#416 Un samedi soir entre amis – Anthony Bussonnais

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Le résumé…

Claire, inquiète, consulte à nouveau son portable. Il est vingt heures passées et son petit-ami, qui était censé venir la chercher, est introuvable. Cela fait bientôt six mois qu’ils sont ensemble, Claire le connaît bien. Medhi est toujours à l’heure. François est extrêmement organisé. Grâce à lui, la soirée du samedi est devenue un évènement incontournable que ses voisins, choisis avec le plus grand soin, ne rateraient pour rien au monde. C’est le moment idéal pour décompresser et se relâcher. En plein cœur de la forêt, Medhi est nu. Il tremble. Malgré l’obscurité, il parvient à repérer plusieurs personnes autour de lui, les rires vont bon train, tout le monde semble à la fête… Mais qu’attend-on vraiment de lui ?

Mon avis…

Le résumé de ce livre ne pouvait que m’intriguer… Pour une simple raison d’abord, il me rappelait énormément un texte que j’avais déjà lu, et que j’avais surtout adoré : Chiens de sang de Karine Giebel… Je voulais donc voir ce que ça allait donner… Autant vous dire que, nécessairement, je partais avec une bonne dose d’exigence. Karine Giebel avait réussi l’exploit de nous livrer un récit très très intense en peu de pages, et c’était un sans faute ! Ici, Anthony Bussonnais nous propose un roman d’une longueur beaucoup plus standard, et a donc plus de place pour développer l’intrigue et la psychologie des personnages… Vous l’avez deviné, c’est encore une véritable chasse à l’homme qui nous attend… L’intrigue, en elle-même, ne pose donc aucun problème : on s’attend à du suspense haletant, à de la violence, à de la haine inexpliquée ou inexplicable, à de nombreux rebondissements… Bref, le fond est prometteur.

Sur la forme néanmoins, plus de bémols. Un samedi soir entre amis est un bon roman divertissant, mais il est clair que quelques incohérences apparaissent très vite… Ne serait-ce qu’entre le résumé et le contenu du livre lui-même : les « invités » de François seraient triés sur le volet, ce qui n’est en réalité pas véritablement le cas, comme le révèle la fin du roman (que je ne vous révèlerai pas, cela va de soi). Il y a également quelques maladresses sur le plan sémantique. On se perd aussi parfois en raison de la construction même du roman, qui fonctionne sur un système de prolepses et d’analepses, avec des allers et retours dans le temps entre la préparation de ce fameux samedi soir, son déroulement sur place, et le vécu de Claire et des proches de Medhi qui mènent leurs recherches… Pour ce qui est de la psychologie des personnages, là encore, elle manque parfois de subtilité, ce qui peut être contrariant… L’auteur se rattrape néanmoins en abordant le sujet du racisme, ce qui apporte un intérêt supplémentaire à un récit qui a très clairement un rythme haletant !

Un ensemble un peu maladroit et inégal, donc. Mais pourtant, le roman fonctionne, et l’effet page-turner est au rendez-vous. Alors, certes, ce n’est pas le livre de l’année, mais je trouve que cela reste un bon roman pour les lecteurs peu tatillons qui cherchent une lecture violemment divertissante ! Vous l’avez compris, je suis mitigée. Je n’ai pas pu m’empêcher, tout au long de ma lecture, de penser à Chiens de sang (que je ne peux que recommander). Et Un samedi soir entre amis n’a pas réussi à s’imposer dans mon esprit, car il n’a pas su faire la différence par son originalité, ce qui est dommage. Je pense qu’Anthony Bussonnais peut se faire sa place dans le milieu du roman noir et du thriller s’il parvient à se démarquer un peu plus, avec un style plus fort, avec plus de recherches et de justesse. Il y a encore des choses à améliorer. Un petit ajout par rapport au reste de ma chronique : vous l’avez compris, Chiens de sang est une forte référence dans mon esprit et il est clair que quelqu’un qui ne connaît pas cet autre texte serait plus susceptible d’aimer Un samedi soir entre amis !

Carte d’identité du livre

Titre : Un samedi soir entre amis
Auteur : Anthony Bussonnais
Éditeur : Préludes
Date de parution : 05 février 2020

4 étoiles

Merci aux éditions Préludes et à NetGalley pour cette lecture.

