ici, très honnêtement : rien à voir ! J’ai très vite dû effacer cette référence de mon esprit (j’en connaissais déjà l’inexactitude historique, bien sûr), car ce livre fait le portrait d’une toute autre Anastasia. Au coeur de ce roman, le mensonge, l’imposture, la hantise de l’oubli... Nadia Oswald nous montre la volonté d’un grand nombre de perpétuer les souvenirs de la Russie impériale… En croyant en la survie d’Anastasia, en voyant la Grande Duchesse en Anna, c’est tout un pan de l’histoire russe qu’ils tentent de préserver. En soi, le propos est intéressant et particulièrement instructif… Mais j’aurais aimé que ce récit soit aussi passionnant, et ce n’était pas le cas. Je me suis très vite ennuyée… Je pense que c’est aussi dû au style de l’autrice, qui cherche semble-t-il à préserver une certaine distance critique avec les personnages… Elle cherche à décrire un processus psychologique, l’enfouissement d’Anna dans le déguisement d’Anastasia, où elle finit par s’effacer complètement. Mais, du coup, difficile de rendre plaisante et divertissante une telle lecture… Dommage.

Carte d’identité du livre

Titre : La Femme qui ressuscite : Vies d’Anastasia Romanov
Autrice : Nadia Oswald
Éditeur : Le Nouvel Attila
Date de parution : 13 avril 2018

2 étoiles

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Merci à NetGalley et aux éditions Le Nouvel Attila pour cette lecture.

#341 Le suivant sur la liste, tome 1 – Manon Fargetton

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Le résumé…

Adolescent surdoué, Nathan est percuté mortellement par un automobiliste devant son collège. Témoin de la scène grâce à sa vision exceptionnelle, Izia sait que le chauffeur a agi intentionnellement. Non loin de là, Morgane, une irrésistible jeune fille, rend visite à sa mère internée et y rencontre Timothée, que le moindre contact physique avec autrui fait souffrir. Bientôt, tous trois reçoivent des messages posthumes de Nathan. Réunis puis traqués, ils découvrent qu’ils sont nés dans la même clinique par procréation médicalement assistée. De quelles manipulations ont-ils été cobayes ?

Mon avis…

Voici un livre pour les 12 ans et plus… ça tombe bien, j’en ai 24 ! Pour être honnête, ça fait du bien de se plonger dans des histoires pour ados même si on n’en est plus une… C’est reposant tout en nous permettant d’entrer dans des textes pleins de rebondissements ! Ici, on est dans une intrigue au croisement du thriller, de la SF et de l’histoire d’espionnage. C’est simple et efficace. Quatre adolescents se retrouvent liés, pour le meilleur… enfin, surtout pour le pire, en réalité ! Les personnages sont assez attachants, en ayant chacun leur propre caractère, avec une psychologie assez bien construite. Le lecteur ado n’aura aucun mal à s’identifier à l’un d’eux et à s’intégrer à leur groupe… Le roman est assez court, mais fait bien le job, il accroche suffisamment pour qu’on ait envie de passer au second tome et suivre plus longuement les aventures de ces jeunes gens ! Je conseille aux ados qui cherchent une petite série à commencer, avec du suspense et de l’action ! A découvrir…

Carte d’identité du livre

Titre : Le suivant sur la liste (tome 1)
Autrice : Manon Fargetton
Éditeur : Rageot
Date de parution : 16 août 2018

4 étoiles

Merci à Rageot et NetGalley pour cette lecture.

#320 Regarde-moi – Aga Lesiewicz

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Le résumé…

Photographe free-lance à Londres, Kris mène la vie de bohème dont elle a toujours rêvé. Mais la réception d’un étrange e-mail vient jeter une ombre sur son quotidien. Expéditeur anonyme ; pas de texte, juste une pièce jointe : une photo d’elle, prise des années plus tôt sur une scène de crime, à l’époque où elle bossait pour la police. Un cliché que Kris n’avait jamais vu et dont elle ignorait l’existence.

Bientôt, d’autres messages se succèdent, énigmatiques et angoissants. Des vidéos de l’intérieur de son appartement. Des photos de son fiancé, street artist célèbre, en pleins ébats torrides avec une autre. Et puis, ce montage macabre, simulant sa propre mort.

