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Je vous propose aujourd’hui de plonger dans l’univers de Christine Féret-Fleury et d’en apprendre un peu plus sur son roman La femme sans ombre, paru aux éditions Denoël. Allez, mettez votre musique classique préférée et suivez-nous !

Christine Féret-Fleury © Philippe Matsas / Denoël
La femme sans ombre est un roman qui met en scène deux femmes, l’une est une cheffe d’orchestre à la renommée grandissante, et l’autre une tueuse à gages passionnée d’opéra. Tout les oppose, sauf la musique. D’où vous est venue l’idée d’écrire un roman habité par cet art ?
Je suis, depuis longtemps, une passionnée de musique, et j’aime tout particulièrement la musique classique et l’opéra. J’ai d’ailleurs passé quelques années au Conservatoire en classe de chant ; je continue à chanter, dans un ensemble, et je reprends des cours depuis peu. Des moments magiques, qui me remplissent d’énergie ! C’est un univers que j’avais depuis longtemps envie d’explorer par l’écriture. L’histoire de la musique est un reflet de l’histoire de nos sociétés, elle nous en montre tous les visages, de la rébellion à la soumission, de la douceur à la violence. Et toutes les contradictions, aussi…
À la lecture de votre livre, ce qui me frappe le plus est l’omniprésence des personnages féminins. C’est particulièrement réjouissant de faire ce constat et, malgré moi, je ne peux m’empêcher de vous demander les raisons de ce choix (malheureusement) si peu conventionnel.
Pourquoi des personnages féminins ? Parce que nous vivons (je l’espère) une explosion, même si elle semble, pour celles qui la vivent, avoir été filmée au ralenti : il y a de plus en plus de cheffes d’orchestre bien qu’elles restent minoritaires et se heurtent à de nombreux préjugés, alors pourquoi pas une tueuse à gages ? Pourquoi ne pas casser les codes, réinventer les rôles ? C’est jubilatoire et c’est nécessaire.
Vous faites une place assez importante dans ce roman à l’histoire du Rwanda, pour quelle raison ?
Le Rwanda s’est imposé à moi dès que j’ai créé le personnage de Hope Andriessen. On pourrait presque dire qu’elle m’a soufflé son histoire en prenant corps, en se dessinant dans mon esprit. Tout ce que j’ai eu à faire a été de me rendre disponible, de me faire discrète et de l’écouter. C’est difficile de dire une douleur que l’on n’a pas subie, de la dire avec honnêteté, de s’oublier et de se fondre dans un personnage. Je me suis demandée à plusieurs reprises : « Ai-je le droit ? Suis-je légitime ? ». Il est normal de se poser ces questions. Mais j’ai continué à cheminer au côté de Hope, et elles se sont estompées dans l’amour que j’éprouvais pour cette femme.
L’une des particularités de votre livre est la narration à la deuxième personne du singulier, qui est très rare en littérature. Pourquoi ce choix singulier ?
Le « tu » aussi s’est imposé à moi presque tout de suite. Je voulais différencier le personnage de la tueuse de celui de Hope et la première personne ne fonctionnait pas. À distance, c’était ce que je pensais d’elle – à distance de tout et d’abord d’elle-même. D’où ce « tu » qu’elle s’adresse comme si elle se regardait agir d’un peu loin. Ce « tu » qui disparaît dans les dernières lignes du roman, mais je n’en dis pas plus… !
Et, pour finir, en tant que grande curieuse, j’aimerais beaucoup connaître vos sources d’inspiration littéraires, ces auteurs et autrices qui ont fait ce que vous êtes aujourd’hui.
Il y en a tellement que j’aurais du mal à les citer toutes et tous ! Je lis énormément, et j’ai eu des « périodes » tout au long de mon enfance, de mon adolescence et de ma vie d’adulte : période Club des Cinq et Fantômette, période Kipling et Andersen, période Colette, Duras, Zola, Agatha Christie, période Tolkien, période Proust, Borges, Pavese, Garcia Marquez, Virginia Woolf, Marguerite Yourcenar, période romantiques allemands et période écrivains japonais, période polars nordiques ! Tous ont glissé un fil dans cette tapisserie magique qui palpite pas très loin de mon champ de vision quand je me mets à écrire… Mes derniers coups de cœur : My Absolute Darling de Gabriel Tallent et Hunger de Roxane Gay.
Cette interview se clôt sur une image coup de coeur de Christine Féret-Fleury, une très amusante « chorale de canettes » ! Toujours en musique et avec le sourire.
C’est avec un grand plaisir que j’ai découvert les réponses passionnantes de l’autrice, qui me permettent de mieux comprendre les choix qui font de La femme sans ombre un roman aussi original ! J’espère que cet entretien vous aura donné envie de plonger entre les pages de ce roman.
Je remercie sincèrement Christine Féret-Fleury de s’être prêtée au jeu de l’interview en 5 questions, et je voudrais aussi exprimer toute ma gratitude aux éditions Denoël pour avoir rendu possible cet échange.
Bonne lecture !
Vous pouvez retrouver ma chronique de La femme sans ombre en cliquant sur la couverture du livre ci-dessous.