#419 Une Viking à Rouen – Sophie Dabat

Le résumé…

Prête. Inge Oledöttir a vécu toute sa vie pour cet instant unique : son premier raid en Francie occidentale. Pourquoi alors, après avoir éliminé un à un tous les adversaires qui se dressaient sur son chemin, hésite-t-elle à envoyer l’ennemi, aux yeux aussi tumultueux que les flots de la mer, au Valhalla ? Serait-ce parce que le guerrier franc a osé lui voler un baiser au milieu des combats, à elle qu’aucun homme n’a le droit de toucher, ou parce qu’elle a aimé cet instant plus que tout autre ?

Mon avis…

Coucou tout le monde ! Si vous aviez l’habitude de traîner sur mon blog par le passé, vous savez que je ne suis pas une grande amatrice de romances, et que la collection Harlequin est très loin d’avoir envahi mes bibliothèques ! Comment dire ? Il semblerait que ce genre d’intrigues aient tendance à fortement m’agacer… Les femmes qui ne trouvent leur épanouissement que dans une relation avec un homme, les rôles souvent bien trop genrés, tout ça tout ça… Mais voilà, j’ai reçu ce petit roman en cadeau, Une Viking à Rouen, et je dois avouer que, contre toute attente, je me suis empressée de le lire. J’avais besoin de me changer les idées, de trouver un peu de légèreté dans ce monde anxiogène, je me suis donc lancée.

J’ai d’abord été assez agréablement surprise par l’héroïne, Inge. C’est une femme forte, déterminée, une guerrière dans tous les sens du terme. Elle est indépendante, et elle est aussi célibataire, à la fois par choix et par contrainte : elle rêvait depuis toujours de devenir l’une de ces skjaldmös – des combattantes sacrées – qui la fascinaient tant, et quand elle y parvient c’est la consécration, mais elle doit pour cela renoncer à fonder une famille et à s’unir un jour à un homme, même le temps d’une nuit. Au cours d’un combat, elle croise le chemin d’un guerrier franc, un ennemi. Celui-ci, pour la déstabiliser, l’embrasse, et profite de sa surprise pour se dérober au combat. Une obsession naît alors chez les deux personnages, obligés de constater qu’une attraction mystérieusement forte les unit. Raino, le guerrier franc, est un peu moins attachant – à mon goût – qu’Inge. Je ne me suis pas sentie séduite en tant que lectrice. Mais il a au moins le mérite de montrer du respect envers Inge, qu’il considère comme une grande guerrière, et surtout comme une égale.

Globalement, je dois dire que j’ai apprécié cette lecture. Je trouve que l’autrice a su trouver le juste milieu pour l’avenir des personnages. Elle n’est pas tombée dans le mélodramatique, ni dans la romance excessive. Les personnages sont assez profonds. Inge, en particulier, se questionne énormément, réfléchit aux conséquences de son désir pour Raino, alors qu’elle a juré fidélité à sa déesse. Cela maintient aussi du suspense, ce qui peut devenir relativement rare dans ce genre de récits. La fin est assez satisfaisante et, dans l’ensemble, conclut assez justement un récit plus complexe qu’on ne pourrait l’imaginer. Sur le plan historique, la romancière pose bien le cadre, mais on ne s’approche pas vraiment des mœurs de l’époque. L’Histoire reste un cadre, justement, et n’est pas vraiment centrale. D’ailleurs, j’ai été assez perturbée par le titre… Une Viking à Rouen, mais presque toute l’intrigue se passe ailleurs… Pour « une collection inédite de romances situées au cœur d’une région française », c’est dommage… On est plus souvent du côté de Paris ou de Nantes (avec la ville d’Herbauges), que de Rouen. Mais c’est un détail !

Pour conclure, on peut dire que ce fut une lecture plaisante, plus agréable que je ne l’avais imaginé, et aussi plus subtile ! Cela me tend à revoir un peu mon jugement sur les romances, même si ce n’est pas ce roman qui suffira à m’en faire devenir une grande amatrice. Néanmoins, je le conseille volontiers pour les amateur.rice.s du genre ! Il est vraiment bien écrit, les personnages et l’intrigue sont bien construits, et l’ensemble est assez original. On sort un peu des sentiers battus de la romance.

