#403 Chasseurs de lumière – Tyler Knott Gregson

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Le résumé…

Un jour, en flânant dans une brocante, Tyler Knott Gregson tombe sur une vieille Remington. Là, debout, sur une page arrachée d’un livre, il tape sans réfléchir. Sous ses doigts naît le tout premier poème de la série de la machine à écrire. Il est aussitôt séduit par cette singulière incapacité à effacer, à retravailler. Par le reflet de son esprit sur cette page, imparfait et sincère. Dans un monde numérique, tenir dans sa main des mots analogiques, c’est pour lui comme une respiration. Quelques années et près d’un millier de poèmes plus tard, publiés sur Instagram et rassemblant toujours plus de followers, l’auteur a réuni les plus pertinents dans ce recueil devenu depuis un best-seller dans plusieurs pays.

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Mon avis…

Je vous parle aujourd’hui d’un petit livre que j’avoue avoir un peu laissé traîner dans un coin de mon appartement, et avoir retrouvé par hasard un soir de déprime… Et, à vrai dire, je crois qu’il a simplement resurgi au moment où j’avais besoin de lui. Ce petit livre, c’est Chasseurs de lumière, poèmes de la machine à écrire. Il s’agit d’un recueil de textes poétiques écrits par Tyler Knott Gregson, charmant jeune homme qui a découvert une vieille Remington et a décidé de s’en emparer pour y poser ses pensées. Les adeptes de l’écriture automatique, directe et sans retouches, s’y retrouveront à coup sûr. Ces poèmes sont d’une beauté inouïe, et chacun apporte un souffle différent à la lecture.

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Il y en a des longs, des brefs, des légers, des intenses, des joyeux, des mélancoliques… Nuancé et subtil, ce recueil terriblement envoutant m’a fait frissonner pendant deux soirées entières. J’ai savouré chaque mot, chaque vers, et je n’ai pas pu m’empêcher de les partager avec mes proches au fur et à mesure de ma découverte. Les avis étaient unanimes : magnifique. Et, gage de qualité supplémentaire, il faut noter que la traduction a été faite par Clémentine Beauvais, dont on connaît déjà le talent poétique. Elle s’est donnée pour mission de rendre à la perfection l’intention de ces poèmes, leur pureté et leur délicatesse, et je peux vous assurer que c’est une mission belle et bien remplie.

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Que vous soyez déjà amateurs de poésie ou que vous souhaitiez vous lancer pour une grande première, je pense que vous pourrez être séduits par ce recueil à la fois très élaboré et accessible. La mise en page et le travail sur l’esthétique sont aussi essentiels. Vous le voyez sur les photos jointes à la chronique, les textes sont présentés comme des objets. On a l’impression d’avoir des feuilles volantes sous les yeux, des morceaux de papiers déchirés sur lesquels un instantané poétique a été imprimé… Et là encore, c’est particulièrement beau et réussi. Que dire de plus ? C’est un vrai coup de coeur que je vous présente ici, et j’espère qu’il saura vous charmer à votre tour.

Carte d’identité du livre

Titre : Chasseurs de lumière, poèmes de la machine à écrire
Auteur : Tyler Knott Gregson
Traductrice : Clémentine Beauvais
Éditeur : Presses de la Cité
Date de parution : 14 novembre 2019

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Coup de coeur

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Merci aux éditions Presses de la Cité pour cette lecture.

#388 Douleur et lumière du monde – Tahar Ben Jelloun

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Le résumé…

« Toi qui viens
Donne-moi le sens des choses
La direction des vents
Le nom de ce que je ne connais pas
La couleur de l’espérance
La plénitude de l’amour
Et la présence

Donne-moi ce que tu as
Car je suis ce que je peux. »

