#377 Écouter le noir – Collectif

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Le résumé…

Les grands noms du thriller français mettent nos sens en éveil.

Treize auteurs prestigieux de noir sont ici réunis et, si chacun a son mode opératoire, le mot d’ordre est le même pour tous : nous faire tendre l’oreille en nous proposant des récits qui jouent avec les différentes définitions de l’audition.

Dans ces nouvelles, ils ont donné libre cours à leur noire imagination pour créer une atmosphère, des personnages inoubliables et une tension qui vous happeront dès les premiers mots… et jusqu’à la chute. Éclectique et surprenant, ce recueil renferme onze expériences exceptionnelles de lecture.

Laissez-vous chuchoter à l’oreille, venez Écouter le noir.

Mon avis…

C’est sur l’initiative d’Yvan Fauth, du blog EmOtionS, qu’est né le recueil de nouvelles Écouter le noir. Il a proposé à quelques auteurs et autrices de thrillers, romans policiers et romans noirs, d’écrire autour du mot « audition ». Cela donne des récits très différents les uns des autres, dans lesquels nous pouvons retrouver la patte de chacun.e, tout en laissant une grande place à la surprise ! Vous trouverez dans ce livre treize écrivain.e.s et onze histoires écrites par :

Barbara Abel et Karine Giebel ♦ Jérôme Camut et Nathalie Hug ♦ Sonja Delzongle ♦ François-Xavier Dillard ♦ R.J. Ellory ♦ Nicolas Lebel ♦ Sophie Loubière ♦ Maud Mayeras ♦ Romain Puértolas ♦ Laurent Scalese ♦ Cédric Sire

Un casting 5 étoiles donc. Vous vous en doutez, il est difficile de donner un avis très détaillé sans gâcher le plaisir de la lecture et sans en révéler trop. Je me contenterais donc de vous dire que ce livre est un recueil de textes éclectiques, qu’il y en a pour tous les goûts et que vous ferez, je le pense, de très belles (re)découvertes.

J’ai trouvé qu’ouvrir l’ouvrage sur la nouvelle de Barbara Abel et Karine Giebel était vraiment une idée formidable car ce texte, « Deaf », met tout de suite dans l’ambiance. On part pour une escapade mortelle, ça secoue, c’est sec, net, précis : en un mot, efficace.

J’ai personnellement beaucoup aimé la deuxième nouvelle, celle de Sonja Delzongle, « Tous les chemins mènent au hum », qui fait expérimenter au personnage le bruit, le silence… Lequel est l’enfer ?

J’ai aussi particulièrement apprécié la nouvelle de Nicolas Lebel, « Sacré chantier », qui s’attaque à sujet profondément d’actualité, et de façon très originale et moderne, avec son humour et son côté décalé caractéristique.

Celle de François-Xavier Dillard, « Ils écouteront jusqu’à la fin », m’a aussi beaucoup marquée, avec une plongée dans les méandres les plus obscurs de la musique classique

La nouvelle de Romain Puértolas, « Fête foraine », m’a bien fait rire. C’est peut-être la moins « noire » de toutes, mais elle est vraiment dans le thème et très originale.

Celle de Cédric Sire, sans surprise, était tout aussi waouh, parfaite. « Le diable m’a dit » était vraiment la nouvelle idéale pour clore le recueil.

Bon, je ne vous ai pas parlé de tous les récits, je vous laisse le soin de les découvrir par vous-même. Une chose est sûre, vous allez passer un bon moment. Je recommande vraiment ce livre pour les fans de thrillers et romans noirs, pour ceux qui veulent découvrir également, et pourquoi pas pour faire un beau cadeau ? Après tout, ce bouquin a été conçu par un amoureux des livres, avec des amoureux des livres, pour des amoureux des livres ! À découvrir.

Carte d’identité du livre

Titre : Écouter le noir
Auteurs et autrices : Collectif
Dirigé par : Yvan Fauth
Éditeur : Belfond
Date de parution : 16 mai 2019

5 étoiles

Merci aux éditions Belfond et à NetGalley pour cette lecture.