Carte d’identité du livre

Titre : Une Viking à Rouen
Autrice : Sophie Dabat
Éditeur : Harlequin
Date de parution : 1 juillet 2020

#393 L’amour de ma vie – Clare Empson

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Le résumé…

Catherine ne parle plus. Ni à son mari, ni à ses enfants, ni aux médecins, pas même à sa meilleure amie. Elle a été témoin d’une scène terrible et depuis plus un mot. Pourtant, du fond de sa bulle, Catherine se souvient…

Elle se souvient de Lui, Lucian, l’amour de sa vie rencontré à la fac. À cette époque, elle s’était laissé entraîner dans son cercle d’amis, privilégiés et hédonistes. Difficile d’oublier leur rupture, aussi : en une nuit, tout a volé en éclats. Elle l’avait quitté, détruisant leur vie à tous les deux. Sans qu’il n’y comprenne rien.

Elle se souvient surtout de leurs retrouvailles, quatre mois plus tôt : le hasard les a réunis, comme pour leur offrir une seconde chance. La passion a ressurgi immédiatement. Toutefois, impossible d’éviter la question essentielle : pourquoi? Pourquoi Catherine s’était-elle enfuie, cette nuit-là?

Une plongée sombre au cœur du silence, des secrets et des non-dits d’une histoire d’amour.

Mon avis…

Aujourd’hui, je quitte mes bouquins, mon traitement de texte et mes blocs-notes (écriture d’articles pour ma thèse oblige…) pour vous parler d’un bouquin original, à mi-chemin entre romance et thriller ! J’ai nommé : L’amour de ma vie de Clare Empson. Dans ce roman, on découvre l’histoire de Catherine qui, traumatisée par un événement que l’on ignore, ne peut plus parler. Elle est enfermée dans la prison de son esprit, mutique, laissant sa famille et sa meilleure amie dans le désespoir… Mais nous, lecteurs et lectrices, avons accès à la vérité, à travers le récit de Catherine, qui devient narratrice. Elle s’adresse à un « tu », une personne qui est la clé de tout ce mystère. Elle revient aux temps de l’université, au moment où elle a rencontré Lucian, l’homme qui a changé sa vie et lui a fait découvrir la véritable passion… Mais cet homme, elle l’a quitté, sans donner la moindre explication… Suspense multiple donc : que s’est-il passé pour que Catherine devienne muette ? et que s’est-il passé à l’époque de la fac ? Nous avons donc le récit rétrospectif de cette belle histoire d’amour, hanté par l’abandon final dont nous ignorons la cause (jusqu’à la fin du roman), et le récit de ces dernières semaines, qui ont vu se réunir Catherine et Lucian. En alternance avec le récit de Catherine, nous avons également la narration de Lucian, qui raconte sa version, sa vision des événements. C’est donc un roman très riche et rempli de suspense que nous propose ici Clare Empson. J’ai été absolument absorbée par ce récit, et je l’ai dévoré en une nuit, pour vous dire ! J’ai deviné assez vite le nœud de l’histoire mais, finalement, ça n’enlève pas du tout le plaisir de la lecture, au contraire.

Avertissement : je vous déconseille d’aller sur le site de Babelio pour faire une recherche sur ce livre, car le résumé spoile carrément l’histoire, ce qui est vraiment vraiment dommage !

P.S. : La couverture est canon !

Carte d’identité du livre

Titre : L’amour de ma vie
Autrice : Clare Empson
Traductrice : Jessica Shapiro
Éditeur : Denoël
Date de parution : 13 juin 2019

5 étoiles

Merci aux éditions Denoël pour cette lecture.

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#392 La librairie des rêves suspendus – Emily Blaine

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Le résumé…

Sarah, libraire dans un petit village de Charente, peine à joindre les deux bouts. Entre la plomberie capricieuse de l’immeuble, les murs décrépis et son incapacité notoire à résister à l’envie d’acheter tous les livres d’occasion qui lui tombent sous la main, ses finances sont au plus mal. Alors, quand un ami lui propose un arrangement pour le moins surprenant mais très rémunérateur, elle hésite à peine avant d’accepter. C’est entendu : elle hébergera Maxime Maréchal, acteur aussi célèbre pour ses rôles de bad boy que pour ses incartades avec la justice, afin qu’il effectue en toute discrétion ses travaux d’intérêt général dans la librairie. Si l’acteur peut survivre à un exil en province et des missions de bricolage, elle devrait être capable d’accueillir un être vivant dans son monde d’encre et de papier… Une rencontre émouvante entre deux êtres que tout oppose mais unis par un même désir : celui de vivre leurs rêves.