Mon avis…

Je vous parle assez rarement de poésie sur le blog, c’est vrai. Néanmoins, je vous ai déjà chroniqué deux livres de Tahar Ben Jelloun. Il s’agissait de son excellente réécriture des Contes de Perrault et d’un récit autobiographique relatant l’emprisonnement de l’écrivain lors de sa jeunesse au Maroc en mars 1965. Et donc, aujourd’hui, des poèmes. Tahar Ben Jelloun s’essaye à tout, pour notre plus grand plaisir. J’ai beaucoup aimé le recueil que voici. Je trouve que le choix du titre est on ne peut plus juste. Douleur et lumière du monde En effet, ces poèmes montrent précisément la dualité du monde dans lequel nous vivons, mais aussi de l’être humain, à la fois si beau et si cruel, créateur et destructeur… Cette rencontre constante du bien et du mal, tantôt confrontation, tantôt cohabitation, est au coeur de ce recueil. Et c’est aussi une thématique qui habite toute la production littéraire de Tahar Ben Jelloun, qui aime représenter le charme et la beauté de son pays, mais aussi l’horreur qu’il y observe parfois. Dans ces poèmes, il est question d’amour, de peur, de terrorisme, de soleil, de chaleur, de souffrance, de guerre, de rêve

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Ce sont des textes tous très émouvants et touchants, qui échappent à l’opacité que l’on peut parfois remarquer en poésie. Il y a juste ce qu’il faut de mystère, et la bonne dose de clarté pour que les lecteurs comprennent la pensée qui a guidé l’écriture. Douleur et lumière du monde est une porte d’entrée originale et singulière vers l’univers de Tahar Ben Jelloun, mais aussi une lecture pertinente pour qui veut mieux comprendre le regard de l’écrivain sur un monde sans cesse bouleversé. Que l’on adore la poésie, ou que ce soit un genre que l’on souhaite découvrir en amateur, il ne faut pas hésiter à se lancer. Tahar Ben Jelloun est un écrivain qui sait mieux que personne prendre son lecteur par la main et l’emmener là où il veut.

Carte d’identité du livre

Titre : Douleur et lumière du monde
Auteur : Tahar Ben Jelloun
Éditeur : Gallimard, collection Blanche
Date de parution : 11 avril 2019

5 étoiles

#232 Poètes de Lisbonne – Anthologie

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Mon avis…

J’ai découvert ce petit recueil à l’occasion d’un séjour au Portugal. J’avoue que je ne connaissais que peu la littérature portugaises, tout juste quelques noms à vrai dire… J’ai donc décidé de profiter de ces vacances pour combler ce manque. Poètes de Lisbonne est un excellent moyen d’approcher la littérature portugaise, et en particulier sa poésie. En effet, il s’agit d’un ouvrage bilingue, la page de gauche donnant la version originale en portugais et la page de droite une excellente traduction en français. Je pense que, même si l’on ne comprend pas le portugais, la version bilingue est essentielle car elle donne les sonorités, la musicalité des textes, ce que la traduction ne peut pas toujours rendre, malgré les efforts fournis. Ce livre m’a justement beaucoup plu en raison de la qualité du travail de traduction mené par Elodie Dupau. J’ai pu percevoir toutes les facettes de cette riche poésie, ce qui me donne envie d’en découvrir encore plus.

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Floberla Espanca

Ce recueil est loin d’être une petite anthologie ennuyante. Le choix des poèmes est pertinent, tout comme celui des auteurs, qui permet de survoler une partie de la production littéraire portugaise en découvrant ses principaux poètes : Luís de Camões, Cesário Verde, Mário de Sá-Carneiro, Florbela Espanca et enfin Fernando Pessoa. L’ensemble est d’autant plus dynamisé qu’il est accompagné d’illustrations très réussies et modernes d’André Carrilho. Une petite biographie précède chaque section, présentant avec juste ce qu’il faut de détails les poètes que l’on s’apprête à découvrir. Quand cela est nécessaire, des notes interviennent, notamment pour mieux comprendre les références aux lieux par exemple. Ces poètes ont en effet pour point commun d’avoir vécu à Lisbonne, à un moment de leur vie, et d’avoir écrit à son sujet. Tous les poèmes, évidemment, ne sont pas autour de cette ville, mais il arrive qu’elle pointe le bout de son nez au détour d’un vers…

