Le résumé…
De la campagne d’après-guerre à la ville contemporaine, trois destins s’entremêlent.
D’abord, il y a Adélaïde, qui s’applique à effacer ses origines sociales. Puis Madeleine, jeune femme raisonnable étouffée par l’autorité parentale, et enfin Sophie, prête à tout pour faire carrière.
Trois héroïnes ordinaires qui aspirent à devenir maîtresses de leurs vies, face aux pressions collectives.
Mon avis…
Je dois l’avouer, je n’avais encore jamais lu de livre auto-édité. Mais il y a un début à tout, et Irrégulières me semble un parfait point de départ. A première vue, le résumé semblait en effet très prometteur tout en ne révélant que peu d’indices sur l’intrigue. Il est question, dans ce livre, de trois destins de femmes. Ces dernières sont, disons-le, banales, un peu comme nous toutes en réalité. Il s’agit de personnages que l’on pourrait tout à fait croiser, connaître, rencontrer, avoir dans sa famille. Le roman est très réaliste sur le plan de la psychologie. On n’a absolument aucun mal à se projeter dans les vies de ces femmes, à imaginer leur quotidien et les situations souvent difficiles auxquelles elles font face. Chloé Guillot Elouard nous décrit, à travers ces échantillons, les multiples obstacles auxquels sont confrontées les femmes dans tous les milieux sociaux, à toutes les époques. On se rend compte que, malgré leurs différences, elles doivent d’une certaine manière surmonter les mêmes épreuves, chacune à sa façon.
J’ai vraiment accroché aux trois intrigues, j’avais envie de savoir ce qu’il allait advenir de ces trois personnages. J’ai beaucoup aimé le mélange de banalité et de singularité de ces femmes, qui sont à la fois uniques dans leurs personnalités et réunies par les conditions qu’impose leur genre. En fait, ce roman est excellent à tous les niveaux, sur le plan des micro-histoires, celles d’Adélaïde, Madeleine et Sophie, et sur le plan de la macro-histoire, celle des femmes. Dans ce dernier aspect, le texte est féministe dans la mesure où il permet une réflexion sur le genre, sur la vie des femmes en France du XXe siècle à aujourd’hui. J’ai particulièrement aimé le personnage de Sophie, dans lequel j’avoue m’être reconnue sur certains points. Il s’agit d’une étudiante préparant sa thèse, confrontée à ses angoisses, aux attentes de la société, s’interrogeant sur ses propres désirs et volontés… Passionnant ! Je n’étais pas pour autant en reste avec Adélaïde et Madeleine qui ont elle aussi touché ma sensibilité.
J’ai donc eu une très agréable surprise avec Irrégulières. D’ailleurs, je tiens à souligner que le titre est très bien choisi, car il résume parfaitement le propos de ce roman. C’est un livre qui, véritablement, mérite d’être connu. Il est possible que certains points puissent déplaire à quelques lecteurs, comme la grande liberté que nous laisse l’autrice (ceux et celles qui ont déjà lu le roman me comprendront). C’est quelque chose que j’ai au contraire plutôt apprécié, car j’ai eu la sensation de continuer ma lecture encore bien après l’avoir fini ! Toutefois, un petit bémol pour moi : le thème de la maternité, assez présent à certains moments du roman, n’est pas celui qui me touche le plus, si bien que j’ai l’impression d’avoir « manqué » certains aspects. C’est tout de même une bonne expérience livresque que j’ai connue ici, car j’ai dévoré ce livre sans le lâcher, et il m’a laissé une excellente impression globale.
Carte d’identité du livre
Titre : Irrégulières
Autrice : Chloé Guillot Elouard
Éditeur : autoédité
Date de parution : 26 mai 2018
Merci à Chloé Guillot Elouard pour cette lecture.