#383 Les Confessions de Frannie Langton – Sara Collins

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Le résumé…

Esclave. Frannie Langton grandit à Paradise, dans une plantation de canne à sucre, où elle est le jouet de chacun : de sa maîtresse, qui se pique de lui apprendre à lire tout en la martyrisant, puis de son maître, qui la contraint à prendre part aux plus atroces expériences scientifiques…
Domestique. À son arrivée à Londres, la jeune femme est offerte comme un vulgaire accessoire à George et Marguerite Benham, l’un des couples les plus raffinés d’Angleterre.
Séductrice. Seule contre tous, Frannie trouve une alliée en Marguerite. Entre ces deux lectrices invétérées se noue un lien indéfectible. Une foudroyante passion. Une sulfureuse liaison.
Meurtrière. Aujourd’hui, Frannie est accusée du double-meurtre des Benham. La foule se presse aux portes de la cour d’assises pour assister à son procès. Pourtant, de cette nuit tragique, elle ne garde aucun souvenir. Pour tenter de recouvrer la mémoire, Frannie prend la plume…
Victime ? Qui est vraiment Frannie Langton ?

Mon avis…

Ce livre, malgré sa couverture colorée, renferme un roman noir dont l’atmosphère gothique marque l’influence sur Sara Collins d’autrices telles que les sœurs Brontë, Mary Shelley, Jean Rhys ou encore Sarah Waters, une autrice contemporaine que j’apprécie énormément et dont je vous parlerais un jour. À l’instar des romans de cette dernière, on retrouve dans Les Confessions de Frannie Langton une histoire d’amour lesbienne en plein Londres du XIXe s. Mais, évidemment, l’intrigue ne se limite pas à cette romance qui, par ailleurs, est tout aussi dure et cruelle que le reste. En effet, nous découvrons Frannie Langton dans une situation plus que compliquée : durant son procès, puisqu’elle est accusée du meurtre de ses deux maîtres, M. et Mrs. Benham. C’est Frannie qui, à la première personne, nous raconte son histoire. Elle revient sur son enfance en Jamaïque, dans la plantation de cannes à sucre où elle est née, sur les horreurs qu’elle a été contrainte de commettre, mais aussi sur l’éducation qu’elle a reçue. Car Frannie est une métisse à qui l’on a appris à lire et à écrire. Mais, au XIXe siècle, dans une société oppressive et esclavagiste, toute connaissance a son revers.

Elle nous raconte son parcours, de sa Jamaïque natale au Londres du XIXe s., au service de M. et Mrs. Benham. C’est avec cette dernière qu’elle nouera une relation aussi passionnée que toxique. Là, elle trouvera une forme de liberté, quittant l’esclavage pour la domesticité, mais elle découvrira les origines de ses souffrances passées, et elle traversera encore des épreuves bouleversantes et perturbantes. Frannie Langton, au fil de ses confessions, apparaît comme un personnage extrêmement complexe, qui semble se déshumaniser au fil du récit, à mesure que les horreurs vécues modifient son être. Est-elle véritablement coupable du meurtre de ses maîtres ? Surtout, a-t-elle tué la femme qu’elle aimait ? Ou n’est-elle la principale suspecte qu’en raison de sa couleur de peau ? Quel est le rôle de cette société coloniale, esclavagiste, raciste et misogyne, dans le meurtre qui a été commis ? Ce livre soulève de nombreuses questions, tant concernant le personnage que l’époque dans laquelle elle évoluait. Il s’agit d’un premier roman intéressant qui, malgré quelques longueurs et une intrigue parfois très foisonnante, parvient à nous captiver.

Carte d’identité du livre

Titre : Les Confessions de Frannie Langton
Autrice : Sara Collins
Traducteur : Charles Recoursé
Éditeur : Belfond
Date de parution : 18 avril 2019

4 étoiles

Merci aux éditions Belfond et à NetGalley pour cette lecture.