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Luís de Camões

J’ai beaucoup aimé découvrir ces poèmes lors de mon voyage au Portugal, cadre idéal pour cette lecture, mais pas indispensable bien sûr. Si vous ne connaissez pas ce pays, vous le découvrirez à travers sa littérature. Et même les sceptiques de la poésie – il en existe beaucoup aujourd’hui – sont très susceptibles d’aimer ces textes, pour leur savant mélange de richesse, de beauté et de simplicité. Il serait bien dommage de passer à côté d’une telle découverte, n’est-ce pas ? Et, si vous les connaissez déjà, cela vous fera un échantillon de très bons textes, pour vous ou pour un proche que vous voulez faire voyager !

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Mário de Sá-Carneiro by André Carrilho

Ma note…

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#224 Songe à la douceur – Clémentine Beauvais

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Le résumé…

Quand Tatiana rencontre Eugène, elle a 14 ans, il en a 17 ; c’est l’été, et il n’a rien d’autre à faire que de lui parler. Il est sûr de lui, charmant, et plein d’ennui, et elle timide, idéaliste et romantique. Inévitablement, elle tombe amoureuse de lui, et lui, semblerait-il… aussi. Alors elle lui écrit une lettre ; il la rejette, pour de mauvaises raisons peut-être. Et puis un drame les sépare pour de bon. Dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard. Tatiana s’est affirmée, elle est mûre et confiante ; Eugène s’aperçoit, maintenant, qu’il la lui faut absolument. Mais est-ce qu’elle veut encore de lui ? Songe à la douceur, c’est l’histoire de ces deux histoires d’un amour absolu et déphasé – l’un adolescent, l’autre jeune adulte – et de ce que dix ans à ce moment-là d’une vie peuvent changer. Une double histoire d’amour inspirée des deux Eugène Onéguine de Pouchkine et de Tchaikovsky – et donc écrite en vers, pour en garder la poésie.

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Mon avis…

Ce nouveau livre de Clémentine Beauvais, paru il y a peu, est un pari original, une réécriture d’un classique… Mais pas n’importe comment : en vers. C’est une forme qui m’a tout de suite intriguée car je la pratique moi-même lorsque j’écris, j’avais donc hâte de voir ce que cela allait donner. J’ai eu l’impression que cela rendait la lecture parfois un peu moins agréable, alors qu’à d’autres moments cela lui donnait tout son charme. Je pense que c’est un bel hommage à Pouchkine et Tchaikovsky, une belle actualisation qui devrait séduire beaucoup de lecteurs. Il faut vraiment beaucoup de courage pour tenter une nouvelle forme d’écriture, en particulier à l’époque où quasiment tous les lecteurs sont attirés par des romans dont le format évolue peu. Ici, l’esthétique de la page est presque aussi importante que le texte lui-même, ou en tout cas apporte beaucoup à la lecture. L’histoire en elle-même est une adaptation d’Eugène Onéguine, donc rien de vraiment original, bien que cela permette de faire découvrir l’œuvre à toute une nouvelle génération, un pari réussi donc pour Sarbacane et Clémentine Beauvais.

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L’intrigue étant très appréciable, une romance sympathique, avec un narrateur plutôt proche de nous, sans cesse en contact avec notre réalité, je n’ai eu aucun mal à lire ce roman en deux petites soirées. Je ne sais pas s’il va me marquer durablement, honnêtement je ne pense pas… Si le livre est original, sa lecture ne m’a pas particulièrement époustouflée, malgré le grand plaisir que j’ai ressenti à découvrir un tel livre adressé à la jeunesse. Je pense que c’est une innovation qui pourra inciter beaucoup de lecteurs à découvrir d’autres choses, la littérature ne se limitant pas aux romans en prose. Evidemment, tout reste une question de goût. Si ce livre m’a fait passer un excellent moment, en particulier avec des personnages très émouvants, il n’en est pas pour autant un coup de cœur. Mais, malgré tout, je vous le conseille fortement, et pour un tas de raison : son originalité, son intrigue, sa forme, ses personnages, son dénouement, son humour, et j’en passe !

