#423 Les Graciées – Kiran Millwood Hargrave

Le résumé…

1617, Vardø, au nord du cercle polaire, en Norvège. Maren Magnusdatter, vingt ans, regarde depuis le village la violente tempête qui s’abat sur la mer. Quarante pêcheurs, dont son frère et son père, gisent sur les rochers en contrebas, noyés. Ce sont les hommes de Vardø qui ont été ainsi décimés, et les femmes vont désormais devoir assurer seules leur survie.
Trois ans plus tard, Absalom Cornet débarque d’Écosse. Cet homme sinistre y brûlait des sorcières. Il est accompagné de sa jeune épouse norvégienne, Ursa. Enivrée et terrifiée par l’autorité de son mari, elle se lie d’amitié avec Maren et découvre que les femmes peuvent être indépendantes. Absalom, lui, ne voit en Vardø qu’un endroit où Dieu n’a pas sa place, un endroit hanté par un puissant démon.

Mon avis…

Que le temps me manque depuis que je suis en thèse ! Mais j’arrive encore à grappiller quelques minutes, quelques heures, pour plonger dans des livres… Et quels livres ! L’autre jour, je me suis rendue en librairie afin de trouver un cadeau pour une amie… En demandant conseil au libraire, j’en ai presque fini par oublier que je ne venais pas pour moi, tant les romans qu’il me proposait semblaient passionnants. Mais il y en a un qui a attiré mon attention plus que tous les autres. C’était comme une évidence : je devais repartir avec, je devais le lire. Ce livre, le voici. Il s’intitule Les Graciées, et il a été écrit par Kiran Millwood Hargrave, écrivaine britannique. Il s’agit de son premier roman destiné à un public adulte… et cela ne se voit pas ! Ce que je veux dire par là, c’est que l’écriture est parfaitement maîtrisée, et il n’y a pas grand chose d’enfantin ou d’adolescent dans ces pages. C’est un récit parfaitement bien construit, malgré un démarrage un peu long. Ce sentiment de lenteur initiale s’explique probablement par l’attention portée par l’autrice à l’établissement du cadre, du contexte. Nous sommes dans un coin très reculé de la Norvège, en 1617. Un naufrage vient d’avoir lieu, sous les yeux des femmes du village : tous les hommes sont morts. En quelques secondes la plupart des femmes se retrouvent donc veuves, orphelines de père, ou vont devoir porter le deuil de leurs fils. Pendant plusieurs années, aucun homme ne s’installe au village. Les seuls qui viennent ne font que passer, pour le commerce surtout. Les femmes apprennent à vivre sans eux. Mais un jour, un délégué du seigneur est envoyé dans le village. Sa présence est d’abord énigmatique mais, très vite, la jeune Maren commence à sentir qu’il a apporté avec lui une terrible menace.

« Le pasteur peut bien penser que leur survie après la tempête tenait du miracle, Maren est désormais persuadée que Dieu se serait montré plus clément en noyant tout le village. »

Les Graciées de Kiran Millwood Hargrave n’est pas un récit qui décrit un village uni par la sororité. Les hommes, bien qu’absents, sont toujours là, comme des ombres ou des spectres. Ils hantent l’existence de ces femmes qui, contre toute attente, se divisent. Entre tradition et prétendu progrès, entre anciennes croyances et dogmes religieux, le village se déchire petit à petit, autour de l’homme providentiel pour certaines, dangereux pour d’autres : Absalom Cornet. A ses côtés, sa femme, qui ne connaît pas celui qu’on lui a fait épouser, qui ne sait rien de lui, qui ne connaît de lui que sa brutalité quand vient le moment de satisfaire ses désirs. Ursa, la jeune épouse, quitte le confort de sa vie citadine pour la dureté du quotidien dans un village de pêcheurs. Elle ne sait rien faire, se sent incapable d’accomplir tout ce qu’on attend d’elle. Mais elle trouve de l’aide, et surtout du réconfort, auprès de Maren, une jeune fille de son âge qui se sent inexplicablement attirée par le mystère de cette nouvelle venue. La relation entre les deux femmes est réellement ce que j’ai préféré. Dans cette histoire sombre et parfois violente, la douceur et la sincérité des liens qui les unissent sont particulièrement réconfortantes.