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#137 L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea – Romain Puértolas

COUP DE COEUR

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Le résumé…

« Le premier mot que prononça l’Indien Ajatashatru Lavash Patel en arrivant en France fut un mot suédois. Un comble ! Ikea. » L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, c’est une aventure rocambolesque et hilarante aux quatre coins de l’Europe et dans la Libye postkadhafiste, une histoire d’amour plus pétillante que le Coca-Cola, mais aussi le reflet d’une terrible réalité : le combat que mènent chaque jour les clandestins, ultimes aventuriers de notre siècle. Un roman dont le titre peut à lui seul provoquer des insuffisances respiratoires chez ceux qui tentent de le prononcer d’une seule traite !

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Mon avis…

Avec son titre à rallonge, L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea a tout de l’œuvre qui donne le sourire avant même d’avoir posé les yeux sur la première page. Je m’attendais tout de suite à une bonne lecture, d’autant que j’avais entendu beaucoup de bien de ce roman de Romain Puértolas. Je n’ai pas été déçue, vraiment, et ce livre, je le dis d’ores et déjà, est un coup de cœur, un vrai. J’ai ri, j’ai été touchée, j’ai passé un moment de lecture merveilleux. Que dire de plus ? J’avoue avoir de la difficulté à trouver les mots pour décrire le sentiment qui m’anime vis-à-vis de cette histoire. L’écriture est tellement poétique, vraiment belle et maîtrisée, les mots sont si bien choisis. Je vous donne pour exemple cette phrase qui m’a vraiment frappée en plein cœur : « Le Soudanais avait laissé les siens pour tenter sa chance dans les ‘‘beaux pays’’ comme il se plaisait à les appeler. Car sa seule faute avait été de naître du mauvais côté de la Méditerranée, là où la misère et la faim avaient germé un beau jour comme deux maladies jumelles, pourrissant et détruisant tout sur leur passage ». Ce roman fait réfléchir, vous vous en doutez.

Les sujets abordés sont d’une grande importance dans notre société, puisque Romain Puértolas évoque surtout l’immigration, mais aussi la solidarité, l’amour, l’argent… Sous couvert de beaucoup d’humour, de dérision et de tendresse, cette œuvre pousse le lecteur à explorer sa propre sensibilité. Ce roman m’a fait penser à un conte philosophique à la Voltaire, un véritable voyage initiatique dont la particularité le rend cependant unique et incomparable à d’autres : le personnage principal est un fakir, menteur et voleur, propulsé dans le monde moderne. Prétendument en quête du nouveau modèle de lit à clous Ikea, cet indien va se retrouver coincé dans une armoire, comme l’indique le titre, et enfermé dans un camion direction l’Angleterre. Et si l’on regarde bien la télévision en ce moment, on sait ce qu’il se déroule lorsque les transporteurs passent Calais… Beaucoup de migrants choisissent de monter dans les camions afin de traverser la Manche. Entreprise risquée. C’est ainsi qu’Ajatashatru devient migrant malgré lui… Et sur ces entrefaites débute un grand périple à travers l’Europe, jusque la Lybie, au rythme de rencontres exceptionnelles qui changeront pour toujours le fakir.

L’œuvre joue sur tous les sujets qui animent le débat de l’Europe au XXIème siècle, d’un point de vue extrêmement surprenant et amusant. L’humour est omniprésent. La touche parodique qui m’a vraiment plu, car elle était omniprésente, était la tendance typiquement occidentale à mal prononcer les noms étrangers. Entre parenthèses et presque à chaque page, en tout cas au début du roman, l’auteur s’amuser à créer au fil du roman une compilation des prononciations les plus ridicules du nom du personnage principal, Ajatashatru Lavash : « J’attache ta charrue, la vache », « Achète un chat roux », « J’ai un tas de shorts à trous »… Bref, du rire en perspective. Le périple de l’indien à Ikea est très drôle car l’auteur réunit vraiment tous les éléments qui nous ont nous aussi un jour amusé ! Ce roman nous parle complètement, et ce à chaque moment… Je conseille vivement ce roman, un véritable coup de cœur, qui mériterait même sa place parmi les classiques qu’on pourrait étudier en littérature d’ici quelques années !

Romain Puertolas poses in a wardrobe

Romain Puértolas prend la pose dans une armoire…

Ma note…

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Merci aux éditions Livre de Poche pour cette formidable lecture.

ldp