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Ma note…

17/20

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Merci à Sarbacane pour cette lecture…

#183 Van Gogh, le suicidé de la société – Antonin Artaud

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Le résumé…

Dans Van Gogh le suicidé de la société, publié en 1947, Antonin Artaud fait de la violence de Van Gogh la réponse à l’obscénité haineuse du monde et des psychiatres ; de sa folie, une réponse de l’âme à l’imbécillité universelle qui lui souffle «Vous délirez». Alors Van Gogh s’est tué parce qu’il ne pouvait pas tuer le psychiatre, le docteur Gachet. Il s’est tué parce qu’il ne pouvait plus supporter ce «délire» qu’on attachait à ses pas.

«Je vois à l’heure où j’écris ces lignes, le visage rouge sanglant du peintre venir à moi, dans une muraille de tournesols éventrés, dans un formidable embrasement d’escarbilles d’hyacinthe opaque et d’herbages de lapis-lazuli. Tout cela, au milieu d’un bombardement comme météorique d’atomes qui se feraient voir grain à grain, preuve que Van Gogh a pensé ses toiles comme un peintre, certes, et uniquement comme un peintre, mais qui serait, par le fait même, un formidable musicien.»

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Mon avis…

Je voulais lire ce livre pour deux raisons : mon admiration pour Van Gogh et ma curiosité pour Antonin Artaud. Alors évidemment, quand l’un tente de parler de l’autre, c’est un cadeau inestimable… Et c’est dans cet état d’esprit que j’ai commencé à parcourir ces lignes d’une poésie époustouflante… J’ai ressenti beaucoup d’émotions à pénétrer les pensées d’Antonin Artaud, à voir la façon dont il s’identifiait à Van Gogh et tout ce qu’il voyait dans ses toiles. Je mettais en miroir sa vision de l’artiste et des œuvres, et la mienne, ce que moi j’y percevais. Ce texte est autant marqué par la personnalité de Van Gogh que par celle d’Artaud, sûrement même plus que ce dernier…

Ce que j’ai admiré dans ce livre, c’est l’originalité dans le choix des mots, la pertinence d’Artaud qui déchiffre chaque coup de pinceaux, chaque touche de couleur, chaque mouvement sur la toile… Il projette sa propre angoisse sur celle de Van Gogh, et tous les deux apparaissent comme des alter ego qui attendaient quelques mots sur des pages pour se trouver réunis. C’est une oeuvre d’une beauté inouïe, qui ravira les amateurs de littérature et les passionnés de peinture, ainsi que tous les curieux… Deux personnalités détonantes à découvrir, un vrai mythe à parcourir…

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Ma note…

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#145 Les fleurs du mal, épreuves corrigées – Baudelaire (Editions des Saints Pères)

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En grande admiratrice de Baudelaire, depuis de longues années, j’ai véritablement craqué lorsque j’ai vu, dans le Grand Journal, la magnifique édition des Fleurs du mal présentée par Augustin Trapenard…

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Voici la présentation de l’ouvrage par les Editions des Saints Pères :

Charles Baudelaire est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands poètes du XIXe siècle. Les Fleurs du mal est l’œuvre de sa vie.

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Le livre est publié le 25 juin 1857 chez Poulet-Malassis et de Broise. C’est une consécration pour le poète qui, comme en témoignent ses contemporains, aurait terminé la composition de la majeure partie de son sulfureux recueil au début des années 1850.

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Avant de donner son « bon à tirer » définitif, Baudelaire retravaille plusieurs fois son recueil.
Il rectifie, se reprend, rature, sollicite l’avis de son éditeur jusqu’à l’épuisement.

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Cette édition a d’abord été tirée à 1000 exemplaires numérotés, et j’ai le bonheur d’en avoir un… Il sera ensuite réimprimé, mais cette fois dans une mise en forme différente et non numérotée !