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#343 Règles douloureuses – Kopano Matlwa

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Le résumé…

Nous sommes en 2015, en Afrique du Sud. Des années durant, Masechaba a souffert de douleurs chroniques liées à une endométriose. Le sang a forgé son caractère, non seulement il a fait d’elle une personne solitaire, presque craintive, mais il l’a aussi poussé à devenir médecin. Quand débute le roman, elle est interne dans un hôpital. Dans le flux ininterrompu des patients, elle s’interroge sur sa capacité à les aimer tous, à leur donner toutes ses forces, tout son dévouement. Elle doute souvent, à l’opposé de sa meilleure amie, son modèle qui bien souvent pourtant l’ignore, voire la rudoie, Nyasha. Nyasha est zimbabwéenne, or l’Afrique du Sud vit alors une époque de racisme brutal.
Un jour, après avoir été accusée par son amie de ne pas avoir pris assez soin d’un patient étranger blessé lors d’émeutes xénophobes, elle décide de publier une pétition demandant le retour à la tolérance et à des valeurs humanistes.
En retour, elle sera violée par trois hommes, pour lui apprendre à rester à sa place.

Mon avis…

Dans une rentrée littéraire, il y a toujours un trésor, caché au milieu de la masse… Je sentais avant même de lire ce roman qu’il pouvait être cette petite perle. Et je ne m’y suis pas trompée, je crois. Il est de ces lectures qui laissent un goût à la fois doux et amer… Après avoir refermé ce livre, comme il est difficile de passer à un autre… Afrique du Sud, 2015, Masechaba souffre d’endométriose. Sa vie est une constante course d’obstacles. Malgré toutes les difficultés, les épreuves, elle a réussi à devenir médecin. Loin de laisser ses propres douleurs masquer celles du monde qui l’entoure, elle constate la prégnance du racisme, la persistance d’une forme d’apartheid qui se manifeste par une méfiance envers les étrangers… puis des violences qui vont profondément la choquer… Elle décide alors de mener un combat qui va la briser.

Règles douloureuses de Kopano Matlwa est un roman fort, puissant, révoltant, qui nous retourne l’âme aussi sûrement qu’une tempête. Endométriose, racisme, xénophobie, viol, mort, survie… Les sujets les plus durs sont présents. Tout cela amené avec la tendresse mêlée d’espoir d’une autrice talentueuse. Un choc, une véritable et belle révélation, un roman à la profondeur et à la perfection insondable ! C’est un livre actuel, moderne, dans lequel fleurit une douce révolte là où plus rien de bon ne semblait pouvoir éclore… Exceptionnel.

Carte d’identité du livre

Titre : Règles douloureuses
Autrice : Kopano Matlwa
Traductrice : Camille Paul
Éditeur : Le Serpent à Plumes
Date de parution : 30 août 2018

5 étoiles

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Coup de cœur

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#335 Tout homme est une nuit – Lydie Salvayre (audio)

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Le résumé…

Des hommes retournent sur d’autres la brutalité d’un ordre dont ils souffrent. Ils s’inventent à peu de frais de commodes ennemis. Certaines frayeurs en eux les agissent. Des questions vieilles comme le monde mais d’une brûlante actualité, auxquelles Lydie Salvayre donne ici forme littéraire.

Un roman, donc, et d’une causticité jubilatoire, où vont se faire face, d’une part : un solitaire, un lettré, un pas-tout-à-fait-pareil, un pas-tout-à-fait-conforme, un homme malade qui a choisi de se retirer dans un lieu de beauté, et de l’autre : les habitants d’un paisible village que l’arrivée de ce nouveau, de cet intrus, bouscule et profondément déconcerte. Très vite surgiront, entre l’un et les autres, l’incompréhension et la méfiance, puis les malentendus et les soupçons mauvais, puis les grandes peurs infondées et les violences que sourdement elles sécrètent. Puisque tout homme est une nuit.

Lydie Salvayre

Mon avis…

Ce roman me faisait assez envie depuis sa sortie, en raison des thèmes qu’il aborde (intolérance, racisme…), si bien que, lorsqu’on m’a proposé de le « lire » en audio, je me suis dit « pourquoi pas ». Et, je dois l’avouer, Tout homme est une nuit est une de mes premières vraies expériences de livre audio, il faut bien un début à tout ! Il m’importe aujourd’hui de diviser ma chronique en deux : d’un côté la question du roman lui-même, et de l’autre celle de l’interprétation de Lazare Herson-Macarel et Alain Granier.

