Le résumé…
2144. Jack Chen, une ancienne scientifique et militante antibrevets, synthétise désormais des médicaments pirates. Robin des bois des temps modernes, elle sillonne les océans dans son sous-marin, vendant ses produits à bas prix aux populations incapables de s’offrir les molécules originales. Mais sa dernière «création», dérivée du Zacuity, une pilule qui augmente l’attrait pour son travail, semble provoquer une addiction très rapide, et les morts se multiplient. Toutes les victimes se sont, littéralement, tuées à la tâche.
Persuadée que ce n’est pas elle qui est coupable, mais la molécule originale, Jack va tout mettre en œuvre pour le prouver et trouver un remède. Mais, afin de la faire taire définitivement, on a lancé à ses trousses un biobot militaire, Paladin, dont c’est la première mission sur le terrain.
Mon avis…
Je n’avais pas lu de science-fiction depuis très, très longtemps. Si bien qu’en voyant ce roman dans le catalogue des éditions Denoël, je me suis dit : et pourquoi ne pas m’y remettre un peu ? Autonome est un roman qui demande quelques pages d’adaptation car, comme souvent avec la SF, le lecteur est transporté dans un monde régi par des lois bien différentes de celles que nous connaissons. Il faut en découvrir le fonctionnement politique, économique, social, en comprendre l’organisation, la géographie, les moeurs, et parfois même parcourir des décennies d’histoires en quelques lignes. Cela fait beaucoup de renseignements à assimiler et peut décourager certains lecteurs. Ce passage est plutôt bien ménagé dans Autonome. L’autrice parvient à ne pas trop nous perdre. C’est dans notre monde que se déroule cette histoire, plus d’un siècle dans le futur. Tout est loin d’avoir évolué dans le bon sens. Les humains, comme les robots, sont asservis et, s’ils peuvent parfois gagner leur autonomie, ce n’est pas donné à tout le monde. Les médicaments sont réservés aux plus riches, en raison d’une politique des brevets très douteuse, et ils sont désormais capables de tout modifier dans le corps humain. C’est à une crise de ce système que fait face Jack Chen : après avoir copié un médicament et en avoir fourni la version pirate à des populations modestes, elle réalise que celui-ci pousse à la mort ses utilisateurs. Elle va très vite se rendre compte que ce n’est pas la copie du médicament qui pose problème mais bien l’original.
Ce roman possède clairement une dimension critique importante et nous permet de réfléchir aux dysfonctionnements de notre propre société. Celle décrite dans Autonome est en effet un des scénarii probables s’inscrivant dans le prolongement du monde dans lequel nous vivons. J’ai tout particulièrement apprécié cette porte ouverte sur une réflexion à la fois philosophique et concrète. L’univers du roman n’est pas si éloigné du nôtre. Pourtant, j’avoue avoir eu du mal, au début, à me sentir réellement impliquée dans l’intrigue. Je ne saurais exactement dire pourquoi. J’avais l’impression de lire l’ensemble avec une certaine distance. Cela s’est progressivement amélioré quand l’autrice a su faire tomber les barrières et me laisser approcher et apprécier la psychologie des personnages. En même temps, on se familiarise de plus en plus avec ce possible futur, on l’apprivoise et on le comprend mieux. Si bien que la lecture, petit à petit, se fait plus légère. Je ne saurais que conseiller ce roman aux amateurs de SF, et éventuellement à ceux qui n’en ont pas l’habitude, à condition qu’ils soient attirés par la 4e de couverture. Sans s’accrocher à cette histoire, on peut vite s’égarer et perdre le plaisir de la lecture. Aux amateurs de robots et à ceux qui ne craignent pas les problématiques scientifiques, je recommande ce livre.

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En quelques mots…
Science-Fiction
sur la question de la liberté
humains et robots
parfois complexe
une écriture maîtrisée
Carte d’identité du livre
Titre : Autonome
Autrice : Annalee Newitz
Traducteur : Gilles Goullet
Éditeur : Denoël
Date de parution : 07 juin 2018
Merci aux éditions Denoël pour cette lecture.