« Elle qui pensait avoir vu le pire depuis ce port, que rien ne pouvait égaler les horreurs de la tempête, comprend à présent combien il était naïf de croire que le mal ne pouvait provenir que du dehors. Depuis le départ, il était ici, parmi elles, perché sur deux jambes, répandant la rumeur de sa langue humaine. »

J’ai beaucoup plus aimé ce livre que je n’aurais pu l’imaginer. Quand j’ai fini Les Graciées, j’avais le sentiment d’avoir entre les mains le livre que je rêvais de lire. Les émotions que j’ai ressenties à sa lecture étaient si fortes, si belles. Ce roman a rencontré mon âme, comme une évidence. C’est un livre à la fois complexe par sa profondeur, par sa recherche, par son cadre atypique, et d’une simplicité vraie par les sentiments qu’il dépeint et provoque. Les Graciées secoue, bouleverse, et ne laissera personne indifférent. Vous l’avez compris, c’est un véritable coup de cœur. Inspiré d’une histoire vraie, ce livre n’en est que plus fort. Il m’a donné envie d’en savoir plus, de continuer mon exploration de ces lointaines contrées norvégiennes et de ces femmes du passé, qui nous rappellent les combats menés et les combats à venir. Un récit féministe et poétique, particulièrement éblouissant, émouvant, vibrant, le tout dans une atmosphère glaciale.

Carte d’identité du livre

Titre : Les Graciées
Autrice : Kiran Millwood Hargrave
Traductrice : Sarah Tardy
Éditeur : Robert Laffont
Date de parution : 20 août 2020

Coup de cœur

#422 Impact – Olivier Norek

Le résumé…

Face au mal qui se propage
et qui a tué sa fille

Pour les millions de victimes passées
et les millions de victimes à venir

Virgil Solal entre en guerre,
seul, contre des géants.

Mon avis…

J’achète peu de livres le jour même de leur parution. Mais, avec Olivier Norek, je ne peux pas attendre. C’est une valeur sûre. Je l’apprécie déjà depuis bien longtemps mais, avec Entre deux mondes, il m’a totalement bouleversée et a ainsi acquis ma fidélité de lectrice la plus totale. J’ai donc sauté sur Surface, que j’ai également adoré, et me voilà maintenant à vous parler de son dernier bébé, Impact. Comme toujours, j’ai envie de vous en dire beaucoup, mais je dois résister. J’ai pris énormément de plaisir à découvrir de A à Z le sujet du livre et ce que l’écrivain en a fait, donc je vais m’efforcer de préserver le suspense pour vous. Ce que je peux vous dire, c’est qu’Olivier Norek nous livre encore une fois ici un roman plein d’humanité, avec une intrigue percutante et déstabilisante. Oui, l’auteur nous fait encore une fois réfléchir. Il nous triture bien le cerveau et nous bouleverse. L’émotion est bien présente, l’engagement aussi. Non, Olivier Norek ne laissera pas notre conscience tranquille. Cette fois, c’est à l’écologie qu’il s’attaque, ou plutôt c’est à l’écologie qu’il rend service, avec un livre qu’il faudrait mettre entre les mains de tou.te.s.

Comme toujours, j’aime la dimension critique du roman, qui dénonce avec subtilité. La pluralité des points de vue apporte également une grande richesse au texte et s’avère très stimulante pour les lecteur.rice.s. Olivier Norek est bien déterminé à nous secouer, et il déploie tout son talent pour nous émouvoir et nous faire réagir. Impact est encore une fois une réussite. Un roman noir politique qui va loin, qui atteint son objectif. Le seul petit bémol que je pourrais émettre, mais il est logique, est peut-être le sentiment d’impuissance que j’ai pu ressentir à la fin du roman, mêlé d’un certain pessimisme. J’ai un peu déprimé, pendant quelques jours, quand même… Je dois avouer qu’Impact ne sera pas mon roman préféré d’Olivier Norek. Ce sera toujours Entre deux mondes, le roman le plus juste et le plus incisif qu’il ait pu écrire. Mais le parcours et la réflexion qu’il nous propose ici sont intéressants, et on en ressort l’esprit plus affûté encore, et avec une volonté exacerbée de changer les choses. Alors, encore une fois, merci monsieur Norek. Et je vous pardonne d’ores et déjà pour ma déprime passagère.

Carte d’identité du livre

Titre : Impact
Auteur : Olivier Norek
Éditeur : Michel Lafon
Date de parution : 22 octobre 2020

#421 Les sorcières de Pendle – Stacey Halls

Le résumé…

Lancashire, Pendle, 1612.

À 17 ans, Fleetwood Shuttleworth est enceinte pour la quatrième fois. Mais après trois fausses couches, la maîtresse du domaine de Gawthorpe Hall n’a toujours pas donné d’héritier à son mari. Lorsqu’elle croise le chemin d’Alice Gray, une jeune sage-femme qui connaît parfaitement les plantes médicinales, Fleetwood voit en elle son dernier espoir.

Mais quand s’ouvre un immense procès pour sorcellerie à Pendle, tous les regards se tournent vers Alice, accusée comme tant d’autres femmes érudites, solitaires ou gênantes.

Alors que le ventre de Fleetwood continue de s’arrondir, la jeune fille n’a plus qu’une obsession pour sauver sa vie et celle de son bébé : innocenter Alice. Le temps presse et trois vies sont en jeu.