Commençons donc par le roman… Comment dire ? Au début, l’écriture a son charme. On alterne en effet entre les confidences d’Anass, un homme malade d’un cancer qui débarque, pour s’y reposer, dans un petit village du sud de la France où il ne connaît pas un chat, et les paroles mesquines et cruelles des hommes de ce même village, qui se lâchent en obscénités dans le Café des Sports. Cette forme est assez originale et confronte en effet deux manières de voir les choses, les personnes, et le monde en général. Anass est malheureusement victime d’un racisme ordinaire – mais néanmoins très violent – et d’une haine assez inexplicable. Désigné comme un « lettré », c’est sur le plan de la culture que l’autrice semble d’abord opposer les personnages… Jusque là, pourquoi pas. On reconnaît en effet l’hostilité palpable dans de nombreux petits villages à l’arrivée d’étrangers. Ayant moi-même grandi dans l’un d’eux, certains traits ne m’ont pas étonnée, bien que, parfois, on ne puisse s’empêcher d’y voir une forme de caricature. Néanmoins, globalement, c’est assez réaliste.

Ce qui m’a plus posé problème, c’est que le « lecteur » ou, ici, l’auditeur, s’ennuie ferme, mais vraiment ! Au bout d’un moment, ces affrontements verbaux – qui ne se font jamais en face à face, bien sûr – n’ont plus ni queue ni tête. Pourquoi Anass ne s’en va-t-il pas ? On se pose la question… Et, finalement, rien ne nous accroche à l’intrigue – inexistante par ailleurs – ou aux personnages. Ils restent sans grande profondeur, même Anass pour lequel on a apparemment accès aux pensées… C’est donc un roman qui, malheureusement, m’a paru d’une longueur extrême, malgré des points que j’ai apprécié, comme la mise en évidence des raisonnements tronqués, de l’ignorance qui peut mener à la haine gratuite, etc. Mais la justesse de ces aspects n’a pas suffi à me faire aimer le roman… Je m’attendais, en réalité, à peut-être plus de subtilité mais, après tout, la réalité est rarement subtile.

Lazare Herson-Macarel

Maintenant, sur le plan de la forme, je voudrais vraiment remercier les orateurs de ce livre audio ! Ils ont un véritable talent et incarnent parfaitement les différents personnages. Lazare Herson-Macarel joue un Anass convaincant, et parvient à rendre compte de tous les états d’âme qu’il traverse : de l’incompréhension à la tristesse en passant par la colère ou parfois la joie. Cependant, c’est vraiment Alain Granier qui m’a rendue l’écoute de ce livre agréable. Il a parfaitement bien maîtrisé le passage d’un personnage à l’autre – car il incarne les hommes du Café des Sports – sans paraître caricatural pour deux sous. D’ailleurs, l’interprétation permet de donner une autre dimension au roman, en mettant en évidence sa structure très répétitive, l’insistance lancinante de ces honteux propos de comptoir auxquels se livrent quelques villageois… Les voix donnent du rythme au livre qui, comme je l’ai précisé plus haut, m’a paru assez ennuyant sur le plan de l’histoire. On a l’impression, dans la version audio, d’assister à un jeu de ping-pong malsain et insensé, entre des personnages qui, sans savoir pourquoi, se détestent. En tout cas, la performance est appréciable.

Pour conclure, je ne serais pas contre retenter l’expérience du livre audio, malgré l’investissement en durée que ça implique. Je ne sais pas trop pourquoi, mais j’ai l’impression que 5h28 d’écoute passe bien plus lentement que 5h28 de lecture. Cependant, je n’exclue pas le fait que cette sensation de longueur soit due au fait que le livre ne me plaisait finalement pas. Enfin, même si je n’ai pas du tout aimé Tout homme est une nuit, je n’exclue pas de lire d’autres œuvres de Lydie Salvayre. J’avais entendu de bien d’autres de ses livres, et on peut passer des moments très différents d’un roman à l’autre ! Donc, affaire à suivre, les amis !

Carte d’identité du livre

Titre : Tout homme est une nuit
Autrice : Lydie Salvayre
Éditeur : Sixtrid
Durée : 5 heures et 28 minutes
Interprètes : Lazare Herson-Macarel et Alain Granier
Date de parution : 24 mai 2018

2 étoiles

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Merci à Audible pour cette lecture audio.