Mon avis…

C’est l’été, et en été je lis toujours quelques romances ! Ce n’est clairement pas mon genre de prédilection, c’est vrai, mais j’ai parfois besoin d’un peu de légèreté. Quand je suis tombée sur La librairie des rêves suspendus, je me suis dit « pourquoi pas ? ». Après tout, le personnage principal est une libraire donc, tout de suite, ça donne carrément envie. Au début du livre, nous rencontrons donc deux personnages. D’abord, Maxime, un mec absolument insupportable que j’ai tout de suite eu envie de taper, dont le métier est d’être acteur (et qui a pris la grosse tête)… Autant être honnête, il m’a exaspérée. Ma première pensée a été que la lecture allait être laborieuse avec un personnage pareil… Je ne voyais pas comment l’autrice allait réussir à me le rendre appréciable… Ensuite, Sarah, propriétaire d’une librairie d’occasion, qui galère à tenir son commerce à flots. Elle est timide, et personnellement je l’ai trouvée tout aussi insupportable et tête à claques que Maxime… J’avais envie de la secouer un bon coup… En gros, les deux personnages principaux, au début du livre, sont vraiment caricaturaux au possible. En plus, Sarah est décrite comme une sorte d’Emma Bovary des temps modernes, à croire que toutes les lectrices de romans rêvent du prince charmant… Enfin, tout ça pour dire que dans les premières pages, j’avais l’impression d’être tombée dans un téléfilm de l’après-midi sur M6, et je devinais déjà très bien la suite…

Heureusement, les personnages secondaires viennent enrichir un peu la palette psychologique du roman. Le voisin fleuriste charmant mais sans plus m’a bien fait rire, et tous les autres protagonistes étaient très intéressants. J’aurais même aimé que le livre soit un peu plus long pour pouvoir mieux faire connaissance avec eux. Ils auraient mérité qu’on s’attarde un peu plus sur eux. Bon, ce n’est pas la seule chose positive du roman, rassurez-vous. A priori, vous avez peut-être l’impression que j’ai détesté La librairie des rêves suspendus, non ? Je peux vous comprendre, vu ce que je viens de dire sur les personnages principaux… Mais, mais, mais ! Il y a un « mais » ! En effet, c’est vrai que j’ai vu la fin arriver à des kilomètres et que Sarah et Maxime sont vraiment des personnages-types sans grande originalité… Pourtant, j’ai passé un bon moment de lecture, si l’on omet les premiers chapitres qui m’ont un poil énervée mais qui étaient nécessaires pour poser les bases de la « psychologie » des personnages…

Concrètement, Emily Blaine écrit bien. C’est vrai que les événements s’enchaînent un peu trop rapidement à mon goût, mais l’autrice a quand même une bonne maîtrise du rythme. Les échanges entre les personnages sont agréables à lire, les scènes érotiques donnent quelques frissons, il y a aussi beaucoup d’humour et ce qu’il faut de sérieux. Alors oui, c’est un peu « cucul » parfois, un peu too much, pas toujours très subtil, mais ça tient sa promesse : c’est une lecture estivale tout ce qu’il y a de plus agréable tant qu’on n’est pas trop exigeant. Et, parfois, ça fait du bien de relâcher un peu son niveau d’attente envers un livre. Oui, je vous ai souligné les points négatifs du roman, parce que cela me semble important, mais si vous recherchez du divertissement et une lecture plaisir, clairement, La librairie des rêves suspendus fait largement le job. Finalement, malgré ma mauvaise première impression, j’ai bien fait de continuer ce roman qui m’a tout de même fait passer un excellent moment. Pour être honnête, je l’avais un peu abandonné après ces premiers fastidieux chapitres puis je l’ai repris et je ne l’ai plus lâché ! Bon… Désolée pour cette chronique un peu bizarre et un chouïa décousue, à la fois bonne et mauvaise, mais finalement excellente… Bisous.

Carte d’identité du livre

Titre : La librairie des rêves suspendus
Autrice : Emily Blaine
Éditeur : Harlequin
Date de parution : 9 juin 2019

4 étoiles

Merci aux éditions Harlequin et à NetGalley pour cette lecture.

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#385 Toutes ces choses qu’on n’a jamais faites – Kristan Higgins

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Le résumé…

Avant de mourir, la jeune Emerson, obèse morbide gravement malade, remet une enveloppe à ses deux meilleures amies Marley et Georgia, 34 ans, et leur fait promettre de suivre ses instructions. Elles découvrent qu’il s’agit de « La liste de choses à faire quand elles seraient minces », rédigée à 18 ans au camp d’amaigrissement où elles avaient formé leur trio.
Décidées à relever le défi lancé par leur défunte amie, les deux jeunes femmes vont devoir apprendre à surmonter leurs peurs et leurs complexes. Marley parviendra-t-elle à se délester de la culpabilité qui la ronge depuis la mort de sa sœur jumelle ? Georgia saura-t-elle trouver les ressources pour s’opposer à sa famille qui ne cesse de la rabaisser ? Munies de leur to-do list, elles sont prêtes à tout oser !