Harcelée par un troll qui semble parfaitement la connaître, Kris succombe peu à peu à la terreur. Comment démasquer l’expéditeur de ces menaces ? À qui se fier ? Pour Kris, le cauchemar ne fait que commencer…

Mon avis…

Et oui, c’est ma période « thriller psychologique« , apparemment ! Je n’arrête pas d’en lire en ce moment… Pour celui-ci, je me suis clairement laissée séduire par la quatrième de couverture, très tentante. On est ici dans un univers original, celui de la photographie et de l’art en général. Dans l’esprit, on est un peu dans les mêmes procédés que L’Echange, dont je vous ai parlé récemment. Le passage par le numérique pour le harcèlement y est aussi très présent. D’ailleurs, l’autrice nous livre nombre de détails sur la photo – et sur le piratage – qui, en fait, tendent à nous perdre. Je pense qu’on aurait peut-être pu se passer de certains et que la fluidité de lecture en aurait été meilleure. Personnellement, si j’ai lu le roman avec intérêt, je n’ai pas ressenti l’effet « page-turner » que je recherche. Ce n’est pas un roman qui nous fait ressentir un suspense insoutenable. D’ailleurs, la fin est en fait assez décevante, à mon avis. A mon grand regret, je dirais que la mayonnaise n’a pas pris ! Pour autant, cela reste une bonne lecture, mais je ne suis pas sûre que je la recommanderais, en comparaison d’autres romans dans le même genre et procurant plus de plaisir.

En quelques mots…

thriller psychologique
harcèlement
univers de la photo
se lit bien, mais sans plus

Carte d’identité du livre

Titre : Regarde-moi
Autrice : Aga Lesiewicz
Traductrice : Julia Taylor
Éditeur : Belfond
Date de parution : 07 juin 2018

3 étoiles

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Merci aux éditions Belfond et à NetGalley France pour cette lecture.

#319 Maria Vittoria – Elise Valmorbida

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Le résumé…

1923, dans un hameau perdu au coeur des Dolomites. Maria Vittoria est une jeune femme belle et discrète. Quand son père désigne pour elle son futur époux, Maria s’incline, et bientôt le couple fonde un foyer et ouvre un magasin. Or l’ombre du fascisme et la menace de la guerre pourraient bien rompre l’équilibre et séparer les familles.
Entre amour et haine, jalousie et générosité, foi et raison, Maria devra choisir son destin. Au prix, parfois, d’immenses sacrifices…

Mon avis…

J’ai été attirée par ce livre, en particulier car il se déroule en Italie, pays dont j’avoue méconnaître la façon dont il a vécu la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, cela m’intéressait beaucoup de découvrir le portrait de cette époque, de l’entre-deux guerres à l’après-guerre. C’est probablement l’aspect le plus enrichissant du livre, car on peut y lire les moeurs de la société italienne, en particulier celle des petits villages, et on y voit la façon dont y vivent les femmes, surtout. C’est un roman qui ne cherche aucunement à porter un jugement sur ses personnages, qui sont soumis à notre regard de lecteur du XXIe siècle. On y voit ainsi la description de la foi sans faille (ou presque) de Maria Vittoria et de la façon dont celle-ci est confrontée à la dure réalité du fascisme et de la guerre. Nous suivons une famille entière dans les affres du conflit, poussés à de nombreux sacrifices pour survivre… Pourtant, malgré cette focalisation sur un petit nombre de personnages, et en particulier sur une, Maria Vittoria, je n’ai pas réussi à m’attacher à eux. L’autrice n’a malheureusement pas su me tenir en haleine. Je n’ai ressenti ni joie, ni tristesse, pour ces êtres de papier. En fait, j’ai apprécié l’aspect historique et social de l’oeuvre, dans la mesure où on y explore un temps et un lieu, souvent méconnu de nous. Cependant, la dimension psychologique et l’intrigue elle-même m’ont paru sans attrait. J’en suis la première désolée, car j’aurais adoré prendre plus de plaisir à la lecture, vous vous en doutez bien. C’est donc une lecture en demie-teinte pour moi, à la fois intéressante car elle permet une meilleure compréhension d’une époque et d’un pays, mais en même temps souvent ennuyante…

En quelques mots…

saga familiale
Italie d’entre-deux guerres
une intrigue assez plate
instructif et intéressant

Carte d’identité du livre

Titre : Maria Vittoria
Autrice : Elise Valmorbida
Traductrice : Claire Desserrey
Éditeur : Préludes
Date de parution : 19 septembre 2018

3 étoiles

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Merci aux éditions Préludes et à NetGalley France pour cette lecture.