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Dans ce document manuscrit inédit, Baudelaire nous apparaît comme un Sisyphe de l’écriture, abandonnant douloureusement l’œuvre de sa vie et cherchant, dans les incessants remaniements de son texte, une forme de perfection esthétique.

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13 dessins inédits de Rodin ont été insérés dans cet ouvrage afin de le rendre encore plus exceptionnel. Il est vrai que la sensualité des œuvres du célèbre artiste ne peuvent que s’accorder avec le désir de perfection qui anime Baudelaire au fil de ses corrections.

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On apprend beaucoup de choses à parcourir ce livre, on réalise encore mieux ce qui était important pour l’auteur, on perçoit ses hésitations, son souci du détail, et on côtoie sa splendide écriture sous sa forme manuscrite…

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Le livre est envoyé dans un coffret, bien protégé dans un (très) grand carton.

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L’ouvrage est assemblé par les ateliers Babouot à Lagny-sur-Marne. Il s’agit d’un véritable livre de collection, reproduction d’un objet unique auquel peu de gens ont pu avoir accès.

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Estimé 3 millions de francs, les épreuves corrigées sont donc les seules traces manuscrites autour des Fleurs du mal. Elles ont été préemptées par la Bibliothèque nationale de France en juin 1998 lors d’une vente aux enchères chez Drouot, pour de 3,2 millions de francs. Une somme colossale pour ce type de documents.

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Magnifique, n’est-ce pas ?

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#121 – La triste fin du petit enfant huître et autres histoires – Tim Burton

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Le résumé…

La triste fin du petit enfant huître est le premier recueil de textes du cinéaste Tim Burton. Les histoires sont celles d’enfants tristes, différents, solitaires, où l’on retrouve les personnages de ses films, comme Edward aux doigts d’argent, ainsi que l’atmosphère onirique et poétique de l’Etrange Noël de Monsieur Jack, grâce à ses dessins qui accompagnent les textes. Emotion, tendresse, rire et cruauté sont au rendez-vous. Les vingt-trois petites histoires de ce livre réunissent autant de petits monstres : un enfant huître, robot, melon, momie, un enfant toxique, une fille avec plein d’yeux, une autre faite d’ordures.

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Mon avis…

Etant une grande fan des films de Tim Burton depuis déjà des années, je connaissais également son activité littéraire (assez réduite ceci dit) et j’avais quelques souvenirs de l’histoire du petit enfant huître. En tombant donc sur ce livre à Emmaüs, pour la modique somme de 50 centimes, je n’hésite pas un seul instant, cela va de soi. Aussitôt acheté, aussitôt lu ! Ces petites histoires sont adressées aux adultes et aux enfants, cependant j’émets un bémol concernant nos bouts de chou car ces histoires sont assez… spéciales ! L’univers de Tim Burton quoi ! Il raconte les histoires d’enfants exclus de la société, car ils sont particuliers, et leur vie est parfois très triste et très sombre. Certaines font quatre lignes, certaines quatre pages, mais dans tous les cas elles sont blindées d’humour noir. Rien d’enfantin là-dedans en vérité, beaucoup de « cruauté » envers ces enfants différents, mais une cruauté qui colle à l’espèce humaine finalement.

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J’ai beaucoup aimé chacune de ces histoires, même si certaines ont plus rencontré mon adhésion que d’autres. Je ne me souvenais cependant pas autant de ce côté sombre et ironique. Je pense que mon esprit n’a gardé qu’une partie de l’histoire que j’avais entendue étant petite, en omettant les parties les plus cruelles. Cependant, pour les fans de Tim Burton, et ceux qui aiment l’humour noir et qui n’ont pas peur de la « cruauté » à l’allure enfantine, ces petits contes sont vraiment une œuvre à lire. Ne serait-ce que pour approcher encore plus profondément l’intériorité du réalisateur tant admiré pour ses films au caractère sombre et dramatique. L’originalité est présente à cent pour cent dans cette première œuvre littéraire de Tim Burton, son style est indéniablement présent et reconnaissable. Les illustrations, tout comme la poésie des mots, sont merveilleuses. Les éditions 10/18 proposent cette œuvre en version bilingue avec sur une page la version originale et sur l’autre la version française. Cela aide à mieux comprendre l’écriture Burton !