Mon avis…

Emerson, Marley et Georgia se sont rencontrées pendant leur adolescence, dans un camp pour jeunes personnes en surpoids. Elles ont passé un fabuleux été, nouant une amitié indéfectible. Un jour, elles ont écrit la liste de toutes les choses qu’elles feront lorsqu’elles seront minces. Des années plus tard, Marley et Georgia sont restées très proches, mais Emerson a pris ses distances et donne moins de nouvelles à ses amies. Les kilomètres qui les séparent n’aident pas… Un jour, les deux jeunes femmes sont appelées pour se rendre auprès d’Emerson, et découvrent qu’elle est désormais atteinte d’obésité morbide et qu’elle va mourir… Le choc est immense : que s’est-il passé ? Avant de partir, elle leur confie un petit bout de papier et leur fait promettre de tout faire. Ignorant les enjeux, ses deux amies acceptent. Ce papier, c’est cette fameuse liste de choses à faire quand elles seraient minces… Sauf que, minces, Marley et Georgia ne le sont toujours pas ! C’est donc le début d’un grand combat pour l’acceptation de soi qu’entament les deux amies.

Ce roman m’a beaucoup surprise. Concrètement, Kristan Higgins n’est pas grosse. Elle ne sait donc probablement pas elle-même ce que c’est, mais elle parvient à créer des personnages aux états d’âme très réalistes. Il est vrai que certains passages ont pu me déranger, mais aussi certaines idées qui sont présentes dans le roman, comme celle selon laquelle il suffirait de manger mieux et moins pour mincir. Ce n’est pas toujours vrai. Néanmoins, Kristan Higgins parvient à ne pas rentrer totalement dans les clichés, et j’ai malgré tout réussi à faire abstraction de cette petite gêne initiale. Par ailleurs, il y a un véritable travail sur la psychologie dans ce roman. Parfois, j’ai eu le sentiment qu’il y avait quelques longueurs, qu’il ne se passait pas grand chose à certains moments, et en réalité cela ne m’empêchait pas du tout de prendre plaisir à la lecture. Ces moments matérialisaient surtout l’attention très fine portée par l’autrice à l’élaboration de ces personnages. On explore vraiment leurs sentiments, leur intériorité, et on partage en quelque sorte le quotidien de ces jeunes femmes…

Le roman a un bon rythme, car il alterne des chapitres centrés sur Georgia, d’autres sur Marley, et d’autres où l’on retrouve des pages du journal intime d’Emerson. Malgré la mort de cette dernière, donc, le personnage ne cesse pas d’être présent et le trio continue d’exister, d’une autre façon. Chaque chapitre est en quelque sorte concentré, sur le plan des deux copines vivantes, sur la réalisation des points de la liste. Néanmoins, puisque aucune vie ne saurait être réduite à une liste, il va de soi que les deux amies prennent vite leur indépendance vis-à-vis de ces directives et les adapte à ce qu’elles sont devenues. Hors de question, donc, d’attendre d’être mince ! C’est alors un défi encore plus grand que se lancent Georgia et Marley : assumer leur corps tel qu’il est. Et, dans ce long roman, on retrouve toute leur progression, c’est-à-dire leurs hésitations, leurs doutes, leurs peines, mais surtout leurs victoires, même les plus petites, leurs triomphes sur les autres mais surtout sur elles-mêmes. Les personnages secondaires, eux aussi, sont vite contaminés par cette belle initiative, ce qui donne un roman très positif !

Les quelques petites maladresses sur le traitement du surpoids par l’autrice sont donc vite pardonnées, car elle ne bâcle pas ses personnages. On entre dans la vie de Georgia et Marley et on s’attache véritablement à elles. J’ai beaucoup souri pendant cette lecture, j’ai pris du plaisir, et j’avais vraiment envie de savoir comment les choses allaient se finir pour elles. Toutes ces choses qu’on n’a jamais faites est un roman body positive mais certainement pas moralisateur. Et, rassurez-vous, pas besoin d’être en surpoids pour apprécier cette histoire ! C’est un roman vraiment sympathique, idéal pour les chaudes journées d’été que nous connaissons ces derniers temps. Au programme : de l’amitié, de l’humour, de l’amour, du dépassement de soi et de la sensibilité. Ce roman est aussi un beau pied de nez aux grossophobes, profondément déculpabilisant et bienveillant !