Être une femme est le plus grand risque qui soit.

Mon avis…

Je poursuis dans la thématique « sorcières » avec un roman de la rentrée littéraire de septembre 2020, Les Sorcières de Pendle de Stacey Halls. Je l’avais vite repéré, et j’attendais encore pour l’acheter, quand j’ai vu la chronique de Sorbet-Kiwi qui m’a confortée dans l’idée que, oui, je devais vite lire ce roman. Donc je me suis lancée. J’ai tout de suite accroché à l’intrigue. Fleetwood est une jeune fille qui, à seulement 17 ans, est enceinte pour la quatrième fois. Elle a survécu à trois fausses couches, et elle craint cette fois de perdre la vie, ainsi que celle de son enfant. Elle rencontre par hasard Alice Gray, qui se présente comme une sage-femme et, intuitivement, elle lui fait confiance et se repose entièrement sur elle. Jusqu’à ce qu’une liste de noms vienne tout perturber. Alice est en danger alors que le grand procès en sorcellerie de Pendle commence.

Nous connaissons tou.te.s les procès de Salem. Et bien, Pendle est la version britannique de Salem. Il s’agit donc d’un roman qui prend un cadre historique bien réel. Les personnages eux-mêmes ont existé, l’autrice reprend simplement leurs noms et leur destin respectif, et imagine simplement leur parcours à l’aune de sa propre sensibilité. J’ai trouvé le récit plutôt bien rythmé, et j’ai beaucoup apprécié les instants totalement féminins, qui m’évoquaient parfois l’excellent film Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma. L’autrice nous montre la difficulté d’être une femme à cette terrible époque des chasses aux sorcières, où rien n’était pardonné, et surtout pas la liberté, l’indépendance et l’intelligence.

— Combien d’enfants aimeriez-vous avoir ?
J’ai serré les bras autour de ma poitrine.
— Deux. Pour qu’ils ne soient jamais seuls comme je l’ai été.
— Un garçon et une fille ?
— Deux garçons. Je ne souhaite la vie de fille à personne.

C’est un roman sensible, qui se lit très bien, en particulier la seconde moitié, lorsque l’intrigue s’accélère un peu et que les enjeux se multiplient. J’ai beaucoup apprécié cette lecture. Pourtant, j’aurais quand même quelques petits bémols à émettre. Je crois que le principal repose vraiment dans l’aspect psychologique du livre. J’aurais beaucoup aimé que les personnalités de ces femmes soient plus approfondies et développées. J’avais envie d’en savoir plus sur elles, et je ne les ai pas trouvé assez complexes. Je trouve aussi que la violence de la chasse aux sorcières est finalement assez peu dépeinte et que Fleetwood, qui prend tout de même certains risques pour aider Alice, n’est finalement que peu inquiétée, ce qui me paraissait parfois un brin irréaliste. Mais j’ai bien compris que ce roman se veut aussi en quelque sorte optimiste, en mettant en avant l’idée de sororité, vraiment centrale. Les quelques bémols que je soulève peuvent finalement se résumer en un seul : j’aurais bien aimé en lire plus ! Donc est-ce vraiment un reproche ? Cette lecture a au moins l’avantage d’avoir laissé de la place à l’imagination, qui continue à fonctionner même lorsque la dernière page est tournée.

Carte d’identité du livre

Titre : Les Sorcières de Pendle
Autrice : Stacey Halls
Traductrice : Fabienne Gondrand
Éditeur : Michel Lafon
Date de parution : 24 septembre 2020

#420 Les sorcières de la littérature – Taisia Kitaiskaia et Katy Horan

Le résumé…

Le livre pour célébrer les magiciennes de la littérature !

30 ensorcelantes écrivaines qui ont marqué leur époque, reconnues ou injustement oubliées, illustrées et racontées dans toute leur puissance.

Toni Morrison, Virginia Woolf, Emily Dickinson, mais aussi María Sabina, Audre Lorde, Yumiko Kurahashi, Octavia E. Butler… Alchimistes du verbe, elles nous emportent dans un envoûtant tour du monde et révèlent le pouvoir des femmes de lettres.

Toni Morrison, représentée par Katy Horan.

Mon avis…

Aujourd’hui, je vous parle d’un livre absolument magnifique : Les sorcières de la littérature : 30 écrivaines aux pouvoirs extraordinaires. C’est un très joli ouvrage qui regroupent les portraits de 30 femmes d’exception, toutes autrices et parfois militantes féministes. Sur la page de gauche, une superbe illustration signée Katy Horan, et sur la page de droite, un texte poétique de Taisia Kitaiskaia, les deux permettant de mieux comprendre et percevoir l’essence et le style de chacune de ces autrices. En dessous du texte, vous trouverez également une courte biographie, avec quelques conseils de lecture pour vous orienter dans votre découverte.