#33 Bloc de Haine – Bruno Lonchampt

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Le résumé…

Incarcéré à la centrale d’Arles pour homicide, Alex s’acharne sur les haltères dans l’espoir d’expulser sa haine. Une haine qui le poursuit depuis des années, le consume et le torture. Car c’est bien la haine – et le racisme – qui l’a attiré lentement vers le gouffre. Vient le jour où Abid, un môme un peu frêle tombé « par erreur », intègre sa cellule : le souffre-douleur est tout trouvé. Sauf qu’au fond de lui, Alex sait bien qu’il ne pourra pas toujours se voiler la face, s’il veut pouvoir sortir la tête des décombres de son passé. Il devra affronter cette rage, cette haine qui ont fini par le recouvrir entièrement. La liberté passe par là.

Centre d'arrêt d'Arles

Centre d’arrêt d’Arles

Mon avis…

Je commence ce partenariat avec les éditions Sarbacane par la lecture de ce roman issu de la collection Exprim’ qui a pour but, comme son nom l’indique, de faire passer des messages, des opinions, et de faire réagir. J’ai tout de suite été tentée par ce livre en raison de mon propre engagement contre le racisme et la haine en règle générale. J’ai trouvé que la parution de ce livre, après les élections municipales et un peu en avance sur les élections européennes, tombait très bien. Dans ce livre, on a le point de vue d’Alex, un jeune qui se retrouve en prison sans qu’on en sache la raison exacte avant un petit moment dans le livre. Il nous raconte sa vie en prison, la colère qu’il garde en lui et qu’il rejette sur son compagnon de cellule. On découvre aussi sa vie d’avant, de son enfance à son emprisonnement, on comprend progressivement ce qui l’a mis là, et ce qui a contribué à former ce bloc de haine dans son cœur.

Haine

Haine

On oscille entre l’affection pour Alex qui nous exprime ses sentiments et entre le mépris et l’incompréhension. Pourquoi tant de haine ? Et finalement, l’auteur va nous montrer petit à petit d’où vient ce racisme et quelles en sont les conséquences, dans des scènes d’une violence certaine, mais extrêmement bien décrites et bien amenées. Il n’y a pas de violence gratuite dans ce livre, dans le sens où chacun des instants décrivant la haine qui déferle d’Alex est là à un moment pour une raison. Et on comprend très vite l’absurdité de cette violence, tout en voyant qu’elle s’insinue par des dizaines d’interstices dans le cœur d’Alex : son père, sa copine, ses fréquentations, son employeur, l’arabe du coin qui gagne au PMU… Tous ont contribué d’une manière ou d’une autre, volontairement ou non, à cette explosion de rage. Pendant tout le livre, Alex rumine cette haine. Il a beau être en prison, il continue à ressentir cette haine et à vivre par elle.

Marseille

Marseille

Bloc de Haine est un livre qui en est rempli, de rage et de colère. C’est une histoire très dure, portée par une écriture simplement géniale. L’auteur a su écrire de la manière qui correspondait à la situation, en respectant la personnalité d’Alex, son origine sociale et ses sentiments. Chaque phrase est portée par la force de la rage du personnage et on le ressent au fond de nous. Mais au lieu de nous rallier à Alex, l’auteur parvient à faire tout le contraire. Il nous montre d’où viennent le racisme et la haine pour mieux les combattre. Ils s’imposent comme une maladie, alors qu’ils n’ont pas lieu d’être. Et j’ai vraiment aimé tout le message du livre, sa portée, sa force. Honnêtement, si j’étais prof au collège ou au lycée, je ferais lire ce livre à mes élèves afin de les faire réagir et comprendre les enjeux actuels. La haine ne mène à rien, et ce livre le montre parfaitement. Je le conseille vivement à tous et à toutes, qu’on aime ou non les livres engagés, celui-ci est loin d’être ennuyant. Chacun devrait le lire pour comprendre… C’est pour moi un vrai coup de cœur, un incontournable ! Ce livre a bien réussi son pari et correspond totalement à l’esprit de la collection Exprim’ des éditions Sarbacane : faire passer un message. En lisant ce livre, vous vous sentirez changé. Merci pour cette belle lecture.

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Ma note :

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Merci aux éditions Sarbacane pour cette lecture.

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