Carte d’identité du livre

Titre : Toutes ces choses qu’on n’a jamais faites
Autrice : Kristan Higgins
Traductrice : Alexandra Herscovici-Schiller
Éditeur : Harper Collins France
Date de parution : 02 mai 2019

4 étoiles

Merci aux éditions Harper Collins France pour cette lecture.

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#356 Ça raconte Sarah – Pauline Delabroy-Allard

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Le résumé…

Ça raconte Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d’une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l’allumette craque, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l’étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure. Ce moment précis et minuscule, un basculement d’une seconde à peine.

Prix du roman des étudiants 2018.

Mon avis…

Cette année, j’ai eu le bonheur d’être jurée du prix du Roman des Étudiants France Culture / Télérama 2018. A cette occasion, j’ai pu lire Arcadie d’Emmanuelle Bayamack-Tam, Trois enfants du tumulte d’Yves Bichet, Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard, La robe blanche de Nathalie Léger et Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu.

« Ça raconte le printemps où elle est entrée dans ma vie comme on entre en scène, pleine d’allant, conquérante. Victorieuse. »

Ce roman, c’est l’histoire d’une femme, Sarah, ou plutôt de deux femmes, Sarah et la narratrice. Deux femmes qui, a priori, n’ont pas grand chose en commun… Une mère célibataire d’un côté, calme et tranquille, la narratrice, et de l’autre côté la fougueuse Sarah, la vibrante Sarah, fugace et frivole. C’est l’histoire de leur rencontre, de leur amour, mais c’est surtout l’histoire d’une découverte. La narratrice découvre la sexualité, son corps, se découvre elle-même. Finalement, est-ce que ça raconte vraiment Sarah ? Je ne suis pas sûre qu’elle soit le personnage principal de ce roman… Si elle est au cœur de l’initiation de la narratrice, d’abord la fin en soi, puis le germe d’autre chose, c’est en fait cette femme, ce « je », qui se révèle petit à petit… En deux parties, ce roman nous montre d’abord un amour fulgurant, bouleversant, déstabilisant, passionné. Puis la rupture, le choc, la fin. Et une renaissance, une redécouverte, rien n’est fini.

J’ai beaucoup aimé le style de l’autrice, particulièrement élaboré même s’il s’agit d’un premier roman. Chaque phrase épouse à la perfection l’émotion qu’elle est supposée retranscrire. C’est émouvant, c’est pertinent. La plume est à la fois douce et acérée, comme les battements d’un cœur qui s’emballe. C’est un livre original, surprenant, très touchant et exceptionnellement bien écrit, à découvrir. Un éveil des sens, tout en délicatesse et en subtilité.

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Titre : Ça raconte Sarah
Autrice : Pauline Delabroy-Allard
Éditeur : Éditions de Minuit
Date de parution : 06 septembre 2018

Voilà le livre qui a eu mon vote et qui a, cette année, remporté le prix du Roman des Étudiants France Culture / Télérama 2018. Félicitations, Pauline Delabroy-Allard !

5 étoiles

 

 

#336 Love, Simon – Becky Albertalli

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Le résumé…

Moi, c’est Simon. Simon Spier. Je vis dans une petite ville en banlieue d’Atlanta (traduisez : un trou paumé). J’ai deux soeurs, un chien, Bieber (oui, oui, comme Justin), et les trois meilleurs amis du monde. Je suis fan d’Harry Potter, j’ai une passion profonde pour les Oréos, je fais du théâtre. Et je suis raide dingue de Blue. Blue, c’est un garçon que j’ai rencontré sur le Tumblr du lycée. On se dit tout, sauf notre nom. Je le croise peut-être tous les jours dans le couloir, mais je ne sais pas qui c’est. En fait, ça me plaît bien : je ne suis pas du tout pressé d’annoncer à tout le monde que je suis gay. Personne n’est au courant, à part lui, Blue… et aussi cette fouine de Martin Addison, qui a lu mes e-mails et menace de tout révéler.

