#354 Le Diable dans la peau – Paul Howarth

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Le résumé…

Australie, Queensland, 1885. Une vague de sécheresse conduit la famille McBride au bord de la ruine. Leur terre est stérile, leur bétail affamé. Lorsque la pluie revient enfin, la famille pense être tirée d’affaire. Mais le destin en a décidé autrement. Un soir en rentrant chez eux, Billy et Tommy, les jeunes fils McBride, découvrent leur famille massacrée. Billy soupçonne immédiatement leur ancien vacher aborigène. Les deux garçons se tournent vers John Sullivan, leur riche et cruel voisin, pour qu’il les aide à retrouver le coupable. Malgré les réticences du jeune Tommy, Sullivan fait appel à la Police aborigène, menée par l’inquiétant inspecteur Edmund Noone. Les frères McBride vont alors être entraînés dans une chasse à l’homme sanguinaire à travers l’outback désertique. Témoin impuissant des ravages que laisse la petite troupe dans son sillage, Tommy ouvrira les yeux sur le vrai visage de la colonisation australienne.

Mon avis…

Grâce aux éditions Denoël, je me suis aventurée dans une lecture un peu atypique pour moi… Depuis que je suis petite, j’ai une certaine aversion pour les histoires du genre « western« , avec seulement de rares exceptions… Pourtant, je me suis laissée tenter par ce roman qui m’a séduite grâce à sa très belle couverture mais aussi en raison de son résumé et des thèmes qu’il aborde. Son côté « thriller » et le propos sur la colonisation m’a beaucoup intéressée. Voici donc ma chronique de ce roman.

Nous plongeons dans l’Australie de la fin du XIXe siècle, on est à peine quelques décennies après la colonisation et la création du Queensland. Nous découvrons une famille qui subit de plein fouet la sécheresse alors que les terres voisines, qui appartiennent à John Sullivan, prospèrent… Tout de suite, une atmosphère de malaise est introduite. On perçoit la tension entre le père McBride et Sullivan, qui semblent se détester, même si le premier cherche à tout prix à éviter le contact avec le second. On est aussi en pleine ségrégation raciale, et assez régulièrement le roman suggère même l’ethnocide en cours en Australie, avec une volonté plus ou moins assumée d’éliminer les Aborigènes du territoire…

« Ces indigènes, de ce que j’en ai vu, on leur a donné toutes les opportunités, mais ils refusent toujours de changer. Le travail, l’éducation : on a tout fait pour les civiliser, mais ils ont la sauvagerie dans le sang. J’ai même entendu dire qu’ils mangent leurs propres enfants, pour l’amour du ciel. Et pourtant ils sont tout autour de nous, on les fait entrer dans notre maison ! »

On a donc d’un côté un contexte « individuel », une situation très délicate pour une famille blanche qui va être brutalement détruite, et d’un autre côté un contexte global, historique, qui nous montre la violence de la colonisation. Ce dernier point est développe à travers plusieurs points de vue, dans le cadre d’un roman très polyphonique: certains haïssent purement et simplement les Aborigènes, les considèrent comme des animaux, d’autres veulent les éliminer sous couvert de théories scientifiques telles que l’évolutionnisme, etc. Le romancier parvient donc à nous montrer toute la complexité de ce contexte historique, ce qui est tout à fait bienvenu.

D’ailleurs, le personnage de Tommy est parfaitement exploité. Il est jeune, est encore influençable et il a pourtant déjà certaines convictions… Il est obligé de regarder et de participer à cette violence. On n’a pas affaire à un simple « gentil » qui s’opposeraient à plein de personnages racistes très méchants ! Il n’y a aucune simplification. Ce roman, malgré sa violence crue et sanguinolente, se caractérise par une certaine subtilité. Il ne faut pas oublier, enfin, le suspense toujours présent dans ce livre, car on est dans une sorte de thriller. C’est aussi le roman d’une vengeance, après tout !

Même si je n’ai pas eu un coup de cœur pour ce livre, c’est clairement un texte que je n’hésiterais pas à conseiller à ceux que ces problématiques intéressent, et aux amateurs de « western » (bien que le terme soit peu adapté étant donné la situation géographique). Bref, vous l’aurez compris grâce à cette chronique, c’est encore une belle découverte avec les éditions Denoël.

Carte d’identité du livre

Titre : Le Diable dans la peau
Auteur : Paul Howarth
Traductrice : Héloïse Esquié
Éditeur : Denoël
Date de parution : 18 octobre 2018

4 étoiles

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Merci aux éditions Denoël pour cette lecture.

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