Le vague à l’âme, Anaïs rédige son journal sur les flots. Les pages s’écrasent sur les rochers, éclaboussent la lune, giclent sur les chaussures des voyageurs.euses qui se promènent sur la grève. Sa conscience lacrymale vient noyer les joues iodées des sirènes.

Extrait du portrait poétique d’Anaïs Nin, par Taisia Kitaiskaia

J’ai été très surprise par ce livre. Au début, j’étais un peu dubitative, car une double page me semblait assez peu pour parler de ces écrivaines. Mais en fait, j’ai vite compris en parcourant ce livre que le but n’était pas de tout nous dire de ces écrivaines. Ce n’est pas un ouvrage encyclopédique du tout. L’objectif, c’est tout simplement, pour Katy Horan et Taisia Kitaiskaia, de rendre hommage à ces femmes à travers leurs propres œuvres (leurs portraits et leurs poèmes ici), et de nous donner, à nous lecteurs et lectrices, un aperçu de ce qui nous attend si nous décidons d’aller plus loin. Elles nous proposent un échantillon du ressenti à la lecture de ces autrices. Chacun de ces portraits a pour but d’intriguer, de susciter la curiosité. Et, honnêtement, ça marche !

Forugh Farrokhzad, représentée par Katy Horan.

J’ai découvert avec ce livre quelques autrices que je connaissais pas du tout. Chacune possède même un surnom poétique, qui nous en révèle beaucoup sur son pouvoir de sorcière de la littérature. Shirley Jackson est la « Sorcière des villages, des horreurs domestiques et des mauvais présages », Flannery O’Connor la « Prophétesse des paons, des gens bizarres et des yeux de verre », Forugh Farrokhzad la « Rebelle de l’amour sensuel, des jardins verdoyants et des parfums envoutants ». Et, lorsque je les connaissais, j’ai trouvé les illustrations et les textes très justes, et très proches de ce que j’ai pu ressentir à la lecture de leurs écrits. Je pense en particulier à Emily Brontë (ici la « Gardienne des landes, du fantastique et des romances douloureuses ») ou encore Virginia Woolf (« Sentinelle des eaux, des bibelots de porcelaine et de la grammaire »). Vous retrouverez aussi, notamment, et en vrac : Emily Dickinson, Charlotte Perkins Gilman, Sylvia Plath, Janet Frame, Joy Harjo, Jamaica Kincaid, Audre Lorde, etc. En bref, quelques noms connus, certes, mais surtout énormément de belles découvertes.

Eileen Chang, représentée par Katy Horan.

Ce livre, préfacé par Chloé Delaume, a vraiment l’avantage de donner un tas d’idées de lectures pour les amateur.rice.s d’autrices et de féminisme. Tous ces portraits ensorcelants nous font rêver, et nous plongent dans une littérature envoutante et magique. Je pense vraiment que Les Sorcières de la littérature pourrait bien être une excellente idée de cadeau de Noël pour tou.te.s les curieux.ses, et en particulier les féministes ! Un beau livre, qui en appelle d’autres, portant les valeurs de la sororité, de l’indépendance et de la liberté créatrice. Découvrez-le vite !

Carte d’identité du livre

Titre : Les Sorcières de la littérature
Autrices : Taisia Kitaiskaia et Katy Horan
Traductrice : Cécile Roche
Éditeur : Autrement
Date de parution : 06 novembre 2019

#419 Une Viking à Rouen – Sophie Dabat

Le résumé…

Prête. Inge Oledöttir a vécu toute sa vie pour cet instant unique : son premier raid en Francie occidentale. Pourquoi alors, après avoir éliminé un à un tous les adversaires qui se dressaient sur son chemin, hésite-t-elle à envoyer l’ennemi, aux yeux aussi tumultueux que les flots de la mer, au Valhalla ? Serait-ce parce que le guerrier franc a osé lui voler un baiser au milieu des combats, à elle qu’aucun homme n’a le droit de toucher, ou parce qu’elle a aimé cet instant plus que tout autre ?

Mon avis…

Coucou tout le monde ! Si vous aviez l’habitude de traîner sur mon blog par le passé, vous savez que je ne suis pas une grande amatrice de romances, et que la collection Harlequin est très loin d’avoir envahi mes bibliothèques ! Comment dire ? Il semblerait que ce genre d’intrigues aient tendance à fortement m’agacer… Les femmes qui ne trouvent leur épanouissement que dans une relation avec un homme, les rôles souvent bien trop genrés, tout ça tout ça… Mais voilà, j’ai reçu ce petit roman en cadeau, Une Viking à Rouen, et je dois avouer que, contre toute attente, je me suis empressée de le lire. J’avais besoin de me changer les idées, de trouver un peu de légèreté dans ce monde anxiogène, je me suis donc lancée.