Mon avis…

Voici un livre qui fait tout particulièrement parler de lui depuis la sortie du film qui en a été adapté. Avant, on trouvait ce roman sous le titre Moi, Simon, 16 ans, Homo Sapiens. Aujourd’hui, c’est Love, Simon. Je l’avoue, je ne connaissais pas ce livre avant ! C’est donc une totale découverte. Il s’agit de l’histoire d’un jeune homme, adolescent, qui s’appelle… surprise… Simon ! Il est gay, mais ne l’a dit à personne : ni à sa famille, ni à ses amis…  Le seul à être au courant, c’est Blue, le garçon avec qui il échange des mails. Celui-ci est dans son lycée, mais il ne connaît pas son identité précise… Suspense total donc. Nous suivons Simon dans son quotidien, avec ses camarades, et au moindre garçon qui passe, nous faisons comme lui, nous nous demandons si ce ne serait pas celui-ci ou celui-là, par hasard, « Blue »… Il s’agit d’un roman young adult, qui se lit bien et est porté par une écriture fluide et simple. On accroche vite à l’intrigue, on se prend au jeu, c’est plaisant. Quant aux valeurs véhiculées par le roman, rien à dire. On y parle de tolérance, de différence, de confiance en soi, d’amitié, d’acceptation… tout en étant drôle et léger. Idéal pour les jeunes, donc. Sans être LE coup de cœur, il s’agit d’un bon roman, qui fait bien son job et provoque l’effet escompté.

Carte d’identité du livre

Titre : Love, Simon
Autrice : Becky Albertalli
Traductrice : Mathilde Tamae-Bougon
Éditeur : Hachette
Date de parution : 30 mai 2018

4 étoiles

Merci à Hachette et à NetGalley France pour cette lecture.

#310 Avec des Si et des Peut-être – Carène Ponte

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Le résumé…

Aimeriez-vous savoir quelle serait votre vie si vous aviez fait d’autres choix ?

Prof de français au lycée de Savannah (-sur-Seine), Maxine vit en colocation avec Claudia (et ses crèmes au jus d’herbe fermenté), elle aime Flaubert (ses élèves, Stromae), courir avec ses deux meilleures amies (trois cents mètres) et aller chez le dentiste (sa sœur).

Maxine croit aux signes et aux messages de l’Univers. Pourtant elle ne peut s’empêcher de se demander : « Et si j’étais allée ici plutôt que là, si j’avais fait ceci au lieu de cela, ma vie serait-elle chamboulée ? »

En bonne prof de français, Maxine aime le conditionnel…

Mais à trop réfléchir avec des si et des peut-être, ne risque-t-on pas d’oublier de vivre au présent ?

Et si la vie décidait de lui réserver un drôle de tour ?

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Carène Ponte

Mon avis…

J’avais envie d’une lecture détente, sans prise de tête, qui me change les idées tout simplement. Alors je me suis dit que c’était l’occasion de découvrir Carène Ponte, dont je croisais les livres depuis un moment en librairie, sur les réseaux sociaux et sur la blogosphère… Le scénario est très simple puisqu’il s’agit pour le personnage d’imaginer ce qu’aurait été sa vie si elle avait eu un autre métier. J’explique ça grosso modo sans donner trop de précision sur le pourquoi du comment, histoire de ne pas vous gâcher le plaisir de la lecture ! Ainsi, cette histoire n’est pas sans évoquer celle de certains téléfilms de l’après-midi… Simple et efficace, puisqu’on sait tous que, quand on est pris dedans, il est souvent difficile d’appuyer sur le bouton « off ». Avec des Si et des Peut-être fonctionne de la même façon. L’autrice nous accroche avec des personnages sympathiques, qui nous ressemblent un peu, et elle nous entraîne dans une aventure un peu folle. Dans l’ensemble, c’est divertissant, ça se lit bien, on accroche. Malheureusement, je regrette la présence – hautement prévisible d’ailleurs – de certains clichés : le besoin d’avoir un homme dans sa vie pour être heureuse et accomplie, tant qu’à faire avec des enfants, etc. On retrouve les valeurs assez standards mises en avant dans ce genre de romans, dans la chick-lit en général, à savoir l’amour, l’amitié, parfois le travail. Mais, puisqu’on s’y attend, cela ne rend pas la lecture particulièrement désagréable. C’est plutôt un bon bouquin à emmener dans sa valise en vacances, quand on veut décompresser de toutes les galères qu’on a enchaînées depuis des mois ! Avec des Si et des Peut-être est un livre qui s’apparente un peu à un cocktail anti-déprime, donc à recommander ! Par contre, je tiens à dire à l’autrice que, malgré ses efforts pour ne pas dire n’importe quoi sur The Walking Dead, on n’y est pas encore : les zombies ne se mangent pas entre eux… En tout cas, Carène Ponte m’a fait sourire, m’a permis de changer d’air tout en restant chez moi, et pour ça : merci.

Avec des « si » et des « peut-être », on pourrait mettre un cachalot dans une boîte d’allumettes !