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Ma note…

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Autour de la poésie… « La destruction » – Charles Baudelaire

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Voici un poème choisi de Charles Baudelaire. Cet article vous permettra de vous exprimer en répondant aux questions et en exprimant ce que vous ressentez. Le meilleur commentaire sera partagé sur l’article le week-end prochain.

Je ferais moi-même mon petit commentaire accompagné d’une synthèse de vos commentaires dans une semaine !

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Biographie de Charles Baudelaire

Charles Baudelaire est né le 9 avril 1821. Ce poète sera admiré par ses successeurs Verlaine, Rimbaud ou encore Mallarmé. Il est considéré comme la figure parfaite du poète maudit (notion inventée par Verlaine). Il est plutôt méconnu dans la France de Napoléon III. Il n’a publié que deux volumes de son vivant : « Les Fleurs du mal » et « Les Paradis artificiels ». Les « Petits poèmes en prose » ont été publiés à titre posthume. Il n’en est pas moins la figure centrale du tournant littéraire des années 1850-1860.

A travers ses critiques d’art, il mettra en avant le peintre Delacroix notamment ou encore le musicien Wagner. Il reconnaît probablement en eux certains traits de son caractère. Il se définira lui-même à travers la notion de Spleen (la mélancolie, que l’on appelle aujourd’hui la dépression). Baudelaire se sent incompris, est sentimentalement malmené, sa santé se dégrade…

Il pratique une poésie assez formelle et classique, tout en étant très influencé par l’esthétique romantique. Il base sa poésie sur l’idée de toute-puissance de la poésie, du poète surpassant le commun des mortels. Il se sent plus près de Dieu ou de Satan que du monde terrestre. La poésie permet de symboliser les Idées, de représenter les objets, les sujets de dégoûts comme les sujets d’admiration, le monde autour du poète et le poète lui-même.

Baudelaire rêve d’élévation autant qu’il se projette dans les méandres les plus sombres de la mélancolie. Il est sans cesse dans une lutte entre cet obscurité, ce désespoir, et un monde utopique, d’où l’opposition « le Spleen et l’Idéal » qui est la trame principale des « Fleurs du mal ».

Baudelaire est un grand précurseur du symbolisme des années 1870, du surréalisme, et va préparer le terrain pour toute la poésie du XXe siècle, dont il reste le principal modèle.

Le radeau de la méduse - Delacroix

Le radeau de la méduse – Delacroix

La destruction

Sans cesse à mes côtés s’agite le Démon ;
Il nage autour de moi comme un air impalpable ;
Je l’avale et le sens qui brûle mon poumon
Et l’emplit d’un désir éternel et coupable.

Parfois il prend, sachant mon grand amour de l’Art,
La forme de la plus séduisante des femmes,
Et, sous de spécieux prétextes de cafard,
Accoutume ma lèvre à des philtres infâmes.

Il me conduit ainsi, loin du regard de Dieu,
Haletant et brisé de fatigue, au milieu
Des plaines de l’Ennui, profondes et désertes,

Et jette dans mes yeux pleins de confusion
Des vêtements souillés, des blessures ouvertes,
Et l’appareil sanglant de la Destruction !

Le buveur d'absinthe - Viktor Oliva

Le buveur d’absinthe – Viktor Oliva

Connaissiez-vous Baudelaire avant de lire ce poème ?

Que vous évoque ce poème ? (Souvenirs, sentiments, impressions désagréables ou non, malaise…)

Pensez-vous qu’il puisse encore toucher l’être humain d’aujourd’hui ? Est-ce un poème qui a vieilli ?

Pensez-vous qu’il soit représentatif de l’œuvre de Baudelaire ?

Aimeriez-vous lire quelque chose de plus positif de sa part, touchant plus à la rêverie ?

Avez-vous une interprétation de ce poème ? Que comprenez-vous ?

etc.

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