J’ai d’abord été assez agréablement surprise par l’héroïne, Inge. C’est une femme forte, déterminée, une guerrière dans tous les sens du terme. Elle est indépendante, et elle est aussi célibataire, à la fois par choix et par contrainte : elle rêvait depuis toujours de devenir l’une de ces skjaldmös – des combattantes sacrées – qui la fascinaient tant, et quand elle y parvient c’est la consécration, mais elle doit pour cela renoncer à fonder une famille et à s’unir un jour à un homme, même le temps d’une nuit. Au cours d’un combat, elle croise le chemin d’un guerrier franc, un ennemi. Celui-ci, pour la déstabiliser, l’embrasse, et profite de sa surprise pour se dérober au combat. Une obsession naît alors chez les deux personnages, obligés de constater qu’une attraction mystérieusement forte les unit. Raino, le guerrier franc, est un peu moins attachant – à mon goût – qu’Inge. Je ne me suis pas sentie séduite en tant que lectrice. Mais il a au moins le mérite de montrer du respect envers Inge, qu’il considère comme une grande guerrière, et surtout comme une égale.

Globalement, je dois dire que j’ai apprécié cette lecture. Je trouve que l’autrice a su trouver le juste milieu pour l’avenir des personnages. Elle n’est pas tombée dans le mélodramatique, ni dans la romance excessive. Les personnages sont assez profonds. Inge, en particulier, se questionne énormément, réfléchit aux conséquences de son désir pour Raino, alors qu’elle a juré fidélité à sa déesse. Cela maintient aussi du suspense, ce qui peut devenir relativement rare dans ce genre de récits. La fin est assez satisfaisante et, dans l’ensemble, conclut assez justement un récit plus complexe qu’on ne pourrait l’imaginer. Sur le plan historique, la romancière pose bien le cadre, mais on ne s’approche pas vraiment des mœurs de l’époque. L’Histoire reste un cadre, justement, et n’est pas vraiment centrale. D’ailleurs, j’ai été assez perturbée par le titre… Une Viking à Rouen, mais presque toute l’intrigue se passe ailleurs… Pour « une collection inédite de romances situées au cœur d’une région française », c’est dommage… On est plus souvent du côté de Paris ou de Nantes (avec la ville d’Herbauges), que de Rouen. Mais c’est un détail !

Pour conclure, on peut dire que ce fut une lecture plaisante, plus agréable que je ne l’avais imaginé, et aussi plus subtile ! Cela me tend à revoir un peu mon jugement sur les romances, même si ce n’est pas ce roman qui suffira à m’en faire devenir une grande amatrice. Néanmoins, je le conseille volontiers pour les amateur.rice.s du genre ! Il est vraiment bien écrit, les personnages et l’intrigue sont bien construits, et l’ensemble est assez original. On sort un peu des sentiers battus de la romance.

Carte d’identité du livre

Titre : Une Viking à Rouen
Autrice : Sophie Dabat
Éditeur : Harlequin
Date de parution : 1 juillet 2020

Lecture reconfinée

Il y a quelques temps, j’avais publié un article proposant quelques alternatives à Amazon, intitulé « Où acheter des livres en ligne« . Les évènements actuels, et en particulier le reconfinement, m’ont poussée à revenir sur ce sujet. Pourquoi ? Et bien, nous sommes reconfiné.e.s, vous le savez tou.te.s. Les commerces « non-essentiels » (que je déteste ce terme…), parmi lesquels les librairies, sont donc fermés jusqu’à nouvel ordre, alors que les grandes surfaces et Amazon peuvent continuer à vendre des livres au milieu de leurs milliers d’autres articles. Et, en plus de ça, les Fnac et autres espaces culturels – pour peu qu’ils aient un espace informatique – peuvent ouvrir leurs portes et, eux aussi, vendre des livres. Pendant ce temps-là, les librairies indépendantes, déjà en difficulté, ne peuvent plus accueillir de client.e.s. C’est notre rôle, aujourd’hui, en tant que lecteurs et lectrices passionné.e.s ou non, de soutenir ces petits commerces. Mais comment ?

Tout d’abord, il faut prendre conscience de la nécessité de soutenir le local : la librairie de quartier, celle qui est parfois la toute dernière de la ville, qui tente encore et toujours de résister à l’envahisseur, celle qui a du mal à joindre les deux bouts mais s’obstine pourtant à vous proposer ses coups de cœur, ses conseils de qualité et ses suggestions originales. N’hésitez pas à vous rendre sur les sites internet et les réseaux sociaux de cette librairie, et jetez un œil aux dispositifs mis en place pendant ce reconfinement. En effet, bien nombreuses sont les librairies indépendantes qui proposent dès aujourd’hui un service de click and collect ! Vous commandez, puis quand les livres sont prêts, vous allez les chercher, c’est aussi simple que cela. Certaines proposent même des livraisons : soit c’est le libraire lui-même qui fait des tournées (dans la majorité des cas), soit les livres sont confiés à des coursiers ou à la Poste.