Un long dimanche de fiançailles

En quelques mots…

un scénario sans grande surprise
divertissant et agréable
quelques clichés
une bonne lecture d’été
pas de prise de tête

Carte d’identité du livre

Titre : Avec des Si et des Peut-être 
Autrice : Carène Ponte
Éditeur : Michel Lafon
Date de parution : 24 mai 2018

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#303 Un mariage anglais – Claire Fuller

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Le résumé…

Ingrid a 20 ans et des projets plein la tête quand elle rencontre Gil Coleman, professeur de littérature à l’université. Faisant fi de son âge et de sa réputation de don Juan, elle l’épouse et s’installe dans sa maison en bord de mer.
Quinze ans et deux enfants plus tard, Ingrid doit faire face aux absences répétées de Gil, devenu écrivain à succès. Un soir, elle décide d’écrire ce qu’elle n’arrive plus à lui dire, puis cache sa lettre dans un livre. Ainsi commence une correspondance à sens unique où elle dévoile la vérité sur leur mariage, jusqu’à cette dernière lettre rédigée quelques heures à peine avant qu’elle ne disparaisse sans laisser de trace.

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Mon avis…

Les mariages anglais sont de saison, en littérature aussi. Pourtant, rien à voir entre l’union d’Harry et Meghan et celle qui est relatée dans ce livre. Claire Fuller nous raconte ici la longue histoire d’un drame. Nan et Flora, les deux filles de Gil et Ingrid, sont bouleversées après l’accident de leur père. Il dit avoir vu leur mère, depuis la fenêtre de la librairie du village, sauf que celle-ci a été portée disparue depuis des années. On dit qu’elle s’est noyée en mer, elle qui était pourtant excellente nageuse. Flora refuse d’y croire. Le livre est partagé en deux trames romanesques. D’une part, il y a l’histoire de ces deux filles, qui doivent prendre soin de leur père atteint par des lubies de plus en plus étrange, bouleversé par sa rencontre avec le fantôme de son épouse. D’autre part, il y a celle d’Ingrid, la mère, qui raconte, dans des lettres qu’elle destine à Gil et cache dans les livres qu’il entasse dans leur maison, son coup de foudre puis son mariage avec lui, son professeur de littérature.

Claire Fuller nous raconte ici une histoire d’amour à la fois exceptionnelle et banale, comme toutes les romances, finalement. Elle en dessine les balbutiements, le paroxysme, la perfection, la passion, puis le déclin, les déceptions… Elle fait le portrait d’une femme déterminée, qui avait décidé de ne pas se laisser enfermer dans une vie dont elle ne voulait pas. Elle voulait faire des études, voyager, ne pas se marier ou avoir d’enfants (du moins, pas trop vite), avoir la liberté des hommes, être libérée du destin que l’on réservait à la plupart des femmes. Et pourtant, son histoire d’amour, sensuelle et romantique, avec son professeur de littérature, va la mener dans un mariage comme on en fait des centaines, un mariage anglais, tout ce qu’il y a de plus banal. Pourtant, malgré la « normalité » de ce qui est raconté, Claire Fuller nous fait ressentir la singularité des personnages, leur profondeur. Le récit est traversé de long en large par les multiples références littéraires. Le suspense n’est pas absent, malgré quelques longueurs. Le rythme du livre représente exactement la vie de ses personnages, une vie comme on pourrait en vivre, nous aussi.

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En quelques mots…

de la naissance au déclin de l’amour
traversé par la littérature
passionnant et bien écrit
l’histoire d’une femme
quelques petites longueurs
réalisme psychologique

Carte d’identité du livre

Titre : Un mariage anglais
Autrice : Claire Fuller
Traductrice : Mathilde Bach
Éditeur : Stock
Date de parution : 02 mai 2018

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#268 Gioconda – Nìkos Kokàntzis

Le résumé… 

La libraire Marie-Jo Sotto-Battesti (librairie Goulard, Aix-en-Provence), en quatrième de couverture de ce livre, le résume ainsi : « Gioconda est un de ces “petits” livres que l’on n’oublie pas de sitôt. Dans la Grèce de la Seconde Guerre mondiale, deux adolescents vont découvrir la magie du désir et de l’amour. La tourmente de la guerre emportera cet amour mais ce livre nous le restitue avec une force, une vérité extraordinaires et nous gardons longtemps au cœur sa lumière. »

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Mon avis…

Ce livre, bien que court, petit par son format, est un très grand livre, et surtout un témoignage émouvant. Avant d’en tourner la première page, on ne s’attend pas un tel choc. J’ai été très touchée par cette lecture, d’une sensibilité folle. L’auteur y raconte une période de sa vie, celle qu’il a partagée avec Gioconda, une jeune femme pleine de vie, aimée et amoureuse. Il narre leurs premiers sentiments, leurs premiers ébats, leurs joies et leurs peurs. Dans ce livre, les mots révèlent une sensualité acharnée. La tendresse, la soif de vivre, la chaleur du soleil et des corps, les battements des cœurs, tout transparaît. Ce témoignage n’est pas tant un récit sur la guerre qu’un véritable hymne à la vie et à l’amour. C’est un texte magnifique que l’auteur nous offre, en rendant hommage à la première femme qu’il a aimée avec une intensité vibrante. Gioconda est probablement un des livres les plus beaux que j’ai eu l’occasion de lire. Il nous happe, nous éprouve et nous émeut. Nìkos Kokàntzis voulait offrir un monument de mots à une jeune fille qu’il n’a jamais pu oublier, partie trop tôt à cause de la folie des hommes, et c’est magnifiquement réussi. Un livre plein de pudeur, entre rêve et réalité, à la fois nécessaire, lumineux, marquant, bouleversant, apaisant et vivant.

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Coup de cœur 

 

#227 Illettré – Cécile Ladjali

Coup de coeur

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Le résumé…

Illettré raconte l’histoire de Léo, vingt ans, discret jeune homme de la cité Gagarine, porte de Saint-Ouen, qui chaque matin pointe à l’usine et s’installe devant sa presse ou son massicot. Dans le vacarme de l’atelier d’imprimerie, toute la journée défilent des lettres que Léo identifie vaguement à leur forme. Elevé par une grand-mère analphabète, qui a inconsciemment maintenu au-dessus de lui la chape de plomb de l’ignorance, il a quitté le collège à treize ans, régressé et vite oublié les rudiments appris à l’école. Puis les choses écrites lui sont devenues peu à peu de menaçantes énigmes. Désormais, sa vie d’adulte est entravée par cette tare invisible qui grippe tant ses sentiments que ses actes et l’oblige à tromper les apparences, notamment face à sa jolie voisine, Sibylle, l’infirmière venue le soigner après un accident. Réapprendre à lire ? Renouer avec les mots ? En lui et autour de lui la bonne volonté est sensible, mais la tâche est ardue et l’incapacité de Léo renvoie vite chacun à la réalité de ses manques : le ciel semble se refermer lentement devant celui que les signes fuient et que l’humanité des autres ignore.

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Mon avis…

Voici mon gros coup de cœur du moment, enfin un d’entre eux en tout cas… J’ai entendu parler de ce livre pour la première fois il y a un moment dans La Grande Librairie. Cécile Ladjali m’avait totalement séduite en parlant de son livre, on sentait une profonde envie et une belle honnêteté, un projet magnifique. J’ai mis un peu de temps à pouvoir lire ce roman et, malgré ma très bonne impression lors de la diffusion de l’émission, je ne m’attendais pas à aimer autant ! Comment dire ? J’ai été surprise… L’écriture est magistrale, les mots choisis apportent une dimension poétique vraiment fabuleuse, tandis que la perception du monde qu’a Léo est d’une beauté indicible. Ce livre est le fruit d’un pari immense : faire comprendre à des lecteurs, et donc des personnes « lettrées », ce que c’est d’être illettré, et tout ça avec une narration riche en vocabulaire et en poésie. Un pari fou ? Oui, sûrement, mais un pari réussi ! Rarement un livre ne m’a arraché autant de larmes et de sourires à la fois…

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Léo est probablement un des personnages dont j’ai lu l’histoire qui me marquera le plus dans ma vie, j’en suis presque sûre. Illettré est un roman bouleversant, qui fait voir le monde de façon totalement différente… Les personnages, peu nombreux, sont vraiment très très attachants, et l’auteure sait nous mener là où elle veut, là où une telle histoire mène forcément… Cette lecture est un véritable électrochoc dont on sort changé, elle ne peut pas laisser indifférent. J’avoue que c’est très difficile de parler de ce livre, Cécile Ladjali a tellement bien choisi ses mots, les a parfaitement dosés, alors je ne pourrais pas vous dire les choses aussi bien qu’elle. Vraiment, si vous cherchez un livre à lire à tout prix, c’est celui-là. Il a tout pour lui : une écriture fabuleuse, une poésie merveilleuse, des personnages envoûtants, une histoire émouvante… Il n’y a pas vraiment de morale dans ce roman, c’est à vous de la découvrir, à vous d’en tirer quelque chose, à vous de transformer cette splendide expérience de lecture en autre chose… N’hésitez pas, vous avez la chance de pouvoir lire et comprendre ce livre, ce chef d’œuvre.

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Ma note…

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