Les services de la Poste étant maintenus (et peut-être même ceux des points relais, a priori), vous pouvez également commander vos livres sur internet auprès des librairies indépendantes, notamment en passant par les réseaux de libraires. Par exemple : leslibraires.fr (mon préféré), placedeslibraires.fr, lalibrairie.com, ou encore librairiesindependantes.com.

Chaque livre que vous achèterez dans les librairies indépendantes sera un soutien supplémentaire, un geste pour préserver notre belle culture littéraire. Nous devons à tout prix nous unir pour combattre la fermeture de ces petites boutiques qui nous tiennent tant à cœur. Certes, aujourd’hui, nous ne pouvons plus entrer dans une librairie et sentir la bonne odeur du papier, nous ne pouvons plus choisir au feeling les livres tous déposés en vrac ou bien rangés sur les tables et les étagères par nos gentils libraires… Mais si nous voulons pouvoir le refaire un jour, si nous voulons de nouveau ressentir ce plaisir, nous devons faire un geste aujourd’hui. Si vous aimez aller en librairie, si vous souhaitez pouvoir y retourner un jour, soutenez votre libraire dès maintenant, c’est important.

La tentation peut être grande d’acheter ailleurs. Nous sommes enfermé.e.s chez nous, nous avons envie de nous détendre avec un bon livre, alors évidemment que nous pouvons nous dire : « et si je le commandais sur Amazon, je l’aurai demain » ou « et si j’allais à la Fnac, je l’aurai tout de suite ». Oui, c’est vrai. Mais aujourd’hui, dans la situation actuelle, dans la crise sans précédent que nous connaissons, chacun de nos actes a des conséquences. Et si nous acceptions de ne pas tout avoir tout de suite, et de permettre aux petits commerces de rester ouverts ? Et ça, c’est seulement dans l’éventualité où la librairie indépendante n’aurait pas votre livre en rayon… Si elle l’a, vous l’aurez probablement dans la journée ou le lendemain également ! Alors ne vous précipitez pas, regardez bien sur leurs sites, appelez-les, renseignez-vous. Vous ne le regretterez pas !

Affiche créée par Mathieu Persan

Dans l’idéal, il faudrait même que ces libraires indépendantes puissent tout simplement ouvrir, elles aussi. Depuis le déconfinement, elles ont développé d’excellentes stratégies sur le plan sanitaire. Dans les librairies que je fréquente, tout est parfaitement mis en place pour accueillir le public dans les conditions les plus sûres possible. Alors pourquoi les fermer, puisqu’elles sont capables de gérer ? Est-ce à dire que la culture n’est pas essentielle ? Que l’apprentissage, la découverte, le plaisir, l’évasion, le sens critique, ne sont pas essentiels ? La culture n’est-elle pas tout ce qui fait que nous sommes nous, et pas un autre ? Bref, vous l’avez compris, ce combat est bien plus qu’un combat économique. Il est idéologique. Nous devons à tout prix défendre notre culture, la protéger, et donc soutenir nos libraires.

Dans la journée une pétition à été publiée, initiée par les syndicats de libraires, et véhiculée notamment par François Busnel, présentateur de La Grande Librairie. Cette pétition vise à inciter le gouvernement à autoriser la réouverture des librairies. Pour y accéder, il suffit de cliquer ici.

Que vous soyez lecteur.rice, blogueur.se, journaliste, enseignant.e, peu importe, n’hésitez pas à partager ce message autour de vous. Ne cédons pas à la facilité, et soyons fort.e.s pour nos libraires ! Soutenons-les tou.te.s ensemble.

Un rappel et non des moindres : le prix du livre est le même partout !

La lecture reconfinée, oui, bien sûr, mais une lecture éthique, une lecture responsable, une lecture solidaire.

#418 Mordre au travers – Virginie Despentes

Le résumé…

Des femmes qui vendent leur corps, qui le punissent de ne pas être comme celui des autres ou de porter le fruit d’un désamour, qui le fantasment dans des ébats sulfureux… Évocations tranchantes d’un quotidien noir, de drames intimes ou de rêves inquiétants, ces nouvelles disent violemment le désir et le refus du désir, la colère, la honte inavouée, les excès d’amour, ou encore la folie meurtrière…

Mon avis…

J’ai récemment eu l’occasion de lire ce petit recueil de nouvelles de Virginie Despentes, paru chez Librio. J’avoue que c’est surtout la quatrième de couverture qui m’a attirée. En ce moment, j’ai envie de lire sur les femmes, et je cherche des textes forts. Ayant déjà été séduite par King Kong Théorie, référence en terme de féminisme, je connaissais le style incisif et parfois brut de décoffrage de Despentes. Elle n’a pas froid aux yeux, elle n’a peur de rien, et certainement pas de choquer. Autre argument : ce recueil coûte seulement 3 euros, et ce n’est pas un élément négligeable quand on a un budget un peu serré. Alors, était-ce un bon choix ?

Autant vous dire que oui, vraiment, ce recueil un peu méconnu vaut clairement le détour. Chaque nouvelle est d’une force telle qu’elle nous coupe le souffle, nous empoigne, nous secoue, nous balance sous le poids lourd de la vie qui nous écrase… J’admets que cette métaphore n’est peut-être pas des plus enthousiasmantes, mais je la trouve adaptée à l’effet que peut faire ce recueil : il est brutal, il remue profondément – viscéralement – et il heurte. Mais il touche juste, il éveille en nous le sentiment de révolte, il montre la force des femmes, une force bien trop souvent balayée par les privilèges des hommes. Oui, Mordre au travers s’inscrit bien dans la lignée de King Kong Théorie. Il évoque les thèmes chers à Despentes, et tant d’autres : violences conjugales, viols, drogue, prostitution, mais aussi amour, poésie, recherche de tendresse…

Virginie Despentes maîtrise à la perfection l’art de la nouvelle, avec sa chute vertigineuse, son choc final, qui nous laisse bouche bée, sans voix, aspiré par la noirceur du monde. Le tout porté par son style incomparable, ses longues phrases qui suivent le fil des pensées, des pensées torturées… Peut-être trop violent pour certain.e.s lecteur.rice.s, ce recueil ne laissera pas indifférent.e.s les révolté.e.s, les déconstruit.e.s, celleux qui entendent observer et comprendre le monde qui les entourent, dans toute sa violence et dans toute sa splendeur. C’est une lecture difficile, mais salutaire. Une lecture amère, mais mordante.

« Quand tu le fais avec moi, comment ils font tes reins ça me fait du bien de haut en bas, avec le bassin tu me casses quelque chose, résistance qui pète en plein milieu, il y a du ciel par là, je suis ouverte en plein milieu, il me sort des lambeaux de nuages, sans interruption, et il y a de la mer qui se déploie dans ma gorge, pourquoi ce plaisir-là vient de toi et c’est toi seulement qui le donnes, soleil roulant sur des arcs tendus, trempée, tu me vas tellement loin, à ce moment-là mon ventre est sûr et c’est pour toi qu’il est bâti, creusé en pente douce pour que tu glisses à l’intérieur et tu n’as jamais de fin, ouvrir les yeux c’est dans les tiens que je tombe et toujours j’ai attendu ça, c’est le centre du monde, j’étais bâtie pour ça, j’étais bâtie pour toi, me renfermer sur toi, m’ouvrir en plein pour toi. »

Carte d’identité du livre

Titre : Mordre au travers
Autrice : Virginie Despentes
Éditeur : Librio
Date de parution : 4 mars 2020 (1999)

Avertissement : Certains passages peuvent heurter la sensibilité des lecteur.rice.s.

#417 Les Sauroctones, tome 1 – Erwann Surcouf

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Le résumé…

Bienvenue dans un monde post-apo ultra-violent, où les mutations physiques vont bon train et où la nature sauvage est peuplée de créatures démesurées. Des mercenaires sillonnent le territoire pour les tuer : ce sont les Sauroctones. Quand Zone, Jan et Ursti, trois adolescents vagabonds en pleine loose, apprennent l’existence d’une énigmatique fusée qui pourraient leur faire fuir définitivement ce monde hostile, ils se trouvent un but commun : la chercher ! Mais comme souvent, le voyage est semé d’embûches, et les trois héros vont cahin-caha s’improviser « Sauroctones »…

Mon avis…

Ces derniers temps, je me mets activement à la BD et j’en lis de plus en plus. Jusqu’ici, cela avait plus souvent été une réussite qu’une déception… Les Sauroctones est une bande dessinée qui, malheureusement, vient casser cette dynamique. Je préfère prévenir : cette chronique sera relativement courte, pour la simple et bonne raison que je n’ai même pas réussi à finir… Je n’ai pas pu aller jusqu’au bout. Pourtant, j’ai tenté, mais c’était impossible pour moi. Le dessin ne m’a pas du tout plu, je n’arrivais pas à avoir de visibilité sur l’univers dans lequel l’auteur souhaitait m’entraîner. C’est une BD que j’ai trouvée difficilement lisible sur le plan visuel, mais aussi au niveau scénaristique, malgré le résumé très intrigant et prometteur. Dès les premières pages, je ne savais ni où ni quand j’étais, je ne comprenais déjà rien… Je me suis dit que j’avais peut-être loupé quelque chose, donc j’ai recommencé la lecture… La deuxième tentative a été légèrement plus fructueuse, puis je me suis de nouveau égarée, embrouillée… Que dire ? Les Sauroctones n’est clairement pas une BD faite pour moi, et je ne peux pas vous dire quel public serait susceptible de l’aimer… Je crois que tout se fera au feeling, à l’appréciation personnelle de chacun.e, comme c’est finalement souvent le cas… En tout cas, de mon côté, le plaisir n’a pas été au rendez-vous !

Carte d’identité du livre

Titre : Les Sauroctones, tome 1
Auteur : Erwann Surcouf
Éditeur : Dargaud
Date de parution : 31 janvier 2020
Âge : à partir de 12 ans

1 étoile

#416 Un samedi soir entre amis – Anthony Bussonnais

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Le résumé…

Claire, inquiète, consulte à nouveau son portable. Il est vingt heures passées et son petit-ami, qui était censé venir la chercher, est introuvable. Cela fait bientôt six mois qu’ils sont ensemble, Claire le connaît bien. Medhi est toujours à l’heure. François est extrêmement organisé. Grâce à lui, la soirée du samedi est devenue un évènement incontournable que ses voisins, choisis avec le plus grand soin, ne rateraient pour rien au monde. C’est le moment idéal pour décompresser et se relâcher. En plein cœur de la forêt, Medhi est nu. Il tremble. Malgré l’obscurité, il parvient à repérer plusieurs personnes autour de lui, les rires vont bon train, tout le monde semble à la fête… Mais qu’attend-on vraiment de lui ?

Mon avis…

Le résumé de ce livre ne pouvait que m’intriguer… Pour une simple raison d’abord, il me rappelait énormément un texte que j’avais déjà lu, et que j’avais surtout adoré : Chiens de sang de Karine Giebel… Je voulais donc voir ce que ça allait donner… Autant vous dire que, nécessairement, je partais avec une bonne dose d’exigence. Karine Giebel avait réussi l’exploit de nous livrer un récit très très intense en peu de pages, et c’était un sans faute ! Ici, Anthony Bussonnais nous propose un roman d’une longueur beaucoup plus standard, et a donc plus de place pour développer l’intrigue et la psychologie des personnages… Vous l’avez deviné, c’est encore une véritable chasse à l’homme qui nous attend… L’intrigue, en elle-même, ne pose donc aucun problème : on s’attend à du suspense haletant, à de la violence, à de la haine inexpliquée ou inexplicable, à de nombreux rebondissements… Bref, le fond est prometteur.

Sur la forme néanmoins, plus de bémols. Un samedi soir entre amis est un bon roman divertissant, mais il est clair que quelques incohérences apparaissent très vite… Ne serait-ce qu’entre le résumé et le contenu du livre lui-même : les « invités » de François seraient triés sur le volet, ce qui n’est en réalité pas véritablement le cas, comme le révèle la fin du roman (que je ne vous révèlerai pas, cela va de soi). Il y a également quelques maladresses sur le plan sémantique. On se perd aussi parfois en raison de la construction même du roman, qui fonctionne sur un système de prolepses et d’analepses, avec des allers et retours dans le temps entre la préparation de ce fameux samedi soir, son déroulement sur place, et le vécu de Claire et des proches de Medhi qui mènent leurs recherches… Pour ce qui est de la psychologie des personnages, là encore, elle manque parfois de subtilité, ce qui peut être contrariant… L’auteur se rattrape néanmoins en abordant le sujet du racisme, ce qui apporte un intérêt supplémentaire à un récit qui a très clairement un rythme haletant !

Un ensemble un peu maladroit et inégal, donc. Mais pourtant, le roman fonctionne, et l’effet page-turner est au rendez-vous. Alors, certes, ce n’est pas le livre de l’année, mais je trouve que cela reste un bon roman pour les lecteurs peu tatillons qui cherchent une lecture violemment divertissante ! Vous l’avez compris, je suis mitigée. Je n’ai pas pu m’empêcher, tout au long de ma lecture, de penser à Chiens de sang (que je ne peux que recommander). Et Un samedi soir entre amis n’a pas réussi à s’imposer dans mon esprit, car il n’a pas su faire la différence par son originalité, ce qui est dommage. Je pense qu’Anthony Bussonnais peut se faire sa place dans le milieu du roman noir et du thriller s’il parvient à se démarquer un peu plus, avec un style plus fort, avec plus de recherches et de justesse. Il y a encore des choses à améliorer. Un petit ajout par rapport au reste de ma chronique : vous l’avez compris, Chiens de sang est une forte référence dans mon esprit et il est clair que quelqu’un qui ne connaît pas cet autre texte serait plus susceptible d’aimer Un samedi soir entre amis !

Carte d’identité du livre

Titre : Un samedi soir entre amis
Auteur : Anthony Bussonnais
Éditeur : Préludes
Date de parution : 05 février 2020

4 étoiles

Merci aux éditions Préludes et à NetGalley pour cette lecture.